La Bibliothèque de la ShinRa corp.

 

 

 

Point de Vue

 

 

Acte XVI : Point de Vue.

 

 

Scène 1 : Ange déchu, Raison et Vérité

 

Ce jour-là, je dois avouer que je calculai très mal mon coup… deux fois de suite. Je savais déjà que mon attaque de l’Ombre de troisième niveau était très efficace mais me laissait vulnérable juste après la mort de l’adversaire, en provoquant mon évanouissement. Je le savais depuis que j’avais utilisé cette attaque pour la première fois il y avait quelques mois de cela, et pourtant, je l’avais à nouveau utilisée lors de mon combat contre Jaspar ce jour-là car c’était l’attaque la plus puissante que je possédais et que je pouvais déclencher le plus facilement vu l’état dans lequel Jaspar m’avait mis.

Après la confrontation avec Odin, j’avais pris la décision de ne plus utiliser cette attaque, du moins tant que je n’aurais pas trouvé comment remédier au grand inconvénient qu’elle comportait, car je refusais d’être à nouveau en état de vulnérabilité. Cela pouvait paraître contradictoire, dans la mesure où je n’en avais plus pour longtemps à vivre de toute manière, où je pensais n’en avoir plus longtemps à vivre. Mais je suppose que c’est parce qu’on nous avait appris à la BGU à toujours être les plus performants possible et que j’avais bien appris mes leçons. Ou bien alors parce que je suis un perfectionniste à l’ego tellement démesuré qu’il ne supporte pas d’être en position d’infériorité.

Quoi qu’il en soit, le combat mené contre le groupe de Gardiens dans l’autel du Cristal de Voyage ce jour-là allait révéler en moi une attaque de l’Ombre encore plus puissante. Voyez-vous, j’ai beau être performant au combat, face à une dizaine de Gardiens aux pouvoirs presque comparables aux miens, je n’avais pas la moindre chance. Et même si Tamia avait apparemment décidé de ne pas prendre part au combat, mes adversaires étaient tout de même au nombre de onze. Eh oui, une vraie équipe de football, avec leurs coups combinés, leur passage de ballon, etc, etc, avec moi dans le rôle du… ballon.[1]

Sous le dernier coup porté par le Gardien de la Vitalité, qui, je vous l’assure, est tout à fait digne de sa fonction (Traduction : Il frappait fort, le bougre !), je m’écroulai à genoux et vis clairement une trentaine de chandelles danser devant mes yeux à la vision devenue floue.

« Laekh Traumen, au nom du Conseil d’Utopia, vous êtes en état d’arrestation. » prononça une voix parmi la multitude de personnes qui m’entouraient à ce moment-là. Ils m’empoignèrent par les bras et me forcèrent à me relever après m’avoir menotté avec un artefact anti-magie qui se chargea de bloquer mes bras ainsi que toute ma force magique, aussi bien offensive que défensive. Bref, mis à part me battre avec mes jambes ou utiliser une attaque de l’Ombre de niveau supérieur, je ne pouvais pas faire grand chose. En toussant, je crachai un peu de sang sur le sol et ne pus m’empêcher d’ironiser une fois que je fus debout : « Eh bien, vous ne me lisez pas mes droits ? "Vous avez seulement le droit de vous taire et d’accepter votre condamnation à mort", c’est bien ça, non ? »

Seul le silence me répondit, les autres Gardiens refusant de relever mon sarcasme. Après tout, un Gardien digne de ce nom devait savoir se maîtriser et ne pas répondre aux provocations de l’ennemi, n’est-ce pas ? Et en ce moment, j’étais cet ennemi à ignorer. Je toussai encore une fois et recrachai le sang qui encombrait mes bronches. Soudain, j’entendis un murmure qui disait « Maintenant ! ». Surpris, je relevai la tête :

« Hein ? Qu’avez-vous dit ?

- Dit quoi ? me demanda le Gardien à ma droite.

- C’est vous qui avez parlé ? insistai-je.

- Personne n’a parlé, entendis-je un autre Gardien me répondre.

- Maintenant !

- Maintenant ? répétai-je avec perplexité.

- Laisse-moi agir, maintenant !

- Comment ça agir ? demandai-je dans le vide.

- Il est vraiment devenu fou…, fit quelqu’un à voix basse en croyant que je ne l’entendrais pas.

- Ils ne peuvent pas m’entendre. Laisse-moi agir, maintenant !

- …

- Laisse-moi agir, et tes problèmes seront réglés.

- …

- Tu n’es pas du genre à te laisser battre sans répliquer, pourtant ! Qu’arrive t-il ?! Laisse-moi agir, maintenant ! MAINTENANT !

- … D’a… d’accord…, acceptai-je à voix basse.

- Trèèèès bien ! fit la voix étrangère apparemment satisfaite. Est-ce que tu connais le nom qu’on donnait aux comètes dans l’ancien temps ?

- … Etoiles filantes ? murmurai-je en me sentant tout à coup somnolent.

- Presque… mais avant ça, on les nommait "Anges Déchus". Lorsque les Anges tombent, ils laissent derrière eux une longue traînée de plumes immaculées. Ils appellent ça la queue de l'étoile filante, ils ne savent pas qu’il s’agit en fait d’un ange tombé... tombé des nues, eh hé… Je suis l’un d’eux. Venu agir en ta place, oh Gardien d’une Force Fondamentale de l’Univers.

- Pourquoi m’aiderais-tu ? demandai-je d’une voix lointaine à moi-même.

- Je ne t’aide pas, j’agis à ta place. Pour éviter la mort qui t’attend, tu m’as invoqué sans même t’en rendre compte. Alors je suis venu. Et lorsque je repartirai, il ne restera plus personne en cet endroit, mis à part toi. »

Ce fut la dernière phrase que j’entendis avant de me réveiller en sursaut. Et la première chose que je vis en ouvrant les yeux fut un ange aux ailes d’un noir de charbon qui tranchait la tête de Tamia, paralysée de stupeur sur place tandis que son corps avait été transpercé par six anges aux ailes blanches, armés de lances d’or, qui formaient cercle autour de la jeune femme. Elle tomba alors à genoux. Lorsque la tête de la malheureuse roula à terre, répandant un flot de sang carmin au sol, les sept apparitions – célestes ou infernales, je ne saurais trop le dire – disparurent comme un mauvais rêve au réveil. En frissonnant d’horreur, je déglutis et regardai autour de moi. La voix ne m’avait pas menti : elle était venue, elle avait agi, et maintenant qu’elle était repartie, il ne restait plus un seul être vivant dans cette pièce mis à part moi. L’endroit tout entier empestait le sang frais. En effet, le sol et certains murs étaient entièrement rouges, comme repeints de sang. Le liquide visqueux coulait lentement depuis les murs sur lesquels il avait été projeté et depuis l’amas de corps méconnaissables qui jonchaient le sol ; lentement, le sang formait des rivières pourpres qui se rejoignaient en une grande flaque à mes pieds. Je regardai mes mains et mes habits avec incrédulité. Je ne pus qu’éclater d’un rire nerveux en remarquant que mes blessures avaient été comme gommées : plus une seule trace de mes blessures, pas une seule trace du sang des autres sur moi. C’était comme si… j’étais passé chez le teinturier au lieu d’avoir combattu ! En refrénant un nouvel éclat de rire, je baissai la tête vers la flaque de sang qui était en train de souiller mes chaussures. Dans ce miroir de liquide en train de virer au brunâtre, je me vis reflété presque en entier. Mon double inversé dans la flaque souriait. En élevant la main vers mes lèvres pour les tâter, je me rendis compte que moi aussi, je souriais. Je ressentais une sorte… d’euphorie face à ce pouvoir que je venais de découvrir, à ce formidable potentiel de destruction dont j’avais été la source.

