La Bibliothèque de la ShinRa corp.
Point de Vue
Acte XIV : Jusqu’à ce que la Mort nous sépare.
Scène 1 : Routine.
En rentrant, je fus accueilli par le seul être vivant de la maisonnée : Caelial, le chat de Thephys. Son maître n’étant pas encore revenu, le satané animal vint m’accueillir en miaulant gaiement… ou plutôt il miaula gaiement en venant accueillir celui qu’il prenait pour son maître, car dès qu’il vit que ce n’était que moi, et non Thephys, qui me tenais dans le hall d’entrée, il repartit aussi sec, l’appendice caudale dressé pour me narguer - étant donné que le majeur des chats n’est pas assez long pour leur permettre d’exprimer allègrement leur ressentiment de cette manière raffinée. (Vous remarquerez que depuis le début mes relations avec l’animal de compagnie de mon cher Amour étaient merveilleusement amicales, eh ?)
Comme d’habitude, je posai mes affaires dans mon bureau situé près de la petite bibliothèque au rez-de-chaussée puis allai au salon me verser un verre, mais ce jour-là, je m’accordai un supplément de gin dans ma limonade. Eh, après tout, on ne vit qu’une fois !
Cette pensée me fit sourire silencieusement tandis que je vidai mon verre. Puis je passai au cognac car il fallait savoir varier les plaisirs dans la vie. Après mon troisième cocktail (Je m’arrêtais à deux habituellement, mais ce jour-là était jour de fête), je m’assis dans le canapé et fermai les yeux en renversant la tête contre le dossier moelleux. A ce moment-là, comme Caelial voyait que j’avais envie de tranquillité et de solitude, il vint se frotter contre ma jambe en miaulant comme une âme en peine, pour peu que les âmes en peine s’exprimassent[1] en miaulant, car rien ne faisait plus plaisir à la petite peste que de contrarier toutes mes envies, même les plus insignifiantes – surtout les plus insignifiantes qui étaient donc aussi les plus indispensables de mon "point de vue".[2]
« Tu ne me laisseras donc jamais tranquille ?! grognai-je en posant le bras sur mes yeux toujours fermés.
- Miaou ! » me répondit le chat.
Parfois, je me disais que ce matou comprenait tout ce qu’on lui disait et que sous ses airs innocents se cachait le manipulateur le plus doué de toute la création. Oubliez le serpent d’Eden. Si Caelial avait été là, c’est lui qu’Eve et son stupide compagnon d’Adam -car je vous rappelle que, oh scandale suprême[3], les deux tourtereaux n’étaient pas mariés- auraient écouté.[4]
« Laisse tomber, le chat, lui dis-je sans bouger d’un pouce. Je ne suis pas ton maître, je me fiche bien que tu crèves de faim ou d’autre chose.
- Miaou…
- Grumpf !
- Mraowww… »
J’eus la pensée que si ce maudit animal mourrait "de faim ou d’autre chose", Thephys en aurait certainement beaucoup de chagrin et que ça me contrarierait de voir souffrir celui que j’aimais… mais j’avais toujours la possibilité de racheter un chat identique avant que Thephys ne s’aperçoive de la disparition de son compagnon félidé… Ceci acheva de me convaincre d’ignorer les plaintes de Caelial et je conclus donc en lui adressant ce témoignage vibrant de toute la sympathie qu’il m’inspirait : « Tu peux crever, sale bête. »
Il recommença à frotter sa tête triangulaire contre ma jambe en passant et repassant près de moi, me frôlant avec insistance à chaque fois.[4] Puis finalement, comme j’en avais assez de rester là à le laisser marquer son territoire sur ma jambe, je me levai. Je suis sincèrement navré de briser vos charmantes illusions, les amis, mais lorsqu’un chat se frotte gentiment contre votre jambe, ce n’est pas une marque d’affection, pour vous demander une caresse, ou pour vous prouver leur a-mour in-dé-fec-ti-ble. Tenez-vous bien, je vais vous faire une révélation lumineuse : les félins possèdent des glandes au coin des yeux qui leur permettent de marquer leur territoire ; ainsi, ils vous marquent comme leur possession, c’est une manière pour eux de signifier à leurs semblables : pas touche, cet humain est à moi, propriété privée, garde-manger personnel, dégagez ou je griffe !
Charmant, n’est-ce pas ?
Donc comme j’en avais assez de laisser le chat de Thephys se frotter à moi pour me mettre ses phéromones sur tout le bas du pantalon, je me levai et obéis à contre-cœur à ses ordres miaulés depuis tout à l’heure[4] : Miaou, j’ai faim ! T’as intérêt à m’ouvrir la meilleure boîte de thon de la réserve ou je t’asperge de tant de phéromones que tous les chats du quartier te prendront pour ma propriété personnelle !
De toute manière, s’il avait su parler, je parie que c’est ce que ce matou aurait dit. Et il m’aurait même ricané au nez.[4]
« J’espère que Monsieur est satisfait ? ironisai-je en remplissant sa gamelle de nourriture.
- Miaou, miaou. (Oui. Merci, mon brave.) me répondit-il en commençant à manger avec une délicatesse toute aristocratique.
- Bon sang, grommelai-je. J’ai vraiment besoin de repos, voilà que je recommence à parler à ce stupide chat ! »
En soupirant, je me rendis à mon bureau près de la bibliothèque, m’assis pour rédiger mon testament et le rangeai ensuite dans mon porte-document,[4] afin de le porter chez le notaire le lendemain. Le papier avait été rapide à écrire : je ne possédais pas grand chose et tout ce que je ne léguais pas à Thephys ou Shoran, je le destinais à quelques œuvres de charité. De toute manière, comme le dit si bien le dicton populaire, je n’allais pas emporter toutes mes affaires dans la tombe, alors autant m’en débarrasser dans mon testament. Je suis quelqu’un de prévoyant, figurez-vous. Je n’ai pas l’habitude de faire de grands projets d’avenir, mais lorsque je le fais, j’aime penser à tous les détails de l’affaire, ne rien laisser au hasard - le hasard tout comme la chance n’ayant jamais été très tendre avec moi.
Les résultats de mes examens étaient formels : il me restait moins de six mois à vivre, ce n’était pas contagieux mais c’était incurable. De toute manière, personne ne voulait ni ne pouvait trouver un remède à mon mal : ça dépassait les compétences des médecins des hôpitaux utopiens ou des hôpitaux des autres mondes. Quant aux Anciens, même s'ils s'étaient inquiétés de la situation au début (j'avais fini par déduire que c'était à ça que se référaient les mots "situation d'urgence" et "contacter Conseil" que j'avais surpris en partant de chez eux la première fois[5]), et même s'ils avaient pris la peine de faire des analyses sur moi avant de venir eux-mêmes m'annoncer les résultats et la mauvaise nouvelle, alors que d'habitude ils ne s'éloignaient guère de chez eux, ils n'avaient plus qu'à s'incliner devant le verdict de mes examens de santé : incurable, condamné. De plus, les Anciens avaient d’autres préoccupations que moi (d’autres Caelial à fouetter, comme qui dirait !), ils avaient la charge de conseiller plusieurs milliers d’autres Gardiens après tout. Un seul Gardien en danger, même le Gardien d'une des Forces Fondamentales[6] de l'Univers, c’était là une situation insignifiante. Triste et digne de compassion, mais insignifiante. De même, quelques milliers de Gardiens sur six milliards d’Utopiens, c’était soit une élite triée sur le volet, soit un petit groupe insignifiant. La subtilité des termes techniques dépendait du point de vue mais la situation restait toujours la même : je n’étais qu’un numéro remplaçable.
