La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

 

Cœur Meurtri

 

 

Chapitre 5: Remords

 

Toute la nuit ils avaient cherché, et ce n'est qu'à 5 heures qu'ils trouvèrent. Voyant l'état d'Aeris, le médecin accepta, malgré l'heure tardive, de la soigner.

- Elle est dans un sal état. Que lui est-il arrivé?

Il ne leur était pas venu à l'esprit qu'il pourrait s'interroger. Que pouvaient-ils lui dire? La vérité? Il ne la croirait pas. Un mensonge? Oui, mais quoi?

- Un bête accident. Un vieux moteur qui lui a explosé à la figure.

Morgane et Sephiroth tournèrent brusquement la tête pour dévisager Kan, qui venait de parler. C'était risqué. Surtout envers un médecin, qui savait à quoi il avait à faire.

- Ah? Ça a dû être une sacrée explosion.

- Ah! Ça oui! Le garage est complètement dévasté.

- Est-ce grave, docteur?

"Si même Sephiroth s'inquiète…", pensa Morgane.

- Non, pas trop. Bien sûr, elle a de profondes brûlures, mais elle s'en sortira sans problème.

- Dans combien de temps?

- Je dirais qu'elle sera remis complètement d'ici un mois, environ…

- Un mois…

- Ça a l'air de vous gêner. Vous aviez prévu quelque chose?

- C'est sa petite amie, et ils avaient prévu de se fiancer.

Devant ce mensonge des plus humiliant, Sephiroth eu un hoquet de surprise. Il ne s'attendait vraiment pas à ça.

- Pouvons-nous vous la laisser?

- Bien sûr. Je vais lui dispenser les premiers soins et lui administrer une bonne dose de morphine.

- Nous reviendrons dès que possible. A bientôt.

- C'est ça, à bientôt.

Une fois sortis, Sephiroth explosa.

- Tu avais vraiment besoin de lui dire que c'était ma petite amie!

- Cela lui fournissait une explication de ton commentaire. Je l'entend encore: "Un mois…"

- Ne peut-il pas utiliser une matéria de soin? demanda Kan

- Les médecins sont trop rationnels pour utiliser de la magie. En outre, la magie ne soigne pas tout.

- Non, mais ça aide. Les prochaines nuit, je m'absenterai. Ne vous étonnez pas si vous me voyez partir.

- Qu'est-ce que tu comptes faire, Seph?

- Je vais accélérer le rétablissement de notre petite Cetra, qui se prend pour une héroïne.

- Mais c'est pas la peine, le médecin…

- Justement, la coupa-t-il. Le médecin est un médecin. Moi, je suis quelqu'un qui me sers d'une matéria mieux que personne. J'en ai manié toute ma vie. Alors je compte bien faire tout ce que je peux pour l'aider. Elle m'a sauvé la vie, et je suis quelqu'un qui fait preuve d'honneur.

- Mais…

- Je ne reviendrai pas sur ma décision.

Ils louèrent une chambre à l'hôtel le plus proche et attendirent le rétablissement d'Aeris. Et en effet, Sephiroth sortit la nuit. Mais les longues années à cultiver ce don, déjà inné, lui permirent de marcher sans faire le moindre bruit. Tous ses sens étaient en alerte. L'animal prenait le pas sur l'homme. Le médecin habitait au premier étage. Cela ne posait aucun problème. La gouttière l'aida un peu, mais les aspérités entre les briques auraient pu suffire. La fenêtre n'offrit aucune résistance. Une fois à l'intérieur, il localisa facilement le lit d'Aeris. Il sortit la matéria de soin qu'il avait prise et l'inséra dans un orifice de son sabre. Il sentait l'énergie affluer. L'habituelle aura verte l'entoura. C'était le moment le plus dangereux. Si le médecin ne dormait pas, il ne manquerait pas de voir la lumière. Mais personne ne vint. Une fois qu'il sentit qu'il ne pourrai plus rien faire de plus, il repartit, empruntant le chemin inverse, sans se douter que deux paires d'yeux l'observaient. Il entra dans la chambre de l'hôtel sans le moindre bruit. Il s'assit dans un coin, et décida de dormir, ce qu'il n'avait pas fait depuis un certain temps, et tout le monde à besoin de sommeil, y comprit lui. D'autant que le combat de la nuit précédente l'avait réellement épuisé.