En laissant de côté les réjouissances pour plus tard, j’utilisai la lévitation pour sortir de la pièce sans salir plus encore mes chaussures qu’elles ne l’étaient déjà, trempées du sang des victimes des sept anges.

Une fois au dehors, je me souvins tout à coup d’une chose très importante…

« Eh merde ! Avec tout ça, j’en ai oublié le Cristal de Voyage ! » grognai-je entre mes dents serrées.

Je retournai vers le socle m’emparer du Cristal. Une lumière aveuglante fusa depuis le cristal dès que je posai la main dessus.

« Troisième épreuve ? demandai-je à voix haute, sachant déjà quelle serait la réponse.

- Oui, répondit une voix venue du cristal.

- La troisième épreuve est la vérité. Le candidat est-il prêt à y répondre? fit une autre voix.

- Je ne serais pas ici sinon, soupirai-je en roulant des yeux.

- Voici donc la question. La réponse donnée déterminera le résultat de l’épreuve… »

"Assez de blabla, posez cette fichue énigme ! Qu’on en finisse !" pensai-je avec une pointe d’exaspération.

« Pourquoi ? »

Puis le silence le plus complet. Après un instant de stupéfaction, je clignai les yeux en fixant le Cristal.

« Eh ? fis-je, pris de court. C’est ça, l’énigme ? C’est ça, la troisième épreuve ?! »

Durant un long moment, seul le silence se fit entendre dans cette pièce à l’odeur ferreuse de sang humain. Je me grattai la nuque, embarrassé et incapable de savoir quoi répondre à cette question déstabilisante.

"Pourquoi… Oui, mais pourquoi, quoi ? …Et qu’est-ce que c’est que cette question à la mords-moi le nœud, d’abord ?!" pensai-je en fronçant les yeux avec mécontentement. "Et bien entendu, si je réponds de travers, c’en est fini de moi ! …Grumpf ! Bon… Puisque je n’ai plus grand chose à perdre de toute manière…"

Je pris une grande inspiration et répondis d’une seule traite :

« "Pourquoi" est la plus grande interrogation des humains, et celle qui revient le plus souvent. En ce qui me concerne, je pense que tout dépend du contexte. Pourquoi je suis ici ? Parce que je veux quitter Utopia, parce que j’ai brisé le Miroir de Téléport, parce que j’ai été condamné à mort par le Conseil, parce que je n’ai plus rien à perdre, parce que je ne veux pas risquer de revoir Thephys, parce que je suis mort de trouille à l’idée d’affronter à nouveau son regard triste qui me brûle sur place et qui me fait bien plus peur que la Mort elle-même. Et pourquoi ça ? Même cette question dépend de beaucoup de facteurs. Donc… je vais répondre : Ca dépend. Oui… ma réponse est : Ca dépend. »

"Bon sang, tu parles d’une réponse idiote !" me grondai-je intérieurement aussitôt après avoir prononcé cette réponse.

Mais c’est la vérité, n’est-ce pas ? La troisième épreuve est une épreuve de vérité … Et la vérité dépend de nombreux facteurs…

Le silence dura longtemps, immuable et pesant. Au bout d’un moment, j’en eus assez d’attendre et décidai de prendre le Cristal, pour voir si j’avais bien répondu ou pas, pour voir si j’allais mourir sur place ou non. Après tout, je n’allais pas rester bêtement planté là à attendre ! Tant pis pour ce qu’il pourrait se produire !

Je fermai tout de même les yeux d’appréhension à l’instant où mes doigts touchèrent la surface du Cristal défendu. Ma main se referma sur lui, le souleva de son piédestal et… et rien. J’ouvris prudemment un œil puis l’autre. Je pus enfin soupirer d’aise, laissant mon cœur se remettre de l’angoisse et de la poussée d’adrénaline que je venais de lui infliger.

« J’ai réussi l’épreuve, alors…? » demandai-je à voix basse à moi-même.

Rien ne me répondit, le Cristal dans ma main brilla et se changea en une paire de mitaines de cuir noir qui luisait comme un diamant sous des projecteurs. Peu à peu, la brillance s’estompa et la paire de gants finit par ressembler à des gants tout à fait ordinaires. Je les enfilai et élevai vers mes yeux mes mains ainsi gantées. Maintenant, grâce à cette nouvelle acquisition, j’étais capable de me transporter dans le monde de mon choix. J’esquissai un sourire en coin en regardant mes nouveaux gants avec satisfaction.

« La vérité est la troisième épreuve… Quelle épreuve stupide, quand même ! » conclus-je en lévitant vers la sortie de la pièce.

A ce moment-là, j’entendis un murmure solennel prononcer : « La vérité fut la troisième épreuve. La réponse donnée a déterminé le résultat de l’épreuve et l’avenir du candidat. Ainsi donc, tout dépendra de lui. »

Je pilai sur place, baissant les yeux vers mes mains gantées. La réalisation commença à lentement faire son chemin dans mon esprit, avant que je ne puisse comprendre ce que tout ça signifiait. Je sentis mes yeux s’ouvrir en grand lorsque je compris enfin.

La vérité fut la troisième épreuve.

J’avais répondu en toute franchise à la question-piège, la réponse que j’avais donnée était la vérité, LA vérité pour MOI.

La réponse donnée a déterminé le résultat de l’épreuve et l’avenir du candidat.

J’avais répondu « Ca dépend ». Ma réponse avait été prise au pied de la lettre, car c’est la réponse donnée par le candidat qui détermine s’il a réussi l’épreuve ou non. Ainsi donc, je n’avais ni réussi ni échoué. Tout ce que j’avais dit avait été : « Ca dépend. »

Ainsi donc, tout dépendra de lui. 

Le Cristal de Voyage m’avait par conséquent été confié, le temps de voir ce que j’en ferais et où ça me mènerait. Si je mourrais, si j’échouais, si je m’en sortais, quoi que je fasse… tout dépendrait uniquement de moi. Je ne pourrais compter que sur moi, ne m’en prendre qu’à moi-même.

En définitive… ça ne changeait pas grand chose à toute ma vie, toute ma vie telle que je l’avais connue jusqu’alors. La vie de tout être humain, en somme : tout dépendait de nombreux facteurs, mais surtout de l’humain lui-même.

En fait, cette troisième épreuve n’était pas stupide. Elle était sournoise, vicieuse, dangereuse et… complètement tordue.

C’était… hilarant !

 

Scène 2 : Mauvaise passe.

 

J’avais voulu sortir hors de l’autel avant d’utiliser mes gants, parce que je sentais qu’il me serait plus aisé d’ouvrir un portail inter-dimensionnel à l’extérieur, plutôt que confiné à l’intérieur. Mais j’avais très mal calculé mon coup, ma malchance ayant toujours su choisir le moment le plus approprié pour se rappeler à mon bon souvenir.

La pluie s’était mise à tomber. D’abord fine, elle devint très vite plus drue. Elle m’obligea à rentrer à nouveau sous le couvert de la grotte, de peur que les perturbations atmosphériques ne viennent fausser mon invocation d’un portail de voyage. A l’intérieur, il allait me falloir plus de temps et de concentration pour ouvrir un portail, mais ce n’était pas impossible non plus, et c’était de toute manière plus prudent. Il fallait agir prudemment à partir de maintenant.

