La Bibliothèque de la ShinRa corp.

 

 

 

Point de Vue

 

 

Acte XIII : Un Trou dans le Rêve.

 

 

Scène 1 : Oubli.

 

« Dehors !! »

Le geste accompagnant la parole, je poussai violemment Odin hors de l’autel.

« Si tu peux, retrouve Tamia et partez d’ici au plus vite. Sinon, tu laisses tomber les recherches et tu sauves ta peau ! »

Trop choqué pour protester, Odin me regarda avec des yeux agrandis par la stupéfaction. « C’est un ordre, Gardien Binks ! » assénai-je.

Il déglutit, hocha la tête avec obéissance et s’éloigna en courant. Oui, en courant, car le niveau de l’eau avait tant baissé qu’on avait à présent pied dans ce lac.

Quant à moi, je retournai à l’intérieur de l’autel à la recherche du garçon qui se trouvait toujours sous l’emprise de mon sort de paralysie. « Et bordel de m… ! » La fin de mon juron se perdit dans ma gorge en un grognement mécontent. « Félicitations, Colonel Traumen, grommelai-je les dents serrées. On peut compter sur vous pour toujours apporter la poisse !! »

En m’enfonçant dans les entrailles de l’autel pour retourner à la salle du Cristal, je remarquai que le niveau de l’eau commençait à baisser là aussi. Je ne pus m’empêcher de dire tout haut mes sentiments à l’heure présente : « Laekh, t’es fichu, mon vieux… »

Je me demandai pour quelle raison saugrenue j’étais retourné sur mes pas au lieu de fuir en compagnie d’Odin. Une petite voix intérieure me répondit que c’était parce que j’avais paralysé ce garçon, le privant ainsi de toute chance de s’enfuir devant le danger mortel qui était en train de débouler sur nous. Mais ce monde était perdu, et ce garçon l’aurait été aussi de toute manière, me disait une autre voix proche de la précédente, même sans mon sort paralysant il n’aurait pas pu s’enfuir bien loin. Alors, il fallait le ramener avec moi sur Utopia, objectait la première voix, c’était la seule manière de lui sauver la vie. Du moins si j’arrivais à m’en sortir aussi, répondit la seconde voix en ricanant avec sarcasme.

 

« Si tu tiens à la vie, viens avec moi ! »

Je suppose qu’il ne me comprit pas mais étant donné l’urgence de la situation, ça ne me sauta pas tout de suite aux yeux. Aussi, lorsque je le délivrai de la paralysie, le garçon s’enfuit loin de moi… dans la mauvaise direction. Il était en train de se jeter dans la gueule du loup – ou plutôt de l’Oubli dans le cas présent. Réfrénant un juron, je me mis à la poursuite du gamin, sentant que j’avais d’une certaine manière une responsabilité envers lui.

Le silence le plus total et le plus morbide nous entourait de toutes parts, et toute la partie supérieure de l’autel était à présent émergée. Je ne sais combien de temps dura la course-poursuite mais ce ne fut pas bien long car alors que j’étais en train de le poursuivre, le garçon qui était déjà arrivé près de la porte ouverte de l’autel, s’arrêta net et poussa un cri de désespoir. Il voulut s’élancer au dehors mais je le rattrapai par la main et l’entraînai à nouveau à l’intérieur. « C’est trop tard ! lui criai-je ce faisant. Trop tard, tu ne peux plus rien faire pour eux ! Et on ne peut plus sortir par-là, maintenant ! »

Je n’avais pas le temps d’admirer le paysage mais je suppose que la vision était loin d’être agréable. Après tout, de voir ses semblables se décomposer et retourner directement à l’état de protéines juste devant ses yeux avait de quoi donner envie de vomir même au plus sadique des hommes, hein ?

Choqué par ce qu’il avait vu, le garçon se laissa entraîner sans protester et me suivit mécaniquement. Arpentant les couloirs de l’autel, je cherchai des yeux une autre issue, mais revenu dans la salle du Cristal avec le garçon, je ne pus trouver aucune autre sortie que l’entrée de l’autel à l’étage supérieur. Or il n’était plus question de sortir par-là maintenant. J’eus une pensée pour mes deux équipiers, espérant qu’ils avaient eu plus de chance que nous n’en avions à présent, le garçon et moi. Refusant de céder à la panique ou au désespoir, je me mis en quête d’une ouverture quelconque, même minuscule, qui aurait suffi, car grâce à mon pouvoir de transmutation, nous aurions pu sortir à deux de là. Mais après quelques recherches infructueuses, et après avoir constaté que le matériau de l’autel était indestructible, je ne pus retenir plus longtemps ma colère et ma frustration. Le poing serré et tremblant, j’assénai deux coups désespérés sur le mur le plus proche, puis je posai le front contre la pierre froide, haletant d’angoisse.

Comme je l’ai déjà dit, ce n’est qu’au moment de perdre une chose importante qu’on se rend compte à quel point on y tenait. Alors ce ne fut qu’à ce moment-là que je me rendis compte à quel point je… tenais à la vie. J’avais toujours cru que ça ne me ferait rien d’apprendre tout à coup que j’étais condamné à mourir à l’instant ; ce ne fut qu’à ce moment-là que je compris que j’étais hélas comme la plupart des êtres de cet Univers : je devais tout faire pour survivre, c’était instinctif. On n’échappe pas à son instinct ; l’homme aura beau se persuader qu’il doit surmonter son instinct pour être "meilleur" que les animaux, il n’en demeure pas moins qu’en vérité, l’homme est bien le pire de tous les animaux.

Relevant la tête, je me détournai de mon mur des lamentations et dirigeai le regard vers mon jeune compagnon d’infortune. Acculé à un coin de la pièce, le pauvre enfant était visiblement traumatisé par ce qu’il avait vu à l’extérieur de l’autel : assis en boule, les bras entourant spasmodiquement ses genoux ramenés sur sa poitrine, il tremblait de tous ses membres et gémissait comme un chiot battu.

« Je suis désolé, lui dis-je à voix basse. Ton monde se meurt et je ne peux rien y faire… je ne peux même pas me sauver moi-même… »

Je m’assis à côté de lui en soupirant de fatigue.

« Je suppose qu’avoir retiré le cristal de son emplacement sacré a précipité les choses… Je ne sais pas si tu te rends compte que tu as avancé l’agonie de ton monde en volant ce cristal… cristal que j’ai d’ailleurs oublié de donner à Odin quand il est parti… »

En disant ça, je sortis machinalement le Cristal de ma poche et me mis à le manipuler dans ma main, le regardant sans prêter grande attention à sa brillance ni à sa douce lueur bleutée qui pouvait se voir même dans cet environnement marin semi-obscur.

« …Bah ! Peu importe ! Je suppose qu’Odin et Tamia sont déjà morts tous les deux…, soupirai-je. Et c’est bientôt notre tour, Petit. Nous allons attendre la mort ensemble, apparemment… Dommage que tu ne sois pas du genre bavard, je n’aime pas faire la conversation non plus… »

Je ne pus me retenir de rire doucement à ce constat. En entendant ça, l’enfant se mit finalement à pleurer sans bruit. Je me penchai vers lui et ramenai des mèches de ses cheveux derrière son oreille.

« J’aimerais pouvoir pleurer aussi, mais je n’y arrive pas… »

Pour la première fois depuis tout à l’heure, il releva le visage vers moi pour me lancer un regard suppliant. Ses larmes étaient invisibles et pourtant bien présentes, impossibles à distinguer de l’eau du lac dans lequel nous nous trouvions encore.

