La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

 

Taiketsu Kami to

 

Chapitre 1 : Genèse et origine.

 

 

-Dépêches-toi, sinon on va être en retard. Et tu sais ce qui arrivera si on est en retard !

-Pas besoin de me rappeler.

Le jeune couple se dirigea au pas de course vers l'immense bâtiment qui surplombait la ville de Kalm. Ce temple avait été construit sur la montagne qui dominait la ville, depuis maintenant une trentaine d'années. Construit en marbre, entouré d'un jardin luxuriant, orné de nombreuses colonnades et de dorures toutes plus belles les unes que les autres, le lieu de culte était évidemment à la mesure du dieu auquel il était attribué. Ils entrèrent précipitamment, et s'aperçurent avec soulagement que la cérémonie n'avait pas commencé. Heureusement pour eux. Sinon, l'Inquisition les aurait sérieusement réprimandé. Et ces gens-là n'étaient pas des enfants de chœur. Ils entonnèrent en même temps que le reste de la populace massée l'hymne à la gloire de leur seigneur.

Ô, toi, notre seigneur,

A toi tous les honneurs,

Gloire à toi, pour l'éternité,

Toi à qui nous obéissons,

Pour rester tes fidèles sujets,

Seigneur, nous t'adorons.

Le prêtre commença sa messe, louant les qualités du dieu vivant, vantant sa puissance, indiquant qu'il fallait craindre sa colère, et respecter ses décisions, et que c'est lui qui avait montré la lumière, vers laquelle tous devaient marcher. Après son sermon, tous reprirent en même temps le même nom, et le scandèrent de manière quasi-fanatique :

Sephiroth ! Sephiroth !

 

-J'espère que ce sera un garçon, dit-elle. Elle était allongée sur son lit, et ressentait les premières affres de l'accouchement. Le médecin commençait à s'affairer autour d'elle, secondé d'une infirmière. Ses cheveux roux collaient à son front à cause de la sueur. Elle ferma les yeux, cachant ainsi ses prunelles émeraudes. Son amant la regardait tendrement. Ils ne s'étaient pas mariés, parce qu'ils n'en avaient pas encore envie, mais projetaient de le faire après l'accouchement de Sara. Elle rouvrit les yeux et regarda l'homme qu'elle aimait tant. Sa carrure musclée mais peu impressionnante, ses cheveux noirs, ses yeux bleu-vert, son menton volontaire…

-Moi aussi.

Ils n'avaient pas pu se payer de radiographie, ni d'échographie, tant le prix de ces analyses était élevé. Mais comme disait Sara, "Comme ça on aura la surprise". Son travail rapportait pourtant bien. Il faisait partie de l'armée de l'Inquisition. Mais Sara était immobilisé depuis plusieurs mois, à cause d'une chute qui aurait bien pu lui faire perdre son bébé. Heureusement que les médecins avaient su faire ce qu'il fallait.

-Monsieur Gallersohn ?

Il se retourna. C'était l'infirmière.

-Excusez-moi, mais pourriez-vous sortir. Votre présence ici n'est pas indispensable, et vous pourriez nous gêner.

Il marmonna un faible "excusez-moi", et sortit. Il décida de se balader en ville, pour se changer les idées. A peine eut-il fait trois pas dehors, qu'une autre voix l'interpella.

-Max !

Cette fois-ci, il n'avait pas besoin de voir la personne pour savoir à qui appartenait cette voix. Il s'agissait de son meilleur ami. Toro Gaernik. Ils commencèrent à bavarder, et la discussion se porta naturellement vers l'accouchement de Sara.

-On m'a fichu dehors, sous prétexte que je ne servais à rien.

-Toi, mon pauvre vieux, tu stresses à mort !

-Tu veux qu'on reparles de la naissance de Garak ?

Les deux jeunes hommes éclatèrent de rire.

-Dis, ça te fais quel âge ?

-Vingt trois.

-Et moi vingt quatre. C'est quand même un bel âge pour avoir un gosse.

-Moi je trouvais ça un peu jeune…mais maintenant que j'y suis…ça me plaît bien.

-Dis, ils t'ont refait une injection ?

Il sursauta, ne s'attendant pas à cette question. Il avait remarqué.

-Ca se voit tant que ça ?

