La Bibliothèque de la ShinRa corp.
Resurgam
Chapitre II : Les Elus.
A la sortie des classes, Kaoru resta attendre Kenny à la porte de leur lycée mais au bout d’une demi-heure, il n’était toujours pas là. La jeune fille fronça les sourcils en comprenant qu’il était sorti avant elle et ne l’avait pas attendue. Traversant le parc pour rentrer chez elle, elle aperçut Kenny et courut à sa rencontre. Il commença à faire demi-tour dès qu’il la vit.
« -Hé, Kenny ! appela Kaoru. D’habitude, c’est toi qui me cours après !
- Ahem, bonjour, Kaoru...
- Pourquoi tu m’évites depuis hier ?
- Tu te trompes, je ne cherche pas à t’éviter, mentit le jeune homme.
- Tu devais me raconter ton entretien avec ton mystérieux visiteur d’hier – tu te rappelles ?
- C’est… privé, je ne peux pas t’en parler, répondit-il sèchement.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu me dis tout d’habitude !
- Je suis désolé…
- Tant pis, c’est pas grave. Si on allait se promener, hein, qu’en dis-tu ?
- Pas aujourd’hui, Kaoru. Au revoir. »
La jeune fille cligna des yeux plusieurs fois, tandis qu’elle voyait son ami s’éloigner d’elle. Revenue de sa surprise, elle courut après Kenny, le rattrapa très facilement, bondit et atterrit juste devant lui, les deux bras écartés pour lui barrer le passage.
« Kenny Isaki ! grogna t-elle, les sourcils froncés. Tu vas tout de suite m’expliquer ton odieux comportement envers moi ! »
La réponse de Kenny lui coupa le souffle : il enlaça la taille fine de Kaoru, l’attira à lui et l’embrassa. Après un instant d’abandon, une gifle sonore se fit entendre ; Kenny porta la main à sa joue et sourit tristement.
« - Pas de baiser sur la bouche ! fit Kaoru, en agitant son index sous le nez de son ami.
- C’était un baiser d’adieu, Kaoru…, soupira t-il, la main toujours sur la joue qu’elle venait de gifler.
- Q-quoi ?! M-mais…
- Au revoir, Kaoru. »
Il lui fit à nouveau un sourire triste et partit. Estomaquée, elle alla s’asseoir au pied d’un arbre du parc, et elle essaya de trouver une explication à tout cela. Elle baissa la tête et enlaça ses deux genoux repliés. Le vent bruissait dans les feuilles des arbres environnants et caressait les mèches brunes qui tombaient sur les yeux de Kaoru…
Elle soupira et se releva ; rien à faire, Kenny était devenu une énigme pour elle, depuis qu’ils étaient revenus du Da-Chao, la veille. Elle décida alors d’aller voir Maître Isaki, qui devait sûrement savoir ce qu’il était arrivé à son fils Kenny. Elle se rendit donc au dojo Isaki.
« - Je suis désolé, Kaoru, lui répondit Maître Isaki. Si Kenny a décidé de ne pas te parler de cette histoire, je ne vais pas trahir sa résolution en t’en parlant…
- Maître, j’ai le droit de savoir ! protesta Kaoru. Nous sommes presque fiancés, Kenny et moi – on va même se marier bientôt ! »
Le vieil homme rit doucement en entendant cela :
« - Vous êtes un peu jeunes, pour déjà parler de mariage ! remarqua t-il.
- Nous sommes grands ! répliqua la jeune fille, d’un ton contrarié. Il aura bientôt 17 ans, et j’ai déjà 15 ans !
- Qu’en disent tes parents ? demanda Maître Isaki, avec un sourire moqueur.
- Mon père rigole en me rappelant que je clame depuis 8 ans que je vais épouser Kenny, quant à ma mère, elle me dit qu’il remplacerait avantageusement l’androïde qui l’aide à porter ses paquets quand elle va faire ses courses ! Mais je jure que je suis sérieuse, Maître, et Kenny est sérieux aussi. Enfin, je l’espère… J’aimerais lui parler, il est dans sa chambre ?
- Kenny vient de quitter la maison, Kaoru, il est parti en voyage initiatique.
- Q-quoi ? Mais, il m’avait promis de… Où est-il allé ?
- Je ne dois pas te le dire, il me l’a expressément recommandé.
- Maître ! s’écria t-elle, les larmes aux yeux. Je-je n’attendrai pas son retour, je me marierai avec un autre !
- Libre à toi…, soupira le vieil homme.