D’ailleurs, la semaine suivante me donna raison sur ce point-là : le Commandant de la troupe à laquelle appartenait mon groupe d’intervention me convoqua pour m’informer que, étant donné que les sessions d’examens de la BGU auraient lieu dans trois mois à peine, le Conseil comptait sur moi pour faire passer l’Examen Final à un candidat qui serait choisi pour ma succession au poste de Gardien de l’Ombre. Dans son immense sagesse et sa suprême bonté, le Conseil avait décidé de me mettre au rebut dans trois mois au lieu d’attendre que je sois hors-service dans six mois. Je repensai à l’incident arrivé bien des années plus tôt, quand les robots de la Salle d’Entrainement m’avaient cru hors-service après mon combat contre Alisyen. C’était hilarant. Cependant, je gardai mon sérieux tandis que le Commandant me faisait son petit discours d'adieu d’une voix calme mais vibrant intentionnellement de compassion. De toute manière, aussi bien du côté du Conseil que de la troupe, les dirigeants devaient être plus soulagés que réellement contrariés par la situation : j’étais un bon élément parmi tous les Gardiens mais je n’étais certainement pas celui qui avait les méthodes de travail les plus orthodoxes ni celui qui avait le plus sa langue dans sa poche. Et c’est un euphémisme.
« En attendant, vous pouvez dès à présent soit prendre un congé bien mérité, soit continuer à assurer vos fonctions dans votre groupe, c’est à votre convenance, conclut mon supérieur après m’avoir informé de la décision du Conseil. Qu’en dites-vous, Colonel Traumen ? »
Que vouliez-vous répondre à ça ?
« Mon Commandant, je vais me mettre en congé tout de suite… si vous avez un remplaçant désigné pour reprendre mon rôle dans le groupe…
- Auriez-vous un nom à suggérer pour votre succession à la tête de votre groupe ?
- Le Lieutenant Jaspar Binks me paraît le plus apte et le plus expérimenté de tous, déclarai-je alors d’une voix sans faille.
- Je suis aussi de votre avis, Colonel… »
« Oh, tu as réussi à avoir des vacances prolongées cette année ?? s’étonna Thephys lorsque je déformai la réalité pour lui apprendre cette excellente nouvelle le soir-même.
- Eh oui, je peux me montrer très convaincant quand je m’en donne la peine. Je t’avais bien dit que c’était une bonne nouvelle, hein ? »
Je lui souris en calant ma tête sur son épaule, assis à côté de lui sur le canapé du salon. Il passa le bras autour de ma taille pour se mettre plus à l’aise et me murmura que c’était en effet une excellente nouvelle.
Comme Thephys n’avait quasiment aucun contact avec mon groupe d’intervention, que les affaires internes d’une troupe ne concernaient pas les Gardiens des autres troupes, et que le Gardien de la Lumière travaillait souvent en solitaire lors de ses missions, il ne m’avait été que plus aisé de lui mentir sur mon soudain arrêt de travail. Un congé prolongé, lui avais-je dit. Et prolongé, il allait l'être en effet : il allait être éternel...
« Je serai en congé exceptionnel en avril, on m’a dit qu’on n’aurait pas besoin de moi pendant deux semaines… Et ça nous fait deux semaines entières ensemble avant que tu ne reprennes le travail ! » dit Thephys avec entrain.
Je lui souris, le laissant dans l’ignorance que ces semaines de vacances ensemble seraient certainement les dernières pour moi.
« Après une petite visite à l’orphelinat, on pourrait partir en voyage sur l’autre continent ! Qu’est-ce que tu en dis ? »
Comme j’avais tout un tas d’expressions toutes faites et de clichés en stock, je répondis : « Très bonne idée, les voyages forment la jeunesse. Et puis ça fait toujours plaisir de voir l’infatigable Shoran… » ajoutai-je en réfrénant un bâillement, non de lassitude mais de fatigue. Je me fatiguais de plus en plus rapidement depuis quelques temps.
« Toi par contre, tu es fatigué…, s’inquiéta Thephys. Ta journée a été rude ?
- Un peu, oui…
- Tu n’es pas malade au moins ? Tes migraines vont mieux ?
- Je suis solide comme un roc ! répliquai-je d’une voix presque trop assurée. Et ce ne sont pas des petits maux de tête qui vont me tuer, ajoutai-je avec une ironie acide que Thephys ne sembla pas détecter.
- Tout de même, tu devrais consulter un médecin… tes crises sont de plus en plus fréquentes…
- Bah ! Tu sais bien qu’on ne guérit pas de la migraine. Je n’ai pas envie d’aller voir un docteur qui va se contenter de m’abrutir avec des pilules ! mentis-je, sachant pertinemment que les maux de tête dont je souffrais depuis quelques temps n’avaient rien à voir avec de simples migraines.
- Tu préfères supporter la douleur, comme un vrai homme, hein ! remarqua Thephys en riant d’une voix gentiment moqueuse.
- Eh ouais ! approuvai-je en gloussant de rire avec lui.
- Tu es SI courageux ! plaisanta Thephys avec un soupir exagérément amoureux. Je t’admire tant, mon héros ! Héhé… »
Gagné par la fatigue, je m’allongeai en posant la nuque sur ses genoux pour pouvoir continuer à le regarder. Il baissa la tête vers moi en souriant. Décidément, j’adorais le voir me sourire…
« Si jamais… si jamais je meurs avant toi, dis-je en fermant mes paupières déjà lourdes de sommeil, promets-moi de ne pas m’oublier trop vite… »
Il soupira. J’avais alors les yeux fermés mais à sa manière de soupirer cette fois, je pouvais deviner qu’il était en train de rouler des yeux en se disant que mes déclarations étaient parfois si théâtrales que c’en était affligeant.
« Tu me le promets ? » insistai-je en ouvrant les yeux pour lui adresser un regard convainquant.
Thephys resta silencieux un moment avant de murmurer : « Quoi qu’il arrive, je ne t’oublierai jamais. »
Ce à quoi je répondis : « Même si je devais vivre mille ans, je ne t’oublierai jamais non plus. »
Ce ne fut qu’un instant après, tandis que je m’endormais, que je remarquai l’ironie mordante de ma réponse. Je m’endormis donc avec un sourire en coin sur les lèvres.
Scène 2 : Prends soin de lui pour moi.
Cela avait l’air si réel : je marchais dans le couloir de la BGU, me rendant de mauvaise grâce à la bibliothèque universitaire pour faire des recherches. Je détestais la bibliothèque. En fait, le lieu en lui-même me laissait indifférent, je n’en aimais pas l’ambiance mais elle ne m’horripilait pas non plus, je trouvais même parfois que le silence imposé dans cet endroit était très reposant. Ce que je détestais vraiment dans le fait d’être à la bibliothèque pour travailler (car on pouvait être à la bibliothèque pour d’autres choses que travailler ou lire, et dans ce cas, je détestais un peu moins cet endroit…). Ce que je détestais, disais-je donc, c’était d’aller fouiner dans des bouquins tel un rat de bibliothèque studieux. Je détestais les études – non pas que j’y échouais, au contraire : je peux très bien réussir dans un domaine que je déteste, là n’est pas la question ; LA question en définitive, c’était l’image que je donnais. Les apparences. Ha, et dire que l’hypocrisie me révulse… alors je suis le pire des hypocrites !