 

- Mais si je t'assure, chuchota le premier.

- Mais non, ce n'est pas possible, assura le deuxième, sur le même ton.

- T'imagine si c'est vraiment lui?

- Ouais, ça serait vraiment super. Mais il faut pas se leurrer. Il a disparu depuis longtemps.

- Il n'y a qu'une manière de s'en assurer.

- Je te suis.

 

Quelqu'un. Sephiroth reprit conscience dès qu'il sentit la présence nouvellement arrivée. Mais il resta impassible. Il se contenta d'attendre, pour voir. Même les yeux fermés, il pouvait les voir quand même. Parce qu'ils étaient deux. Se déplacer par l'esprit était vraiment pratique. C'était deux jeunes d'une vingtaine d'années qui étaient montés dans la chambre. Apparemment, c'était à lui qu'ils en voulaient. Mais ils ne semblaient pas hostiles. Loin de là. Non, ils semblaient juste curieux. Mais on ne sait jamais. Et puis Sephiroth leur en voulait un peu d'avoir dérangé son sommeil. Il dormait toujours la main au pommeau de Masamune. Main il ne comptait pas les blesser. Il allait se contenter de la même technique qu'il avait utilisé contre Clad. Mais pour faire cela, il devait faire réintégrer son esprit dans son corps. Il put les entendre chuchoter quelque chose comme:

- C'est quoi ce truc qui brille.

- Ch'ais pas, mais c'est de plus en plus lumineux.

"Les idiots, s'ils savaient…"

Et avant qu'ils aient le temps de faire quoi que ce soit, ils se retrouvèrent plaqué contre le mur, incapables de bouger. Sephiroth se releva souplement et se mit à un mètre d'eux. Il perçut soudain un mouvement derrière lui. Mais c'était Kan et Morgane, réveillés par le bruit qu'avaient fait les deux intrus en se cognant contre le mur.

- Qu'est-ce qui se passe, demanda Morgane, d'une voix endormie.

- Pendant que vous dormiez, ces deux jeunes gens se sont invités sans permission.

- Et qu'est-ce qu'ils veulent?

- On voulait juste vérifier que c'était bien le Grand Général Sephiroth qu'on avait vu cette nuit.

- Et imaginez que le Grand Général Sephiroth soit de très mauvaise humeur parce qu'on l'a tiré de son sommeil? Imaginez qu'il vous tue, juste parce que vous l'avez énervé.

Les deux autres blêmirent. En entendant ça, ils se rappelèrent les rumeurs qui couraient lorsque Sephiroth était l'idole de tous les jeunes sur ce qui arrivait lorsqu'on le contrariait.

- Mais je crois que je vais profiter de votre présence ici pour me servir de vous. Nous avons une amie chez un médecin. Vous allez venir avec nous demain, et voilà ce que vous allez dire au médecin…

 

- Mais pourquoi est-ce que vous avez voulu la soigner, cette jeune fille. Et où vous êtes-vous procuré des matérias.

- Ben, on l'a vu arriver hier soir, et on l'a trouvé super mignonne, alors ça nous a fait de la peine. Et comme mon père était vendeur de matéria, il en a gardé quelques unes.

- Alors résumons, reprit le médecin, visiblement las. Vous avez vu cette fille, elle vous a plue, vous êtes allé chercher des matérias de soins pour la guérir, et vous vous êtes fait attraper par ses amis qui venaient lui rendre visite.

- Voilà, doc.

- Bon, filez, mais ne revenez pas l'embêter avec vos magies. Laissez faire la médecine moderne.

Et ils s'enfuirent sans demander leur reste.

- C'est quand même bizarre qu'ils se soient trouvés là au même moment que vous.

- Comme quoi il y a des coïncidences, émit Kan.

Bien qu'il ne mettrait pas ouvertement leur parole en doute, le médecin savait que ce n'était pas les deux jeunes qui avaient soignés Aeris, mais quelqu'un d'autre, et il pensait à son petit ami, le grand habillé en noir.

