La Bibliothèque de la ShinRa corp.
Point de vue
Acte I – Faire connaissance.
Scène 1 : Un nouveau départ
Tout doit bien commencer d’une façon ou d’une autre, et cette journée avait commencé aussi platement que possible. Je devais avoir dans les dix ans. Dix ans est un bel âge, c’est ce qu’on dit. En dix ans cependant, j’avais connu bien des orphelinats haïssables, des familles d’accueil plus ou moins mornes et des tuteurs sans consistance. Mais on s’habitue à tout. Ce fut donc sans joie mais sans appréhension que je suivis ma tutrice jusqu’à ce nouvel orphelinat où on avait décidé de me placer. Pour se débarrasser de moi, je suppose, car j’étais ce qu’on pouvait appeler "un cas difficile". Mais cela m’était égal, je m’étais finalement habitué à tous ces changements et venant de perdre mes derniers parents adoptifs, je percevais parfois ces regards de pitié qu’on m’adressait. Cela m’agaçait encore plus que tout le reste mais à quoi bon s’énerver de cela : les gens étaient tellement emplis de bonnes intentions que c’en était touchant à vomir !
Elle était comme tous les autres. Du moins, ce fut la première impression qu’elle me donna. Ma nouvelle "amie" (ce fut sous ce titre qu’elle se présenta) avait pour nom Shoran Akido mais elle était arrangeante au possible : on pouvait l’appeler Shora ou même Sho, c’était à notre convenance. Contrairement à la directrice de mon précédent orphelinat à qui on devait donner du Madame par-ci, Madame par-là.
Avec ses cheveux châtains ramenés en chignon lâche et ses grands yeux brillants, cette Shoran était certes plus engageante que la vieille peau de vache (pardonnez mon expression mais je suis surtout réaliste), cependant j’avais appris – à mes dépends – à ne pas faire confiance aux gens seulement pour leur physique ou l’image qu’ils donnaient d’eux en public. Je décidai alors que cette Shoran, la responsable de mon nouvel orphelinat, devait être une hypocrite, et qu’elle devait m’être très antipathique. Ce fut donc avec mon habituelle réserve que je choisis de ne pas répondre aux questions de bienvenue que m’adressa Shoran, puis je m’installai dans ma chambre. Une chambre pour moi tout seul, hourrah ! Oh, excusez-moi, le ton de ma voix n’était pas assez enthousiaste ? Je vais essayer de refaire ça… Voyons voir… Hum, hum. Hourra !! … Etait-ce mieux, là ? … Non ? Bon, laissons ce point de côté, je vais prendre des cours de théâtre puis je reviendrai vous faire mon cri de joie plus tard.
La première chose que je fis dans ce nouvel établissement fut une course pour la chère directrice Shoran tandis qu’elle était occupée à se lancer dans une bataille de chatouilles avec d’autres petits pensionnaires. Et dire qu’elle avait près de 30 ans ! Pouviez-vous croire ça en voyant la conduite qu’elle adoptait avec "ses" enfants !?
Quoi qu’il en soit, je trouvai Shu qu’on m’avait envoyé chercher, ou plutôt Thephys celui qu’on surnommait Shu, assis parmi un parterre de fleurs. Je pensais que les garçons (car malgré son côté fille, c’était bien un garçon) de cet âge ne s’intéressaient pas aux fleurs et préféraient jouer aux voitures (l’un des facteurs de pollution les plus nocifs pour les plantes susnommées) mais Thephys était différent des autres. Je dus m’en rendre compte tout de suite. Même si je ne pus me l’avouer que bien des années plus tard, Thephys avait pris une place à part dans ma vie dès la seconde précise où il m’avait souri ce jour-là…
Oh bon sang, voilà que je digresse ! Revenons à nos moutons.
Une fois le message de Shoran donné à Thephys, je retournai donc dans ma chambre et allongé sur le dos sur mon lit, je me mis à contempler longuement le plafond. Je trouve une certaine satisfaction étrange à contempler le plafond, surtout s’il est blanc. Le plafond de ma chambre était immaculé malgré le fait que ce fût une chambre d’enfant dans laquelle des jeux salissants de peinture et autres joyeusetés artistiques de ce type devaient avoir pris place. Bref, je passai ainsi une bonne partie de l’après-midi, à laisser mes idées vagabonder sans autre but que de les laisser me sortir de mon existence pitoyable d’orphelin dont personne ne voulait.
…Si je continue ainsi, bientôt il faudra sortir les violons, n’est-ce pas !
Ma première journée dans cet orphelinat toucha vite à sa fin car lorsque j’y étais arrivé l’après-midi était déjà bien avancé. Je ne parlai pas durant le dîner pris avec Shoran et tous les autres enfants. Je ne suis pas du genre bavard. Je ne suis pas du genre renfermé non plus, en fait. Je serais plutôt du genre économe : si c’est pour dire des choses sans intérêt, je préfère encore me taire. Etrangement, Shoran prenait son dîner en notre compagnie, nous la bande de marmots dont elle avait la garde. Je n’avais encore jamais vu ça dans mes anciens orphelinats. Peut-être appréciait-elle vraiment notre compagnie ? Oui, sûrement. Même si je ne comprenais pas quelle raison la poussait à faire ça.
