La Bibliothèque de la ShinRa corp.
Point de Vue
NB: les numéros entre crochets (par ex: [1]) correspondent à des commentaires d'auteur (à lire à la fin de cette page)
Acte II – Apprentissage, dans tous les sens du terme.
Scène 1 : Arrivée à l’Université des Guardians.
"Thephys Naëhien et Laekh Traumen… Drôles de noms !" songea la jeune fille en tapant impatiemment du pied tandis qu’elle se tenait dans le hall d’entrée de la prestigieuse Université des Guardians. Alisyen Tarago était une adolescente de 13 ans, assez grande, aux cheveux mi-longs bouclés et étincelants comme des fils de soie dorés. Elle était non seulement dotée d’une beauté qui promettait plus tard de faire tourner bien des têtes et beaucoup de cœurs, mais elle avait aussi une intelligence largement au-dessus de la moyenne. Après tout, elle n’était pas pensionnaire de cette université par hasard !
Parfaitement consciente de ses atouts physiques, Alisyen aimait à "jouer" avec les garçons qui avaient le malheur d’avoir le béguin pour elle : elle les faisait tourner en bourrique, leur faisait faire toutes sortes de bêtises et de manigances sévèrement punies par la direction de l’Université, juste en promettant à ses prétendants un simple baiser sur la joue. La partie qu’elle préférait dans ce jeu de manipulation, c’était lorsque l’un de ses chevaliers servants se faisait prendre par le conseil disciplinaire de l’école, se faisait stoïquement punir sans jamais avouer qu’elle était l’instigatrice de tout ça, puis revenait ensuite, presque en rampant vers elle pour qu’elle – ELLE – lui pardonne – à LUI – de s’être fait prendre en faute ! Quant à elle, le conseil disciplinaire la prenait pour l’une des élèves les plus responsables de l’Université – parfois un peu rebelle envers les professeurs, mais studieuse. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle était chargée d’accueillir les nouveaux élèves de l’école ce jour-là.
Si seulement ils savaient ! Ha !
Un sourire vaguement satisfait sur les lèvres, Alisyen ramena d’un geste élégant de la main une mèche de cheveux rebelles. A ce moment très précis, ses yeux noisettes joliment en forme d’amande [1] virent les deux "petits nouveaux" arriver.
"Des paysans qui débarquent de leur campagne !" se dit-elle avec un petit sourire sarcastique en les voyant s’étonner de la beauté de l’établissement.
"… mais fort mignons, ma foi… surtout le blondinet…"
La main tendue amicalement vers eux, elle afficha automatiquement son plus joli sourire de bienvenue et les accueillit joyeusement.
« Vous êtes Laekh Traumen et Thephys Naëhien n'est-ce pas ? leur demanda t-elle tout en sachant d’avance quelle serait la réponse.
- Oui, répondit posément le blond, Laekh Traumen, tandis que le brun, Thephys Naëhien, souriait timidement vers elle. Et vous qui êtes-vous ?
- Je suis Alisyen Tarago. » se présenta t-elle en leur serrant la main d’une façon fort cérémonieuse.
Puis elle les conduisit à leur chambre, qui se trouvait juste à côté de la sienne. Les deux garçons furent bien sûr surpris du luxe de leur chambre – du moins, luxe si on considérait qu’il s’agissait d’un dortoir universitaire. Mais Alisyen venait d’une famille plus qu’aisée et ces chambres (toute cette université en elle-même, en fait), aussi jolies fussent-elles, la laissaient de glace. Ce Laekh en revanche ne la laissait pas de glace…
Avec un petit sourire charmeur, elle leur proposa de leur faire visiter l’Ecole dès qu’ils auraient fini leur installation mais… ce petit impertinent blond refusa froidement !
« Et je suppose que vous n’avez pas besoin de mon aide non plus ! lança t-elle d’un ton brutal vers Thephys.
- Euh, non… je veux dire oui… enfin… » balbutia ce dernier, déstabilisé par ce soudain revirement d’humeur.
Sans prendre la peine de savoir si la réponse du brun signifiait un refus ou un accord, Alisyen sortit de la chambre d’un pas rageur en claquant bruyamment la porte derrière elle.