« C’est drôle, remarquai-je doucement. Je vais bientôt mourir et la seule pensée que j’ai à ce moment, c’est : est-ce que le sel est la seule différence entre tes larmes et l’eau de ce lac ? Je vais mourir et tout ce que je trouve à faire, c’est de me poser des questions sur les larmes… Simplement une histoire d’eau et de sel… »

Sans prévenir, l’enfant se précipita dans mes bras pour pleurer. Sa réaction me surprit un peu mais ce jour-là, je n’étais plus à une surprise près.

« Shhh… c’est bientôt fini. Oui, bientôt fini… » lui dis-je en lui caressant doucement le dos, essayant maladroitement de le consoler.

Pour sûr, tout allait bientôt finir. D’une façon ou d’une autre…

 

Scène 2 : Le Prince sans nom.

 

« Voyons le bon côté des choses : comme le sort d’amphibie d’Odin ne marche plus, au moins je ne risque pas de mourir noyé vu qu’on est au sec maintenant. » ironisai-je. En effet, tout le lac devait être à sec à présent étant donné que nous nous trouvions à son point le plus bas et que nous étions au sec. A côté de l’endroit où le garçon et moi étions, il ne restait plus qu’une large flaque d’eau boueuse qui témoignait de la présence de ces milliers de litres d’eau à présent disparus.

Une berceuse douce et mélancolique se fit soudain entendre alors qu’auparavant tout n’était que silence pesant. La chanson se rapprocha, devenant de plus en plus audible. Elle me rappelait vaguement quelque chose, comme un souvenir perdu depuis la plus tendre enfance, une voix maternelle qu’il me sembla reconnaître…

Mais peu avant que je ne parvienne à distinguer les paroles à proprement parler de la chanson, un objet attira mon attention. « Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je avec surprise en touchant le grand pendentif que l’enfant portait sur une longue chaîne en argent autour du cou. Toujours adossé contre moi, il attrapa son médaillon entre ses mains d’une façon possessive, je retirai donc ma main. Fronçant les sourcils, il sembla songeur puis après un rapide temps de réflexion, il me montra son bijou : un cercle de métal Arrtkinois argenté, formé par un serpent qui se mordait la queue, au centre duquel était incrustée une pierre de couleur noire (du moins, elle paraissait noire.)

Même si je ne connaissais que peu de choses sur les us et coutumes d’Arrtkinoz, j’en savais suffisamment pour reconnaître l’insigne que cet enfant portait.

« Le sceau de Titania… » murmurai-je incrédule.

Je regardai avec surprise ce jeune garçon d’une demi-douzaine d’années, aux cheveux de jais trop courts pour une fille mais trop longs pour un garçon. Je remarquai à nouveau ses beaux yeux couleur marine, et pour la première fois ce port altier qu’il gardait malgré la situation désespérée…

« Tu n’as pas pu voler ce sceau…, prononçai-je dans un souffle. Tu… fais partie de la famille royale de Titania ! »

Il cligna les yeux, reconnaissant certainement le nom de Titania, puis se désignant lui-même, il prononça quelques mots qui sonnaient comme "Titania Istemis".

« Istemis ? répétai-je. Ton prénom est… »

Je m’arrêtai au milieu de ma phrase car je m’étais soudain aperçu que la berceuse d’avant ne se faisait plus entendre. A la place, il y avait des bruits de pas qui résonnaient lugubrement sur le sol de pierre à présent asséché. Instinctivement, le garçon et moi nous levâmes. Je l’entraînai au fond de la salle, le plus loin possible de ce son de pas cadencé mais traînant qui approchait et qui ressemblait à… un immense balai de ronces ou de paille balayant le sol par petits coups brefs et répétitifs. Je ne savais pas ce qui approchait, mais ce n’était certainement pas une bonne chose pour nous.

Alors que je posai par hasard la main sur un mur au fond de la salle, je sentis un renfoncement presque rond qui attira mon attention. En y regardant de plus près, je reconnus sur ce mur le dessin simplifié du pendentif qu’Istemis possédait.

« Non, ce serait trop facile… » murmurai-je avec incrédulité.

Cela ne pouvait être qu’un mauvais coup de théâtre comme on en voyait dans les jolies histoires à suspense où le héros en danger de mort imminente arrivait toujours à s’en sortir par des coups de veine insensés et des hasards suspects. Pourtant, pour la première fois depuis bien longtemps, j’eus de la chance, car en appliquant le médaillon d’Istemis contre son double gravé sur la pierre, je déclenchai un mécanisme caché qui fit basculer une portion du mur. Nous nous engouffrâmes dedans, cette issue inconnue nous paraissant moins hasardeuse que de rester et attendre de voir ce qui venait lentement dans notre direction, cet être ou cette chose dont nous ne pouvions entendre que le bruit des pas ; un son calme, cadencé, étrange… inhumain.

 

Après quelques détours souterrains et quelques pièges faciles à éviter, nous sortions à l’air libre sous un bosquet d’arbustes dont la moitié des feuilles étaient tombées. Déboussolé, l’enfant s’accrocha à mon bras en tournant la tête de tous côtés pour regarder aux alentours. A notre gauche s’étendait le paysage d’une plaine verdoyante mais clairsemée de tâches dues aux plantes mortes ou moribondes qui avaient flétri ça et là. Plus on se rapprochait de l’endroit où nous nous tenions, plus le quotas de plantes flétries augmentait. Puis juste à notre droite, il y avait toujours le même paysage de plaine, mais elle n’était plus du tout verdoyante, le sol nu et asséché se faisait même voir de temps à autre.

Sur Utopia, nous étions à la fin de l’hiver à ce moment-là, mais sur Arrtkinoz, les saisons n’étaient pas les mêmes et la végétation aurait dû être bien plus luxuriante que ça. Et le pire était encore à venir : quelques pas encore plus loin à notre droite, il n’y avait rien. Plus rien du tout, seulement du noir ; un immense trou noir qui avait remplacé l’horizon et se tenait crânement là, comme pour mettre en garde les habitants de ce monde agonisant : il n’y avait plus aucun horizon pour eux, leur seul avenir était la disparition.

Istemis serra un peu plus fortement ma main en tremblant. Il avait repris un peu d’assurance durant le trajet que nous venions de faire dans le souterrain mais à présent, il réagissait en enfant plutôt qu’en personne de sang royale, car il était avant tout un enfant : on lui aurait donné cinq ans, six ans tout au plus. Il gémit et dit quelques mots que je ne pouvais bien sûr pas comprendre mais je supposai qu’il était en train de demander ce qu’il se passait sur sa planète. Je ne lui répondis pas, c’était inutile ; non seulement il ne m’aurait pas compris étant donné que je ne parlais pas sa langue, mais aurait-on parlé la même langue que je n’aurais pas non plus expliqué à cet enfant la destruction imminente qui attendait son monde. Pas le temps, pas envie.

Avec un appareil de repérage que j’avais dans mon équipement, je pus déterminer notre position par rapport à la faille interdimensionnelle qui pouvait nous ramener sur Utopia, en sécurité. L’appareil bippa, signe qu’il venait de repérer l’endroit exact de la faille dimensionnelle.

« Eh beh ! soufflai-je en ricanant amèrement. On peut toujours compter sur ma chance dans ce genre de situation désespérée… »

Je levai les yeux de l’appareil que je tenais à la main, et tournai le regard vers le vide qui s’étendait à notre droite.

« Tu sais quoi, Istemis ? demandai-je avec rhétorique. Figure-toi que notre seule issue de secours se trouve par-là ! Eh ouais, dans le vide… »

Empochant mon détecteur, je commençai à me diriger vers le chemin de droite. Comme Istemis restait paralysé sur place en fixant avec effarement l’endroit vers lequel je me dirigeais, je m’arrêtai, me retournai et lui tendis la main en faisant de mon mieux pour lui montrer un sourire rassurant.

