La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

 

Taiketsu Kami to

 

Chapitre 2 : Qui est-elle ?

 

 

-Tes sentiments changeront avec le temps, fit une voix derrière moi.

Je me retournais pour voir une jeune fille, qui me souriait. Je n'eus même pas le temps de m'interroger sur ce qu'elle faisait là, qui elle était, et pourquoi elle avait dit cela qu'elle avait disparu. Je tournais la tête pour regarder mes amis, et vis qu'ils étaient aussi perdus que moi. Donc, ce n'était pas une illusion. Je me repassai mentalement les quelques secondes de cette fugace apparition, cherchant le moindre détail qui me renseignerait sur cette jeune fille. Ses vêtements. Elle était toute de vert vêtue. On aurait dit une tenue de voyage. Elle devait être étrangère. Je n'avais jamais vu de vêtements de ce style. Son visage. Un mince ruban d'argent gravé ceignait son front. Elle avait les cheveux auburn lui arrivant à mi-dos, les yeux comme deux émeraudes, un nez fin, des lèvres minces, mais d'un rouge vif, qui aurait été provoquant chez n'importe qui d'autre. Jolie. Fine, bien proportionnée, avec un corps flattant l'œil. Il y avait cependant un détail qui m'échappait, j'en étais sûr. Mais je n'arrivais pas à savoir quoi. Et cela m'énervait. Je n'ai jamais supporté l'échec, surtout s'il venait de moi.

-Je sais pas qui c'était, mais elle était vachement bien foutue, fit Garak de sa grosse voix.

Quel âge pouvait-elle avoir ? J'aurais dis entre dix-huit et vingt ans.

-Qu'est-ce que t'en penses ?

C'est à ce moment que je réalisais qu'il s'adressait à moi.

-Je ne suis pas intéressé.

Je jetais un coup d'œil au soleil, qui commençait à se teindre de pourpre.

-Il serait temps de redescendre. On va se demander ce qu'on fait.

Je saluais mon ami canin, et descendait la piste qui conduisait au village. Lorsque nous arrivâmes, ma mère était sur le pas de la porte, et visiblement s'inquiétait de ne pas me voir revenir. Lorsqu'elle me vit, elle fut soulagée. Je lui dis bonjour, et rentrai chez moi. Je montai dans ma chambre, au premier étage, pris une chaise, et l'installai devant la fenêtre. Je m'assis et regardai le coucher de soleil, comme je le faisais chaque jour. Pourquoi ? Et pourquoi pas ? Avec le temps, c'était devenu presque un besoin pour moi. Je posais mon menton sur le rebord de la fenêtre. J'avais mal à la tête. C'était comme si une tempête soufflait dans mon crâne. Non, pas une tempête. Un cyclone. Je pouvais me représenter sa rotation. Il m'emmenait, me faisait décoller…

-Qu'est-ce que tu fais ! Ferme cette fenêtre, tu vas prendre froid !

Ma mère…Mon mal de crâne, qui tendait à disparaître réapparut d'un coup.

-Ca va pas, mon chéri ?

-Si, ça va très bien, répondis-je. Pas la peine de t'inquiéter pour moi, je suis jamais malade.

-Tu es tout pâle, pourtant. Viens voir.

A contrecœur, j'approchais. Elle posa sa main sur mon front. Je la vis froncer les sourcils. Sa main était froide, et me fit frissonner.

-Tu es brûlant. Allonge-toi !

-Je vais bien.

Pourtant, c'était vrai que je me sentais un peu bizarre. La pièce commençait à tourner autour de moi. Des flashes lumineux apparurent dans mon champ de vision. Je n'eus même pas le temps de rejoindre mon lit que je m'effondrais par terre.