-Tes yeux se sont encore éclaircis. Sur toi c'est flagrant. Avec les yeux noirs que t'avaient avant, chaque injection les rend plus clairs, même si la couleur de base ne change plus.

-Qu'est-ce que tu veux. C'est l'apanage des soldats de l'Inquisition. on nous injecte "le liquide divin". Ca nous rend plus forts. Et pas qu'un peu. Et puis, c'est pour la gloire de notre Seigneur Dieu Sephiroth.

Des cris jaillirent alors de sa maison. Des vagissements, pour être plus précis. Sans réfléchir ni sans se concerter, ils se précipitèrent chez Max. Sara semblait épuisée, mais avait un visage rayonnant de bonheur. Elle tenait contre elle un petit truc rose tout fripé aussi bruyant qu'une sirène d'alarme. Max se pencha et regarda de plus près le petit truc rose. C'était son enfant. Son fils. De petites mèches noirs ornaient sa tête. Il regarda alors son père. Celui-ci sursauta. Son regard. Il avait les yeux gris. Comme l'acier. Personne dans sa famille ni dans celle de Sara n'avait les yeux de cette couleur. Une grand claque dans son dos le tira de ses pensées.

-Félicitations mon vieux ! Il est vachement réussi !

Les voisins vinrent évidemment voir de quoi il retournait, puisqu'ils avaient entendu des bruits qui leur faisaient penser qu'il s'étaient passé quelque chose d'important. Les félicitations ne cessaient d'arriver, les rires fusaient, tout allait pour le mieux jusqu'à ce qu'entre un personnage dans la pièce. Un personnage qu'on attendait, mais que l'on n'espérait pas pour autant. Le grand prêtre.

-Félicitation sergent Gallersohn, fit-il de sa voix chevrotante.

Il s'approcha du gamin et le regarda attentivement. Ce dernier se mit subitement à pleurer. Le vieux prêtre sourit à cette réaction.

-J'espère que vous le destinez au clergé. Ou à un métier tout proche, comme le vôtre.

-Je…je n'y ai pas encore pensé, monseigneur.

-Vous devriez. C'est important de prévoir l'avenir de ses enfants. En attendant, il doit être reconnu par le Culte.

Cela jeta un froid. Tous savaient qu'une telle reconnaissance coûtait cher. Il fallait payer pour que son enfant soit reconnu. Et ceux qui n'étaient pas reconnus n'avaient aucune chance dans la vie. Max soupira, alla chercha la somme d'argent dans un tiroir, et la tendit au prêtre, qui mima ce qui semblait être une reconnaissance humble. Mais c'était pour la forme. Le clergé n'était pas humble. Il contrôlait tout. Et il ne se gênait pas pour le montrer. Mais heureusement, se dit-il, cet argent permettrait à son fils de faire des études, ou du moins, de faire ce qu'il voudrait. Il regarda son fils au regard de clair de lune.

-Sonak…

 

-Sonak ! appela-t-il.

-Quoi ? répondit celui-ci depuis le jardin.

-Je t'avais demandé de ranger ta chambre. Tu l'as pas fait. C'est un véritable champs de bataille là-dedans !

-Ton paternel a pas l'air joyeux, joyeux, émit Garak.

-Va falloir que j'y aille, sinon, ça va être pire qu'une exécution, pour moi.

-Ok.

Les deux gamins se séparèrent. Ils avaient fait leur premiers pas ensemble, et ne se quittaient jamais. Ils étaient comme le jour et la nuit. Garak, tout fou, avec une tignasse blonde comme un soleil, les yeux bleus d'océan de sa mère, très musclé pour ses sept ans, était une vraie tête brûlée. Sonak, lui, était beaucoup plus réfléchi. Il était aussi intelligent que son ami était fort. C'était tout de même un garçon qui ne payait pas de mine, à première vue. Grand, mais fluet, les yeux souvent dans le vague, son père espérait pour lui un poste dans l'école toute neuve qui venait d'ouvrir ses portes dans la ville, tout d'abord comme élève, mais surtout, plus tard, en tant qu'enseignant.