« Je sais que tu ne me comprends pas, mais je te préviens quand même : soit tu viens avec moi, soit tu restes ici. Le tout, c’est de te décider vite. Si tu me fais perdre mon temps, je te tords le cou, Petit. » lui dis-je, le sourire un peu crispé. En me regardant avec hésitation, le petit garçon se décida finalement et courut vers moi.

Comme ma foutue (mal)chance avait toujours eu un timing impeccable, elle débarqua juste à ce moment-là sous la forme d’une ombre gigantesque qui apparut entre le garçon et moi. L’ombre ressemblait vaguement à un épouvantail maladroitement drapé d’un linceul d’une couleur impossible à définir, qui changeait sans cesse du blanc au noir en passant par toutes les nuances de gris. Le nouveau venu n’avait pas l’air amical, surtout lorsqu’il se mit à barrer la route au petit Istemis. Ce dernier hurla de terreur lorsque… la chose à la forme d’épouvantail s’empara de lui. Lorsque je vis que le corps d’Istemis commençait à fumer, je compris soudain qui était l’épouvantail, ou plutôt ce que cet épouvantail représentait. Istemis hurla de plus belle, mais cette fois ce n’était plus de peur mais de douleur : il prenait feu. Il allait bientôt disparaître, et son ravisseur était l’Oubli.

 

Scène 3 : Memento.

 

J’aurais pu… non, j’aurais DÛ laisser Istemis et m’enfuir seul vers la faille dimensionnelle. En effet, ça aurait été la meilleure chose à faire, les habitants d’un monde-né étant interdits de séjour sur Utopia et le monde originel d’Istemis étant déjà perdu. Mais… je ne pouvais pas me résoudre à cette solution de facilité, même si ma survie en dépendait.

« Hey ! Mesure-toi à quelqu’un de ta taille ! » criai-je en lançant un couteau sur l’épouvantail. Lorsqu’il se retourna en silence vers moi, je ne pus m’empêcher d’ajouter en pensée "Quelqu’un de ta taille, autre que moi…", surtout que l’adversaire était bien plus grand que moi. Je mesure 1m80 (je vous ferai la grâce – je ME ferai la grâce de vous donner mon poids) et c’est déjà pas mal. Mais l’épouvantail me dépassait de deux bonnes têtes (au moins) et ce ne devait être là qu’une infime partie de l’Oubli, qui était aussi infini que le vide.

En sortant mon duo d’épées jumelles, que j’avais surnommées les Gémeaux, je jetai un regard vers Istemis que l’Oubli avait délaissé par terre pour un moment. Etrangement, le garçon ne semblait porter aucune trace des brûlures qu’il venait de subir, mais il avait perdu connaissance. Me mettant en position de défense, je jetai un sort d’eau sur mes armes, espérant pouvoir ainsi contrer l’élément de feu que l’ennemi semblait privilégier dans ses attaques – ce qui était d’ailleurs assez surprenant étant donné son apparence de grand épouvantail constitué de paille et enroulé de tissu. Il était regrettable, très regrettable, pour moi d’avoir pris l’habitude de privilégier aussi l’élément de feu dans mes attaques depuis des années, mes sorts d’eau étant donc bien moins puissants que mes sorts de feu. Si j’avais été entouré d’eau, si la totalité de l’eau d’Arrtkinoz n’avait pas déjà disparu, mes sorts d’eau auraient été renforcés par cette proximité, mais…

« Mais je n’ai bien sûr pas cette chance ! » grognai-je en ramenant sur la poitrine mes épées croisées pour me protéger d’une attaque de l’adversaire. La seule force de son attaque me repoussa sur quelques mètres, mes deux pieds plantés sur le sol laissèrent deux traces sur toute la longueur parcourue.

« Istemis ! appelai-je. Istemis, réveille-toi !! »

L’ennemi attaqua à nouveau, j’eus seulement le temps de dresser un mur de protection magique autour de moi – protection qui vacilla sous les coups répétés de la chose qui attaquait sans relâche. Comme le garçon ne bougeait toujours pas, j’arrivai d’un bond près de lui, dans l’intention de vérifier s’il était encore vivant. Juste à côté d’Istemis, mon mur de protection l’engloba aussi et mettant un genou à terre, je tâtai doucement son pouls qui m’apprit qu’il vivait encore même s’il était toujours inconscient. J’allais le prendre dans mes bras pour m’enfuir vers la faille dimensionnelle avant qu’il ne soit trop tard, mais à ce moment là, mon mur de protection magique se mit à se craqueler. Puis il s’effondra.

Poussant un juron, je m’éloignai vivement d’Istemis et attaquai l’épouvantail pour que, trop occupé avec moi, il ne reporte pas son attention sur l’enfant. Attaquant et me défendant tour à tour, je n’avais pas le temps d’ériger un autre mur de protection. De plus, dans cet environnement sans paysage, sans ombre ni lumière, il m’était impossible d’utiliser la transmutation pour échapper à l’adversaire ; aussi étais-je sans défense contre un ennemi qui semblait à peine sentir mes coups ou les évitait sans mal, et surtout, dont le niveau était bien supérieur au mien…

Au bout d’un moment de combat, nous nous étions bien éloignés de l’endroit de départ, je m’en rendis compte tout à coup lorsque je tournai la tête pour chercher Istemis du regard et ne le vis pas. L’ennemi profita de ma seconde d’inattention et d’un coup de griffe, il cassa en deux l’une de mes épées.

« Argh !! » pestai-je.

L’unique épée qu’il me restait en main disparut à son tour comme par enchantement.

« Re-Argh !! »

Ces deux épées magiques étant inséparables, lorsque l’un des Gémeaux était cassé d’une façon irréparable, la seconde épée disparaissait aussi pour mourir avec sa jumelle. C’était bien romantique tout ça, mais c’était loin d’arranger mes affaires…

Comme on nous avait appris à toujours avoir au moins deux types d’armes sur soi (une de proximité et une arme à longue portée), il me restait encore mes petits couteaux à lancer (aussi appelés "kunai"), mais c’était bien mal adapté contre l’ennemi du moment, alors je décidai de me battre avec la magie seule. Je suis doué en magie mais je dois avouer que je manie mieux les armes que la magie, et de plus, lancer un sort requérait plus de temps qu’utiliser une arme… Quoi qu’il en soit, j’optai pour la stratégie de la retraite : j’attaquai tout en fuyant vers la faille dimensionnelle. Ainsi je parvins à rester en un seul morceau assez longtemps pour arriver près d’elle. Et juste à côté de la faille, qui vis-je là, qui attendait tranquillement ? (Enfin, "tranquillement" est juste une expression…)

Je vous le donne en mille !

Odin !

Oui, Odin qui avait désobéi à mes ordres en restant dans ce monde au lieu de fuir de suite. Je pris mentalement note de lui faire des reproches plus tard, le mieux à faire à présent n’étant pas de se disputer mais de sauter dans la faille dimensionnelle que nous avions créée en arrivant sur Arrtkinoz, la faille qui n’allait pas tarder à se fermer définitivement lorsque ce monde serait complètement détruit.

En accourant désespérément vers cette issue, je criai à Odin de partir aussi. Mais lorsqu’il lança un sort de protection sur moi en me répondant qu’il devait attendre Tamia qui était revenue sur ses pas pour me chercher, je produisis sans nul doute la plus longue flopée de jurons de tous les temps (malheureusement, un huissier homologué n’était pas présent à ce moment-là pour l’inscrire au Livre des Records ; j’aurais pu devenir célèbre…)

Je me retournai donc pour faire face au monstre, espérant pouvoir tenir assez longtemps en attendant que Tamia revienne… du moins si elle était toujours en vie pour revenir.