Je ne voulais en AUCUN cas donner l’image d’un plouc à lunettes plongé dans ses études. Hélas, si je ne voulais pas rater lamentablement mes examens, il fallait bien que je me mette à étudier VRAIMENT, de temps en temps. Ainsi donc ce jour-là, j’étais sur le chemin, dans le couloir menant vers ce lieu de perdition hautement intellectuel appelé bibliothèque, lorsque six élèves plus âgés me barrèrent le chemin.
« Tu es Traumen ? me demanda l’un d’eux.
- Qu’est-ce que ça peut vous faire ? » fis-je avec froideur en commençant à les contourner. Je n’avais pas de temps à perdre, surtout pas avec des types de ce genre. Mais ils insistèrent, l’air mauvais (du moins, ils voulaient prendre l’air féroce) et finalement, j’admis que j’étais celui qu’ils cherchaient. Et pour me chercher, ils me cherchaient en effet…[4]
« On n’aime pas les fayots de ton genre…, fit un premier étudiant en s’avançant vers moi.
- Ah ? Parce que vous préférez les fayots d’un autre genre ? ironisai-je.
- Il essaye de faire le malin en plus ! déclara un autre en ricanant dangereusement.
- On va t’apprendre à respecter tes aînés ! dit un troisième avec grandiloquence.
- Ecoutez, je ne veux pas de problème. Laissez-moi passer, c’est tout. »
J’essayai à nouveau de les contourner mais ils s’obstinaient à chercher la bagarre.
« C’est bien de ton genre, ça ! Tu crées les problèmes et après tu voudrais ne pas en avoir ! C’est un peu trop facile !
- Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, vous vous trompez d’élève.
- Nous savons parfaitement qui tu es : Laekh Traumen, élève de 5ème année, premier dans tous les domaines – mis à part en Théologie,[7] ce qui est un peu étonnant…, déclara froidement celui qui semblait être à la tête de la troupe.
- On ne peut pas être le meilleur en tout, remarquai-je avec sarcasme.
- Arrête de faire de l'esprit, ou tu vas le regretter ! »
Je me tus un instant, voulant éviter les problèmes pour ne plus me faire remarquer par la direction de l'université. Les étudiants continuèrent à déverser leur hargne contre moi :
« Dès ton tout premier jour ici, tu as commencé à causer des problèmes, et ça fait cinq ans que ça dure.
- Je n’ai jamais causé le moindre problème, vous dites n’importe quoi ! m’écriai-je avec force, car leur petit jeu commençait à me taper sur les nerfs.
- N’importe quoi ? répéta l’un d’eux. Par ta seule présence, tu nous horripiles !
- Je ne vous connais même pas, rappelai-je, nous ne sommes pas dans la même classe, pas du même niveau, je ne vois pas comment je peux vous "horripiler".
- Tu donnes une mauvaise image de tous les autres élèves, les profs de la BGU pensent qu’ils doivent attendre de nous qu’on obtienne des résultats comparables aux tiens !
- On n’est pas les seuls à te trouver crispant. La majorité de tes petits camarades de classe te détestent, parce qu’à chaque fois qu’ils ne savent pas répondre à une question du prof -n’importe quel prof- c’est TOI qu’il interroge, et tu as toujours réponse à tout, que tu connaisses la réponse ou non, que tu aies tort ou raison.[4] Les profs ne t’en veulent jamais quand tu te montres irrespectueux, parce que tu sais SI BIEN tourner tes insultes que ces imbéciles ne comprennent pas quand tu t’amuses à les rendre ridicules, ou bien ils te trouvent trop amusant pour t’en vouloir quand ils le comprennent ; alors qu’ils mettent tout de suite en colle les autres élèves dès qu’ils essayent de faire ça. Et ça, c’est très CRISPANT !
- Tu crois qu’ils ne voient pas qu’en fait, tu les méprises tous ? Tous tes petits copains de classe ? »
Je me retins de faire remarquer que moi au moins, je ne donnais pas mon affection ou mon respect à-priori, que j’avais l’intelligence d’exiger des autres qu’ils gagnent mon respect ou mon amitié avant de l’accorder. Je me retins donc de dire ma pensée, afin de ne pas envenimer la situation.
« Je suis navré si mon attitude leur a déplu ou vous a irrités. Maintenant, laissez-moi tranquille.
- Ha ! souffla avec mépris l’un d’eux. Tu es "navré" ?! Et tu crois que ça va suffire que tu te contentes de dire ça !
- Tu t’es amené ici avec tes histoires larmoyantes de pauvre petit orphelin ballotté de foyers d’accueil en orphelinats, renchérit un autre. Tu fais bien chialer le dirlo avec ton baratin, et comme ça, tu peux tricher tranquillement à tous les examens sans qu’il s’en aperçoive !
- Je ne triche PAS ! Combien de fois je devrai le répéter, ça ?! hurlai-je, hors de moi. Je croyais que cette histoire était réglée depuis longtemps, vous n’allez pas remettre ça sur le tapis ! »
Si mon ego n’avait pas été si grand, me disais-je, j’aurais pu faire exprès de ne pas être premier dans -presque- tous les domaines. Hélas, mon ego tout comme mon honnêteté était démesuré : je n’aurais jamais pu supporter de tricher ainsi. Car tricher pour avoir des résultats plus mauvais était toujours tricher.
« En fait, ce n’est pas tellement le fait que tu triches qui nous dérange, précisa le leader de la bande. C’est plutôt parce que tu n’en fais pas profiter tes camarades, nous surtout. »
Il s’approcha de moi avec un sourire de prédateur sur ses lèvres fines.
« Tu nous donnes ta méthode, tu t’arranges pour ne pas avoir 100% tout le temps... 90%, c’est déjà une très bonne note, tu pourras t’en contenter, non ? …Bref, si tu fais bien ce qu’on te dit et que tu ne joues pas les rapporteurs auprès de la direction, on fermera les yeux sur tes magouilles et on te laissera tranquille.
- Je ne serai pas embêté, et c’est vous qui deviendriez les meilleurs élèves de la BGU, hein ? demandai-je d’une voix rhétorique.
- Tout à fait ! Eh hé… tu as tout pigé, Petit…
- Alors, quelle est ta méthode ?
- Vous voulez dire, ma technique pour réussir aux examens ? fis-je en prenant l’air candide.
- Ouais, on est curieux de savoir comment tu fais ! »
Je leur fis signe de s’approcher, comme si j’avais l’intention de leur chuchoter un secret. Ces imbéciles sautèrent à pieds joints sur l’occasion. Une fois qu’ils se furent approchés, je penchai la tête de côté d’une façon tout à fait innocente et dis : « En fait, j’ai une méthode très simple pour réussir à coup sûr les examens écrits…
- Laquelle, laquelle ?? s’excita le plus intrigué d’entre eux.