« Quel accueil charmant ! » ironisa Laekh d’une voix calme mais amusée. Un sourire en coin se profila sur ses lèvres, cet éternel sourire moqueur qui était devenu sa marque de fabrique, puis il entreprit de ranger ses affaires dans la chambre à coucher. Pour cela, il passa le coin cuisine de ce studio, jeta un coup d’œil à la petite salle de bain, puis choisit le lit près de la fenêtre. « Je prends ce côté de la chambre » annonça t-il. Cela relevait plus d’une déclaration affirmative [2] que d’une demande polie, mais Thephys prit tout de même la peine d’acquiescer d’un hochement de tête, en souriant gaiement. Il souriait sans doute pour masquer sa tristesse d’être loin de Shoran, se dit Laekh avant de secouer vivement la tête. Qu’en avait-il à faire de ce garçon ? Pourquoi se tracassait-il de ce que Thephys pouvait bien ressentir ? Bien sûr, il avait promis à Shoran de prendre soin du petit garçon, mais il n’était pas non plus sa nounou ! Thephys finirait bien par s’endurcir. D’ailleurs, c’était la seule façon de survivre dans ce monde – dans ce monde et dans tous les autres…
« Pourquoi avons-nous été mis dans la même chambre ? » demanda Laekh à voix basse, comme s’il s’adressait plus à lui-même qu’à son compagnon de chambre. Ils étaient si différents, ils ne s’entendraient jamais. Partager une chambre avec Thephys allait être d’un ennui mortel ! Thephys était bien gentil mais il… Oui, en fait, c’était ça le problème : Thephys était trop GENTIL !
Tandis qu’il se retenait de froncer le nez d’horreur, Laekh entendit Thephys lui répondre que le Conseil avait sûrement jugé préférable de ne pas les séparer vu qu’ils venaient tous deux de l’orphelinat Akido et qu’ils se connaissaient déjà.
"Partager le même passé ne veut pas forcément dire tourner ses yeux vers le même avenir" songea amèrement Laekh. Avant de secouer lentement la tête, horrifié d’avoir eu une telle pensée digne d’un philosophe de dernier rang.
Scène 2 : Réflexion, souvenirs, anniversaire et justification d’un nom de "rêve".
Allongé sur le dos, absorbé dans la contemplation quasi-hypnotique du morceau de plafond au-dessus de son lit ; plafond bleu ciel – presque aussi clair que ses yeux azur.
Quelques bruits provenant de la fenêtre entrouverte qui était près de la tête de son lit. Le son d’une horloge égrainant les secondes, tic-tac proche et distant à la fois.
Quelle heure était-il ?
Quel jour était-il ?
Quelle année était-il ?
- Monsieur Traumen, j’ai conscience que vous êtes l’un des meilleurs, sinon le meilleur élève de notre université. Vos capacités physiques et intellectuelles n’excluent cependant pas une certaine diplomatie et une retenue digne de votre place dans la société ! Vous auriez pu TUER vos camarades ! Vous en rendez-vous compte ?!
- …
- Répondez quand on vous parle !!
- Je ne réponds qu’à la provocation, Monsieur le Directeur. Mes… "camarades" comme vous les appelez, viennent d’en avoir la preuve.
- Vos sourires moqueurs et votre insolence sont intolérables !
- Je vous prie de me pardonner d’avoir dit la vérité. [3]
- … Vous pourriez très bien être renvoyé de l’Ecole…
- Le Conseil peut décider de ma vie comme il l’entend. J’accepte d’avance sa décision pleine de sagesse et de justice.
Le calme de la chambre. Le calme de son occupant.
Le renfermement sur soi de par le calme glacial et la dérision dans chacune de ses paroles, aussi polies soient-elles.
Le sarcasme émanant de sa politesse extrême. Bien plus fort que tous les emportements, et bien plus blessant que la pire des insultes ou le plus violent des coups.
L’adversaire ne peut que se déclarer vaincu.