Je fermai les yeux et fixai toute mon attention sur ce seul objectif, qui était d’ouvrir ce portail pour pouvoir enfin partir d’Utopia. J’étais sur le point d’y parvenir lorsque j’entendis des bruits de pas tout près de moi. Je rouvris les yeux et vis Odin qui avançait prudemment vers moi. Il ne s’arrêta pas une fois arrivé à ma hauteur mais s’enfonça plus en avant à l’intérieur de la grotte et se mit à me parler :

« Est-ce que vous avez vu Tamia ? » me demanda t-il timidement.

Comme je ne répondis pas, il expliqua : « Elle a été contactée pour partir à la chasse au fugitif. D’après ce qu’ils lui ont dit, j’en ai conclu que c’était vous qu’elle devait arrêter, mais je ne le lui ai pas dit… je ne sais pas pourquoi je ne lui ai pas dit que c’était vous… Je… je suis à sa recherche. Je l’ai appelée sur le talkie mais elle ne répond pas… Est-ce qu’elle est venue ici, vous l’avez vue ? »

Il parlait tout en marchant et en s’éloignant de moi, je dus donc le suivre pour continuer à entendre ses paroles. Il y avait une certaine dose de suspicion dans la voix d’Odin, comme s’il avait déjà pressenti ce qu’il était arrivé à Tamia, mais qu’il refusait de le croire tant qu’il n’aurait pas vu de ses propres yeux ce spectacle morbide.

Il avançait vers la troisième salle, là où avait eu lieu le carnage des anges. Encore quelques pas et il y serait… Tamia était tombée tout près de la porte de cette salle en plus, c’est elle qu’il verrait en premier, du moins ce qu’il restait d’elle…

« O-Odin, je ne crois pas que tu devrais… »

Il s’arrêta, dos tourné vers moi. Je ne pouvais ni voir son visage, ni savoir ce qu’il avait vu ou pas, mais comme il regardait en direction de la salle ensanglantée, le pire était à craindre.

« Après la mission sur Arrtkinoz, Tamia et moi sommes sortis prendre un verre… Elle rayonnait d’une telle… une telle… »

Il chercha ses mots, sa voix devenue plus basse.

« Elle était si merveilleuse, je ne pouvais que tomber irrémédiablement amoureux d’elle…, continua t-il. Nous sommes sortis ensemble dès ce premier jour-là. Elle disait que je lui plaisais beaucoup… Je savais que si je la laissais partir, je m’en voudrais toute ma vie. Alors finalement après quelques temps, je le lui ai demandé… Et elle a accepté ma demande en mariage… »

Pourquoi Odin me confiait-il tout ça ? Cette question me rendait plus que perplexe.

« Nous nous sommes fiancés au printemps. »

Par le ton de sa voix, je pouvais deviner qu’il était en train de sourire.

« On avait prévu de se marier cet automne, dans quelques semaines. Tous les préparatifs auraient été finis en automne, avant la tombée de la première feuille morte… Je vous aurais demandé d’être mon témoin… Est-ce que vous auriez accepté, mon Colonel ? »

Je restai silencieux, il insista :

« Vous auriez accepté d’être mon témoin à notre mariage, Colonel ?

- … Euh, oui…, marmonnai-je. Bien sûr que oui…

- Merci, Colonel. Ca… ça m’aurait fait tellement plaisir ! »

Un silence passa, puis Odin continua :

« …Lorsque Tamia est partie à votre recherche tout à l’heure, lorsque je ne lui ai pas dit que le fugitif était vous, lorsque je vous ai laissé repartir du QG après que vous ayez… après votre combat contre mon oncle, je veux dire… Je savais que je faisais une énorme bêtise. A chaque fois. Mais… mais à chaque fois, je l’ai quand même faite. Je… je refusais de voir la vérité en face. Vous savez à quelle point la vérité me fait mal, vous savez que je suis trop faible pour l’accepter, je vous l’ai déjà dit… »

Il fit un pas en direction de la salle du Cristal, j’élevai la main vers lui, la tendant vers lui, mais incapable de l’appeler ou de le retenir.

« Et… Après que Tamia soit partie, j’ai reçu un appel de l’hôpital où elle était allée faire des examens de santé… L’infirmière m’a dit… »

Il s’arrêta et se tourna vers moi, me regardant pour la première fois depuis tout à l’heure :

« …Elle m’a dit que Tamia… ma Tamia… était enceinte… »

Il sourit tristement.

« J’étais si heureux ! s’exclama t-il. Si seulement vous pouviez savoir à quel point j’étais heureux ! … Juste qu’à ce que je me souvienne que Tamia faisait partie de l’équipe lancée à votre poursuite… »

Il éleva la paume de sa main vers son front en souriant et se frotta les yeux en penchant la tête sur le côté… Il était nettement sur le point de faire une dépression nerveuse. Comme une bombe à retardement qui menaçait d’exploser au moindre choc, il me sourit, passa le bras derrière sa nuque et secoua doucement la tête.

« Tout est de ma faute, murmura t-il, toujours un sourire inquiétant sur les lèvres. Je n’aurais jamais dû la laisser partir sans la prévenir que c’était vous le fugitif, je n’aurais jamais dû vous laisser partir après la mort de mon oncle, en fait. Tout est de ma faute, ma faute. »

Il soupira et fit soudain volte-face pour se précipiter vers la salle du Cristal.

« Odin !! criai-je après lui. Non ! »

Je pus presque entendre le frottement de ses semelles lorsqu’il s’arrêta net dans l’encadrement voûté qui marquait l’entrée de cette salle. Puis s’ensuivit un silence aussi lourd que le temps d’orage au-dehors de la grotte.

« Je le savais déjà, murmura Odin d’une voix si basse que j’eus du mal à l’entendre. Je le savais déjà, mais il fallait que j’en sois sûr… Il fallait que je sois sûr de devoir parler de Tamia au passé maintenant… »

Après ça, il laissa son visage retomber vers sa poitrine. Ses épaules se mirent à trembler, je fis un pas en arrière. Il produisit un son guttural que je pris d’abord pour un sanglot, je fis à nouveau un pas en arrière. Je me rendis compte qu’en fait de sangloter… il était en train de rire, en secouant doucement la tête de droite à gauche. Il avait pleuré à la mort de son oncle ; à la mort de sa fiancée, il ne pouvait plus que rire. L’heure était venue pour moi de faire retraite, la bombe à retardement était sur le point d’exploser…

« Ne bougez PAS ! s’écria soudain Odin en élevant la main. Restez ici, je n’ai pas fini ! »

Il tourna à demi la tête vers moi, l’air macabre inscrit sur les traits de son visage le rendait si sérieux que c’en était effrayant.

« Vous n’allez pas me refuser un petit combat amical du genre de celui que vous avez accordé à mon oncle ou à Tamia ? N’est-ce pas, mon Colonel ? …N’EST-CE PAS ?!