Quand il ouvrit la porte de sa chambre, il comprit la colère de son père. C'était vraiment le bazar. Il entreprit de mettre un peu d'ordre. Une heure plus tard, il contemplait le résultat. Ce n'était pas mal du tout. Il y avait encore du rangement possible, mais c'était déjà bien. C'est ce moment que choisit son père pour venir le voir. Il s'assit sur le bord de son lit, et regarda bizarrement son fils. Celui-ci le regarda à son tour, curieux. Son père soupira, et dit :

-Tu sais, dans une semaine, les premiers élèves pourront aller à l'école.

-Ah…

-Je me demandais…est-ce que tu voudrais aller à l'école ?

-Je veux apprendre des choses, répondit-il simplement.

-Tu veux qu'on t'inscrive ?

Il hocha de la tête. Son père était perplexe. Il ne savait jamais comment interpréter les réactions de son enfant. En fait, pour être précis, il n'en avait pour ainsi dire, jamais. Il ne faisait jamais preuve ni de colère, ni…de joie. Rien. Enfin, il devait bien les ressentir, mais jamais il ne les montrait. Et cela, depuis sa plus tendre enfance.

-Ca te fait vraiment plaisir ?

-Oui.

Il le fixa de ses prunelles grises. Il n'avait pas répondu cela pour lui faire plaisir. Il en était maintenant sûr. Il avait réellement envie d'aller à l'école.

-Bon. C'est bien, ta chambre est rangée. Tu viens, maman a fait un gâteau.

Il eut un faible sourire, mais ne dis rien. Il descendit l'escalier de bois, et s'assit à la table. Sa mère lui sourit.

-Si tu veux, tu peux dire à Garak de venir manger du gâteau avec nous.

-C'est gentil.

Pendant qu'il allait chercher son ami, Max regarda sa femme (ils s'étaient mariés deux ans après la naissance de Sonak). Elle semblait fatiguée. Et il savait pourquoi. Elle s'inquiétait que son fils ne manifeste pas plus ses émotions. Celui-ci revint, et fit signe à son copain de s'asseoir.

-Merci de m'avoir invité, madame.

-Mais de rien, allez, mangez.

Quand ils eurent fini leur goûter, les deux jeunes garçons sortirent pour jouer dans la rue.

-Garak ?

-Mmh ?

-Viens.

Il se mit à courir en direction de la montagne. Ils avaient toujours eut envie de monter pour voir ce qu'il y avait derrière. Mais les adultes leur avaient formellement interdit. L'ascension ne fut pas difficile. La pente était douce, et un chemin correct menait au sommet. Une fois en haut, ils virent. Un lac immense. Non, pas un lac. Une mer intérieure. Mais ce n'était pas de l'eau. C'était vert, tirant vers le bleu. La même couleur que les yeux de son père. Et en ce qui semblait être le centre (ils n'arrivaient pas à voir l'autre rive), il y avait une sorte de dôme de cristal, immense.

-Quand je serais grand, j'irai là-bas, pour voir ce qu'il y a, jura le jeune garçon.

-Ca risquera d'être dangereux. Je viendrais avec toi, promis à son tour son ami.

Il décidèrent de rentrer, quand un monstre bizarre les attaqua. Ils ne savaient pas qu'il y avait des monstres si près de la ville. Et ils n'étaient pas armés. D'ailleurs, pourquoi l'auraient-ils été ? Ce n'était que des enfants. Il regardèrent avec effroi la bête s'avancer. C'était une sorte de loup énorme, avec deux yeux flamboyants de la même couleur que le liquide qui constituait la mer de derrière la montagne. Garak était terrorisé. Mais Sonak, lui, se demandait pourquoi la bête n'attaquait pas. Mû comme par une sorte d'intuition, il s'approcha. Le loup ne bougea pas. Il lui caressa la tête, ce qui sembla plaire au monstre.

"Je suis à ton service".

Il releva la tête. Qui avait parlé ?

-T'as dis quelque chose, Garak ?

-Hein ? Non. Mais qu'est-ce que tu fous ? Il va te manger !

-C'est toi qui m'a parlé, demanda-t-il à l'animal.

"Tu es mon maître".

-Viens, il ne nous fera pas de mal.

Le jeune garçon n'était toujours pas rassuré. Son ami avait un comportement bizarre. Jamais, lui, il ne lui serait venu à l'esprit d'aller caresser ce loup. Mais non, il le considérait presque comme un animal domestique normal…Hallucinant !

-Je m'appelle Sonak. As-tu un nom ?

"Non. Mais donnes-m'en un."