- Je sais que ces jeunes gens ont eu tort de vous provoquer. Ils ont été sévèrement réprimandés d’avoir osé vous traiter d’orphelin et de…
- Ce ne sont pas des insultes. La vérité, c’est que je suis bien un orphelin. Ce qui a déclenché ma colère, c’est surtout ce qu’ils avaient sous-entendu, plus que ce qu’ils ont dit. Ils sous-entendaient que je me servais de mon triste passé pour gagner la faveur des professeurs et du conseil disciplinaire. Je n’ai fait que leur prouver que les excellentes notes que je recueille en Sport, Combat et Magie étaient justifiées. Par cela, j’ai cependant omis de leur prouver que mes très bonnes notes en Maitrîse de Soi étaient aussi justifiées.
- …
- Je suis désolé d’avoir outrepassé mes droits. Je n’aurais pas dû leur enseigner cette… petite leçon. J’ai oublié que c’est au professeur d’Ethique ainsi qu’à l’enseignant de Diplomatie et de Tact que revient cette tâche. Je vous prie de bien vouloir pardonner cet oubli de ma part.
- … Vous aurez décidément toujours réponse à tout, Monsieur Traumen.
- Je prends ceci comme un compliment de votre part et vous remercie.
- Nous allons fermer les yeux pour cette fois… Mais que cela ne se reproduise plus !
- Il n’est pas en mon pouvoir de promettre que les autres respecteront mon soucis de paix.
- Monsieur Tr… !
- Désolé. Je vous promets que cela ne se reproduira plus.
- … Bien. Vous pouvez disposer.
- Je vous remercie, Monsieur.
Les bras croisés négligemment sous sa nuque, ses pieds nus au bout de ses longues jambes posées au-dessus de la couverture, comme des voyageurs fatigués d’avoir trop vécu.
L’isolement parmi la foule.
Une partenaire différente pour chaque danse, un différent pour chaque valse. Comme pour s’étourdir soi-même le temps d’une danse sans lendemain, le temps d’une aventure sans promesse. Et pour oublier.
Mais oublier quoi ?
Le dégoût et la lassitude. Sûrement. Peut-être.
Et pourtant, une impassibilité affichée comme la provocation ultime à ses propres sentiments.
Un masque, comme une arme pour attaquer autant qu’une armure pour se protéger…
« Bonsoir, Laekh… Euh… je t’ai réveillé… ? demanda timidement Thephys en rentrant dans leur chambre à ce moment-là.
- Non, répondit-il calmement, en gardant ses yeux clairs rivés sur le plafond tout à l’heure couleur de ciel estival et à présent devenu obscur comme un ciel d’orage. Quelle heure est-il ?
- … Bientôt 19 heures.
- Mais il fait déjà nuit, l’hiver approche… » songea rêveusement le blond, les yeux perdus dans l’obscurité de la chambre.
Thephys fut étonné en remarquant que Laekh ne semblait pas avoir déjeuné. La cuisine étincelante en témoignait. Etait-il resté allongé là depuis le départ de Thephys ce matin ?!
Laekh brisa le silence par une question :
« Shoran va toujours bien ?
- Oui, fit Thephys en déposant sans bruit son sac à dos près de son lit à l’autre bout de la pièce.
- Et elle a demandé de mes nouvelles… comme d’habitude, conclut Laekh d’une voix monocorde.
- … Comme d’habitude… » répéta tristement Thephys.
"Et comme d’habitude, je lui ai dit que même les jours de congé tu étais trop occupé par tes études pour venir la voir une fois par semaine comme moi. Je pensais qu’aujourd’hui tu sortirais avec ta bande d’amis comme tu le fais régulièrement, alors que fais-tu ici ?"
Malgré ce qu’il était en train de penser, le brun redoutait étrangement de prononcer ces paroles. Quant au blond, il semblait toujours aussi hypnotisé par le plafond. Thephys jeta un regard curieux vers ce paysage morne et… plafonnier [4] et il fut bien entendu incapable de voir ce qui pouvait retenir de cette façon l’attention de Laekh. Il n’alluma pas la lumière, de peur de sortir trop brutalement son ami de la transe dans laquelle il se trouvait.