- Je ne tiens pas à faire couler encore le sang…

- Ooooh, souffla t-il avec dédain. Mais dans ce cas, restez immobile et laissez-moi vous massacrer. Cet arrangement me convient parfaitement aussi !! »

Il avait un arc et un carcan portés en bandoulière dans le dos mais n’esquissa pas un geste pour les atteindre. Au lieu de ça, il pivota sur lui-même pour me faire face, les coins de ses lèvres se relevèrent en un horrible rictus sur son visage, et il déploya ses bras des deux côtés de son corps. Deux lames de lumière apparurent au bout de ses bras, elles se condensèrent jusqu’à ne plus former qu’un avec chacune de ses mains. Il ne s’agissait pas exactement de magie, plutôt de la matérialisation de son énergie spirituelle. Peu de combattants parvenaient à concentrer ainsi leur énergie guerrière pour en former des armes, et encore plus rares étaient ceux capables de contrôler ce genre d’armes. Alors à ce moment-là, je ne pouvais qu’être en admiration devant ce jeune homme.

« Je n’aime pas les armes habituelles, ricana t-il en approchant lentement de moi. Ces lames sont plus solides que le titane le plus épais, et aussi flexibles qu’un fouet. Elles peuvent prendre la direction et la forme que je veux. De plus, ce qui est vraiment pratique avec ces épées d’énergie, c’est que la longueur de leur lame est très… modulable… La preuve. »[2]

Il éleva le bras droit vers le plafond de pierre qui devait bien s’élever au-dessus de nous à au moins six mètres de hauteur… Je vis clairement la lame d’énergie de sa main s’allonger brusquement et percer le plafond dans un grand bruit de crissement avant de se rétracter tout aussi brusquement et de disparaître. Odin abaissa son bras désarmé, un morceau du plafond serré dans sa main. Il réduisit ce morceau de pierre en l’écrasant dans son poing, puis il essuya consciencieusement la paume de sa main contre la jambe de son pantalon. L’instant d’après, une lame d’énergie réapparaissait dans sa paume ouverte.

« Voyez vous, je peux déterminer la longueur de mes épées par ma seule volonté. Pratique, non ? fit-il avec un sourire vénéneux. Quand je suis en forme, chaque lame peut atteindre trois mètres. Mais étant donné mon… énervement actuel… »

Un court silence puis un autre sourire dangereux avant de conclure :

« Je pense qu’on peut facilement multiplier ce chiffre par trois ou quatre. »

…Neuf à douze mètres..? Il pouvait m’atteindre avec ses lames à une distance de neuf à douze mètres ?!

« Vous êtes mal barré, mon Colonel… si je puis m’exprimer ainsi. Héhé… ! »

 

Scène 3 : Les Lames de l’Esprit.

 

Etant donné l’état dans lequel Odin se trouvait à ce moment-là (M’avancerais-je en disant qu’il avait tout d’un Berserker ?), il était inutile d’essayer d’éviter l’affrontement. Je fis apparaître dans mes mains les seules épées dont je disposais à ce moment-là, les deux épées que j’avais glissées dans mon sac lorsque j’étais parti du manoir Naëhien.

Je possédais le pouvoir de faire apparaître presque tout ce que je voulais devant moi, pour peu que l’objet soit assez proche. Lors de mon évasion du tribunal par exemple, j’avais fait apparaître mon bâton de combat car c’était l’arme que je portais avant d’être arrêté par les policiers, ils me l’avaient confisquée avant mon passage devant la chaire du jugement, mais avaient fait l’erreur de laisser cette arme dans la pièce voisine, à ma portée donc.

Maintenant, Odin avait deux lames d’énergie ; pour pouvoir les contrer plus facilement, j’optai pour deux armes blanches moi aussi, deux épées. Elles étaient malheureusement désassorties, la seule paire d’épées-jumelles que j’avais, les Gémeaux, ayant été perdue lors de mon combat contre l’Oubli sur Arrtkinoz il y avait quelques mois de cela. Mais deux épées désassorties, c’était toujours mieux qu’une seule face aux lames d’Odin. L’une de mes épées était une arme basique, droite et fine mais à la lame renforcée, quasi-incassable, et l’autre était plus… originale. La forme de la lame rappelait celle d’un tisonnier tandis que le manche était celui d’un fleuret. Cette arme avait pour nom "accroche-cœur". La triple pointe au bout de la lame avait environ la même taille qu’un cœur humain. Pour se servir de l’épée, on transperçait la poitrine de l’ennemi au niveau du cœur avec cette extrémité conçue pour briser facilement les os de la cage thoracique ; puis un mouvement rotatif du poignet faisait que la triple-lame harponnait le cœur de l’adversaire. Ensuite, il ne restait plus qu’à tirer d’un coup sec, et si vous y mettiez suffisamment de force, vous emportiez l’organe vital comme trophée de chasse.[3] Généralement, cela suffisait à mettre l’autre hors combat pour toujours. Cependant, le désavantage principal de cette arme était que le pauvre hère qui perdait ainsi son cœur se mettait à hurler de douleur avant de mourir. Je vous déconseillerais donc de vous servir de cette arme si vous avez les tympans sensibles.

 

Le combat contre le Gardien de l’Air débuta. Odin n’en donnait généralement pas l’impression, mais… il était vraiment doué au combat ! En plus de ses armes si particulières, il maîtrisait parfaitement l’élémentaire de l’Air. Il conjuguait ses attaques à l’épée d’énergie avec des sorts d’électricité statique, de vent et de bouclier qui l’aidait à se protéger de mes coups tout en m’attaquant et me déstabilisant.

Quant à moi, je devais recourir à toutes mes forces pour bloquer ses coups avec mon épée renforcée, en essayant de répliquer avec l’accroche-cœur. L’adversaire était à peu près de la même force que moi. Il avait en revanche une vitesse légèrement supérieure à la mienne. Etant donné sa façon de combattre, furtive et élégante, je devinai que Odin aurait en fait dû être moins fort physiquement que moi, mais la rage qui l’habitait en ce moment dédoublait sa force purement physique et lui avait enlevé tout instinct de survie. Il était clair que gagner contre moi était devenu pour lui bien plus important que préserver sa vie : ses attaques étaient quasiment suicidaires, ce qui les rendait imprévisibles et hautement dangereuses, aussi bien pour moi que pour lui-même.

A force de se déplacer en combattant, nous finîmes par revenir hors de la grotte, dans la savane de Mammoth. Le duel continua sous une pluie qui entravait la vue et les mouvements de l’adversaire comme les miens. Après toutes les batailles successives que j’avais menées ce jour-là, j’étais en désavantage par rapport à Odin : j’étais fatigué aussi bien moralement que physiquement, bien que mes blessures aient déjà été guéries tout à l’heure par deux fois grâce à mes pouvoirs de l’Ombre.

La boue rendait le terrain glissant. Profitant d’un court moment d’inattention de ma part, Odin me fit tomber à terre. Puis au lieu d’allonger l’une de ses armes – ce qui aurait sûrement été moins précis pour frapper à cette distance – il se précipita vers moi, la lame d’une de ses épées pointée droit sur ma gorge. En roulant sur le côté, je l’évitai de justesse. La lame se planta dans le sol. Avec l’inertie, Odin faillit basculer à son tour mais eut le réflexe de rétracter la lame d’énergie plantée au sol, et de se servir de l’autre comme d’une perche pour se rétablir sur ses pieds sans atterrir dans la boue la tête la première.

Je grognai : le bougre parvenait à garder ses vêtements presque propres malgré la pluie et la boue car il utilisait depuis quelque temps une bulle de protection d’air qui l’englobait pour l’isoler de l’extérieur tout en diminuant la force des attaques magiques que je lançais sur lui, tandis que moi… je donnais l’impression de prendre part à un match de lutte dans la boue !