 

Je me réveillais en pleine nuit, grelottant de froid. Ma mère dormait sur la chaise que j'avais approché de la fenêtre en fin d'après midi, mais qu'elle avait installé à côté de mon lit. Elle avait le sommeil un peu agité, mais ce n'était rien. Elle rêvait, probablement. Je pensais qu'il était étrange que je sois malade. Lorsque j'avais dis que je n'étais jamais malade, ce n'était pas un effet de style. C'était bien la première fois que je tombais malade. Tout en continuant à réfléchir, j'essayais de m'endormir, et n'y arrivai qu'une heure plus tard.

Le lendemain matin, j'étais encore tremblant de fièvre. Je regardai à travers la fenêtre et m'aperçus que le soleil étais déjà haut. Ma mère n'était plus à mes côtés. J'essayai de me lever. Visiblement, elle m'avait déshabillé, puisque je n'étais qu'en caleçon. Je m'aidai du montant de mon lit, puis de mon bureau, pour atteindre la porte. Je pris un peignoir qui pendait au portemanteau, l'enfilai, puis ouvrit la porte, en serrant le vêtement contre moi. Les descente des escalier fut laborieuse. Par deux fois, je m'arrêtais pour réprimer une vague de frissons. Quand elle me vit, ma mère se précipita vers moi, en me demandant comment j'allais, pourquoi je m'étais levé, si je voulais quelque chose, etc. J'avoue que son empressement m'a un peu énervé sur le coup, mais j'étais trop faible. Finalement, elle me prépara une boisson chaude qui me réconforta. Le médecin arriva lorsque je terminais mon breuvage. Il me somma de m'allonger et m'ausculta des pieds à la tête. Visiblement, il ne devait pas savoir ce que j'avais, puisqu'il faisait des tests de plus en plus poussés et allant dans tous les sens. De plus, il semblait soucieux. Pour ne pas avouer son incompétence, il me prescrit quelques plantes, puis s'en alla. J'ai toujours été d'une très bonne constitution, mais cette maladie n'était pas banale. Surtout lorsqu'on sait que vingt minutes plus tard j'étais dans une forme olympique. Cependant, ma mère refusa que j'aille à l'école alors que le matin même j'étais encore fiévreux. Je me résignai donc et en profitai pour aller chercher un livre à la bibliothèque. Le bibliothécaire étant un ami de mon père, j'avais accès à tous les livres que je voulais, même ceux qui d'ordinaire n'étaient pas disponibles au public. C'est ainsi que je découvris un ouvrage que je dévorai dans la journée. Cela ressemblait à un compte-rendu scientifique assez ancien -je dirai environ cinquante ans. Mais ce qui était le plus fascinant, c'était le thème traité. Les matérias. Elles étaient devenues légendaires. Mais elles étaient plus qu'interdites. Elles représentaient le mal absolu. Le Clergé les avaient formellement interdites. Ils avaient confisqués toutes celles qu'ils avaient pu trouvé. Ils devaient les garder quelque part. Donc, ce livre m'apprit beaucoup de choses, et je sais que si cela venait à s'ébruiter, je serais très sévèrement puni. Et cela pouvait aller jusqu'à l'exécution. Mais j'ai su tenir ma langue…

 