-Sabaku. C'est le nom de mon personnage préféré dans une série.

"Tel est maintenant mon nom. Sabaku."

-Sonak ! Tu viens ? Faut qu'on rentre.

-J'arrive.

Alors qu'ils descendaient la pente de la montagne, Garak prit la parole.

-Je peux savoir pourquoi tu parlais tout seul ?

-Je parlais à Sabaku.

-A qui ?

-Sabaku. Le loup.

-C'est ça, oui !

-J'arrive à lui parler.

Il n'avait même pas haussé la voix. Mais il y a avait tellement de conviction, que son ami fut obligé de se rendre à l'évidence, il ne mentait pas. D'ailleurs, il ne mentait jamais.

-Pas un mot de tout ça à mes parents, d'accord ?

-Si tu veux. De toute manière, si je leur dit quoi que ce soit, il faudrait leur expliquer ce qu'on faisait là-bas. Je préférerais pas qu'ils sachent qu'on est monté là-haut. Et puis…qui nous croirait ?

Il y eut un court silence, puis Sonak reprit.

-Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?

-Hein ?

-Comme métier.

-Pourquoi tu me demandes ça ?

-Pour rien. Alors ?

-Je…j'en sais rien. Peut-être…comme je suis costaud, peut-être qu'ils voudront de moi dans l'armée de l'Inquisition.

-Et c'est tout ce que tu as comme motivation. Parce que tu es costaud ?

-Ben…oui, il en faut d'autres ?

-Moi aussi je veux entrer dans l'armée de l'Inquisition.

-Toi ? Mais ils te prendront jamais ! T'es pas assez fort !

-Laisse-moi finir. Je veux entrer dans l'armée, parce que je veux pouvoir me défendre seul, et pouvoir défendre des gens ! Je veux être fort ! On t'as déjà raconté l'histoire du Général Sephiroth ?

-Se…comme le Seigneur Dieu vivant ?

-Oui. Avant, il était humain. Il faisait partie de l'armée. Il était le meilleur guerrier du monde. Il était invincible. Et puis il a décidé de devenir un dieu, et il l'est devenu. Voilà.

-Et alors ?

-Je veux devenir comme lui, un guerrier invincible.

 

Dans un autre lieu, La même scène se jouait, avec le mêmes personnages. Mais ce n'était qu'une retransmission. Une image se reflétait sur la surface de la rivière de la vie, lisse comme un miroir. On pouvait même entendre la voix du jeune garçon proférer ces paroles présomptueuses. Et il y avait quelqu'un pour les entendre. Il les écoutait même attentivement. Et il était amusé. Le destin de ce jeune garçon l'intéressait au plus au point. Cela lui rappelait des paroles qu'il avait lui même prononcé. Mais les motivations n'étaient pas les mêmes, contrairement au but. Lui, il avait voulu devenir le plus grand guerrier du monde pour se venger. Et il l'avait eu sa vengeance. Et il était aussi devenu le plus grand guerrier du monde. Celui que ce jeune ambitieux invoquait sans honte. Sephiroth. Il se mit à rire.

 

Le temps avait passé. Personne n'avait entendu parlé de l'aventure des deux garçons. Ils avaient maintenant quatorze ans. L'école qui les accueillait allait bientôt leur proposer des diplômes à passer. Mais eux, ce qu'ils voulaient, c'était entrer dans l'armée de l'Inquisition. Leur rêve n'avait pas changé. Sonak avait tout fait pour développer sa masse musculaire. Le résultat n'était pratiquement pas visible. Mais même s'il était toujours aussi fluet, sa force n'avait cessé d'augmenter. Il lui semblait même qu'il gagnait en force, indépendamment de ses exercices d'haltérophilie. Son école proposait un club de combat. Ce n'était pas une matière (qui serait assez fou pour instaurer une pareille matière ? ), mais juste une activité extrascolaire, même si celle-ci avait lieu dans l'enceinte de l'école, en présence de professeur de l'école. Mais il ne fallait pas chercher à comprendre. L'administration est ce qu'elle est. Garak aussi était inscrit à cet entraînement. Et ils étaient tous les deux parmi les meilleurs. Les seuls capables de rivaliser étaient Kaila et Santor. Kaila était une jeune fille surprenante. C'était le genre de fille, belle, mais discrète. Elle était timide, sauf lors d'un combat. Là, elle se métamorphosait. Elle ne semblait être elle-même que lors des combats. Pourtant, rien dans son physique n'annonçait son penchant pour la violence. Elle n'était pas très grande et très fine. Mais ce qui étonnait le plus, sûrement, c'était sa maladie. Elle était albinos. Elle avait donc les cheveux blancs, et les yeux rouges. Mais cela lui ajoutait un charme particulier.