« Qu’est-ce que vous faites !? s’écria Odin en accourant au petit trot vers moi pour se poster face à l’Oubli.

- Ca se voit, non ?! On attend Tamia ! Ah, les femmes sont décidément toujours en retard ! » ironisai-je en lançant une invocation de Zephyr, une génie du vent. (Oui, UNE génie.) La génie arriva sans grand entrain et attaqua mollement avant de repartir rapidement.

« Argh ! Je parie que c’est parce que la Gardienne du Vent me déteste ! m’écriai-je avec rage. Et tout ça parce que je n’ai pas cédé à ses avances, grumpf !

- Partez, mon Colonel ! me dit Odin, les deux mains tendues en avant pour maintenir son mur de protection devant nous. Je peux attendre Tamia seul, je m’occuperai de celui-là !

- C’est ça ! Et le mog, il met le chocolat dans le papier d’alu ![1]

- Hein..? fit-il, les yeux rivés vers l’ennemi qui arrivait sur nous.

- Non, rien…

- Huh ?

- Laisse tomber, je plaisantais. »

Lançant un sort d’ubiquité sur mes kunai, je les projetai ensuite sur le monstre. Grâce à cette magie, mes armes pouvaient pour un temps se trouver à la fois dans ma main et projetées sur l’adversaire. En résumé, je pouvais avoir des munitions infinies pour tout le combat, mais ma magie s’épuiserait plus rapidement.

« Il est hors de question que je laisse mes équipiers pour m’enfuir, c’est tout, conclus-je en attaquant à nouveau grâce aux kunai.

- Mais vous vouliez qu’on parte sans vous tout à l’h…

- JE suis le Colonel, JE dirige l’équipe, JE serai le dernier à partir d’ici, et JE donne les ordres ! PIGE ?!!

- O-oui, mon Colonel…, balbutia docilement Odin.

- Bien ! Maintenant, tu essayes de joindre Tamia avec son récepteur et tu lui dis de revenir très vite ici.

- C-ce n’est pas possible…

- Et pourquoi ça ?! » jappai-je.

A ce moment-là, la personnalisation de l’Oubli déclencha une sorte de vague de fond sans eau mais à l’aspect de boue noirâtre qui manqua nous enliser après avoir percé le mur protecteur. En toussant pour recracher la boue, je répétai ma question à propos du récepteur. En toussant à cause de la boue aussi, Odin me répondit :

« J’ai perdu mon récepteur dans la cohue pendant ma fuite, je l’avais sorti pour tenter de retrouver la trace de Tamia…

- Nom didiou de nom didiou !

- Mais après ça, j’ai retrouvé Tamia devant la faille et elle est retournée vous chercher…

- Nom didiou de nom didiou !

- Et je suis resté là à vous attendre tous les deux…

- Nom didiou de nom didiou !!

- Vous vous répétez, mon Colonel…

- Nom didiou de nom didiou !!! »

Autant à cause de mes blessures qu’à cause de ma colère, l’une de mes attaques spéciales les plus puissantes se déclencha. On l’appelait "Chaos Universel" et je trouvais cette appellation très moche à cause du pléonasme sous-entendu : le Chaos avait précédé l’Univers et attacher ces deux termes l’un à la suite de l’autre me paraissait d’une ignoble lourdeur redondante. Cependant comme je n’étais pas le créateur de cette attaque réservée aux Gardiens de l’Ombre, je n’avais pas mon mot à dire sur son nom. En revanche, je l’avais adaptée à ma sauce et ma version de l’attaque intégrait un sort d’immobilité qui touchait tous les êtres aux alentours, en plus de l’attaque de base : un grand tremblement qui secouait la partie de l’Univers dans laquelle les ennemis se trouvaient et les blessait, plus un son de cloche assourdissant pour les déstabiliser et une magie de feu surpuissante qui finissait en général de réduire en cendres la plupart des monstres existant sur la plupart des mondes connus du Conseil d’Utopia. Le problème étant que l’ennemi actuel résistait très bien au feu, le final souvent glorieux de l’attaque ne le toucha pas. Cependant il sembla plus affecté que la moyenne par le sort d’immobilité, et l’attaque passée, l’immobilité passagère dont il avait été victime persista sous forme de lenteur dans ses mouvements. J’avais apparemment réussi à ralentir son rythme pour un moment, ce n’était pas trop mal. En haletant car l’attaque m’avait plutôt affaibli, je me tournai vers Odin qui, lui, haletait pour reprendre son souffle, car comme je l’ai précisé, le sort d’immobilité de mon attaque touche tous les êtres aux alentours, alliés comme ennemis. Etaient arrêtés aussi bien leurs mouvements que leur organisme ; en fait, c’était parce que leur organisme était arrêté que leurs mouvements l’étaient aussi, le sort d’immobilité que j’avais intégré à l’attaque faisant partie de la magie du Corps, l’un de mes domaines privilégiés… (Hinhin !)

Et bien sûr, un système respiratoire soudain arrêté pouvait même entraîner la mort par asphyxie si cet arrêt se prolongeait trop longtemps. (Vous ai-je déjà dit qu’il était déconseillé d’être dans les parages quand j’étais en colère… ?)

« Si on s’en sort vivant, rappelle-moi de vous punir Tamia et toi pour avoir désobéi aux ordres, remarquai-je avec un froid sarcasme à l’adresse d’Odin.

- Euh… et si je ne vous le rappelle pas… ?

- Je te punirai pour avoir oublié de me le rappeler, continuai-je sans me départir de mon ton caustique. Et si on ne s’en sort pas vivant, l’éternité sera un enfer pour toi car je te poursuivrai de ma colère au-delà de la mort. Hinhin.

- Je… euh… Je pourrais utiliser le vôtre, de récepteur…, proposa t-il sagement, pour détourner la conversation.

- Impossible !

- Huh ?

- Je l’ai rangé au fond de la poche avant de mon pantalon, je suis trop occupé pour le sortir de là maintenant, et je te tuerai si tu touches à cet endroit !

- Ah d’accord… »

Le combat se poursuivit encore quelques secondes contre notre ennemi ralenti mais loin d’être affaibli, puis Odin me demanda soudain : « Heh… qui est-elle.. ?

- Qui ça, elle ?

- La petite fille, là… »

Prudemment, je tournai le regard vers Odin puis vers l’être qu’il désigna du menton. Elle se tenait derrière l’Oubli à quelque distance du champs de bataille, sans bouger, ne nous quittant pas des yeux. Calme et souriante, elle regardait notre lutte sans espoir contre l’épouvantail. Elle ressemblait à une petite fille tout à fait humaine, et c’était surtout ça qui me turlupinait : sur Arrtkinoz, il n’y avait pas de race humaine. Alors comment cette petite fille dotée d'oreilles aux proportions humaines était-elle arrivée là, et pour quelle raison était-elle là ? Ce qui me rassurait cependant, c’était qu’elle ne semblait pas avoir l’intention de nous attaquer… du moins pas tout de suite…

« Vous croyez que c’est la Mort qui nous attend ? me chuchota Odin d’une voix angoissée.

- Tu veux dire… cette fille serait la Mort ?

- Peut-être…

- Crois-moi, la Mort ne ressemble pas à ça, dis-je avec certitude.

- Pourquoi dites-vous ça ? »

Je ne répondis pas, mon attention avait été attirée par la vue d’une silhouette familière qui venait en courant vers notre direction. Odin la vit aussi et s’écria avec soulagement : « C’est Tamia ! … Mais il y a quelqu’un avec elle, un petit garçon… »

Je reconnus Istemis qui se trouvait en compagnie de Tamia et courait en lui tenant la main. A ce moment-là, la chance de Tamia et Istemis semblant aussi superbe que la mienne, le ralentissement ne fit plus effet sur l’épouvantail et comme il venait de repérer de nouvelles proies qui lui semblaient moins coriaces qu’Odin et moi, il se tourna vers Tamia et Istemis, et bondit vers eux pour les attaquer.