Cependant, contrairement à ce qu’il se passait depuis le début du combat, Odin s’était rapproché, suffisamment pour que je puisse mettre à mon tour un pied dans sa bulle de protection. Ceci fait, je ressortis brusquement. Cette astuce me permit de briser sa protection : la bulle personnelle d’Odin m’ayant englobé, même seulement l’espace d’un court instant, elle m’avait pris pour lui et n’avait plus su où son maître se trouvait lorsque j’étais ressorti de la bulle si brusquement. Alors, elle s’était auto-détruite. C’était comme si Odin avait lui-même détruit sa propre protection !

Mais pour pouvoir faire ça, j’avais dû à mon tour m’approcher dangereusement près de l’adversaire. D’un coup de coude rapide comme l’éclair dans l’œil, il m’aveugla. La douleur remonta jusque dans mon crâne, me faisant gémir tandis que pour la seconde fois en si peu de temps, je voyais trente-six chandelles. Heureusement pour moi, mes réflexes n’avaient pas été mis à mal, ni ma perception extra-sensorielle. Je sentis qu’Odin était sur le point d’enchaîner par une attaque basse, il voulait me faucher les jambes avec ses lames. Je bondis pour éviter son coup, en profitant de la hauteur pour retomber sur lui, l’épée en avant. Comme prévu, il dut bloquer mon attaque avec ses deux lames croisées puisque le coup venait d’en haut. C’était ce que j’attendais d’Odin : l’attaque avec l’épée n’avait été qu’un leurre pour immobiliser pendant le même instant ses deux lames d’énergie. Avec l’accroche-cœur, je réduisis sa main droite en bouilli. Il poussa un cri, plus de surprise que de douleur en fait, et se dégagea d’un grand bond. Sa main droite perdue, l’épée d’énergie qui y était rattachée disparut par conséquent. Au même moment, mon épée droite tomba brisée en deux : même si sa lame était renforcée, elle n’avait pas supporté les chocs répétés contre les deux épées d’énergie d’Odin.

Immobiles à quelques mètres l’un de l’autre, nous nous jaugeâmes un instant, le temps de reprendre notre souffle, de juger la situation et de préparer la prochaine attaque. La pluie collait nos vêtements à notre corps et nos cheveux à notre visage, diluant au sol le sang qui s’écoulait de nos blessures. J’en avais plusieurs, à divers endroits, de gravité moyenne, et je n’y voyais plus que d’un œil à cause du coup de coude qu’Odin m’avait porté tout à l’heure ; Odin n’avait qu’une seule blessure, celle que je venais de lui faire à la main droite, mais elle saignait abondamment et elle était suffisamment grave pour l’handicaper, sinon à vie au moins pour ce combat-ci.

« Tu te défends bien ! appelai-je, haussant la voix pour couvrir le bruit du tonnerre qui s’était mis à gronder depuis peu.

- Je n’aurais pas pu devenir Gardien si ce n’était pas le cas, répliqua t-il avec un sourire ironique.

- Mais avec une seule main valide, avoue que tu es mal en point…

- Je suis encore capable de vous tuer d’une seule main, Colonel ! fit-il en insistant lourdement sur mon titre.

- Tu es bien sûr de toi, remarquai-je.

- Vous ne vous en seriez jamais douté, hein ! Haha ! Qui aurait cru ça du gentil et timide Odin Binks, hein ! ricana t-il. Qui aurait cru que le petit nouveau transféré depuis peu d’un Groupe d’Observation de seconde zone pouvait être si sûr de lui, si performant au combat et qu’il maîtriserait suffisamment son ki pour forger des épées d’esprit, eh ! »

La tête baissée comme un prédateur observant sa proie, il découvrit ses canines en souriant d’un air… malsain.

« Mais je ne suis pas devenu l’un des Gardiens Elémentaux grâce à mes beaux yeux, vous savez…, plaisanta t-il sinistrement.

- Je suis sincèrement désolé pour ce qui est arrivé à Tamia. »

Ma déclaration le fit tressaillir, ses yeux tout à l’heure plissés comme ceux d’un fauve prêt à l’attaque, s’ouvrirent de surprise, l’espace d’un instant. Puis il se reprit et éclata d’un rire arrogant.

« Mon Colonel, je vous tuerai. Si ce n’est pas pour aujourd’hui, ce sera pour une autre fois. Tant qu’il me restera un souffle de vie, je vous traquerai, je vous ferai souffrir, et lentement, je vous tuerai. De mes propres mains… Alors un bon conseil : si vous en avez l’occasion aujourd’hui, ne la ratez pas et tuez-moi. Sinon, c’est moi qui vous massacrerai, tôt ou tard !

- Des promesses, toujours des promesses ! »

Il rit à nouveau, en renversant la tête en arrière, le visage tourné vers le ciel qui le trempa de ses larmes de pluie.

« Vous êtes vraiment drôle ! assura t-il en riant toujours.

- Pourquoi ne soignes-tu pas ta blessure, même superficiellement ? demandai-je en désignant sa main qui saignait toujours abondamment.

- Je préfère garder ma force magique pour le combat plutôt que pour me soigner. »

Sa réponse confirma ce que je pensais déjà : pour lui, il était plus important de gagner ce combat et de me tuer, que de préserver sa vie ou sa santé.

« Je prendrais un plaisir certain à continuer à discuter et à plaisanter avec vous, mais j’ai plus important à faire : vous tuer ! »

La lame d’énergie qu’il tenait dans la main gauche flamba d’un regain de force, elle brillait plus que jamais, reflétant les gouttes de pluie et faisant naître un arc-en-ciel sans besoin de l’intervention de nos soleils toujours dissimulés par les grands nuages noirs amoncelés dans le ciel orageux. Un éclair tomba en plein sur la lame d’Odin, qui absorba goulûment cette énergie nouvelle, comme si elle était affamée.

« Tout à l’heure, ma lame boira votre sang comme ce sol absorbe l’eau de pluie. » me dit Odin d’un air presque poétique.

Il brandit vers moi sa main blessée, une décharge d’électricité s’en dégagea et vola vers ma direction en sifflant comme un serpent enragé. Je l’évitai d’un bond, la magie toucha le sol à la place. Mais comme le sol était détrempé, dès que je remis pied à terre, l’attaque électrique d’Odin me frappa à ce moment-là, s’étant servi de l’eau au sol comme d’un récipient conducteur, afin d’attendre patiemment que sa proie revienne à sa portée. L’attaque se répercuta dans tout mon corps, me serrant douloureusement tous les muscles, le cœur y compris.

« Argh !! »

Je sentis une seconde attaque électrique succéder à la précédente, Odin venait de renouveler son sort vers ma direction. Lorsque l’attaque fut passée, je tombai à genoux, en haletant, la main accrochée à mon cœur qui s’était arrêté de battre un peu trop longtemps tout à l’heure.

« J’aurais facilement pu vous tuer tout de suite, mais… ce serait une mort trop douce pour vous. »

La lame d’énergie dans la main d’Odin s’éteignit et il approcha de moi à grands pas magistraux. Je n’eus pas le temps de me relever, il me décocha un coup de botte dans la mâchoire, m’envoyant voler un peu plus loin dans la boue. Puis je sentis une soudaine déchirure à la cuisse. En regardant vers la direction de l’adversaire, je compris qu’il venait de me blesser avec sa lame d’énergie qui s’était reformée dans sa main valide. La lame brillait à présent d’une lueur rougeâtre, comme imprégnée du sang qu’elle venait de me prélever. Elle s’allongea et fondit sur moi, je roulai sur le côté pour l’éviter et elle harponna le pan de mon pardessus. Prestement j’enlevai mon vêtement et me remis debout le plus vite possible. La lame revenait déjà sur moi, je l’évitai grâce à quelques sauts et roulades, encore et encore, jusqu’à ce que je me rende compte que je m’étais rapproché d’Odin. Lui ne semblait pas s’en apercevoir, une lueur de folie meurtrière semblait l’aveugler ; il ne voyait plus que ma silhouette se débattant pour éviter sa fantastique lame d’énergie, et pendant tout ce temps, il… souriait.