- Pouvons-nous la voir?

- Ça m'écorche la glotte de devoir le dire, mais ces deux gamins ont fait un boulot exceptionnel. Elle devrait être sur pied dans quelques jours. Oui, vous pouvez la voir.

Ils rentrèrent dans la chambre et furent assez étonnés de la voir assise dans son lit, en train de prendre un copieux petit déjeuner. Le médecin prit la parole.

- Bonnes nouvelles mademoiselle. Vous allez pouvoir sortir d'ici quelques jours. Vous pourrez vous fiancer avec votre petit ami.

- Mon…Ah oui, répondit-elle, avec un petit sourire au coin des lèvres en réalisant que c'était de Sephiroth qu'il parlait.

D'autant que celui-ci avait une expression particulière qui pouvait s'apparenter à de la honte. La scène était très comique. Mais elle perdit son sourire en voyant que le médecin s'en allait. Elle songea qu'elle allait devoir fournir une explication qu'elle ne voulait pas donner.

- Pourquoi, demanda Sephiroth.

- De quoi, essaya-t-elle

- Tu sais parfaitement de quoi je parle.

- Et moi je ne sais pas du tout quoi te répondre.

- La vérité me conviendra parfaitement.

- Il se trouve que je ne la connais pas.

- Arrête de te moquer de moi.

"On n'y arriver jamais comme ça."

- Tu veux une explication? En voilà une. J'ai agis sur un coup de tête. Je ne sais pas ce qui m'a prit. Je préférais me savoir morte et toi tuant Jénova, que moi vivante me faisant tuer. Car il est manifeste, du moins pour moi que tu es le seul capable de tuer Jénova. Mais tu n'en es pas capable seul.

- Je te vois venir. Tu vas me vanter les mérites de l'entraide, de l'amour, de l'amitié, etc…Mais laisse-moi te dire une chose. C'est en pensant ce genre de chose que l'on finit par mourir. La vie, ce n'est pas tout blanc, tout noir. Et ce n'est pas moi qui l'ai dit.

- Tu n'as plus une once d'espoir en la vie…

- Je me contente d'être objectif, ce que visiblement tu ne sais pas faire. Mais de toute manière, ce n'est pas la peine de continuer à se chamailler comme ça, comme des gosses. Cette discussion est stérile.

- Tu revendiques le droit d'être un adulte.

- Pardon.

- Tu affirmes être un adulte, pour ne pas avoir à reconnaître que tu es un enfant, au fond de toi.

- Je n'ai pas besoin d'une psychanalyse. Je te ferai savoir lorsque j'aurai besoin de réconfort. Mais ne t'attends pas à ce que cela arrive très vite.

Et sur ces mots, il sortit, laissant les autres perplexes.

"Il est vrai que je n'ai pas un caractère des plus aimable avec les autres, Kan me l'a souvent répété. Mais je ne supporte pas que l'on me critique. Tiens, cela me rappelle…"

Le simple soldat tremblait. Il avait toujours entendu dire que contrarier un supérieur était mauvais, mais que si son supérieur était le Général Sephiroth, on pouvait risquer la mort. Et là, il était devant lui, dans son bureau. Il est vrai que ce bureau, le Général ne l'occupait presque jamais, sauf lorsqu'il convoquait quelqu'un à un entretien. Et les rares entretiens qu'il avait étaient pour la plupart une explication, précédant le passage à la cour martiale. Et le soldat savait parfaitement que c'était pour ça qu'il était là.

- SOLDAT de troisième classe Jonathan Karashita.

- Oui mon Général.

- Vous allez passer en cour martiale.

- Pourrais-je m'enquérir de la cause de cette punition, monsieur.

- Lors de la précédente mission, vous avez, outrepassant mes ordres, abandonné la garde du convoi de munitions qui nous suivait. Pour quel motif?

- J'avais cru entendre un bruit et je suis allé vérifier de quoi il en retournait.

- Votre version ne me convient pas. Savez-vous qu'il est très mal vu de mentir à un supérieur.