Cela fait cinq ans que je cherche toute la documentation possible sur ces petites billes de verre. Depuis cet après-midi où j'ai découvert ce livre, je ne cesse de m'y intéresser. Depuis, je suis rentré dans l'armée de l'Inquisition, et Garak m'y a suivi. Ce qui est assez amusant, c'est de voir que la plupart de ceux qui étaient avec moi au club de combat, à l'époque, ont au moins passé le concourt. Et bien sûr Kaila et Santor avaient été aussi retenus. Elle, elle restait avec Garak et moi, mais lui préférait être seul. Et je dois avouer que cela me convient très bien. Nous n'avions pas eu de mission d'envergure, tellement elles étaient rares, mais nos états de services étaient à tous excellents. Si bien qu'ils nous donnèrent une occasion de prouver notre valeur lors d'une opération qui eut des conséquences…particulières. A sa plus grande colère, Santor n'avait pas été désigné pour cette mission. Il n'y avait que Garak, Kaila, un officier, deux fantassins et moi. Nous portions tous les trois le même grade de caporal. Et à notre âge, c'était loin d'être ridicule. Cette mission consistait à tuer le Zolom. Les marais s'étaient étendus suite à la perturbation du climat due au Grand Cataclysme (le météore, si vous préférez), et la bête devenait de plus en plus agressive. Après plusieurs jours de marche, nous arrivâmes en vue des marais. Au loin, on voyait l'ancienne ferme des chocobos, en ruine. A peine étions-nous entré qu'une nuée de moustiques nous assaillit. Heureusement, nous avions prévu des insecticides, mais nous eûmes droit quand même à notre lot de piqûres. Le soir tombait, et nous plantâmes les tentes. Un tour de garde fut instauré. Il fut bien inutile, au final. Le lendemain matin, nous nous réveillâmes, tous assez fatigués par la mauvaise nuit que nous venions de passer. Après un petit déjeuner infâme, nous nous mîmes en route. Nous n'avions pas fait un kilomètre que nous trouvions ce que nous cherchions. En fait, c'est lui qui nous avait trouvé, et il devait se dire que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas dégusté de chair humaine. Avant même que nous ayons le temps de faire un mouvement, notre officier gisait par terre, sa tête roulant à quelques distances de son corps. Je me précipitai vers la bête, en dégainant mon sabre au plus vite. Je savais que mes amis n'étaient pas loin. Je jaugeai mon adversaire en courant. Une peau résistante, plus fine sur le ventre. Une tête renforcée d'écailles. De petits yeux difficilement atteignables. Le combat serait difficile, mais pas impossible. En mettant toute ma force, je lui infligeai un coup de taille à l'endroit où la peau me paraissait la plus fine. Je parvins à lui faire une belle entaille, mais fus obligé à me dégager pour ne pas me recevoir un coup de queue. Je dois dire que si la technique de combat de Kaila est efficace contre des monstres de taille normale et contre les humains, contre cet bestiole, elle devenait à peu près aussi efficace que contre un montagne. Elle s'en rendit compte, et sortit de son sac une arbalète déjà chargée. Elle visa la gorge, et l'atteignit du premier coup. Mais ce ne fut pas suffisant. Par contre, Garak, lui, ne dévia pas de son habitude et balança de grands coups presque au hasard. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Il sait exactement où il cogne, et maîtrise parfaitement le poids de son arme. Sa force s'était encore accrue depuis notre adolescence. Mais les injections qu'on nous faisait n'y étaient certainement pas pour rien. C'est en tout cas en grande partie grâce à lui si nous avons réussi à tuer le Zolom. Au bout d'un moment, il réussit à faire une grande entaille dans son ventre et à s'y introduire. Il a donc achevé le monstre de l'intérieur. C'était dangereux, mais le risque était calculé. Le monstre achevé, nous n'avions plus d'autre envie que de nous reposer. Après un repos bien mérité où nous avions négligé la moindre prudence, nous étions à même de réfléchir posément, et de reprendre la route. Il fallait nommer un nouveau chef d'escadron, et le choix se porta sur moi. Ce n'était pas pour me plaire, mais cela avait tout de même quelques avantages. A la surprise générale, je ne donnai pas l'ordre de retour. J'ordonnai de se diriger vers la montagne, pour vérifier s'il n'y a avait pas d'autre Zolom. Mais c'était un prétexte. En fait, je voulais voir la fin du monde. A l'époque, tout le monde croyait que le monde était délimité par la montagne bordant la prairie. Maintenant que je sais, je peux expliquer certaines choses. Lors du Grand Cataclysme, il y a un peu moins de cinquante ans nous avons perdu certaines connaissances, notamment dans le domaine scientifique. Ce qui faisait que nous avions un savoir assez lacunaire. Les rares fois où quelqu'un trouvait un ouvrage datant d'avant le Cataclysme, on apprenait de nouvelles choses. Néanmoins, il y a d'autres choses qui ne furent pas perdues, mais bien cachées au peuple. Ce qui a fait que tous croyaient que le monde avait un bord, et qu'il correspondait à la montagne dont je parlais. Et tous étaient aussi convaincu qu'au delà de la mer, il n'y avait rien. Mais je n'ai jamais élucidé pourquoi les prêtres -qui eux savaient la vérité- ont toujours caché ça. Toujours était-il que je croyais fermement à ce que le Clergé nous avait enseigné. Nous traversâmes le marais. Tout était calme. Quelques insectes voletaient par-ci, par-là, mais rien de sérieux. Tout en nous donnant des claques pour tuer les moustiques, nous progressions rapidement. Nous trouvâmes assez rapidement ce que je croyais être l'antre du Zolom. Nous fûmes tous très surpris de découvrir une grotte qui s'enfonçait profondément dans la montagne. De plus, elle n'aurait en aucun cas pu servir de nid au Zolom. Vu les gouffres et les stalagmites qu'il y avait, l'endroit était très dangereux pour un animal de cette taille. Curieux, je m'enfonçai dans la grotte.