Son sourire s’effaça lorsque sa propre lame le blessa au flanc. Je l’avais attirée de telle sorte qu’elle blesse celui qui la tenait, lui qui était tant obnubilé par le fait de me suivre de son arme d’énergie flexible, de me tuer avec, qu’il n’avait pas vu que peu à peu c’était vers lui-même que je dirigeais son arme. La lame s’éteignit dans un grand flash lumineux, apparemment brisée dès qu’Odin avait perdu la concentration nécessaire au maniement de cette épée d’esprit.

Je sautai à la gorge du jeune homme et le fit tomber à terre. Puis avec un long couteau d’assassin, je plantai sa main gauche dans le sol, l’empêchant ainsi d’avoir à nouveau recours à ses lames si spéciales. Odin serra les dents pour retenir un cri de douleur, puis darda un regard haineux vers moi. Je me relevai, de peur qu’il ne me crache au visage après ça.

Immobilisé au sol, il se débattit, essayant d’arracher le couteau avec son autre main. Mais celle-ci était déjà blessée, trop faible pour pouvoir y parvenir. Finalement, il se laissa retomber à demi-allongé dans la boue, la tête baissée avec résignation vers le couteau planté dans la paume de sa main.

« Tu as perdu, Odin.

- Alors tuez-moi, murmura t-il d’un ton presque suppliant.

- Laisse tomber, je ne le ferai pas. »

Cela dit, je repartis en direction de la grotte du cristal, sans un regard derrière moi. Même lorsqu’Odin se mit à crier, je ne me retournai pas et continuai mon chemin.

« Tuez-moi, TUEZ-MOI !! hurlait-il. Ou je dénicherai tous ceux que vous aimez, et je LES TUERAI DEVANT VOS YEUX !

- Ne te fatigue pas en vain, je n’aime personne, répliquai-je d’une voix sans ton, le dos toujours obstinément tourné vers lui.

- Et le Gardien de la Lumière, alors ?! jappa t-il.

- Thephys est un être bien trop… faible pour moi, il me fait pitié. Tu peux le tuer si tu veux, tu me rendrais service. »

Ma voix impassible sembla le convaincre, car un long silence suivit. Je continuai toujours à avancer, d’un pas certain et inébranlable.

« Je pensais pouvoir vous faire souffrir comme j’ai souffert mais étant donné les circonstances… je me contenterai juste de vous faire agoniser lentement. Oui, dit-il d’une voix calmée, je vous traquerai sans relâche… et je vous massacrerai lentement !

- Je t’attendrai de pied ferme, Odin. »

Je me penchai pour récupérer mon pardessus, que j’avais enlevé durant le combat et laissé à terre, j’empochai le sac d’or et de pierreries qui se trouvait dans l’une des poches du vêtement maintenant boueux à faire peur, et je jetai à nouveau à terre ce pardessus sale et déchiré, devenu immettable. Lorsque je rentrai finalement sous le couvert de la grotte, je crus entendre comme un sanglot étouffé. Les pleurs honteux d’un pauvre cœur brisé qui essayait de cacher ses larmes sous la pluie...

 

Scène 4 : Un unique vœu.

 

Par prudence, je continuai à m’enfoncer plus en avant à l’intérieur de la grotte, pour mettre le plus de distance possible entre Odin et moi. Car même s’il était sûrement hors d’état maintenant, il constituait toujours un certain potentiel de danger à mon égard. Au passage, j’avais récupéré mon sac de voyage laissé par terre près de l’entrée, je l’avais abandonné là quand Odin s’était mis à m’attaquer. Tout en marchant, je m’étais débarbouillé, avais soigné mes blessures du mieux que je pouvais, et j’avais changé de chemise. Mais on ne pouvait pas dire que j’étais très présentable maintenant, juste un peu moins dégoûtant qu’avant. Je m’arrêtai une fois parvenu au fond de la grotte. Les environs étaient plus que silencieux, parfait pour me concentrer, ouvrir ce fichu portail de voyage, et en finir une fois pour toutes avec ma vie sur Utopia.

« Laekh ! »

Cette voix me fit me retourner, une fois de plus au moment où j’invoquais le portail dimensionnel. L’amélioration par rapport à la dernière fois, c’était que le portail avait eu le temps d’apparaître cette fois. Mais il n’était pas encore actif ; il n’y avait encore qu’une sorte de voile translucide dansant dans l’air, un voile si clair qu’on ne le remarquait que si on y regardait attentivement.

« Bon sang, c’est pas vrai, il m’a suivi ! » marmonnai-je, soudain pris d’une folle envie de me taper la tête contre les murs dès que je reconnus celui qui arrivait en courant vers moi.

« Qu’est-ce que tu fais ! s’écria t-il

- Thephys… »

Je baissai la tête et soupirai. Thephys était bien la dernière personne au monde que j’avais envie de voir en ce moment ! Je me frottai la tempe, sentant la migraine qui grandissait dans mon crâne. Une véritable tempête grondait dans ma tête. Avec moi, l’expression "tempête sous un crâne" prenait toute sa signification…

« Qu’est-ce que tu viens fiche ici, Thephys ? demandai-je avec exaspération.

- Tu es blessé…, remarqua t-il en me regardant avec inquiétude.

- Non, sans blague ! »

En ignorant ma réponse sardonique, Thephys posa une main fraîche sur ma joue. La douleur disparut presque instantanément de ma tête. Il garda mon visage en coupe entre ses mains et me fixa tristement.

« J’ai vu les morts dans l’autre salle, là-bas…, murmura t-il, comme effrayé de prononcer ces mots. Je t’en prie, dis-moi la vérité : est-ce que c’est toi… qui les a tués ?

- Odin ne t’a pas encore briefé sur la situation ? demandai-je en retour.

- Odin ? Le Gardien de l’Air ? Le neveu de ton ami Jaspar ? »

Je hochai la tête pour répondre par l’affirmative.

« Je n’ai pas vu Odin.

- Comment ça ? fis-je en fronçant les sourcils. Il n’est plus devant la grotte ?

- Je ne suis pas passé devant la grotte, je ne sais même pas dans quelle grotte nous sommes. J’ai fait appel à mes pouvoirs pour retrouver ta trace. En cas d’urgence, la Lumière peut m’aider à me transporter auprès de ceux à qui je tiens. C’est toi que je cherchais à rejoindre. J’ai été téléporté directement dans cette salle là-bas… et tout ce que j’y ai vu… »

Il détourna les yeux, bouleversé.

« … tous ces pauvres gens massacrés… »

Il leva à nouveau le regard vers moi.

« La Police était devant la maison quand je suis rentré, ils te recherchaient. Je ne voulais pas rester là à me faire interroger par eux sans t’avoir vu avant, sans avoir entendu tes explications avant les leurs… Alors je suis reparti avant qu’ils ne me voient et je suis allé à ta recherche… Dis-moi la vérité, Laekh, insista t-il. Qu’as-tu fait de mal ? Est-ce qu’ils font une erreur judiciaire… ?