« Traumen. Ca veut dire "Rêver" en allemand, une langue parlée sur la planète Terre. Le directeur de mon premier orphelinat m’a donné ce nom après m’avoir recueilli quand j’avais dans les quatre ans. Il a dit que c’était parce que j’étais déjà un enfant très rêveur. »
Voilà l’explication que le garçonnet avait donnée à Shoran quelques années plus tôt lorsqu’elle le lui avait demandé. Thephys ne put en douter : à ce moment-là, plongé dans ses pensées comme dans un lac sans surface, Laekh Traumen portait bien son nom.
« 17 ans…, murmura tout à coup Laekh.
- Pardon ? fit Thephys pris de court.
- J’ai 17 ans…
- Euh… en effet. Moi aussi.
- Aujourd’hui, j’ai 17 ans. J’ai été recueilli un 1er novembre il y a treize ans. On ne connaissait pas ma date de naissance exacte alors on a décidé que mon anniversaire serait le 1er novembre »
Thephys constata avec surprise qu’il n’en savait rien. En effet, depuis sept ans qu’ils se "connaissaient", ils avaient encore moins discuté que deux parfaits étrangers. [5]
« Bon anniversaire alors, Laekh ! annonça Thephys de sa voix la plus joyeuse possible.
- Ce jour n’a rien de bon. » répondit calmement l’autre.
Il se leva, imperturbable, et se dirigea vers la salle de bain. Thephys ne savait pas quoi dire alors il se tut.
« Je sors ce soir, je dînerai dehors, fit ensuite la voix sans ton de Laekh à travers la porte de la salle de bain. Je rentrerai sûrement tard alors ne m’attends pas.
- Comme d’habitude » [6] soupira Thephys pour lui-même, tout en allant dans la cuisine donner à manger au petit chat abandonné qu’il avait recueilli il y a quelques temps.
Scène 3 : Bribes de l’Histoire d’Utopia et de la BGU.
La Bisect Guardian University [7].
Le simple nom de cette école était tout un programme ! Division et unité en un seul établissement, réunion et coupure en une seule institution. Un oxymore et une paraphrase résumés en un seul mot : bisect.
C’était la première chose qu’un Utopien apprenait dans sa vie. Avant même de savoir parler ou marcher, il apprenait de ses parents la signification de ce terme. Bisect, répétait doctement chaque parent à son enfant, signifie "diviser en deux" et vient de l’anglais, une langue parlée sur Terre. A cela, les enfants émettaient un « Ooooh… » émerveillé, car ils savaient déjà que cette fameuse Terre était le Monde Originel, celui qui avait crée certaines des musiques, certains des films, certains des aliments dont les Utopiens avaient quotidiennement usage. La Terre était si proche d’eux, tout en étant si éloignée, qu’elle n’en paraissait que plus merveilleusement belle. La Terre, leur disait-on, n’avait qu’un seul soleil alors qu’Utopia en avait deux et ils se demandaient comment cela se pouvait. Comment pouvait-on décemment ne vivre qu’avec un seul soleil ?! C’était incomplet, tronqué, si triste !
Sur Terre, la notion d’utopie se rapproche d’un mythe, apprenaient-ils, et cela les laissait perplexes car pour eux, l’Utopie était leur vie, leur planète, leur monde.
La définition Terrienne d’utopie se rapproche de celle du rêve, précisait-on ensuite pour mieux expliquer ça aux élèves des classes primaires Utopiennes. Le rêve est une notion plutôt dédaigné sur Terre alors qu’il était presque aussi vital que l’oxygène sur Utopia. Car les Gardiens, les êtres qui avaient eu l’honneur d’être désigné pour maintenir l’Equilibre des Forces de l'Univers, occupaient la plus haute fonction sur Utopia, et l’une de leurs missions consistait à préserver la faculté de rêve des Terriens pour que perdurent les mondes auxquels ces même Terriens avaient, sans le savoir, donné vie de par leurs simples rêves.