-Caporal, vous ne devriez pas vous aventurer là-dedans… émit un des deux fantassins, d'une petite voix.

-Je ne vous retiens pas. Vous et votre ami pouvez rentrer à la base. Nous vous suivrons d'une demi-journée je pense.

Cela les étonna, mais étant leur supérieur (même à titre provisoire), ils devaient m'obéir. Je comptais juste explorer cette grotte. Mes deux amis ne me posèrent pas de question, sachant bien que je ne répondrais probablement pas, et se contentèrent de me suivre. Nous suivions le seul chemin praticable, quand nous tombâmes sur un monstre volant qui nous cherchait des noises. Mais il ne fut pas un adversaire à ma taille. En moins d'une minute sa moitié gauche et sa moitié droite était séparées de deux bons mètres. Je sortis mon chiffon, nettoyais ma lame, puis rengainai. Après environ deux heures de marche, et quelques bestioles négligeables, nous étions en vue de la sortie. Mais la franchir se révéla moins pratique que prévu. Un énorme couguar entra et apportait un quartier de viande assez conséquent à sa progéniture qui piaillait quelques mètres plus loin. Je ne voyais qu'une seule solution pour passer. Essayer de l'éviter tenait de la débilité mentale, les sens de cet animal étant plus qu'aiguisés par l'habitude de la chasse. Il fallait donc le tuer, et tant qu'à faire, autant profiter de l'effet de surprise. Après avoir fait signe à mes co-équipiers, je sautai, le sabre au clair, et l'abattit violemment sur le fauve. Celui-ci réussit à esquiver partiellement mon attaque. Au lieu de le couper en deux, mon attaque ne lui fit qu'une belle entaille au flanc. Je le vis s'énerver. J'avais accaparé toute son attention. Ce fut sa dernière erreur. Garak suivit la même tactique que moi, mais avec un peu plus de succès. En voyant la scène, je pensais avec amusement que si je le voulais, j'avais un sujet de choix pour une thèse sur l'anatomie interne du couguar sauvage. Kaila réprima un haut-le-cœur. Elle était toujours en haut de la corniche. Elle descendit de manière un peu plus civilisée que nous, en s'accrochant aux pierres qui saillaient un peu partout, offrant ainsi de très bonnes prises aux éventuels amateurs d'escalade. Lorsqu'elle arriva en bas, elle épousseta son uniforme, remis une mèche de cheveux rebelle en place, et me regarda. Il me semblait qu'elle allait dire quelque chose, mais ses yeux s'agrandirent de surprise. Elle regardait quelque chose derrière moi. Je me retournai vivement, le sabre toujours à la main. Mais je me détendis. Il n'y avait visiblement aucun danger, même si je ne savais toujours pas comment interpréter ce phénomène. La superbe jeune fille que j'avais aperçu le jour où j'avais tué les soldats était là. Son âge n'avait pas bougé. Elle était toujours habillé pareil. Elle me regardait avec un air étrange. Je pris la parole le premier, même si intérieurement je me réprimandai de faire si peu cas de la courtoisie la plus élémentaire.