- Sais-tu que le Conseil pourrait t’enfermer jusqu’à la fin de tes jours, simplement pour avoir pensé qu’ils pouvaient faire une erreur judiciaire ? ricanai-je.

- Arrête de plaisanter ! s’écria Thephys en tremblant. Ce n’est pas le moment de rire…

- Il n’y a pas d’heure pour plaisanter, héhé.[4]

- Tu es vraiment impossible ! »

Il se blottit contre moi en soupirant à fendre l’âme.

« Laekh, tu es vraiment impossible, répéta t-il.

- Pour dire vrai… J’ai tué plusieurs étudiants de la BGU il y a deux semaines, avouai-je finalement. Le Conseil l’a découvert et j’ai été condamné à mort par le tribunal ce matin mais je me suis enfui en tuant mes gardes, puis j’ai brisé le Miroir de Téléport au QG des GI[5] et j’ai tué Jaspar quand il a tenté de s’opposer à moi. Je suis venu ici pour voler le Cristal de Voyage, j’ai tué tous les Gardiens que tu as vus dans cette salle, car ils étaient chargés de m’arrêter, puis quand Odin est arrivé, je l’ai blessé et je l’ai laissé devant cette grotte… voilà tout. »

Une seconde passa, dans le silence le plus total. Après toutes ces horribles révélations que je lui avais faites d’un bloc, je suppose que Thephys avait bien besoin d’une seconde pour se remettre du choc. Il fit lentement un pas en arrière et me fixa d’un air interloqué.

« T-tu… plaisantes ? »

Sa drôle de question, autant que l’expression de son visage me firent éclater de rire.

« Ce… ce n’est pas possible…, chuchota t-il en secouant lentement la tête avec obstination.

- Ecoute-moi bien, Thephys, dis-je en l’empoignant par les épaules. Tout ce que je viens de te dire est la VERITE. La preuve ! »

Je désignai le portail inactif derrière moi. Thephys cligna les yeux et mit un certain temps avant de remarquer le voile léger comme l’air qui bougeait à peine avec le souffle du vent qui s’engouffrait dans cette grotte.

« Qu’est-ce que…

- C’est un portail de téléport. Je vais partir d’Utopia, et ni toi ni personne ne m’en empêcherez !

- M-mais…

- Mais quoi ?! coupai-je. Tu veux que je reste ici à subir ma peine de mort, ou quoi ?

- Non… mais…

- Mais quoi encore ? Si tu n’as pas de propositions constructives, ce n’est pas la peine de me faire perdre mon temps à discuter ! aboyai-je.

- Laekh, je… »

Ses grands yeux semblèrent trembler quand Thephys me fixa avec une stupéfaction mêlée de peine et d’incompréhension.

« Ce n’est pas possible que tu aies pu faire ça… Pour quelle raison ? Pour quelle RAISON ?! répéta t-il en hurlant presque.

- Ah, la raison… La raison, parlons-en ! clamai-je. Demande au Conseil, ils te diront que je suis devenu ou bien fou, ou bien possédé par le côté maléfique de ma Force. Eh oui, j’ai perdu la RAISON justement. N’est-ce pas hilarant ? »

Je lui adressai un sourire en coin qui le fit tressaillir.

« Bon, adieu Thephys. Tu m’excuseras mais je n’aime pas trop les au-revoirs qui s’éternisent, hein. »

Je voulus le contourner pour aller activer le portail, mais Thephys s’interposa, les bras écartés pour me barrer la route.

« Je refuse de le croire, Laekh !

- … Il n’y a pas à croire ou non. Les faits sont là. La vérité est tellement éblouissante que tu ne devrais pas avoir de mal à saisir ! Es-tu stupide ?!

- N’essaie pas de te débarrasser de moi en feignant la méchanceté ! Je sais que tu es là, sous le masque. Le vrai Laekh, celui que j’aime, est toujours présent. Et je ne bougerai pas tant que tu ne m’auras pas expliqué ton comportement odieux ! Tu viens de les tuer et ça ne te fait rien du tout ?!

- Oh, ne crois pas ça. En fait, cela m’a procuré… une certaine joie, un certain plaisir…, dis-je sans mentir. Je ne saurais pas trop comment t’expliquer ça…

- Tu… Tu ne peux pas parler sérieusement ! C’est impossible ! Nous… nous faisons partie des Gardiens ! Notre rôle est de protéger, pas de détruire !

- J’ai fait mon choix, laisse-moi tranquille. Je vais partir, et tu ne m’en empêcheras pas.

- C-comment peux-tu rester aussi calme ?! balbutia t-il d’un air horrifié.

- C’est mauvais pour la tension de s’énerver, voyons ! Eh héhéhé… »

Je vis que les yeux de Thephys commençaient à s’embuer de larmes. Je ne sais pourquoi, mais cela me poussa à le brusquer encore plus pour pouvoir enfin activer le portail et partir loin de lui à jamais.

« Je… je suis… je t’aime plus que tout, Laekh, mais si tu ne changes pas d’attitude, si tu ne te repens pas…

- Que feras-tu, alors ?

- Je dois… Mon devoir est de te reprendre ton pouvoir et de t’empêcher de nuire…

- Oh, tu me fends le cœur, mon Amour ! ironisai-je avant de rire à nouveau. C’est hilarant ! Tu parlais de devoir, mais est-ce ta tête qui guide tes actions en ce moment ? Ou bien autre chose ?! Heh !

- Arrête tes sous-entendus dégoûtants ! s’écria t-il, outré.

- Il n’y a que la vérité qui blesse.

- Tu n’as pas seulement commis un crime envers tes semblables, c’est aussi cet Univers tout entier que tu menaces. Si ta Force a été corrompue, si tu ne peux plus la contrôler, je n’ai pas le choix… Je dois te mettre aux arrêts. L’Equilibre entre deux Forces contraires doit être maintenu. Sinon, nous…

- Tss ! Tu m’ennuies profondément ! Que sais-tu de l’Equilibre ?! Tout ce qu’on t’a appris en classe, voilà tout ! L’Equilibre est une fumisterie de première ! sifflai-je en fronçant le nez avec dédain. Cet univers, la vie en elle-même n’est pas une question d’équilibre ! C’est une lutte. Une lutte constante entre deux forces opposées, acharnées dans leur lutte, détruisant tout sur leur passage tellement elles sont obnubilées par leur combat ! Ce que vous autres appelez l’Ombre et la Lumière, le Mal et le Bien, ne sont en fait que les deux faces d’une même médaille…

- Si tu le dis… En effet. Pile et face. Sans pile, il n’y a pas de face. Et sans face, pas de pile. Les deux doivent exister ; et pour que la pièce puisse exister, l’équilibre entre les deux est indispensable ! L’Equilibre, Laekh, l’Equilibre ! insista Thephys avec conviction.

- Non, non, non. Lorsque que tu lances une pièce en l’air, elle pivote. Chacune des deux faces de la pièce lutte contre l’autre afin de te dicter sa propre loi. Pile, tu fais ci ; face, tu fais ça. Tu crois laisser ta décision entre les mains du hasard. Mais même le hasard est régi par cette lutte entre les deux Forces ! m’écriai-je, brassant passionnément l’air de mes mains pour appuyer ma théorie. Il n’y a pas d’équilibre. Ce que tu crois être l’Equilibre Absolu ne se produit que lorsque les deux Forces luttent, se poussent, gagnant et perdant du terrain chacune leur tour, jusqu’à ce qu’elles se retrouvent par hasard pile au milieu de l’aire de combat. Elles sont au milieu et tu crois qu’il y a équilibre ! Ha ! Tu ne vois que le résultat et tu oublies de regarder les tenants et les aboutissants de l’affaire. Enlève tes œillères et ouvre enfin les yeux, bon sang !