« TAMIA !! Attention ! »

Entendant l’avertissement d’Odin, elle sortit sa lance de combat et put contrer le premier coup que lui porta l’épouvantail mais la force du second coup la propulsa à quelques mètres en arrière. Avec un salto renversé, elle retomba sur ses pieds, gracieuse comme un félin. A ma grande surprise, le médaillon d’Istemis se mit soudain à briller d’une lueur qui éclaira les ténèbres aux alentours. Le médaillon se détacha du cou de son propriétaire et se transforma au contact de sa main en une baguette magique dont le motif au bout ressemblait au serpent enroulé qui se trouvait sur le médaillon. Grâce à cette arme, le jeune garçon projeta une boule de magie bleu clair sur l’ennemi qui vacilla sous le coup. Tamia en profita pour revenir aux côtés du garçon et attaqua l’épouvantail. Quand il me vit, Istemis contourna le monstre qui était occupé avec Tamia, il courut à ma rencontre et partit se cacher derrière moi en s’accrochant au dos de ma cape avec ses deux mains tremblantes. Odin quant à lui se précipita pour aider sa co-équipière. Jetant un œil vers la faille, je remarquai qu’elle était en train de se refermer ; si nous ne la franchissions pas très vite, elle allait se fermer pour toujours, nous laissant sans aucun autre moyen de revenir sur Utopia. Mais au moins, ajoutai-je en pensée, notre monde ne nous manquerait pas pendant très longtemps : Arrtkinoz disparaîtrait bientôt après ça, nous entraînant avec lui. (Vous avais-je déjà dit à quel point mon optimisme était inébranlable ? Je vois toujours le bon côté des choses, moi !)

Tamia et Odin essayèrent bien sûr de nous rejoindre, Istemis et moi, mais le monstre les en empêcha. Puis élevant les deux bras au-dessus de ce qui lui servait de tête, il concentra des flammes ardentes dans ses mains, il redirigea ensuite ses mains vers les deux groupes qui le combattaient et projeta en même temps son attaque sur nos deux groupes. N’ayant eu le temps que d’élever un bouclier magique mineur contre ça, je reçus une partie de l’attaque, et elle était assez puissante. Je tombai vers l’arrière et roulai sur quelques mètres, Istemis entraîné dans ma chute. Heureusement pour lui, il eut la chance d’atterrir sur moi ; si ça avait été le contraire, je l’aurais sûrement écrasé de tout mon poids. (Je ne suis pas un poids-lourd, mais comparé à un enfant de six ans…)

Blessé mais pas trop gravement, je me relevai, imité par Istemis qui était indemne. Je fus soulagé de constater que l’attaque du monstre m’avait rapproché de la faille et qu’elle était toujours là. De leur côté, Tamia et Odin avait combiné leur sort défensif et résisté à l’attaque grâce à un double bouclier magique. Ils restèrent sur leur position, ne gagnant ni ne perdant du terrain.

« Dépêchez-vous, la faille va se fermer ! » les avertis-je, sachant pourtant qu’ils faisaient de leur mieux pour nous rejoindre, mais sans succès, le monstre les empêchant d’avancer même lorsqu’ils utilisaient un sort de célérité sur eux-mêmes pour essayer de le gagner de vitesse.

Soudain, Odin se détourna du monstre en sortant son arc qu’il avait laissé dans son carcan derrière son dos. Puis il banda l’arc (juste l’arc) et tira (une flèche) vers l’être qu’il m’avait désigné tantôt et qu’il avait pris pour la Mort. La petite fille reçut la flèche en plein cœur mais ne s’effondra pas, ce fut au contraire l’épouvantail qui s’écroula silencieusement. Encore surprise par ce revirement de situation, Tamia ne bougea pas, regardant le monstre à terre qui essayait déjà de se relever, mais avec grande peine. Odin attrapa donc la jeune femme par les épaules et avec un sort de célérité, il nous rejoignit à côté de la faille, Tamia dans ses bras. Il poussa Istemis dans la faille, puis sauta à sa suite avec Tamia toujours dans ses bras. Comme je le voulais, je fus le dernier de l’équipe à partir d’Arrtkinoz. La faille se referma derrière moi, condamnant tout un monde à une disparition silencieuse.

 

Scène 4 : Mission accomplie.

 

Notre voyage de retour se fit sans encombre, Istemis, mes équipiers et moi-même revenant sans tambour ni trompette dans une salle vide, la Salle de Téléport qu’utilisaient les troupes d’intervention comme la mienne pour leurs déplacements vers les mondes-nés.

« O…Odin, prononça Tamia d’une voix cassée. Qu’est-ce que tu as fait ?

- M-moi ? balbutia Odin timidement. M-mais rien de mal…

- QU’EST-CE QUE TU AS FAIT ?? hurla Tamia en avançant vers lui.

- R-rien, je te jure ! fit Odin en se protégeant la tête.

- COMMENT CA RIEN ?! TU AS VAINCU CE… CE TRUC !

- Ce truc ? répéta Odin en baissant prudemment les bras quand il vit que sa co-équipière n’avait pas l’intention de le frapper (du moins pas pour le moment…)

- Tu nous as sauvés, Odin, intervins-je pour venir en aide au pauvre garçon face à Tamia.

- Ah ? Ah oui… mais en fait, je ne pense pas l’avoir vaincu pour de bon. Après tout, ce n’était qu’une partie minuscule de l’Oubli, rappela calmement Odin. Mais vous savez ce qu’on dit : il paraît qu’avant de mourir, on est sensé voir défiler sa vie devant ses yeux. C’est ce qu’il m’est arrivé lors du combat. C’est à ce moment-là que j’ai compris : la petite fille qui nous regardait sans réagir, c’était le Souvenir, et elle était petite parce que le monde d’Arrtkinoz était assez récent, assez jeune donc. Mais au lieu d’être opposée à l’Oubli, j’ai compris qu’elle l’accompagnait. Parce qu’elle regardait l’Oubli sans crainte ni haine. L’Oubli est sûrement invincible parce qu’il est… il n’est rien. On ne peut pas battre un adversaire inexistant. Par contre, sans souvenir, il ne peut pas y avoir d’oubli. L’absence d’une chose ne peut se définir qu’après qu’on ait possédé cette chose… Vous me suivez ? C’est… C’est comme si on n’a jamais eu d’œufs dans son frigo : on ne pourra pas dire qu’on n’a plus d’œufs si on n’en a jamais eus. Ca marche de la même manière pour l’Oubli…

- Bien sûr… L’Oubli, c’est comme les œufs dans un frigo…, fit Tamia sur un ton affligé avec une grosse goutte de sueur sur la tempe.

- Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Enfin, pas tout à fait…

- Mais comment pouvais-tu être sûr qu’en blessant le Souvenir, l’Oubli serait touché ? demandai-je.

- C’est vrai, ça ! approuva Tamia. Comment tu pouvais en être sûr ?

- Ben, j’en étais pas du tout sûr… Je l’ai juste fait…

- QUOI ?! s’écria Tamia. Tu n’étais pas sûr que ça allait nous sauver ? Alors… alors ça aurait très bien pu nous tuer à la place…

- Ben oui… je l’ai juste fait…

- IMBECILE !! » fit-elle en talochant son collègue sur la tête.

En fronçant les yeux par compassion envers Odin qui se tenait le haut du crâne en gémissant, je pris mentalement note de ne plus poser de questions compromettantes à l’avenir. Ou peut-être que si…, songeai-je ensuite avec un sourire en coin quand je vis Tamia se jeter au cou d’Odin.