-Qui es-tu ?

-Ton guide. A toi, et à tes amis. Mais il n'est pas encore temps. Pas tout à fait. Mais bientôt, je serais là. Et j'aurai les réponses à toutes tes questions.

-Et où dois-tu me guider ?

-Vers ton destin, répondit-elle avec un petit sourire. Elle avait perdu son attitude grave, pour me regarder avec un air mutin. Elle avait l'air d'avoir rajeuni. On aurait dit une adolescente.

-Je suis maître de mon destin, répondis-je simplement.

-Qui sait…En tout cas, elle a bien choisi.

-Qui a choisit quoi, demanda Garak, l'air perdu.

Mais elle ne répondit pas. Elle se mit à perdre de la consistance, et disparut. Je fermai les yeux tout en m'asseyant. Je superposais la première apparition et celle-ci. Elles correspondaient parfaitement. Je me souvins de mes questions, ce jour-là. Il y avait quelque chose qui m'avait échappé, un détail. Oui. Je savais ce que c'était. ça avait d'autant plus flagrant que nous étions dans une grotte. Ses cheveux flottaient au vent, sans qu'il n'y ait la moindre brise. Et la fois précédente, le vent soufflait bien, mais dans le sens opposé. Ce qui prouvait bien qu'elle n'était qu'une apparition, un fantôme. Bientôt je serais là. Voulait-elle dire que nous la rencontrerions bientôt ? Dans un sens, je l'espérais. Je la croyais sans condition, lorsqu'elle disait qu'elle avait les réponses à toutes mes questions.

-Sonak, t'es avec nous ? demanda Garak.

-On peut y aller, dis-je en me relevant.

Mes deux amis -si je ne les considère pas comme des amis, dans ce cas je n'en ai aucun ; néanmoins, cela me faisait bizarre de penser à eux comme tels - avaient l'air un peu inquiets, mais il ne me posèrent aucune question.

La lumière du soleil me fit un peu mal aux yeux quand nous sortîmes, mais je me réhabituai très vite. Nous étions sur une grande plaine verdoyante. Mais par contre, rien à l'horizon. Je décidai de rejoindre la ville la plus proche, pour pouvoir envoyer un message à mes supérieurs. Le matériel radio était devenu extrêmement rare, d'autant plus que l'on ne savait plus le fabriquer. Il fallait survivre sur le matériel pré-cataclysmique.

Il arrivera un jour où plus aucun appareil de cette époque ne fonctionnera, et on ne sait pas les réparer, pensais-je. Je sortis ma boussole. Par où aller ?

-Vous avez une préférence ?

-Pour la destination ? Non…honneur aux dames, dit Garak, en s'inclinant outrageusement bas devant Kaila. C'était une manière de se débarrasser de ses problèmes.

-Merci…répondit-elle, ironiquement.

Elle regarda aux alentours, et opta pour le sud-ouest. Après quelques temps, je regardai ma montre. Il était aux alentours de midi, et la faim commençait à me tenailler le ventre. Mais je n'eus même pas à intervenir pour cela. C'est Garak qui s'en chargea, se qui ne m'étonna guère, venant de lui.

-On fait une pause pique-nique ?

A l'ombre d'un bosquet d'arbustes, nous déjeunions, donc, et reposions nos pieds un tantinet meurtris. Au beau milieu du repas, je sentis une présence. J'ai toujours eu un sixième sens très développé. Et je savais que quelqu'un nous observais. Cela faisait un moment déjà que cette impression me tenait, mais là, je savais que nous étions suivis. Et même, que nous étions épiés. J'intimai le silence à mes coéquipiers, et observai. Un froissement de feuille à ma gauche. Un craquement légèrement plus vers la droite. Je calculai mentalement la vitesse de notre visiteur, et me jetai dans les fourrés, à l'endroit où était censé être le responsable de toute cette attention. Il y avait bien quelqu'un. Enfin…quelqu'un, si l'on peut dire. Lorsque je me rendis compte de qui nous observais, je réprimai un éclat de rire.