Mais attention, un monde ne se crée pas comme ça, juste parce qu’un Terrien l’a rêvé ! Non, le rêve est une flamme vacillante qui a besoin de combustible pour persister. Un nombre conséquent de rêveurs est requis pour qu’un monde chimérique devient peu à peu tangible dans la réalité de l’Univers. L’Univers avec un grand U, pas le petit univers restreint que les Terriens appellent "Espace", "cosmos", "galaxie" ou par d’autres désignations variant du terme scientifique au mot populaire simple ! Ainsi, si un nombre suffisant de Terriens fait le même rêve, le rêve devient réalité. Et un nouveau monde se forme dans l’Univers. Puis un autre. Puis un autre…
Ces mondes-là étaient désignés sous le terme de "mondes-nés" à défaut d’une appellation moins fonctionnelle. Mais une appellation plus originale était-elle vraiment nécessaire, puisque ces mondes-nés étaient justement nés du Monde Originel ?
Les rêveurs ne le savaient bien sûr pas, ils n’en avaient pas conscience, personne ne le leur avait expliqué comme on l’expliquait à tous les enfants Utopiens. Et c’est bien regrettable ; mais d’un autre côté, la plupart des Terriens étant avides de pouvoir et de gloire, s’ils savaient ce que leurs rêves et leur imagination pouvaient créer… cela ne serait pas une bonne chose, ni pour l’Equilibre, ni pour Utopia, ni surtout pour les Terriens eux-mêmes.
Tandis qu’il se faisait cette réflexion, Laekh écoutait un morceau de musique classique Terrienne.
Wagner.
La Chevauchée des Walkyries.
Etrangement, ce morceau avait la faculté de l’apaiser, de calmer la mer agitée qui sommeillait en lui. Il se tourna vers le côté et regarda par la fenêtre juste à côté de son lit, le paysage hivernal qui dessinait ses fresques givrées [8] dans la cour de l’Université.
Utopia existait depuis que la Terre existait, les deux mondes provenant de la même source. Les deux mondes avaient ensuite été séparés comme des jumeaux à la naissance. Cette séparation et ce lien étaient renforcés à chaque naissance, chaque naissance sur Terre comme sur Utopia. En effet, le lien invisible mais pourtant incommensurable qui liait les deux planètes était tel que chaque enfant qui naissait sur Terre avait un double spirituel qui naissait au même instant sur Utopia. Et inversement. Le plus drôle c’est que le temps passant différemment sur Utopia et la Terre, deux doubles –et donc nés le même jour– n’avaient pas forcément le même âge !
Ces doubles si proches et pourtant si lointains avaient des traits physiques très proches même si le sexe de l’enfant ne comptait pas. En effet, le double d’une personne pouvait aussi bien être féminin que masculin. En revanche, certaines caractéristiques physiques et morales se retrouvaient dans les deux doubles. Les deux moitiés. Ce que sur Terre, ils appelaient "des âmes soeurs" sans vraiment comprendre ce que cela signifiait, prenait toute son ampleur dès lors qu’on connaissait l’origine de ce terme, de ce… mythe, de cette… réalité.
Le double subissait les peines et les joies de l’autre, d’une façon ténue mais tangible, et la mort de l’un d’eux signifiait souvent la mort de l’autre. Ce que sur Terre, ils appelaient "mort subite", "mort naturelle" ou "mort inexpliquée" pouvait très bien s’expliquer par un accident survenu à un Utopien qui aurait affecté son double Terrien. De même, la "combustion spontanée" pouvait très bien n’être pas si spontanée que ça…
Pourquoi se ressassait-il tout cela ?! C’était inutile, une pure perte de temps. Il le savait. Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de se demander quels choix de vie son double avait faits, s’il avait le même genre de vie que lui. Car suivant les choix que faisait quelqu’un, sa vie pouvait être aussi opposée de celle de son double que possible. Comme un même paysage vu… en été et en hiver.
Et l’hiver était à sa fenêtre.
Thephys était parti en vacances dans l’orphelinat de Shoran, il passait la majorité de ses congés scolaires avec elle et les enfants de l’orphelinat. Quant à Laekh, il passait la majorité de ses congés à sortir avec les camarades qu’il s’était fait durant toutes ces années passées dans cette école ; mais pour ces vacances-ci, il était resté à l’université. Aucune de ses connaissances n’étaient restées à l’école, ils étaient tous rentrés en visite chez leur parents. Mais Laekh n’avait pas de parents, même pas Shoran.