« Tu es un imbécile et tu m’as sauvée…, fit-elle les larmes aux yeux. Merci…

- C-ce n’est rien… » balbutia Odin en rougissant avec gêne.

Il rougit de plus belle quand Tamia l’embrassa sur la bouche, puis il l’enlaça à son tour et rendit à la jeune femme un long baiser passionné. Au bout d’un moment, je dus tousser pour rappeler ma présence au couple nouvellement formé. Ils s’éloignèrent l’un de l’autre d’un bond en rougissant et se mirent maladroitement au garde-à-vous en disant « Pardon, Colonel… »

…C’était à hurler de rire ! Mais ce n’était pas le moment de rire. Avec tout ça, nous en avions presque oublié Istemis qui était venu sur Utopia avec nous. Il se tenait près du miroir de Téléport et l’examinait attentivement mais prudemment. Il semblait partagé entre la curiosité et la crainte, et il y avait de quoi ! Le petit Arrtkinois avait de quoi être un peu déstabilisé de voir son nouvel environnement mais après ce qu’il avait vu et vécu ce jour-là, ça ne devait pas être une si mauvaise surprise que ça.

Quand on apprit en haut-lieu que notre groupe était revenu avec un habitant d’Arrtkinoz, cela fit du remous. J’en pris pour mon grade, et comme mon grade était plutôt élevé, j’en pris donc "plein la figure". (Traduction : le supérieur me gueula dessus.)

Je restai stoïque, fis mes plus plates excuses (Traduction : je me suis écrasé comme une carpette.) et expliquai qu’étant donné la situation d’urgence, je n’avais pas -honte sur moi- pensé aux conséquences (même si c’était là un mensonge éhonté de ma part, mais ça, je me gardai bien de le dire…) en laissant cet enfant, une royauté du monde-né #N.347.203.W (Je mis d’ailleurs de longues secondes avant de me souvenir du code d’Arrtkinoz.), venir avec moi sur Utopia. Comme le Général était finalement une personne compréhensive qui accordait de la compassion aux êtres en détresse (Traduction : il avait une ex-femme avec une pension alimentaire à payer, une maîtresse, deux filles, trois garçons, deux chiens, un chat et un bocal de poissons rouges à sa charge ; et lorsque tout ce joli petit monde lui en voulait, il savait ce qu'être en détresse signifie.) et comme la mention de l’ascendance royale d’Istemis l’avait calmé (Il était un peu impressionné, dirons-nous…), il me fit l’obligeance de ne pas me faire traduire en jugement devant la court martiale pour haute négligence.

Istemis fut confié à des médecins militaires, pour divers examens de santé, par peur d’une éventuelle contagion qu’il aurait pu rapporter depuis son monde ; les examens se révélant excellents, on finit par nous donner la permission d’aller le voir peu avant qu’on ne lui fasse une séance de "zapping de la mémoire" (pour parler familièrement), mais seulement après notre passage à la douche – car, comme on nous le fit gentiment remarquer, nous sentions les effluves marines à plein nez… et c’était évidemment loin d’être flatteur.

Après ça, Tamia, Odin et moi passâmes à l’infirmerie soigner nos blessures et nous retrouvâmes ensuite Istemis dans sa salle d’isolement. J’avais le désagréable sentiment qu’il fallait lui faire nos adieux. En effet, il avait été décidé qu’Istemis (je continuerai à l’appeler ainsi désormais) aurait la mémoire effacée et serait déposé dans un autre monde-né quelconque qui serait adapté à sa morphologie, c’est à dire un monde qui accepterait comme normales ses grandes oreilles. J’avais protesté en apprenant ce jugement car on avait décidé d’enlever de la mémoire d’Istemis tout souvenir se rapportant à Arrtkinoz ; ma protestation ne portait pas sur le jugement en lui-même, il était impossible pour lui de rester sur Utopia, j’en convenais. De même, j’approuvais le fait qu’il fallait lui faire oublier son monde d’origine afin de lui faciliter son intégration dans son nouveau monde ; mais c’était plus facile à dire qu’à faire car comme il était âgé d’à peine 6 ans, l’opération était délicate. Surtout qu’il fallait lui faire oublier Arrtkinoz où il était né et avait vécu jusque là, c’est à dire lui enlever quasiment TOUS ses souvenirs… Pour résumer la situation, Istemis n’avait que 30% de chances de survivre à la "dé-mémorisation". Et encore moins de chances de s’en sortir indemne psychologiquement parlant.

Finalement et malgré tout le mal que j’en pensais, comme je n’avais quasiment aucun droit de décision dans cette affaire, je me contentai de ronchonner que c’était bien la peine de l’avoir sauvé des griffes de l’Oubli pour ensuite le laisser dans celles de la machine à oubli.

La vie était ironique au possible, j’en avais à nouveau la preuve ce jour-là. La vie était ironique et cruelle, surtout pour les plus jeunes.

 

En arrivant devant Istemis dans cette salle d’isolement, tout ce à quoi je pouvais penser, était qu’il y avait 70% de chances pour que cet enfant meure bientôt durant la séance de torture douce qui l’attendait. Je pris cependant la résolution de ne rien laisser transparaître de mon état d’esprit, il était inutile de l’angoisser d’avance pour quelque chose que ni lui ni moi ne pouvions empêcher.

Dès que je pénétrai dans la pièce, je crus lire une lueur dans le regard de l’enfant qui semblait signifier qu’il me reconnaissait. Mais il resta tout de même assis sur son lit de camp et presque enroulé sur lui-même, immobile le dos contre le mur.

« Je crois que c’est moi qui devrais lui parler la première, me dit Tamia à voix basse tout en décochant un regard en coin à Istemis.

- Les médecins disent qu’il refuse de leur parler même en présence d’un interprète parlant sa langue, remarqua Odin.

- C’est vrai, dis-je, mais de nous trois, Tamia est la seule qu’il puisse comprendre de toutes façons… »

Comme je venais de lui en donner la permission implicite, Tamia s’approcha de l’enfant, s’agenouilla devant lui et se mit à engager la conversation d’une voix douce dans sa langue à lui. Au bout de quelques minutes, la forme des oreilles de Tamia y aidant certainement, Istemis accepta de répondre brièvement à quelques unes de ses questions amicales.

Il apparut que, comme je l’avais auparavant présumé, Istemis avait six ans et faisait partie de la famille royale de Titania. Il était même le prince héritier du trône – du moins, si son monde n’avait pas été détruit entièrement, il aurait été le prince héritier du trône de Titania. Mais son nom n’était pas Istemis Titania comme je croyais l’avoir compris ; Tamia m’expliqua qu’il avait en fait prononcé les mots "Titania Idstemis", ce qui voulait dire en Arrtkinois "le prince sans nom de Titania", Stemisso étant le mot qui désignait un prince ou un seigneur et Id étant le préfixe utilisé pour désigner l’inconnu, ce qui est sans nom.

« Alors son prénom n’est pas Istemis ? m’étonnai-je.

- Non, répondit Tamia.

- Pourquoi n’a t-il pas de prénom ? demandai-je toujours avec surprise.

- Les enfants de la famille royale de Titania n’en ont pas tant qu’ils n’ont pas donné au peuple la preuve de leur bravoure et de leur dévouement, signes qu’ils sont capables de diriger Titania au mieux et d’utiliser le Cristal d’Arrtkinoz sans cupidité mais pour le bien de tous – qu’ils sont en fait dignes d’avoir un prénom, expliqua t-elle.

- Est-ce que de prendre le Cristal depuis son autel faisait partie de ces preuves à donner au peuple..?

- Je ne crois pas, Odin… »

Avant que je ne dise à Tamia de le demander à Istemis pour éclaircir ce point, le petit garçon prononça d’une voix triste quelques phrases courtes.