-Alors, entendis-je demander Kaila.

-C'est rien. C'est un ami à moi. Mais un ami un peu spécial, lui répondis-je de derrière le bosquet. Un ami à moi et à Garak.

Celui-ci releva l'allusion, et compris.

-Euh…évite de crier quand tu le verras. Quand on te dis qu'il est spécial, tu as pas idée.

-Ah…

Je revins avec mon ami à mes côtés. Elle ne cria pas, mais fit un pas en arrière de surprise.

-Mais c'est un…

-Un loup, oui, je sais.

"Cette femelle a peur. Ne l'as-tu pas mise au courant ? "

-Si, mais c'est normal pour nous. Ne t'inquiète pas, elle s'habituera.

-Tu…tu te sens bien ? Tu me présentes un animal en me disant que c'est ton ami, et ensuite tu te mets à lui parler. T'as dû attraper une insolation !

Je réfléchis un moment et lui dis :

-Met quelque chose dans ta main, ne me dis pas ce que c'est. Sabaku va venir regarder ce que c'est, me le dira, et je te dirai à mon tour ce que c'est. Comme ça tu verras que l'on peut communiquer tous les deux.

-Ok, ok !

Elle se dirigea vers son sac à dos, en sortis quelque chose qu'elle me dissimula, et me dis qu'elle était prête.

-Tu as compris ? demandai-je.

"Aucun problème."

Il avança d'un pas nonchalant et tourna autour de Kaila, qui visiblement n'était pas rassurée. Il observa tranquillement l'objet qu'elle tenait, et revint vers moi.

"Je ne sais pas de quoi il s'agit. Ce doit être un objet qui ne sert qu'à vous, les humains. C'est en bois, avec de nombreuses dents. C'est peut-être une de vos armes."

-Kaila, donne moi le peigne que tu tiens, s'il te plaît, que je lui explique à quoi ça sert.

Dire qu'elle était sidéré était un euphémisme. Ses yeux s'étaient agrandis et je crois qu'elle n'arrivait pas à accepter ce qui venait de lui arriver. Elle me tendit l'ustensile de toilette, mais je ne le pris pas. J'avais une autre idée derrière la tête.

-J'ai une meilleure idée. Tu pourrais le coiffer un peu, pour lui montrer. Explique lui ce que tu fais, il comprend ce que l'on dit.

Elle était trop étonnée pour discuter. Elle se mit le plus loin possible de lui, et à bout de bras, elle démêla les poils de la crinière de notre ami canin. La scène avait quelque chose de surréaliste. Soudain, j'entendis Sabaku grogner, et un cri de Kaila suivit de près.

"ça fait mal, ça tire les poils !"

-C'est parce qu'ils sont emmêlés. Après ça, tu verras, ça ira mieux.

"Bon. Mais qu'elle fasse attention !" [1]

Cette pause nous fit du bien. Lorsqu'elle eut fini son travail de coiffeuse, nous avons repris la route vers…en fait, nous ne savions pas du tout où nous allions. En chemin, j'interrogeai l'animal.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? Je te croyais avec ta meute.

"Je vous suis depuis votre départ. J'ai désigné un jeune pour me remplacer à la tête de la meute. Je me suis dis que vous aurez peut-être besoin de moi."

-Je te remercie. Mais nous allons bientôt revenir.

"C'est dommage. Voyager un peu est agréable."