Pendant les deux ans durant lesquels je restai dans cet établissement, elle ne rata que deux occasions de manger avec nous, et les deux fois, c’était parce qu’elle était malade. Je dois dire que cela, ainsi que sa patience conjuguée à son quasi-permanent enthousiasme, m’aida à reconsidérer la mauvaise impression que j’avais décidée dès le début d’avoir d’elle. Peut-être n’était-elle pas aussi antipathique que l’idée que je m’efforçais d’avoir d’elle ? Non, en vérité, elle n’était pas antipathique. Peut-être un peu agaçante à force d’être enthousiaste et compréhensive. Mais j’avais connu bien pire que ça, vous savez…
Scène 2 : Autre départ.
Il était dit que je ne pouvais pas rester tranquillement dans un orphelinat bien longtemps ! Au bout de deux ans aux côtés de Shoran et alors que je commençais à l’apprécier, voilà qu’un jour, elle nous annonça à Thephys et à moi que le Conseil nous avait choisis pour suivre son programme de formation à l’Ecole des Gardiens, cette école réputée pour former l’Elite de notre Monde. Les majuscules pour tous ces termes étaient pompeusement de rigueur, je vous l’assure ! Oh, ne vous trompez pas à mon ton ironique, cette Ecole-là était vraiment ce qui formait la crème de la crème. Vous sortiez de là et vous étiez prêt à servir de garniture à la meilleure tarte à la crème qui soit !!
… Désolé, mauvaise blague.
Plus sérieusement, notre monde servant de carrefour entre la Terre et les différents mondes-nés issus de ce monde originel, notre mission depuis la Nuit des Temps était de préserver l’Equilibre entre tous ces joyeux lurons, de maintenir l’ordre parmi les Forces qui régissaient l’Univers et accessoirement de protéger la faculté d’imagination et de rêve des Terriens afin que les mondes-nés provenant de leur rêves persistent à exister.
Avez-vous compris tout ce discours ? Je dois avouer qu’au début, j’ai eu un peu de mal à le comprendre moi aussi. Il est juste assez clair et obscure, juste assez laconique et explicatif, juste équilibré comme il faut. L’incarnation d’un oxymore à lui tout seul, et que j’ai utilisé afin de vous faire ressentir ce que nous, habitants d’Utopia, devons endurer depuis toujours et à jamais : être toujours sur le fil du rasoir, toujours en équilibre. La survie de l’Univers dépend de ça, après tout. Voilà ce que j’ai appris. Voilà ce que durant plus de huit ans, on m’assena dans le crâne à force de leçons théoriques et de travaux pratiques au sein de l’Ecole des Gardiens. Car j’ai suivi les enseignements de cette école. En fait, je n’étais pas seul : Thephys avait été choisi en même temps que moi pour intégrer cette école. Il eut d’ailleurs bien du mal à quitter Shoran, celle qu’il considérait comme sa mère, celle qui l’avait élevé depuis la mort de ses parents alors qu’il n’était qu’un nourrisson. Le jour de notre départ pour l’Ecole des Gardiens fut d’ailleurs assez émouvant, de quoi bien faire pleurer dans les chaumières si le récit avait été conté par un autre que moi. Hélas, vous devrez vous contenter de ma version des faits. J’irai donc droit au but car je déteste perdre mon temps en descriptions inutiles : Shoran pleura, les autres enfants pleurèrent, Thephys pleura en les quittant, et parmi tous ces pleurs, Shoran me demanda de prendre soin de Thephys pour elle.
Déjà que je pouvais à peine prendre soin de moi-même !
Quoi qu’il en soit et pour ne pas la faire pleurer davantage (je ne voulais pas qu’elle se desséchât à force de verser des larmes, il aurait été dommage qu’elle devienne une prune desséchée à son âge), j’acceptai sa requête. Puis Thephys et moi leur avons dit au revoir, presque à regret.
Je sais ce que vous vous dites : si ce départ nous coûtait tant, nous aurions pu refuser d’intégrer cette fameuse école. Mais décemment, pouvait-on refuser un tel honneur – surtout s’il était ainsi forcé sur nous ? Sachez bien qu’on ne refuse pas les décisions du Conseil, on se plie à ses demandes car ce sont souvent des ordres.
Et puis, pour être bien mélodramatique, je rajouterais aussi ceci : on ne refuse pas son destin.
… Hey, je vous avais bien prévenus que c’était mélodramatique, non ?!
***
A venir :
Acte II : Apprentissage, dans tous les sens du terme.
Ou comment devenir le meilleur (C’est moi ! ^__^) de l’Université des Guardians.
Note de l’auteur (Laekh) : l’acte II ne sera pas écrit à la première personne, le point de vue sera extérieur et ce sera Angie qui l’écrira. Ensuite, je reprendrai la plume… ;-p
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