Le ton était froid, impassible. Aucune émotion ne pouvait être perçue.

- Votre version aurait pu tenir debout si vous n'aviez pas été vu. Bien que je ne supporte pas la délation, je supporte encore moins la désertion, ne serait-ce que temporaire.

- Mais…

- Vous avez quitté votre poste de garde pour aller retrouver une femme dans la forêt. J'aurai pu passer outre cet événement. Mais un groupe des rebelles que nous étions sensé exterminé a détruit un des trois convoyeur. Si vous étiez resté à votre poste, ils n'auraient jamais attaqué. Ce sera tout. Votre passage en cour martiale aura lieu dans deux jours, à quinze heures précises.

- Au revoir mon Général.

Et c'est complètement abattu qu'il quitta le bureau. Il n'osait s'imaginer ce qui allait suivre par la suite. Mais cet homme ne pouvait-il pas comprendre qu'il rejoigne sa petite amie? Il était tellement froid.

Il avait tiré un plaisir sadique à rabaisser cet homme. La cour martiale avait décidé qu'il aurait un mois de suspension de salaire, des travaux à effectuer, et une suppression totale de ses permissions durant les trois mois qui ont suivi. Il s'en était bien tiré. Mais c'était le seul cas de ce type que Sephiroth eut à traiter. Il l'avait fait passer pour un autre motif en fait. Il avait surpris une conversation, un jour.

- Le Général est chiant, le sale boulot c'est pour nous. La corvée de nettoyage du camp, pff…

- Tu devrais pas dire ça, Jonathan. Ça pourrait se retourner contre toi.

- Bof, il est pas si terrible que ça en fait. T'as vu, il est tout maigre le Général. Je suis sûr qu'il commande sans jamais se battre.

- Il paraît que si justement, il se bat. Et comme un démon, à ce que j'ai entendu dire. Et puis, ça fait que deux semaines qu'on est là. Et on a pas eu le temps de voir un combat. Si ça se trouve, il est vachement costaud. Tu sais, je connais un type qui…

- Oui, ça va je m'en tape. Mais n'empêche que moi j'ai entendu dire qu'il hésite pas à sacrifier des soldats s'il le trouve nécessaire. Je te dis, ce type est un salaud.

Ce qu'il ne savait pas, c'est que Sephiroth était à côté. Et il avait très mal prit ces commentaires. Au combat suivant, il avait espéré qu'il meure tué par l'ennemi, mais il avait contracté une bronchite carabinée, et les médecins n'avaient pas voulu qu'ils sortent. Il avait eu de la chance. La bataille avait été une hécatombe, dans les deux camps. Beaucoup des SOLDATS de troisième classe avait péri, mais les troupes les moins expérimentées de leurs adversaires avait subi le même sort. Mais ils eurent l'avantage une fois que leur chef eut été tué. Et c'est Sephiroth lui-même qui s'en était chargé. A partir de ce moment, les ennemis se battaient avec moins d'ardeur. Ils avaient gagnés la bataille, et la guerre par la même occasions. Les rares escarmouches qui suivirent furent de la rigolade, même du point de vue des SOLDATS. Alors qu'il remuait ces souvenirs, il s'aperçut qu'il était entré dans une ruelle peu engageante, sombre, et où une odeur désagréable le prit au nez. Il allait faire demi-tour, pour aller flâner ailleurs, lorsqu'une voix l'apostropha.

- Eh, mec. T'aurais pas un peu d'flouze? J'ai plus un rond, et j'ai la dalle.

- …

Ne voulant pas s'attarder avec ce clochard, qui commençait à l'irriter, il se retourna sans rien dire et commença à s'en aller. Mais celui-ci n'apprécia pas vraiment le comportement de Sephiroth.

- Oh, tu pourrais répondre quand j'te cause.

Tout en disant cela, il s'était approché et avait saisi la manche du trench-coat de l'ancien Général.

- Lâchez-moi… le ton calme et froid eut son habituel effet. Mais à court terme seulement, le clochard ayant reprit rapidement ses esprits.