Le voyage était assez monotone. Il ne se passa pas grand chose d'intéressant, et je faisais partager les observations de Sabaku aux autres, lorsque c'était nécessaire. Au bout de deux jours, nous étions en vue d'une bâtisse que je ne réussis pas à identifier. Cela ressemblait vaguement à une tour, en haut d'un promontoire rocheux. Le métal bleuté perdait de ses couleurs. En haut, il me semblait avoir aperçu quelque chose que je n'arrivais pas à identifier avec certitude. On aurait dit une demi coquille d'œuf brisée, mais l'animal qui l'avait pondu, dans ce cas, était d'une taille impressionnante. Même les Lévrikons des plaines, pourtant réputés pour la taille de leurs œufs étaient à des années-lumière d'atteindre cette taille. Je me rendis compte en approchant que la terre était totalement aride à cet endroit. Elle me rappelait étrangement la falaise de Kalm. Rien ne poussait. Et puis, tout à coup, à quelques centaines de mètres, la vie reprenait subitement ses droits. Comme s'il y avait une frontière.

-C'est quoi, ce truc ? demanda la grosse voix de Garak.

-Il faut entrer pour savoir, répondit Kaila.

Et joignant le geste à la parole, elle se précipita à l'intérieur.

"Cette femelle semble bien pressée."

-C'est son caractère qui veut ça. Quand elle est avec nous, elle est assez…impulsive. Mais quand elle est avec des gens qu'elle ne connaît pas, c'est tout le contraire.

"Je n'arriverai décidément jamais à comprendre les humains."

-Crois-moi, nous ne nous comprenons pas nous-même.

 

Dans un immense dôme de cristal, il regardait la scène. Enfin, il les avait retrouvés. Il avait eu du mal. Elle s'opposait à lui, mais il était le plus fort. Il était inutile d'envoyer ses subordonnés. Ils n'avaient aucune chance, contre ces trois excellents guerriers. D'autant qu'elle les protégeait. Il devrait donc se déplacer lui-même. Cela faisait longtemps qu'il n'avait repris forme humaine. En fait, il n'avait jamais repris forme humaine depuis son ascension au Pouvoir. Cependant, il faudrait attendre encore un peu. Oui, le moment n'était pas tout à fait venu. Mais bientôt, il pourrait contrecarrer ses projets. Elle n'arrivera pas à se mettre en travers de son chemin.

-En es-tu si sûr, demanda-t-elle.

-Tu es inconsciente de venir en cœur de ma puissance.

-Tu sais bien que tu ne peux rien contre moi.

-Mais l'inverse est vrai aussi.

Une pause se fit.

-Tu sais que tu prends un risque en reprenant forme humaine. C'est osé, émit-elle d'une voix qui aurait paraître concernée sans le léger ton ironique employé.

-Tu prends le même. Mais c'est un risque qui apporte de nombreux avantages. Le jeu en vaut la chandelle. Ce n'est pas à toi que je vais l'apprendre. C'est toi qui m'a donné cette idée.

-La partie a donc commencée, fit-elle d'une voix un peu lasse.

Sans rien ajouter de plus, elle s'en alla, le laissant seul.

-Oui, la partie a commencée, répéta-t-il, une fois seul. Et je vais la gagner.

 

 

Notes

[1] J'avais hésité à mettre "nom d'un chien", mais venant d'un loup, ça l'aurait pas fait… gomen nasai -_-;

 

Hello. Oui, je sais ma fin frise le mélodramatique. Mais je vous rappelle que celui qui dis cette phrase est persuadé de gagner. Et le pire, c'est qu'il en a les moyens.

Il y a peu à dire sur cette partie. Oui, le loup est de retour. J'avais déjà en tête dès le début qu'il rejoindrait l'équipe un peu plus tard. Je viens juste de m'apercevoir qu'il est très proche de Nanaki. Ce n'est pas voulu. Enfin, quand je dis proche, ça dépend de quel point de vue on se place…

Bon…je n'ai rien d'autre à dire. Si vous la moindre question, critique, ou autre : nephret_m@hotmail.com

A+++

Nephret

 

 

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