Santor, lui, était plutôt le genre sûr de lui, arrogant, méprisant. Il portait les cheveux assez long, pour un garçon, et les retenait au dessus des yeux par un bandana. Ses prunelles noirs avaient toujours cet éclat…ironique. Comme son sourire. Mais il était excellent. Il pratiquait les arts martiaux. Dans le groupe, c'était le seul. Mais il avait largement les capacités de battre un adversaire de bon niveau, armé. Il avait inventé sa propre technique. Son agilité et sa force lui permettait de faire des sauts, et de donner plusieurs coups de pieds en même temps. Lui et Sonak ne pouvaient pas se voir. Ils se haïssaient tellement, que les professeurs leur avaient interdit de se battre ensemble. Il y aurait forcément eu un blessé. Voire pire.

A bien y regardé, tous avaient leur originalité. Sonak, lui, utilisait un katana. Il disait que c'était pour ressembler plus à son héros, le Général Sephiroth. Mais cela, seul Garak le savait. Il avait eu l'intelligence de ne pas parler des origines du Dieu vivant aux autres. Cette histoire n'aurait peut-être pas été convenablement interprété par tout le monde. Garak préférait une arme d'une autre genre, une épée. Là où le sabre est une arme fine, coupante, lui utilisait une épée à lame énorme qui avait plus tendance à écraser son adversaire. Kaila, enfin, utilisait une arme en symbiose avec son corps. Elle utilisait les arts martiaux en même temps qu'une arme peu répandue, qui ne porte pas de nom particulier, à part peut-être bâton double lame. C'est une sorte de bâton (d'où son nom) d'un mètre vingt, terminé en ses deux extrémités par une lame de trente centimètres, coupantes comme des rasoirs. Lorsqu'ils se battaient, bien entendu, ils utilisaient des répliques en bois. Mais ils possédaient tous un original, en acier, bois, etc…

 

-Sonak, maintient ta garde ! hurla le moniteur.

-Je ne crois pas que ce soit nécessaire.

Il avait volontairement abaissé sa garde, pour enchaîner avec un coup dans les jambes qui déstabilisa son adversaire. Son professeur se releva, surpris.

-Je ne m'attendais pas à ça. Bien vu.

Sans attendre d'avantage, il se rua sur son jeune opposant, et voulut lui planter son bâton au niveau du plexus. Mais au moment où il aurait dû rencontrer de la chair, il n'y avait que du vide. Il sentit à la base de sa gorge le contact du sabre de bois.

-J'ai gagné, émit-il, d'un ton absolument neutre.

-Bravo.

Le professeur était quand même mécontent. Même si ces jeunes étaient formidablement doués pour certains, il n'aimait pas se faire battre. Il se reprit.

-Bon, trouvez-vous un partenaire, et vous combattrez cinq minutes.

-Quoi ? Tant que ça ? s'étonna un garçon. Mais on va se crever !

-Toi peut-être. Mais si t'as peur de te fatiguer, il fallait pas venir ici, il aurait fallu que tu restes chez toi, à dormir et à sucer ton pouce, fit Santor.

Avant que la dispute ne s'envenime encore, le professeur les sépara. Sonak n'était pas avec Garak, pour une fois. Il se retrouva avec Kaila. Ils connaissaient leurs niveaux respectifs, et essayaient de ne pas se mettre avec des adversaires trop forts pour eux, ni trop faciles. En l'occurrence, les quatre meilleurs ne se battaient qu'ensemble, où avec des adultes. Mais ils étaient presque capables de mettre mal deux adversaires normaux en même temps. Le coup de sifflet retentit. Les coups fusèrent. Les parades bloquaient, les contres s'enchaînaient. D'une passe adroite, la jeune fille réussit la botte que son professeur avait loupé, à savoir un coup d'estoc dans le plexus. Le souffle coupé, Sonak ne put éviter un coup de pied à la tête. Mais il se reprit, bloqua un coup de son arme qui visait sa tête, remonta sa lame de bois et l'abattit sur l'épaule gauche, très près du cou. Les cinq minutes passées, ils étaient incroyablement essoufflés. Mais ils étaient heureux d'avoir pu faire un beau combat. Kaila lui sourit. Mais c'était bien sûr un sourire très timide.