« Qu’est-ce qu’il vient de dire, Tamia ?

- Qu’il resterait pour toujours le Sans-nom désormais… et qu’on aurait dû le laisser mourir avec les autres, avec son peuple… »

Comme qui dirait, un ange passa à ce moment-là. L’ange prit d’ailleurs tout son temps pour passer… (Les anges ne sont guère pressés, apparemment.)

Finalement, pour mettre fin au silence pesant installé entre nous quatre, je m’assis à côté d’Istemis - qu’importait désormais le sens de ce mot que j’avais pris pour un prénom, je trouvais qu’il faisait un très joli prénom dont on pouvait être fier. Je pris ses petites mains dans les miennes et les pressai doucement.

« Tamia, appelai-je en serrant avec conviction les mains d’Istemis dans les miennes, dis-lui qu’après les épreuves qu’il vient courageusement de traverser aujourd’hui, il peut être sûr d’avoir mérité un prénom. Je m’en porte garant. »

Tamia traduisit mes paroles à Istemis, qui se contenta de secouer doucement la tête après un court moment de stupeur. Mais au moins, sa déchirante tristesse n’était plus qu’une douce mélancolie à présent.

Peu après, on nous fit savoir que le temps de visite était passé, on nous demanda de sortir, puis on emmena Istemis pour, au mieux lui faire oublier que son monde avait jamais existé, au pire pour que le monde oublie que ce petit garçon avait jamais existé. En passant devant moi tandis qu’il avançait docilement vers son triste sort, il me lança un dernier regard, une détresse silencieuse se lisant dans ses grands yeux marine. Les plus grandes douleurs sont silencieuses, paraît-il…

 

Ce jour-là devait être celui de toutes les surprises, mauvaises de surcroît. Aussi, peu avant que cette épuisante journée ne s’achevât et tandis que j’étais en train de faire le rapport détaillé de la mission sur Arrtkinoz (ce dont j’avais horreur car je détestais la paperasse), quatre êtres surprenants arrivèrent dans mon bureau. Pour qu’ils se soient déplacés en personne, l’évènement devait être conséquent. Aussi fus-je trop surpris pour pouvoir réagir tout de suite convenablement à la circonstance.

« Veuillez pardonner le dérangement… Pouvons-nous entrer ? demanda l’un de mes visiteurs non-annoncés.

- B-bien sûr. Faites, je vous en prie, balbutiai-je, avant de me souvenir qu’il fallait se lever et les saluer – ce que je fis donc.

- Gardien de l’Ombre, nous avons… une nouvelle grave dont il nous faut vous entretenir.

- De quoi s’agit-il, Votre Honneur ? » demandai-je à celui qui venait de parler.

C’était un grand homme d’un âge impossible à deviner, qui cachait la moitié de son visage et drapait sa silhouette dans une longue toge noire à capuche… Un des Représentants du Conseil d’Utopia. L’homme était accompagné de trois enfants, du moins trois personnes qui avaient l’apparence d’enfants mais étaient les piliers de sagesse de ce monde : les Anciens, dont j’avais déjà fait la connaissance auparavant ; Alpha, Delta et Omega.

Sans qu’un mot ne fut prononcé, Delta fut désignée comme porte-parole du groupe et elle commença à s’avancer vers moi, je fis le reste du chemin pour aller à sa rencontre. La Sage avait perdu toutes ses manières de petite fille gâtée et je fus même surpris de l’air sérieux et étonnamment… adulte qu’elle affichait.

« Gardien, vous souvenez-vous que nous vous avions demandé de faire quelques analyses de sang et autres expériences concernant votre Pouvoir… ?

- Oui, fis-je avec hésitation, ignorant où elle voulait en venir avec sa question rhétorique. C’était juste après que je vous aie rendu le rapport que vous m’aviez demandé – suite à ma première visite chez vous… »

Comme Delta hésitait longuement, son frère aîné Alpha intervint :

« En fait, après étude de votre… cas, nous avions quelques doutes que seuls des examens précis pouvaient élucider. C’est pour ça que nous vous avons prélevé des échantillons de votre sang et d’ondes spectrales liées à votre Pouvoir…

- Les résultats des analyses que nous avons pratiquées sur vos échantillons spectraux sont formels, m’annonça finalement Delta d’une voix grave une fois que son frère lui eût implicitement laissé la parole. Gardien de l’Ombre, je suis sincèrement désolée pour vous… et aussi d’avoir à vous apprendre ça, mais… il vous reste tout au plus six mois à vivre… »

En entendant ça, je restai un instant stupéfait. Il y avait de quoi.

« …C’est… C’est sérieux ? demandai-je avec ahurissement.

- Très. Je suis vraiment navrée… »

La voix de Delta était douce, grave et assourdie – vibrant même légèrement d’émotion. J’en eus le souffle coupé.

« Nous ne savons pas encore avec certitude ce qui a provoqué votre… maladie. Nous sommes cependant certains que ce n’est pas contagieux… Nous pensons que c’est lié à votre Pouvoir. Mais nous n'avons malheureusement pas les compétences requises pour en savoir plus et nous ne connaissons personne capable de ça…

- Six mois. Six mois… au maximum… » répétai-je à voix basse, comme pour m’imprégner du sens de cet ultimatum.

Je baissai la tête en fronçant les sourcils, mes quatre visiteurs prirent alors silencieusement congé de moi après un léger signe de la tête vers ma direction, comme un au revoir implicite. Ou plutôt un adieu…

Mais avant même qu’ils n’aient atteint la porte de mon bureau, ils se retournèrent et me regardèrent avec étonnement : j’étais en train de me tenir les côtes de rire.

Allons, essayez de me comprendre un peu : je n’avais pas encore 22 ans, j’étais Colonel dans un des plus importants groupes d’intervention d’Utopia, je venais d’échapper à une mort atroce sur un monde qui était maintenant rayé des Cartes des Rêves, deux ans avant ça, j’avais trompé la Mort et ma propre conscience lors de l’Examen Final de l’Ombre, et à présent, on m’annonçait qu’il me restait moins de six mois à vivre. Comprenez alors que je trouvais la situation tout simplement hilarante.

 

 

*****

Notes d’Angie (autrement dit : je revendique ce qui m’appartient – pas touche sans ma permission !) :

[1] C'est une référence comique à une publicité française pour une certaine marque de chocolat, que je ne nommerai pas ici (car ils ne me payent pas pour le faire! *lol*), et que j'ai un peu modifiée à la sauce Final Fantasy! ^_^ Peut-être que les lecteurs non-français ne connaissent pas la pub en question ; dans ce cas, écrivez-moi et je vous expliquerai.

Le titre du chapitre a été inspiré par l'OST End of Evangelion : la dernière piste s'appelle en effet "Yume no Sukima" (trou du rêve)

Personne n'a été capable de me donner cette réponse à la petite devinette posée à la fin du chapitre précédent - ou alors c'est parce que personne ne s'est donné la peine d'essayer de deviner... Le résultat est le même de toute manière.

Le titre de la scène 3 n’est pas à prendre dans son sens français mais dans son sens étymologique latin, cette expression veut dire « Souviens-toi » et fait référence au Souvenir et à l’Oubli dont il est question dans ce chapitre.

J’espère que le chapitre a été assez explicite tout en restant un peu mystérieux (surtout les scènes avec l’Oubli)… J’espère surtout que ce n’est pas trop tarabiscoté et suffisamment compréhensible pour tous.