Ils devaient être à peine une dizaine d’élèves à être restés dans l’enceinte de l’école pour ces vacances et ne tenant pas à fréquenter ces autres laissés-pour-compte, Laekh avait choisi l’isolation la plus totale pour ces quelques semaines sans cours. Pour sa réputation, il ne tenait pas à être vu en compagnie des laissés-pour-compte. Même s’il se sentait horriblement laissé pour compte lui-même. Surtout en ce moment.
Laekh était assez populaire… même si Thephys était encore plus populaire que lui parmi les étudiantes ! Cette pensée le fit sourire. Les filles appréciaient beaucoup la douceur et la gentillesse de Thephys. Mais on ne connaissait au jeune homme aucune amie et encore moins une quelconque "conquête". Du moins officiellement, Laekh ne put-il s’empêcher d’ajouter avec un sourire moqueur.
D’un autre côté, on prenait parfois Thephys pour une fille, ce qui causait bien du tracas au pauvre garçon. Malgré l’ouverture d’esprit qui régnait en majorité sur Utopia, les moqueries et les préjugés avaient la peau dure… Mais Thephys finirait bien par s’endurcir lui aussi. C’était pour son propre bien. Il fallait le laisser s’endurcir.
Ainsi conclut Laekh en haussant les épaules et en se relevant pour prendre ses armes et aller s’entraîner seul dans la salle de combat de la BGU.
La BGU changeait de noms régulièrement depuis des millénaires mais avait gardé sa fonction originelle : celle de former les Gardiens. La BGU existait depuis qu’Utopia existait, mais le rôle des Gardiens existait depuis encore plus longtemps, ainsi que le Conseil Suprême.
Leur monde avait été crée par l’Etre Supérieur – ce spectre tout puissant sans visage ni nom que les Terriens vénéraient et que les Utopiens respectaient – afin de maintenir la survie de l’Univers et de protéger la Terre. Mais les Gardiens étaient une caste qui régentait les Forces et le Conseil était le détenteur de ces Forces. Leur existence était même antérieure à la Nuit des Temps !
Laekh sentit soudain une boule dans sa gorge : les Terriens étaient insouciants, ils n’avaient rien à craindre. Mais les Utopiens, eux, devaient prendre le poids de l’Univers entier sur leurs épaules. Et tout ça pourquoi ? Parce que ce cher ES avait décidé que des deux mondes-jumeaux, c’était à Utopia que revenait la charge et à la Terre que revenait l’insouciance. Un privilège arbitrairement donné à l’un des mondes et une discrimination ignoble envers l’autre ! C’était aussi injuste et arbitraire qu’un parent qui donnerait sa préférence à l’un de ses jumeaux par rapport à l’autre. Cela faisait enrager Laekh tout en le remplissant d’angoisse : il était pris de sueurs froides à l’idée que ce rôle de Gardien était peut-être trop important pour qu’il en soit digne. Mais il secoua vite la tête pour chasser ces mauvaises pensées. Il était plus que capable pour ce rôle, il le savait pertinemment. Toute la BGU le savait pertinemment. Et il n’allait pas les décevoir.
Son nunchaku et un de ses boomerangs en main, il se dirigea d’un pas rapide vers la salle d’entraînement au combat.
***
A venir :
Acte III : Bris de Glaces
Ou la façon de se faire un vieil ami et une nouvelle ennemie…
Notes idiotes d’Angie :
[1] Noisettes et amandes. Un vrai mélange apéritif à elle toute seule, cette fille ! Mouarf !
[2] Wahhh !! Le pléonasme d’enfer !
[3] Une rime, mhahaha !! …Hum… désolée, pas pu m’empêcher d’intervenir… *baisse piteusement la tête*
[4] *goutte de sueur* Quel autre adjectif que "plafonnier" définissait mieux un plafond à votre avis ?!
[5] Voir note en numéro 3 ! Mhahaha !!
[6] *se met à chanter –très faux– à la Claude François* Comme d’habituuuuuuuudeuh !