- Celle-ci. »
En disant ça, je désignai de l’index ma tête. Devant leur air ahuri, je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire narquois en poursuivant : « Je réfléchis. Je suis intelligent. C’est une méthode tout à fait simple et naturelle, vous devriez essay… »
L’un d’eux me coupa le souffle en m’envoyant un coup de genou dans l'estomac, ce qui fit que je ne pus jamais terminer ma phrase. Et ça me contraria un peu, moi qui aimais finir ce que j’avais commencé.
Mon assaillant voulut continuer avec un crochet à la mâchoire mais j’esquivai son attaque de justesse, et son poing rencontrant le mur de béton armé derrière moi le fit hurler de douleur… ou était-ce de rage ? Les deux, peut-être..? Bah ! Le résultat était le même de toute manière.
L’un de ses compères vint prendre sa défense contre moi, alors que je n’avais rien fait, le mur en béton et le poing maladroit de cet imbécile étant les vrais coupables… mais comme il n’y a aucune justice dans cet univers, je fus donc désigné comme celui à abattre. Ils se jetèrent littéralement tous sur moi. J’avais envie de rire de leur bêtise : provoquer une bagarre à la BGU, surtout une bagarre dans le couloir alors que nous n’avions même pas le droit d’y courir, était tout simplement hilarant de stupidité. Cependant, je ne pus rire. Bizarre de ne pas pouvoir rire à ce moment-là, hein ? Mais figurez-vous que généralement, un être humain qui se fait tabasser n’a pas tellement le temps ni l’envie de rire.[3] Moi, j’en avais l’envie mais malheureusement pas l’occasion.
Au bout d’un moment, submergé par les attaques qui pleuvaient, je ne pus ni esquiver davantage, ni rendre les coups. Je me sentais complètement incapable de m’en sortir seul et cette impuissance d’agir me donnait envie de hurler de rage. Une sorte de voile noir se posa alors sur mes yeux, j’eus l’impression que j’allais m’évanouir… et c’est ce qui se produisit. Cependant, lorsque je me réveillai à l’infirmerie de la BGU, je vis mes adversaires allongés dans les autres lits de la chambre, ils étaient tous dans un état pitoyable, bandés de partout ; on pouvait même apercevoir les multiples bleus et blessures ouvertes qu’ils avaient sous les bandages, comme si on les avait passés sous un rouleau compresseur… enfin, presque…
Une équipe médicale, composée de médecins et de guérisseurs aux magies de soins puissantes, s’empressait autour des blessés pour les soigner, ne m’accordant aucune attention. L’un des blessés, en état de choc, répétait que j’étais un démon car il avait clairement vu mes yeux devenir aussi rouges que des rubis[8], puis tous ces monstres d’ombre sortir de mon corps pour les attaquer… Le pauvre, il délirait apparemment..!
Repensant au déroulement de la bagarre, je fus intrigué de ne souffrir nulle part, alors je tâtai mon visage et mon torse pour vérifier ; je n’y trouvai aucune trace de blessure. Avec surprise, je me levai et me dirigeai vers le miroir de la petite salle de bain adjacente. La vision de mon visage indemne me confirma que je ne portais aucune trace de la bagarre, malgré les coups violents que j’y avais reçus – et pourtant, ils avaient frappé fort, les bougres ! Je continuai à me regarder dans la glace, en clignant les yeux d’un air incrédule. Une infirmière prit alors conscience que je m’étais réveillé et que j’étais debout devant le miroir. Occupée avec les autres blessés, elle me dit de me rendre chez le directeur qui m’avait convoqué suite à cette bagarre, me oustant[9] d’une voix douce hors de la chambre.
Ce jour-là, j’appris qu’à 17 ans je venais d’utiliser ma première attaque spéciale, "l’énergie du désespoir" comme on l’appelait parfois. J’avais déclenché une attaque de cette sorte, alors que d’habitude, ce genre de pouvoirs n’apparaissait chez les combattants que quelques années plus tard. Après m’avoir annoncé ça, le directeur me fit la morale sur le fait qu'étant donné la supériorité de mes pouvoirs sur les autres, je devais "montrer l'exemple", ne pas m’impliquer dans des bagarres, même si on me provoquait. Je répondis de mon ton froid et sarcastique habituel, il soupira avec résignation et me fit promettre de faire attention à ne plus me mettre dans une telle colère à l'avenir, je promis parce qu’il le fallait bien pour pouvoir enfin avoir la paix, et ce ne fut que bien plus tard, des années après ça, que j’appris que mon attaque de ce jour-là avait utilisé une invocation appartenant à la magie de l’Ombre. Mais étant donné mon inexpérience en ce temps-là, mon attaque n’avait pas été mortelle pour mes assaillants à la BGU alors qu’elle aurait dû l’être, et alors qu’elle l’est bel et bien à présent ; ces étudiants avaient eu de la chance, en fait. Comme son nom l’indique, cette magie de l’Ombre est réservée en règle générale aux Gardiens de l’Ombre qui sont les seuls -en théorie- à pouvoir acquérir ces sorts et invocations… Mais je n’ai jamais apprécié ce genre de règles rigides de toute manière…
L’Ombre possédant à la fois un pouvoir destructeur et guérisseur, mes ennemis avaient donc été blessés tandis que leur essence de vie avait servi à soigner mes blessures. Œil pour œil, dent pour dent, la mort en paiement d’une blessure. J’étais prédestiné à la mort. Très intéressant…
Après mon explication avec le directeur de l’université, je revins à ma chambre d’étudiant, m’allongeai pieds nus sur mon lit et me plongeai dans l’activité la plus reposante que je connaisse : la contemplation d'un plafond blanc. Malheureusement, le plafond de ma chambre était bleu ciel, et je dus m'en contenter. Sa couleur s’assombrit en même temps que le ciel au dehors tandis que les heures s’écoulaient, et au bout d’un moment, Thephys rentra dans la chambre, revenu de sa visite hebdomadaire à l’orphelinat Akido. Il s’excusa de m’avoir troublé, en disant qu’il espérait ne pas m’avoir réveillé et c’est à ce moment-là que je lui appris ma date d’anniversaire. Car même si Shoran avait fêté une fois mon anniversaire durant mon séjour à l'orphelinat Akido, cela remontait à si loin, et Thephys et moi n'ayant jamais parlé longuement l'un avec l'autre, je supposai donc qu'il ne se souvenait pas que j’avais eu 17 ans ce jour-là même.[6] D'ailleurs, il ne s'en souvenait pas, son étonnement se voyait sur son visage. Mais il fit de son mieux pour me souhaiter ensuite un bon anniversaire avec un joli sourire.
J’avais voulu lui apprendre cette nouvelle, partager ça avec lui en quelque sorte – même si ce n’était pas une bonne nouvelle. Non, la date qui célébrait ma naissance n’était pas une bonne nouvelle. Loin de là. Un avis de deuil n’est jamais une bonne nouvelle, et comme ma mère était morte le jour de ma naissance... je n'étais juste pas enclin à la joie en ce jour d'anniversaire funeste. Je ne précisai cependant pas à Thephys cette raison à ma mélancolie, me contentant de sortir faire un tour dehors, pour éviter son doux regard qui me consumait sur place.