Pour les maniaques des détails (s’il y en a) qui se demanderaient comment les personnages peuvent parler sous l’eau au début de ce chapitre et dans le précédent, c’est simplement qu’ils communiquent par ultra-sons un peu comme les dauphins, quoi. Il en est ainsi, aussi bien pour les Arrtkinois que pour Laekh & co, ce ne sont pas des paroles telles qu’on les conçoit, donc. Mais comme je n’allais pas écrire en ultra-sons, j’ai retranscrit les dialogues comme des paroles prononcées normalement.

Notez qu’Istemis m'appartient (autant la serpe que le garçon du même nom), j'ai droit de vie et de mort sur lui ! (Mhahaha) Je tiens sa destinée entre mes mains, j'en fais ce qui me plait - ou plutôt ce qui peut servir à cette fic…

Si ça vous intéresse de le savoir, son prénom rappelle un peu celui de la déesse Artemis, mais en fait, il ne veut rien dire du tout, je l’avais tapé au hasard lors de l’écriture de Fantaisie Ultime car je voulais un prénom qui rappelle un peu celui de Thephys par sa sonorité. (Cela jouera un rôle déterminant pour le destin d’Istemis dans Fantaisie Ultime… mais je n’en dis pas plus pour le moment ! :-p)

Pour ce qui est de la signification de son nom en Arrtkinois, Istemis est devenu prince de Titania par hasard ; je veux dire par-là que je ne pensais pas dès le début le faire prince d’un monde-né et que ça s’est fait "comme ça". Donc je me suis dis, autant expliquer ça d’une certaine manière symbolique via l’étymologie de son nom en Arrtkinois, et alors j’ai eu l’idée d’introduire le terme Id (le "ça" de notre personnalité selon Freud) en en changeant un peu sa définition mais en gardant son côté mystérieux : le caché devient le sans-nom.

Pourquoi toujours Freud ? Ai-je une légère obsession avec Freud, me demanderez-vous ? Eh bien… en fait… oui, un peu ! ^_^;;;

Quant au symbole du serpent sur le médaillon d’Istemis, c’est la représentation du Serpent de la mythologie Nordique qui était enroulé dans l’océan qui bordait le monde de Midgard (le monde des mortels ; par opposition à Asgard, le royaume des Dieux et Niflheim, le monde des morts. Notez d’ailleurs que le nom de Niflheim ressemble à Nibelheim et pourrait être une origine possible du nom de cette ville dans FF7. Quant à Midgard/Midgar, l’analogie saute au yeux…)

Ce Serpent de Midgard, dont j’ai d’ailleurs oublié le nom technique et qui revêt la même forme (un serpent qui se mord la queue, formant un cercle parfait) que l’Ouroboros des croyances chrétiennes antiques, est le symbole de l’infini, de la perfection, de l’immortalité, ou au contraire des limites imposées à tout et tous, de la Fin avec un grand F… c’est selon comment on voit la chose. Car en même temps qu’un cercle parfait et donc sans fin, ce serpent enroulé délimite aussi la terre des hommes dans la mythologie Nordique, et il y est dit que lorsque ce serpent se réveillerait, il causerait la fin du monde tel qu’il est (et qu’après, viendrait un monde meilleur, et blablabla. Oui, c’est le même refrain que pour l’histoire de l’Apocalypse.)

Je trouvais ce symbole approprié pour Istemis étant donné la fin du monde qui lui "tombe dessus" dans ce chapitre ; de plus, le Serpent de Midgard dormait dans la mer qui délimite le monde (le monde de Midgard de la mythologie Nordique est plat et repose sur une sorte d’arbre sacré) et comme le royaume d’Istemis est sous-marin, la boucle est bouclée ! (C’est le cas de le dire…)

Le nom d’Istemis avait été annoncé dès les notes du chapitre 5 de Fantaisie Ultime via le nom de la serpe d’or, mais Laekh avait alors affirmé ne pas connaître l’origine de ce nom d’Istemis… Disons qu’il a menti à ce moment-là, c’est tout.

(Laekh : Eh oui, j’ai menti. Je ne suis pas le méchant sournois de l’histoire pour rien, hein !)

De même que Laekh et Istemis, m’appartiennent Arrtkinoz et ses habitants, plus Tamia, Jaspar et Odin Binks - avec toutes leurs qualités et défauts, et toutes leurs armes et/ou techniques d'attaque personnelles. Et aussi Lucia et les Anciens, ceux dont j’avais oublié de revendiquer les âmes auparavant. (Mhahaha, des âmes ! Encore plus d’âmes !! *tousse, tousse* Pardon, je délirais…)

Je ne pense pas que ces personnages intéressent qui que ce soit, mais ils m'appartiennent quand même, na ! C'est pour ça que j'ai détruit sans remord le monde d'Arrtkinoz et ses millions d'habitants, et que je peux faire mourir tous mes personnages si je le veux ! (*rires de maniaque*) Mais ça ne veut pas forcément dire que je le ferai. Je m'en réserve juste l'occasion ! (*re-rires incontrôlables*)

Sans risque de spoiler, je peux déjà vous dire qu'Istemis reviendra plus tard dans cette histoire. Et si vous avez été un rien attentifs quand vous avez lu Fantaisie Ultime (je suppose que vous avez lu cette fanfic, sinon vous ne seriez pas là à lire PdV), vous savez déjà ce qu'il adviendra des deux Istemis…

Pour finir, vous remarquerez que la limite Chaos Universel de Laekh dans ce chapitre est un peu différente de celle de mon personnage (Angie) dans le chapitre 5 de Fantaisie Ultime. Comme il l’a été dit dans le texte, Laekh a adapté l’attaque à sa "sauce", la rendant plus efficace, tandis qu’Angie ne possède que l’attaque de base. En règle générale, les attaques, limites et magies de Laekh sont toujours un peu plus puissantes que celles de mon perso. Par contre, ses magies de soin sont à ch… !

Laekh : Tut tut tut ! Reste polie, je te prie.

Angie : Et c’est toi qui oses dire ça ?! T’as vu comment tu jures à brassées dans ce chapitre ?? D’ailleurs, tu jures toujours comme un charretier quand tu as peur…

Laekh mi-honteux, mi-énervé : Revenons au sujet qui nous intéresse !

Angie : Bon ! Comme je le disais, Laekh est… *marmonne* plus fort *voix normale à nouveau* que moi. C’est assez logique, je suppose…

Laekh : Et comment ! Appelle-moi Maître ! XD XD XD

Angie ironique de chez ironique : Bien sûr, Lolo-sama ! *roule des yeux*

 

NDLaekh : Ce chapitre était trop long…

(Angie : C’est parce que t’es trop bavard, Lolo ! XD)

Je ne prendrai même pas la peine de répondre à ça, Angie. Laisse-moi parler un peu aux lecteurs. Seul. *pause* Bon, je m’ennuie alors vous pouvez m’écrire à laekh@traumen.com (oui, j’ai un nom de domaine maintenant : www.traumen.com ! ^_^) pour tout commentaire, question, suggestion, critique, lettre d’amour ou d’insulte… (c’est quasi-idem)

Les lettres d’insultes m’amusent et j’aimerais bien savoir combien de personnes me détestent ; les lettres d’amour m’amusent aussi et j’aime bien trouver de nouvelles cachettes pour que Thephys ne risque pas de tomber dessus, ça met un peu de piment à mes journées (on s’amuse comme on peut…)

Ah au fait, je vous répondrai sûrement plus vite qu’Angie car sa boîte toujours pleine la décourage d’avance chaque jour quand elle va prendre son courrier !

Angie : Maieuh ! Je réponds toujours aux questions (même idiotes) qu’on me pose !

Laekh : ‘faut voir aussi ton délai de réponse parfois…

Angie : Maieuh !

 

A suivre :

Acte XIV : Jusqu’à ce que la Mort nous sépare.

(Mettre la marche nuptiale ici ! … Naaan, je plaisantais ! XD)

 

 

*****

 

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