- Q-quand il reviendra, dites-lui que… que je le déteste ! »
La jeune fille en pleurs partit du dojo en courant, Maître Isaki referma doucement la porte coulissante derrière elle, en murmurant d’un ton inquiet : « J’espère seulement qu’il reviendra, un jour… »
Quelques heures plus tard, chez la famille de Kaoru, on remarqua le retard de la jeune fille pour le dîner. La sœur aînée de Kaoru monta dans la chambre de sa cadette pour la rappeler à l’ordre, elle découvrit alors une lettre de Kaoru, posée sur son lit aux draps roses. Une valise manquait, la penderie était sens dessus-dessous, et sa boîte à bijoux avait disparu. Mais le pire, c’était que la petite Kaoru avait disparu aussi. La sœur redescendit dans la cuisine en courant : « Papa, Maman !!! »
*****
Ichabot Wallace se réveilla, la gorge sèche, dans un lit inconnu. Il porta la main à sa tête et gémit en se frottant la tempe. Il n’avait jamais autant eu la gueule de bois de toute sa vie – ça lui apprendrait, à boire plus que de raison ! Il tourna les yeux vers la forme allongée à côté de lui, et poussa un cri perçant. Oh, quelle horreur !
Christobald Azel fut réveillé en sursaut par un effroyable hurlement strident. « Chrystal ! » s’écria t-il en ouvrant les yeux. Malheureusement (ou heureusement ?), ce n’était pas sa sœur qui avait crié à l’aide.
« - Vous !? Encore et toujours vous !? grogna Christobald.
- Oh, bon sang ! Dites-moi que ce n’est pas ce que je pense ! supplia Ichabot, pour toute réponse.
- Qu’est-ce que vous racontez, imbécile ! Faites-moi une faveur : enclenchez le décodeur !
- Je ne me souviens de rien ! plaida Ichabot. D’habitude, quand je me réveille avec une telle gueule de bois, une superbe créature – une jolie blondinette de préférence – est allongée dans le lit à côté de moi ; mais, là…
- Oh, sale-sale pervers ! fit Christobald, en s’étranglant avec ses propres mots. On a été drogués – le gaz soporifique, vous vous en souvenez ?!
- Ahhh, c’était donc ça ! s’exclama Ichabot d’un air extrêmement soulagé. Ouf, j’en suis presque heureux de voir votre ignoble tête de casse-pieds !
- Grrr, $%@# ! Où est Chrystie ?
- Vous m’énervez avec cette Chrystie ! C’est votre petite amie, ou quoi ?
- C’est ma petite sœur, sombre crétin !
- Comment pouvais-je le savoir, grand abruti !
- Parce que vous l’avez enlevée, et m’avez ordonné de me rendre à ce bureau minable si je voulais la revoir en vie !
- Réfléchissez deux secondes, si votre cervelle fatiguée en est encore capable ! Le kidnappeur savait que ce "bureau minable" comme vous l’appelez, était piégé, car c’est lui qui a fermé la porte et enclenché le gaz. Si j’avais été ce kidnappeur, ou même son complice, est-ce que je serais resté là, à respirer ce gaz soporifique qui m’a endormi et qui vous a irrémédiablement attaqué les neurones ?!
- Humpf ! Pour une fois, votre raisonnement n’est pas totalement faux, M. l’Antipathique…
- Tss, tss ! Au lieu de nous disputer, M. Sans-aucun-tact, unissons nos efforts pour sortir de cette chambre.
- Pour cela, il vous suffit d’ouvrir la porte. » fit une voix, derrière la porte de la chambre dans laquelle se trouvaient Ichabot et Christobald.
Ce dernier tourna la poignée de la porte et l’ouvrit aisément : elle n’était en effet pas verrouillée. Les deux jeunes hommes se retrouvèrent en face d’un fauve de couleur blond vénitien tirant sur le roux.
« - Ahem, bonjour ? lança Ichabot, un peu effrayé par l’air intimidant de l’animal.
- Bonjour, jeunes Elus, ronronna le fauve en retour. Mon nom est Luna – veuillez me suivre…
- Qu’est-ce qu’elle veut dire par "jeunes élus" ? chuchota Christobald à l’adresse d’Ichabot, tandis qu’ils suivaient Luna.
- Je suppose que nous venons d’être élus plats de résistance de cette charmante tigresse, chuchota Ichabot en réponse.
- Vous (gloups !) – vous plaisantez là, n’est-ce pas ?
- Hum, répondit l’autre d’un ton évasif.
- J’ai une excellente ouïe, fit remarquer Luna, et je peux vous certifier que vous n’allez pas être mangés…
- Ouf ! soupirèrent Ichabot et Christobald en chœur.
- … pas tout de suite, du moins ! compléta Luna en ricanant.
- Luna, ma chère enfant ! gronda gentiment une voix. Ne fais pas peur à nos invités !