Tout cela avait l’air si réel, comme un souvenir resurgi du passé… Mais lorsque j’ouvris les yeux et vis la pendule du salon qui scandait son éternel refrain du temps qui passe, je compris que ça avait été un rêve. Les souvenirs sont les rêves de notre conscience, la mémoire est le tableau de chasse de notre pensée…
Ouais, je montre parfois ce côté pseudo-philosophique de ma personnalité, tellement poétique qu’il donne envie de vomir, eh ?
« Oh, tu es déjà réveillé ? murmura Thephys sur les genoux de qui j’avais posé ma tête pour m’endormir après notre petite conversation sur nos projets de vacances ensemble.
- J’ai dormi combien de temps ? demandai-je d’une voix encore ensommeillée.
- A peine vingt minutes, répondit-il, jetant un œil à la pendule puis fixant à nouveau le livre qu’il tenait dans ses mains. Il n’est pas encore 21 heures.
- Qu’est-ce que tu lis ?
- Un roman policier. Très instructif, bien écrit, assez drôle. C’est très… anglais. Mais l’auteur est Utopien…
- J’aime l’humour anglais ! fis-je en gloussant, après avoir lu sur la jaquette le titre du roman que Thephys lisait.
- Hmm, vraiment ? me dit-il d’une voix lointaine, tout absorbé qu’il était par sa lecture.
- Oui. »
Le silence se fit après ça, Thephys se replongeant entièrement dans son livre. Puis au bout d’un long moment, s’apercevant que je ne le quittais pas des yeux, Thephys baissa le roman qu’il tenait à la main, me jeta un regard intrigué, et me demanda :
« A quoi penses-tu ?
- A toi. »
Il me sourit tendrement, apparemment flatté par ma réponse.
« J’ai hâte que tu sois en congé, pour pouvoir passer toute la journée à te regarder… Et plus si affinités ! »[4]
A cette déclaration que j’avais accompagnée d’un clin d’œil coquin, il rougit d’une façon adorable, reprit presque brutalement son livre en main et baissa vite les yeux vers une page au hasard, feignant de reprendre sa lecture.
« C’est intéressant ?
- T-très !
- Alors pourquoi tiens-tu ton livre à l’envers, Thephys ? »
En rougissant de plus belle, il retourna prestement son roman et piqua encore plus le nez vers les pages imprimées. En riant, je me relevai pour l’embrasser.[4] Thephys est sans doute celui qui me fait le plus rire. Toujours.[10]
Contrairement à ce qui était planifié, Thephys apprit peu de temps après ça qu’on lui confiait plusieurs travaux supplémentaires imprévus qui lui prendraient les deux semaines de congé exceptionnel promis. Ce qui fit qu’il dut renoncer au congé en avril, et cela le contraria de ne pas pouvoir le passer avec Shoran et moi. Pour ne pas le contrarier davantage, je m’étais bien gardé de lui avouer que j’allais faire passer l’Examen de l’Ombre, ou même de lui faire remarquer que je reprendrais le travail comme par hasard lorsque les étudiants de dernière année de la BGU passaient leurs examens, mais Thephys s’en aperçut tout de même et me dit d’ailleurs que c’était étrange que je reprenne le travail pour de bon juste quand les autres s’apprêtaient à arrêter pour l’été.
« C’est parce que j’ai eu des vacances en avance, lui rappelai-je. Ils auront besoin de moi plus tôt que les autres, comme ils auront besoin de toi plus longtemps que prévu. En tant que responsable de mon équipe, j’ai certaines obligations et mon emploi du temps est fait pour être le plus efficace possible, pas pour être le plus pratique pour moi. »
Malgré ce discours empli de bon sens (empli de bon sens et de bons mensonges aussi) de ma part, Thephys continua à se montrer assez contrarié de ne pas pouvoir passer quelques semaines de vacances avec moi. Je faillis éclater de rire quand il me dit ça : il était contrarié de ne pas pouvoir passer quelques semaines de vacances avec moi… s’il avait su ! S’il avait seulement su que ces semaines auraient dû être les dernières, il ne se serait sûrement pas contenté d’être simplement contrarié. Mais bien entendu, je me retins de rire ou de le dire à Thephys ; l’ignorance est une bénédiction, et je tenais à ce qu’il reste béni le plus longtemps possible. Après tout, n’avais-je pas, bien des années auparavant, fait à une amie la promesse de prendre soin de Thephys pour elle ? Je ne faisais que tenir ma parole envers elle en le protégeant de tout tracas inutile. Car en effet, se tracasser pour ma vie était tout à fait inutile.
Ces quelques imprévus avaient écourté la visite que nous voulions faire à l’orphelinat Akido : au lieu de quelques jours complets avec Shoran en avril, nous n’eûmes droit qu’à une visite-éclair de quelques heures le jour du 21ème anniversaire de Thephys, à la fin du mois. Par chance, l’anniversaire était tombé un jour de congé hebdomadaire.[4] Une pierre deux coups, en quelque sorte, puisque Shoran avait organisé une fête pour célébrer l’émancipation officielle de son protégé, la majorité étant encore fixée à 21 ans en ce temps-là sur Utopia.
La fête se passa très bien et je m’amusai même follement durant cette journée d’insouciance. Vers la fin de l’après-midi, tandis que Thephys jouait avec les enfants de l’orphelinat, Shoran me prit à part pour, dit-elle, me parler en privé. Nous allâmes donc marcher dans un coin reculé du parc qui entourait la bâtisse de l’orphelinat. Arrivée là, Shoran fit une horrible chose : elle prit mes deux mains dans les siennes et me dit merci du fond du cœur, ce qui me gêna terriblement car je me demandais quel service j’avais bien pu lui rendre sans même m’en rendre compte.
« Merci de quoi ? demandai-je donc avec ahurissement.
- D’avoir pris soin de Shu comme promis. Et même plus… »
En disant ça, elle me sourit d’un air entendu… et je ne pus m’empêcher de rougir comme un collégien intimidé !
« Je suis tellement heureuse de voir deux de mes pensionnaires préférés être des amis si… intimes ! » rajouta t-elle avec un clin d’œil coquin.
Je balbutiai alors quelques sons sans aucune signification intelligible qui la firent bien rire. Je n’avais jamais rien dit à Shoran de ma relation avec Thephys, qu’elle surnommait Shu depuis l’enfance, et je pense qu’il ne lui avait rien dit de façon directe non plus, mais Shoran avait toujours été une personne compréhensive et intuitive. En se mettant sur la pointe des pieds, elle me donna un baiser sur le front puis elle me serra dans ses bras maternels. Je fermai les yeux en lui rendant son étreinte, ressentant un soudain pincement au cœur.
« Merci, Laekh. Continue de veiller sur Thephys pour moi, s’il te plait… » me murmura t-elle d’une voix remplie d’émotion.
Je ne pus jamais ni lui faire cette promesse, ni la tenir.
Scène 3 : Le second Examen Final.