-Bon, les enfants, ça suffit pour aujourd'hui. On se voit demain.

Ils sortirent, et se dirigèrent vers les vestiaires. La journée avait été fatigante, et il avait pu se décharger de toutes ses contrariétés à travers le combat. Entre sa professeur de mathématique qui ne le supportait pas, le professeur de littérature qui notait comme un sadique, la professeur de théologie qui avait, elle, carrément flashé sur lui, il en avait marre. Mais il savait que personne ne s'en apercevrait. Entre la plupart qui n'avait rien à faire de l'éternel taciturne, ceux qui n'arrivaient pas à le comprendre et ceux qui ne s'occupent que de leurs propres états d'âme, il n'y avait aucune chance que quiconque se soit aperçu de quoi que ce soit. Il sentit une présence derrière lui. C'était Garak, qui le dominait de toute sa hauteur.

-Toi, t'as un problème ! Ca se voit comme le nez au milieu de la figure !

Bon, finalement, il y en avait un qui arrivait à le décrypter.

-C'est rien. J'en ai juste marre de ces profs gonflants au possible.

-C'est vraiment tout ?

Il choisit de ne même pas répondre. Comme souvent d'ailleurs. Dès qu'il pouvait s'abstenir de répondre à une question, il en profitait. Son ami s'assit à côté de lui. Ils ne dirent rien pendant quelques temps, se contentant de se changer. Au bout d'un moment, il reprit.

-Ca te dirais d'aller voir Sabaku ?

Son ami avait pris goût à ces visites.

-Va pour une visite à notre ami le loulou.

Ils avaient appris que ce n'était pas n'importe quel animal. Parmi les siens, il était un chef de meute respecté. Et il commandait à un clan d'une trentaine de loups. Grâce à ses connaissances en biologie (bien que cela ne l'intéresse pas plus que le reste de ses études, il était extrêmement brillant), Sonak avait cru comprendre que les caractéristiques peu communes de son ami animal, à savoir son corps plus gros que la normale, ses yeux d'une couleur différente, etc étaient dues à une altération de son ADN, très certainement lorsqu'il n'était qu'un embryon. Parce que, pour un loup de Kalm, il était beaucoup trop gros. La thèse de la mutation était la seule possible. Et le fait que de pareilles bêtes n'apparaissent que depuis une quarantaine d'années lui faisait penser que c'était à cause de l'Avènement du Seigneur Dieu Sephiroth. Les dates coïncidaient. Etait-il le premier à s'en rendre compte ? Très probablement. Personne n'y faisait attention.

Quand ils arrivèrent en haut de la montagne, ils virent une bande de quatre petits louveteaux jouer ensemble sous le regard attentif de leur mère. Ils ne les avaient encore jamais vu. Ils devaient être nés très récemment.

"Bonjour à vous, amis humains." Fit une voix que seul Sonak put entendre.

-Bonjour à toi, Sabaku.

-Salut, Sab !

Comme d'habitude, Garak, après avoir salué le fauve, parcourait le "campement" de la meute, pansant les animaux blessés, faisant ce qu'il pouvait. Il avait été rapidement accepté, au même titre que son ami. Pendant ce temps, l'animal discutait avec le jeune homme.

"Tu devient fort, depuis un certain temps."

-Je m'entraîne.

"Parmi les tiens, tu serais un chef de meute de choix."

-Ca ne m'intéresse pas, répondit-il tranquillement.

"C'est une de vos particularité, à vous, les humains. La plupart cherchent le pouvoir, mais les seul le méritant ne le veulent pas."

-Tu connais bien notre culture.

"Tu m'as bien appris."

Tout à coup, le loup releva la tête, et renifla l'air autour de lui.

"Des humains arrivent. Pas beaucoup. Deux, peut-être trois. Et ils sont hostiles. Ca se sent très fort. Trop fort, même. Ce n'est pas normal."