- Pardon, Nanaki – je n’ai pas pu m’en empêcher : ils sont si drôles, ces humains, lorsqu’ils sont effrayés ! »
Nanaki, à cause de son grand âge (545 ans), dut se rapprocher d’Ichabot et de Christobald, afin de mieux les observer. Lentement, il descendit les marches de bois qui menaient du premier étage vers le salon de la Maison des Anciens, où les invités se trouvaient à cet instant.
« - Veuillez vous asseoir ! leur dit Luna, sur un ton qui se rapprochait plus de l’ordre que de la proposition polie. Maître Nanaki va vous parler, c’est un grand honneur !
- Luna, apporte des rafraîchissements, s’il te plait, et fais venir nos autres invités.
- Bien, Nanaki. »
Luna sortit du salon, Christobald et Ichabot s’assirent sur des chaises, avec sur le visage un air mi-crispé, mi-curieux.
« - Que nous voulez-vous ? demanda Ichabot.
- Oui, pourquoi nous avoir enlevés ? Et qu’avez-vous fait de ma sœur ?! compléta Christobald.
- Veuillez patienter encore un moment… »
Sans un mot de plus, Nanaki s’assit par terre devant les chaises des deux humains. Le vieux fauve pencha sa tête d’un côté, ses mèches rousses mêlées de mèches grises suivirent le mouvement, ainsi que les décorations en plumes et argent qui ornaient sa crinière. Nanaki observa d’abord Ichabot, et en conclut que ce dernier était très antipathique.
De taille moyenne, ce jeune homme d’une vingtaine d’années était beau, riche et puissant, et comme il en avait parfaitement conscience, il abusait de son pouvoir d’une façon éhontée. Pourtant, derrière ce teint bronzé de beau gosse riche… Non, peut-être Luna avait-elle raison de dire que Nanaki était trop confiant en la bonté humaine ! Ichabot avait des cheveux blond-cendré, qui avait tendance à boucler naturellement sur les tempes – ce qui lui donnait un air de petit garçon angélique, surtout avec ses grands yeux bleu-turquoise… Mais Nanaki savait bien que les apparences pouvaient être trompeuses…
De même âge qu’Ichabot, Christobald était moins élégant et séduisant que lui ; mais s’il avait eu la chance de mener depuis l’enfance l’existence d’indolence d’Ichabot… alors, serait-il devenu bien meilleur… ou, bien pire que son compère ?
Trêve de suppositions ! La vérité, c’était que Christobald était, d’un point de vue "beauté", tout à fait banal. Grand et assez mince, il portait un gilet court sans manche sur un T-shirt à manches longues moulant qui laissait deviner sa musculature. Il avait de longues mèches de cheveux, en bataille sur le sommet de la tête, et ramenés à l’arrière en une queue de cheval qui s’arrêtait à mi-dos. Sa formidable masse de cheveux châtains était en train de livrer un combat sans merci contre un bandana bleu, qui empêchait les cheveux de retomber sur ses yeux d’un gris mystérieux. Bref, malgré cette étonnante particularité capillaire, Christobald n’était ni plus beau, ni plus laid qu’un autre, mais il avait une dégaine de mauvais garçon qui devait sûrement plaire aux jeunes filles…
Ichabot et Christobald… Nanaki secoua la tête : ces deux-là, c’était le jour et la nuit, le feu et la glace, l’eau et l’huile !
"Je n’arrive pas encore à croire", pensa Nanaki, "que ces deux-là soient cousins !"
Le vieux fauve se leva avec un soupir lorsque les autres invités entrèrent finalement dans le salon.
« - Wow ! fit la blonde Anthea Strife avec enthousiasme. Mes compliments au décorateur, ce petit côté "tribal" est très tendance et sied à ravir à la pièce !
- Bonjour, bonjour ! lança joyeusement Zeon Highwind, le petit rouquin, en arrivant à son tour.
- B’jour…, marmonna Kenny Isaki, le dernier à entrer.
- Bon sang ! explosa Christobald. Dites-moi ce que ce cirque signifie !
- Ne t’énerve pas, Chris… »
Christobald se retourna en direction de cette voix familière. En haut des escaliers où s’était tenu Nanaki, se tenait à présent Chrystal Azel.
« - Chryssie ! Tu vas bien, sœurette ? s’écria Christobald, en courant à sa rencontre.
- Oui, ça va…, répondit sa jeune sœur. Mais, qu’est-ce qu’on fait ici ?
- Ça, on aimerait bien le savoir aussi ! fit remarquer Zeon.
- Je vais vous le dire… » annonça Nanaki, le vieux sage du village de Cosmo Canyon.
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