[7] La référence à Final Fantasy 8 était trop idiote et comique. Et par-là même, elle était trop tentante pour que j’y résiste ! Mhahaha…
[8] "Givré" dans le sens "glacé" et pas "givré" comme "dingue", hein ! *lol*
Notes (un peu moins idiotes) de l’auteur (Angie aussi !) :
Utopia… Bon, je n’y peux rien si le nom que j'ai donné à ce monde n’est pas d’une originalité folle mais l’origine et le pourquoi de ce nom sont expliqués assez clairement dans mon texte : la différence entre la signification que ce mot revêt sur Terre et la signification (la "vraie", dirons-nous) que le même nom a sur Utopia est la BASE de toute cette histoire et ça a d’ailleurs été mentionné brièvement dans "La Fantaisie Ultime" (on en reparlera sûrement et on donnera des explications plus précises dans la suite de la Fantaisie).
En résumé, les Gardiens d’Utopia existent pour maintenir l’Ordre et protéger nos rêves (Ils sont gentils, hein ! Ils veillent sur nous quand on fait dodo ! *lol*) et chaque Utopien a un double sur Terre, vu qu’Utopia est le monde-jumeau de la Terre – comme une sorte de grand frère qui protègerait son frérot tout en le talochant quand il fait des bêtises, quoi… ^^ ;
Quant à la BGU (Mouarf ! Ca me fait trop marrer, ce nom ! Je n’ai pas pu m’empêcher de faire cette référence idiote !), c’est une université très spéciale destinée à former des Gardiens quasi-parfaits afin de remplir ce rôle.
Le Conseil (avec un grand C – à ne pas confondre avec le simple conseil disciplinaire de la BGU auquel Laekh a à faire dans la scène 2) est une sorte d’entité mystérieuse - mystérieuse même pour les Utopiens – qui décide qui peut intégrer la BGU ou non. Ils ne font pas de différence entre des orphelins comme Laekh ou Thephys et des privilégiés qui ont encore des parents (riches de surcroît) comme Alisyen. Un Gardien doit tout simplement faire ses preuves, et si un apprenti (un élève de la BGU, quoi) se montre digne et capable dans les domaines requis, eh bien au bout du cursus scolaire, il obtient la garde (d’où son titre de "Gardien") d’une des Forces de l’Univers, la Force qui lui correspond le mieux en fait.
Pour la remise des Pouvoirs et des Forces (les deux termes sont approchants mais ne désignent pas la même chose), on en reparlera dans la suite de CETTE histoire, Laekh et moi. Donc patientez encore un peu.
Pour finir : Alisyen est un personnage que Deedo a introduit dans sa fiction "Destin Ultime", j’ai rajouté une bonne couche de perversité morale à cette petite peste et je lui ai donné un rôle un peu plus important dans l’histoire en adoptant au début de cet acte son point de vue. J’ai adoré ça ! Alors elle reviendra mettre la pagaille par la suite – et pas seulement parce que dans la fic de Deedo, Alisyen revient pour un court passage !! Fwhahaha… *stoppe net en se rendant compte que son rire sonne trop "je suis une sadique maniaque et mégalo qui veux mettre le feu à Nibelheim" et que ça la fout mal devant ses lecteurs* … Euh… *sourire innocent* Bon, on retrouvera dans le prochain acte, le point de vue à la première personne et ce sera Lolo qui se chargera de cette partie… *re-sourire plus innocent que l’agneau qui vient de naître*
Notes de Laekh : Ah ! Enfin c’est à moi ! Ta partie commençait à devenir larmoyante et prise de tête avec toutes tes métaphores !
Angie : Tu exagères un peu quand même ! Je te signale que Môssieur *pointe un doigt accusateur vers Laekh* était trop feignasse pour tout écrire et que c’est pour ça que j’ai dû me porter volontaire pour t’aider ! En plus, dans cette partie, j’en ai écrit deux fois plus que tu n’en as écrit pour ta première partie… Gros fainéant !! *tire la langue*
Laekh : J’avoue, je suis fainéant… mais c’est parce que j’ai eu un excellent professeur… *regard significatif en direction d’Angie*
Angie : Humpf ! *boude* … Baka qui veut faire de l’esprit !!
Laekh: Héhéhé… *sourire en coin* Oui, oui, je t’aime beaucoup aussi, Angie ! *ricanements*
*****
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