Sonak hocha de la tête, et se dirigea vers un affleurement rocheux qui surplombait le chemin. Trois guerrier en armes gravissaient la pente. Ils cherchaient quelqu'un, c'était sûr. Et il était persuadé que c'était lui. Lorsqu'ils passèrent juste en dessous de lui, il put les voir plus en détail. Il n'en connaissait aucun, et ne les avait jamais vu. Ce qui étonnait, c'était un air semblable. Un air absent. Heureusement qu'ils avaient pris l'habitude d'emmener leurs armes avec eux. Garak le rejoint, le plus silencieusement possible. Il observa sans rien dire, mais il était nerveux. S'ils en avaient réellement après eux, le combat serait difficile. Par chance, ils avaient la surprise de leur côté. Les soldats ne devaient pas s'attendre à une résistance quelconque. Dès qu'ils les virent, les soldats se ruèrent sur eux. Ils parèrent leurs premiers coups. Très vite, Sonak perça la garde de son adversaire et lui asséna un grand coup de sabre à la base de la nuque. La colonne vertébrale craqua de manière sinistre, et le guerrier s'effondra. Il se baissa, récupéra son épée, et la lança à Garak. Le combat était plus équilibré. Il se contenterait de son sabre en bois. Il n'avait pas envie d'utiliser d'arme en acier, d'autant que celle qu'il avait sous la main ne lui plaisait pas. Son ami venait de broyer la cage thoracique de son opposant. Il n'en restait qu'un seul. Garak engagea le combat, et lui écrasa les rotules. Il s'effondra par terre.

-Arrête, le tue pas. On pourrait savoir ce qu'ils nous voulaient, proposa Sonak.

-Mouais.

Il allait commencer à l'interroger quand les muscles du cou de son prisonnier se contractèrent. Sa tête formait un angle ahurissant avec son torse. Et les cervicales craquèrent. Ils regardèrent le corps du troisième soldat, mort d'une manière qui dépassait l'entendement. Il était mort, comme ça, comme si une main invisible lui avait prit la tête et lui avait tordu.

-Bon, ben on fait quoi ?

-On va les balancer dans le Lac, répondit le jeune homme. Son regard acier semblait aussi froid que le métal. Aucune émotion. Rien.

Ils traînèrent les corps jusqu'à la falaise et les laissèrent tomber dans le liquide bleu vert.

"Vous êtes réellement dignes d'être de grands chefs parmi les vôtres. Dommage que vous n'en ayez pas envie. Je plains votre peuple de perdre d'aussi bon mâles dominants."

Sonak fit la traduction pour son ami, et répondit.

-Je pense qu'ils ne méritent pas de nous avoir. Je ne sais pas si nous serions de si bons dirigeants que ça, mais en tout cas, ils ne nous méritent pas.

-Tu es dur, Sonak. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

-Je ne suis pas dur. Je suis réaliste.

 

 

Notes de l'auteur

Hello tout le monde ! Il semblerait que je me sois remis à écrire. Et oui, il persiste et signe.

Le titre signifie "Confrontation avec un dieu". Tout un programme.

Donc, je fais un résumé pour ceux qui ont pas suivi. Lors du combat de fin de FF7, Avalanche a perdu. Sephiroth se retrouve donc avec des pouvoirs divins. Il a donc germé dans son petit cerveau de dieu qu'un culte serait une bonne idée. D'une part. Autre point à développer, tout le monde se dit : "Mais il n'y a pas de montagne à Kalm ! ". Je vous rappelle donc que le météore s'est lamentablement écrasé sur Midgar, et qu'un météore, à défaut d'autre chose, ça fait des trous appelés cratères. Et pour ceux qui connaissent un tant soit peu d'astronomie, un cratère se caractérise par la formation sur sa périphérie d'une excroissance rocheuse, que l'on peut qualifier pour les gros cratères de montagnes. Voilà. Bon, pour l'espèce de lac immense, vous avez tous j'espère reconnu la Rivière de la Vie. Quant à cette histoire de mutations, il semblerait que le makô, autrement appelé Rivière de la Vie, a des effets un peu bizarre sur les gens. Cf la scène dans les souvenirs de Clad, dans le réacteur de Nibelheim.

Quant à la question, pourquoi que l'autre il peut parler aux animaux, et bien je n'y répondrais pas pour l'instant. Vous le saurez bientôt.

A+

Nephret

 

 

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