Il entra dans la salle d’examen, visiblement impressionné par mon air impassible. Il me salua d’une voix nerveuse, je lui adressai mon sourire le plus amical possible pour lui souhaiter bonjour. Les rôles étaient à présent inversés, mais jamais je n’aurais cru que ce jour-là viendrait si tôt. Dès qu’il était entré, j’avais pu sentir son potentiel, c’était aussi lumineux qu’une soudaine révélation. La vérité, pure et nue. A présent, je comprenais pourquoi Lucia disait qu’elle pouvait sentir si les candidats qu’on lui envoyaient étaient aptes ou pas, viables ou non pour être plus précis. Il n’y avait pas de doute là-dessus concernant ce candidat-ci. Il était le troisième et dernier candidat pour l’Examen Final de l’Ombre qu’on m’envoyait ce jour-là, le neuvième candidat en tout, et il était, contrairement aux autres, parfaitement… apte. Je m’avançai vers lui pour l’accueillir.
« Bienvenue, je suis Laekh Traumen, le Gardien de l’Ombre. Et vous, jeune homme, êtes mon successeur. »
J’esquissai un sourire en coin, ayant repris intentionnellement ce que Lucia m’avait dit lors de mon Examen. L’étudiant me regarda, un peu intimidé par ma déclaration, puis lorsqu’il me tendit la main pour serrer la mienne, je m’aperçus avec surprise que j’avais avancé la main gauche. Je changeai rapidement de main en m’excusant, et l’invitai à s’asseoir sur le canapé. L’endroit utilisé pour l’examen était la pièce-même où Lucia était morte en m’offrant la Force dont elle avait la charge, deux ans plus tôt. C’était à la fois si loin et si proche, un souvenir trop vivace pour être jamais oublié…
Nous nous assîmes et je lui fis le topo qui convenait à la situation, pour aussi bien lui donner des indices sur ce qui l’attendait, que pour le mettre en confiance, sa nervosité étant visible à des lieues à la ronde.
« Avez-vous des questions avant l’Examen ? conclus-je après mon exposé.
- …O-oui, fit-il timidement. C’est… je sais que ça peut sembler idiot, mais je me demandais… quel âge avez-vous, Monsieur.. ? »
Sa question me prit par surprise, mais je regagnai vite une attitude moins ahurie, je lui souris et répondis honnêtement à sa question. Il écarquilla les yeux d’incrédulité.
« Qu-quoi ?! s’écria t-il sous le choc. Vous n’avez que 22 ans ?!
- En novembre prochain, j’aurai 22 ans, rectifiai-je avec calme.
- M-mais…
- Et si vous réussissez cette épreuve, je n’aurai jamais 22 ans. » ajoutai-je avec un sourire qui le réduisit au silence. Puis je lui dis de se tenir prêt, que l’examen allait commencer. Je me penchai vers lui, les yeux dans les yeux, m’apprêtant à l’envoyer dans l’Univers pour son examen. Mais juste avant qu’il n’y plonge la conscience la première, je lui recommandai soudainement, comme si c’était une chose importante à laquelle j’avais pensé au dernier instant : « Quoi qu’il arrive durant cet Examen, vous devrez tuer l’adversaire ou les adversaires que vous verrez. Sinon, c’est vous qui mourrez ! »[4]
Ses yeux s’agrandirent de surprise en entendant ça, puis il approuva docilement de la tête, ensuite ses paupières se fermèrent subitement et sa joue tomba évanouie contre le dossier du canapé. Une demi-heure passa dans le silence le plus complet. Finalement, je lui tâtai le pouls et eus la confirmation que cet étudiant était mort. Il avait suivi mon dernier conseil et était donc mort, j’en étais certain. Calmement, je me levai et sortis, le visage toujours impassible. Lorsque l’examinateur-assistant me vit sortir de la salle, il se leva. Je lui adressai un hochement de tête à peine visible, mais même sans ça, il aurait compris. Sans un mot, il partit donc prendre les dispositions nécessaires pour évacuer le corps et prévenir la famille du défunt. Tout aussi silencieux que lui, je sortis de l’université pour rentrer à la maison, cet examen étant le dernier prévu par le Conseil pour moi… du moins pour ce jour-là.[4]
En montant dans la navette qui m’emporta loin de la BGU, je me sentais incroyablement fatigué. Mais durant tout le trajet effectué pour rentrer, un léger sourire ne quitta pas mes lèvres : c’était la première fois que j’avais éprouvé, en causant sciemment la mort d’autrui, cette joie indicible qui me faisait me sentir enfin vivant. Il y en eut d’autres après ça.
Scène 4 : Vacances.
Après l’hécatombe de l’Examen Final de cette année-là -12 morts en une semaine d’examen, et les meilleurs élèves de la BGU, bien entendu- le Conseil décida, dans son immense sagesse et sa suprême bonté de limiter les dégâts et de me laisser profiter de mon agonie tranquillement pendant quelques mois ; mais après les vacances, m’annoncèrent-ils, je devrais reprendre ma "quête au successeur" avant qu’il ne soit trop tard pour moi, c’est-à-dire avant que je ne crève lamentablement de la maladie bizarre qui, pour parler métaphoriquement, me tenait dans ses griffes.
L’Ombre avait un Examen qui lui était spécialement destiné et tandis que les Gardiens des Forces mineures ou à la puissance moyenne étaient assurés d’avoir un successeur passé les 30 ans de Gardiennage (je ne jugerai pas si c’est une chance ou une malchance pour eux, d’avoir la certitude de mour… je veux dire, d’avoir un successeur après 30 ans pile), il n’y avait habituellement qu’un, voire deux étudiants choisis pour l’Examen Final de l’Ombre chaque année après ces trois décennies. Si les candidats échouaient, le Gardien de l’Ombre attendait l’année suivante pour avoir peut-être un successeur, et cela se reproduisait chaque année après les 30 ans - limite qu’avait fixé le Conseil pour un Gardien, quel qu’il soit. C’est ainsi que Lucia avait dû attendre plus de 40 ans avant qu’un candidat, moi en l’occurrence, ne réussisse l’Examen.
MAIS à présent, la situation était légèrement différente du fait de ma maladie ; le Conseil m’avait envoyé un nombre important de candidats car ils craignaient que je ne meure avant d’avoir transmis la Force de l’Ombre. S’ils tenaient tant à ce qu’un successeur soit désigné, ce n’était pas tellement parce que c’était la seule manière de préserver ma Force. Un Gardien sans sa Force n’est plus rien et meurt automatiquement en la perdant, mais l’inverse n’est pas vrai : une Force qui se retrouve soudain sans Gardien, mort subitement avant d’avoir trouvé un successeur apte, n’est pas en danger d’anéantissement. Elle n’est qu’un tout petit peu affaiblie en quittant le réceptacle du corps de son ancien Gardien, et pour éviter qu’elle ne s’affaiblisse davantage, on pouvait l’entreposer dans un cristal-conteneur, pour la protéger en attendant de trouver un autre Gardien pour la Force. Bref, je pouvais crever la conscience tranquille, ma Force ne risquait pas non plus de se retrouver perdue dans la nature s’il n’y avait pas de cristal-conteneur à proximité, étant donné que chaque Force pouvait trouver facilement refuge dans l’être le plus proche qui soit apte à la recevoir. Et quand je dis "le plus proche", je parle d’un point de vue "universel" : s’il y a un être apte sur la même planète que celle où le Gardien meurt, la Force repère tout de suite cet "Elu", se merge automatiquement en lui, et se scelle en lui jusqu’à la fin de la vie de cet être en attendant l’arrivée d’un autre Elu au potentiel magique plus élevé, ou au contraire la Force se libère tout de suite comme elle le ferait pour un Gardien si l’Elu possède certaines facilités pour la magie inhérente à chaque Force. Ainsi, une personne pouvait détenir une Force de l’Univers sans même s’en apercevoir, sans montrer aucun Pouvoir si elle ne possédait pas déjà un certain potentiel magique inné. Cependant, il était bien entendu hors de question pour le Conseil Suprême des Confins de l’Univers de laisser une Force s’affaiblir d’un iota ou de la laisser choisir un être non-préparé au Gardiennage, un être qui n’aurait -oh, honte suprême !- pas suivi les cours de la BGU.