- … Laekh… Que comptes-tu faire alors, puisque tu ne crois pas en l’Equilibre ?

- Très simple. Je vais régler cette histoire absurde de lutte, et je vais apporter la victoire à l’une de ces deux Forces. Et comme j’aime gagner, j’ai choisi la Force la plus puissante des deux. »

Je ne sais vraiment pas pourquoi à cet instant-là je lui avais dit ça, alors qu’en fait, en venant dans cette grotte, je n’avais aucun plan en tête, je voulais simplement fuir Utopia. Mais à présent, plus je parlais, plus je parvenais à me convaincre moi-même en même temps que Thephys se montrait convaincu par mes paroles. Petit à petit, un plan d’action se formait dans mon esprit… un plan tout à fait intéressant.

« Tu… tu veux dire… l’Ombre… ? » demanda Thephys dans un souffle, la voix soudain anxieuse.

Il était en train de prendre conscience de la gravité de mes dires. En effet, si l’une des Forces Fondamentales prenait le dessus sur l’autre, l’Equilibre de l’Univers, ce fragile Equilibre sur lequel, selon les dires du Conseil, toute vie et tout rêve reposait, serait brisé.

« Oh, appelle-la comme tu veux, ça m’est égal ! » répondis-je en soufflant dédaigneusement.

Les enseignements prodigués par la BGU m’exaspéraient depuis bien longtemps, et de les entendre répétés dans la bouche de Thephys me retournait l’estomac.

« Tu… comptes parvenir à ton but en…

- En détruisant l’un des Cristaux des Rêves, oui, complétai-je. En en détruisant un, l’énergie libérée me permettrait de voir s’accomplir l’un de mes vœux, et je sais déjà parfaitement quel vœu je formulerai…

- Un vœu réalisé… Même au risque de faire basculer l’Equilibre, de détruire tout rêve dans l’Univers ?!

- Mon unique vœu vaut bien la peine de prendre ce risque, je te l’assure ! »

Une larme se mit à couler sur la joue pâle de Thephys mais lorsqu’il parla, sa voix fut plus déterminée que je ne l’aurais cru possible :

« Laekh. Je… je suis… Je suis désolé… Mais je dois… C’est mon devoir… »

Il éleva la main, elle commença à se charger d’énergie dorée. Je savais exactement ce qu’il avait l’intention de faire, mais je m’approchai tout de même de lui pour le regarder droit dans les yeux :

« Que vas-tu faire ?

- Malgré ce que je ressens pour toi…, sanglota t-il en tremblant. Je dois t’empêcher de nuire… »

Comme il me jugeait trop dangereux pour l’Equilibre si je gardais plus longtemps l’Ombre, il allait me lancer un sort qui me désolidariserait de ma Force, pour pouvoir me l’enlever. Par là-même, comme un Gardien ne pouvait vivre une fois privé de sa Force, il me condamnait à mort. C’était sûrement pour ça qu’il ne pouvait retenir ses larmes une fois cette décision difficile prise. Je l’empoignai par les épaules et approchai mon visage du sien pour lui déclarer :

« Je te le jure : je te prouverai que j’ai raison. Un jour, tu comprendras enfin !

- Mon devoir… t’empêcher de nuire… en te tuant… »

Thephys élevait toujours vers moi sa main qui brillait de cet aveuglant éclat doré, et en regardant dans ses yeux bleus submergés par les larmes, j’eus la confirmation que l’amour, la peine et la mort étaient des sœurs très proches.[6]

 

*****

Notes :

[1] Il se démarque, se précipite vers les buts, balle au pied… attention, il se prépare à tenter une action en solitaire… il va tirer, il tire… et c’est le BUUUUUTTT !! La foule est en liesse, Mesdames et Messieurs !

- Tout à fait, Jean-Michel !

- Quel formidable tir ! Quel sportif exceptionnel !

- Tout à fait, Jean-Michel.

- Je vous propose de revoir cette action au ralenti…

- Mais alors qu’attendons-nous, Jean-Mimi ?

(Veuillez pardonner ce court moment de délire de ma part.)

[2] L’énergie spirituelle, ou ki en japonais, est tirée de la philosophie taoïste si ma mémoire est bonne. Ce sujet est souvent abordé dans les œuvres asiatiques, genre films de samouraïs, manga, etc, etc. En gros, chaque être possède des points d’énergie dans son corps, qui ont un lien avec son rapport avec l’univers qui l’entoure (C’est pour ça que ce sujet me semblait tout à fait "recyclable" pour l’histoire d’Equilibre de l’Univers abordée dans PDV). Ainsi, en développant et canalisant cette énergie aux bons endroits, on peut soigner les maladies bénignes (par l’acupuncture et le shiatsu entre autres), renforcer sa santé, et s’en servir au combat. Les épées d’énergie ki utilisées ici par Odin m’ont été inspirées par "la lame imaginaire" dont il est question dans le tome 2 du manga Black Cat. A ce propos, le tome 1 sort en version française en janvier prochain (2003), je vous le conseille vivement ! ^_^ *jingle publicitaire* Lisez Black Cat, mraow ! *fin du jingle*

[3] L’accroche-cœur est une création © Angie. Vous volez cette idée, vous souffrez !

NDAngie : Merci d’avoir pensé à protéger ma propriété intellectuelle, Lolo ! ^_^

Laekh : Pas de quoi *tic nerveux* mais évite juste de m’appeler comme ça, ok ?

Angie : D’accord, Lolo ! ^_^

Laekh : … *tics nerveux à répétition*

[4] A rapprocher de ce qu’Angie dit dans FU, chapitre 5, séquence 2, juste après le combat contre le gardien de la porte de sortie du Temple Cetra.

[5] Sigle pour Groupes d’Interventions, et non le surnom des soldats de l’armée américaine, hein. ;-)

[6] Vous ai-je déjà dit que le meilleur moyen de jouer avec les nerfs des lecteurs, était de finir un chapitre juste au bon moment ? *sourire innocent*

 

Ceci constitue le dernier acte/chapitre de Point de Vue. Après ça, il y aura juste une courte conclusion. (Surtout courte, car comparée à celui-ci qui fait 15 pages… -_-)

M’enfin, l’écriture des deux derniers chapitres s’est déroulée avec une grande facilité, très… très fluide. La seule hésitation que j’ai eue a été de déterminer qui de Tamia ou Odin j’allais "épargner" (terme employé avec une ironie acide).

Etant donné les circonstances, il était bien plus intéressant de laisser Odin en vie, ne croyez-vous pas ? Les changements psychologiques qui se sont opérés en lui -lorsqu’il s’est aperçu qu’en plus de n’avoir pas vengé son oncle, sa fiancée a été tuée par "sa faute"- promettent de grandes réjouissances par la suite. *sourire en coin* Mais pas forcément dans Point de Vue… *re-sourire en coin*

A venir :

Conclusion : L’éternité et douze ans.

(C’est la fin, la fiiiiin !! Tralala ! *danse de la victoire* (Est-ce que j’en fais trop, là..?))

 

 

*****

 

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