Ainsi donc, au risque de voir mourir d’autres candidats, (et pour ça, on pouvait compter sur moi !)[4] et au risque de confirmer au présent Gardien de l’Ombre que sa vie ne valait pas grand chose face à l’importance de la préservation de sa Force, le Conseil Utopien, que nous pourrions aussi qualifier de sans-aucun-tact, était prêt à chercher jusqu’à la fin, jusqu’à MA fin, d’autres candidats potentiels et à me les envoyer pour l’Examen de l’Ombre. Comme je ne voulais ni continuer à perdre mon précieux temps fort limité, ni détruire inutilement la vie d’autres familles avec ça, je proposai un arrangement : au lieu de faire passer l’épreuve à tous les candidats qu’ils m’enverraient pour l’Examen, je pourrais dire au Conseil si tel ou tel n’était pas apte à l’Ombre, étant donné que je pouvais clairement percevoir cela. Mais ce qu’en plusieurs décennies Lucia n’avait pas réussi à faire, je ne le réussis pas non plus en quelques vaines tentatives : malgré toutes mes suppliques et protestations, je ne pus jamais les convaincre d’appliquer ma méthode. Car, se justifiaient-ils, ma perception était fiable mais pas parfaite. En fait, la perception n’étant jamais parfaite, et pour aucun Gardien, même si on percevait que le candidat n’était pas apte, il fallait tout de même lui faire passer l’Examen, il y avait toujours une chance sur mille milliards qu’il réussisse. Et l’inverse était sûrement vrai aussi, je suppose.
Donc apparemment, j’avais eu beaucoup de chance : j’avais été le candidat sur mille milliards qui n’était pas apte mais avait été perçu comme apte et avait même réussi l’Examen. En cela, j’avais donc eu la chance d’échapper à la mort lors de l’Examen, mais le sort m’avait rattrapé après ce sursis de deux ans, me laissant en souvenir la maladie inconnue et mortelle dont je souffrais.
Eh, je l’avais bien dit que j’avais toujours eu de la veine dans la vie ![3]
Cette pensée en tête, je me retins de rire amèrement, m’inclinai devant les Représentants du Conseil pour prendre congé d’eux et les saluer poliment, puis revins à la maison. Car je n’avais nulle part d’autre où aller.
Mon ami me regarda étrangement lorsque je lui annonçai que finalement, j’avais eu à nouveau des vacances.
« Est-ce que tu me caches quelque chose, Laekh ? demanda t-il même, d’une voix méfiante en fronçant les sourcils.
- Qu’est-ce que tu veux que je te cache ! fis-je en riant et secouant la tête comme s’il venait dire la chose la plus drôle qui soit. Finalement, il y a moins de travail que prévu alors ils m’ont donné des vacances. Tu n’es pas content qu’on soit ensemble pour l’été ?
- Si, bien sûr que si ! Mais… ce n’est pas ça la question…
- Au contraire ! dis-je en l’embrassant sur le nez. C’est… justement ça la question… »
Je multipliai les picots légers sur tout son visage en complétant ma phrase entre chaque baiser : « …nous allons… partir en vacances… ensemble… et on dirait… que ça te gêne… »
En cédant à mes arguments agréables, Thephys passa les bras autour de ma taille pour m’attirer vers lui tandis qu’il s’asseyait sur la table du bureau en relevant le visage vers moi.
« Non, ça ne me gêne pas du tout, dit-il avec un sourire. Au contraire…
- Ca te tente toujours alors, d’aller sur l’autre continent ? »
Il hocha la tête, sans dire un mot, gardant le même sourire sur les lèvres.
« Oui ? Alors il faudrait planifier le voyage, faire les valises, acheter tout de suite les billets sinon il n’y en aura plus de dispon… »
Il me fit taire en attrapant mon visage entre ses mains pour sceller mes lèvres avec les siennes, puis il prolongea voluptueusement le baiser.
« Mhhhh…….. On peut… faire ça aussi… C’est tout aussi bien… et même mieux encore… »
Il rit à ma remarque et pencha la tête de côté en me tendant le cou pour que je l’embrasse à cet endroit-là. J’obéis sans me faire prier.
Scène 5 : Jugement et conséquences.
Dans la vie, mes chers enfants, on ne fait pas toujours ce qu’on a prévu de faire, et on fait encore moins tout ce qu’on désire ou promet de faire. Un matin que Thephys était parti faire des achats pour notre voyage, plusieurs personnes des forces de l’ordre (Oh, admirez ce superbe jeu de mots !) se présentèrent chez nous et me forcèrent (Waow, je vais vous perdre avec tous mes jeux de mots !) à les suivre. Au lieu de me préparer à partir en vacances comme prévu, je fus donc menotté et traîné devant le Conseil. On m’ordonna de m’agenouiller devant la chaire du jugement ; en silence, je le fis - par simple curiosité de voir ce qui arriverait ensuite. Ce(lui) qui arriva ensuite fut un juge dont les traits étaient complètement cachés sous sa toge sombre à capuche.
« Laekh Traumen, qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
- Huh ?? »
Complètement hébété, je voulus relever entièrement le visage vers la chaire pour tenter de voir celui qui m'avait parlé, mais le garde à côté de moi me maintint violemment la tête tournée vers le sol.
« Qu’est-ce qu’il se passe ?! m’écriai-je sous le choc, la tête toujours maintenue baissée de force. Expliquez-moi ! Pourquoi vous me faites ça !?[4]
- Nous avons la preuve que vous avez sciemment donné de mauvaises indications à un candidat lors de son Examen Final de l’Ombre, afin de l’éliminer. Vous serez donc aujourd’hui jugé pour meurtre, avec cas aggravant étant donné votre haute fonction de Gardien. Qu’avez-vous à dire pour votre défense avant que le verdict ne soit prononcé ? »
Le choc m’avait rendu muet pour un moment, le juge décida donc que je n’avais rien à dire pour ma défense et j’écoutai alors en silence cette voix sans timbre ni émotion prononcer, et le verdict, et ma condamnation. La sentence fut la mise à mort. Œil pour œil, dent pour dent, la vie du coupable pour celles de ses victimes. Ce qui me consolait (un peu) dans tout ça, c’était qu’ils pensaient que je n’avais causé la mort que d’un seul candidat, et que même sans cette condamnation, ma maladie me laisserait vivre à peine trois mois encore…
« Puis-je dire quelque chose, votre Honneur ? demandai-je soudain tandis qu’on m’emmenait après le verdict.
- Dites toujours… »
A cette réponse du juge, les trois gardes qui m’entouraient s’arrêtèrent donc un instant pour me laisser parler, pensant sans doute que j’avais une dernière requête à formuler.[4] Les mains toujours menottées derrière le dos, je me tournai vers le juge et lui dis, un sourire inquiétant au coin des lèvres :
« Je voulais juste vous faire remarquer que votre système de sécurité laisse à désirer…[4]
- Qu… que voulez-vous dire ? me demanda t-il d’une voix soudain mal assurée.
- Votre Honneur, je vais à cet instant même vous démontrer à quel point il est facile de s’évader d’ici… »
Comme je ne suis pas du genre à parler en l’air, je lui fis de suite la démonstration promise : je levai les deux mains. Dans l’une d’elles, je tenais la paire de menottes ouvertes. Avant que les gardes stupéfaits n’aient pu réagir, je matérialisai dans mon autre main mon bâton de combat et fracassai la tête d’un des gardes qui mourut sans un cri. Dans le même mouvement, j’envoyai le second homme bouler au loin avec un coup de pied, le troisième réussit à sortir son pistolet mais il reçut un coup à la mâchoire avec le canon de sa propre arme quand j’envoyai celle-ci voltiger à l’aide d’un mouvement sec de mon bâton. Je récupérai au vol l’arme à feu qui me servit à tuer le second garde d’une balle dans la gorge. Pour éviter que son collègue ne me reproche de faire du favoritisme[3], je lui assenai un coup latéral en pleine trachée à lui aussi, grâce au bout renforcé de métal de mon bâton en bois. Mon traitement lui coupa tant le souffle qu’il tomba agenouillé à terre en se tenant la gorge, la respiration sifflante comme un asthmatique. Il me faisait pitié, je l’achevai donc pour lui éviter de souffrir davantage.[11] Le juge attaqua avec une flèche de glace suivie d’une magie bleue qui m’était inconnue, mais je pus les éviter de vitesse. Déjà alertés, d’autres gardes arrivaient en renfort au pas de course. Devinant ce que j’allais faire pour m’enfuir, le juge s’écria : « Fermez les portes anti-magie, allumez toutes les lumières ! Vite !! » Mais vite était encore trop lent pour moi, m’étant déjà transmuté sous ma forme d’ombre. Ainsi, je parvins sans aucun mal à sortir du tribunal tandis que retentissait la sirène d’alerte réservée aux situations d’urgence.
Après ça, je ne pouvais plus revenir en arrière. Je venais de faire un choix qui allait déterminer tout mon avenir – du moins ce qu’il en resterait après une telle trahison envers les décisions toutes puissantes du Conseil.
*****
Notes :
[1] Hey, j’utilise le subjonctif imparfait si je veux, cela fait partie de mon exactitude grammaticale ! Na ! :-p
[2] Jeu de mots. Hinhin.
[3] Pour ceux qui n’auraient pas compris, j’explique : je faisais du sarcasme, là.
[4] Quand cesserai-je donc de faire des rimes ?! >_< Duh ! (Et encore, je suis sûr d'en avoir laissé passer certaines... -_-)
[5] Cf. chapitre 11.
[6] Le sigle, c'est... FF!! XD XD XD (Hum, pardon, je délirais...)
[7] Même avant les évènements du chapitre 4, le héros-à-l'intelligence-supérieure avait déjà des faiblesses en Théologie. On ne peut pas être le meilleur en tout, c'est aussi simple que ça. *roule des yeux* Non, en fait, la vérité c'est que la Théologie est simplement une matière aux leçons plus faciles à retenir quand on est un poil croyant. (Et pas un croyant à poil ! Mwhaha ! *pause* Pardon, je ne referai -presque- plus ce genre de blagues déplacées, promis.) Pour finir, remarquez que toute cette séquence du rêve est une reprise du chapitre 2 de PDV.
[8] Avez-vous déjà entendu parler de Shabrani-gudu aux yeux couleur rubis ? ;-)
[9] Néologisme français. Oustant : Participe présent du verbe ouster. Ouster : Verbe transitif du premier groupe, qui se conjugue comme tous les verbes de ce groupe. Définition : Faire sortir quelqu’un d’une pièce comme si on lui disait gentiment « Ouste, ouste ! ». Vous remarquerez d’ailleurs que c’est de cette expression que l’anglais a tiré (sans aucun sous-entendu salace, je vous assure) son terme "Out" qui signifie "Dehors". Synonyme moins sympathique : Faire dégager.
(Définitions provenant de l’édition 2002 du petit Traumen illustré, version abrégée de l’encyclopédie universelle Traumen éditée en nombre limité. Contactez-moi pour commander votre exemplaire de ces documents rares, prix raisonnable, facilités de paiement possibles. (Pardon, pardon. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire l’imbécile, une fois de plus…))
[10] Angie, affublée de ses lunettes d’intellectuelle, prit une voix de psychologue diplômée et analysa les deux dernières phrases de cette séquence : « Pour vous faciliter la compréhension et me faciliter l’explication, je vais simplifier les choses : il est écrit dans ce texte qu’en riant, Laekh embrasse Thephys donc rire équivalant d’embrasser équivalant de tendresse et d’aimer (Hey, je vous avais bien prévenus que c’était horriblement simplifié !). Alors question finale : que sous-entend EN FAIT le narrateur lorsqu’il dit que Thephys est toujours celui qui le fait le plus rire ?? Quand vous aurez trouvé la réponse à cette question, vous aurez tout compris sur le fonctionnement de l’analyse de texte et aurez trouvé comment lire entre les lignes de cette histoire pour en saisir tous les sous-entendus. Merci de votre attention, la conférence est terminée. » Puis Angie enleva ses lunettes, les rangea calmement, et fit alors son sourire le plus niais pour effacer le désagréable arrière-goût d’intello laissé par sa performance…
(Angie pas contente à cause de ce qu’elle vient de lire la concernant : T’arrêtes de te fiche de ma tronche, Laekh !?
Laekh : Mais je n’oserais jamais, mon Cœur ! *clin d’œil*
Angie : …… *soupir las*
Laekh : =D <= sourire plein de dents qui veut passer pour innocent. (Je sais, ça rime))
[11] Ma bonté me perdra ! Hinhin.
NB : 14 pages ! Ce chapitre fait 14 pages, presque autant que le précédent… (Et je sais, ça rime aussi… ;;-_-) Et moi qui répète sans cesse que je ne suis pas du genre bavard ! -_-
Istemis devait refaire une apparition dans ce chapitre mais n'ayant pas jugé ça indispensable à l'histoire, j'ai changé d'avis. (Surtout pour avoir à en écrire le moins possible, ce chapitre étant déjà trop long...)
A suivre :
Acte XV : Et après ça..?
(Après ça, la fin de l’histoire arrive ! Ca vient… Oui… OUI… OUIIIIIIIIIII !! (…Naaaaan, aucun sous-entendu ! Juré, craché ! *crache en croisant les doigts derrière son dos* (J’en fais trop là, vous croyez ?? XD))
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* Lire le bonus au chapitre 14 (NB: yaoi, lime, romantique, déconseillé au tout-venant)
* Lire le chapitre 15
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