- Eh! Les mecs. Visez le type. Y se prend pour un dur. On va lui faire sa fête. Et pis, pt'êt qui va cracher l'flouze quand y s'ra abîmé.

Une acclamation suivi cette tirade. "Je suis tombé dans les bas-fond, visiblement. Tant pis pour eux." Toujours égal à lui-même, il dégaina son sabre. Mais voulant suivre la promesse tacite qu'il s'était faite, il se contenta de parer les coups de dagues qui lui étaient portés et de contre attaquer grâce à sa matéria favorite, la matéria de Kan, celle qui était à la fois magique et permettant une compétence. Une magie qui ne demandait pas de point spécifiques. Mais un des malfrats l'assaillit par derrière. Bien qu'il ne réussit pas à le toucher, son bras heurta assez violemment Masamune. Suffisamment violemment pour faire éjecter la matéria qui s'y trouvait. Il n'avait plus que son sabre. Ses agresseurs s'étaient reculés, mais l'un d'eux, qu'il n'avait pas vu durant l'affrontement précédent, s'avança vers lui. Le type était immense, avoisinant les deux mètres dix, armés de deux paires de trois griffes à chaque main. Il était torse nu et arborait de nombreux tatouages. Visiblement, c'était un duel qui lui était lancé. Et bien que sa raison lui dise de partir, son honneur et son caractère l'obligeaient à rester et à combattre son adversaire. Celui-ci n'attendit pas que Sephiroth se décide, il lui fonça dessus. Il était grand, mais souple et agile. Il essaya lors d'un premier assaut de le lacérer, mais Masamune l'en empêcha. Mais lorsque le sabre vint à lui, il ne put ni esquiver ni parer l'attaque. La lame était posée sur sa gorge. Au point de contact, une goutte rouge perlait.

- Rends-toi. Et tu vivras. Refuses, et tu meurs.

- Je…je me rends, c'est bon.

Sephiroth se retourna et allait s'en aller, lorsque l'autre se précipita vers lui, le plus silencieusement du monde. Il leva les bras. Le corps de son ennemi allait être broyé sous sa force. Ses yeux reflétaient la folie meurtrière qui l'animait. Soudain, ce n'était plus la haine que l'on put y lire, mais l'incrédulité. Il abaissa lentement son regard vers la lame qui lui avait transpercé l'abdomen. Lentement elle se retira. Il sentait sa vie s'écouler. Sa dernière vision fut le dos de son adversaire. Il ne s'était même pas retourné pour le tuer.

- Tous ceux qui essaieront de m'empêcher de m'en aller subiront le même sort, c'est clair?

Et personne ne s'opposa à son départ. Il récupéra sa matéria et partit. Il parcourut une bonne centaine mètres lorsqu'il ne put plus tenir. Il s'adossa à un mur et se laissa glisser le long, jusqu'à se retrouver assis par terre.

"J'ai tué un homme. Encore une fois. Je m'étais juré de ne plus tuer. Et pourtant je n'ai pas respecté ma promesse. Je suis tombé bien bas. Même plus capable de tuer sans éprouver le moindre remord sur l'instant."

- Seph!

Lentement, il releva les yeux. La rue était vide lorsqu'il avait enfoui sa tête dans ses bras croisés. Qui pouvait bien l'interpeller ainsi? La voix. C'était celle de Kan. Il courait en compagnie de Morgane vers lui.

- Ça va?

- …

- On a entendu que tu menaçais ces types. Qu'est-ce qu'il t'ont fait?

- …

- Eh, oh! T'es toujours avec nous?

- …

- Il est pas bien, il a dû se passer quelque chose de grave.

- En…encore un…

- Qu'est-ce que tu as dis?

- J'ai…encore…tué…un homme…

- Euh…pendant la guerre, ça te posais pas de problème, d'après ce que je me souviens.

- Encore un mort. Je suis un meurtrier.

- Kan…je crois qu'il nous fait une dépression nerveuse.

- Tu crois?

- Encore un…

- Oui, tu as raison, il est vraiment mal. Mais le pire dans tout ça, c'est que de le voir dans cet état me donne envie de hurler de rire.

Ils l'aidèrent à se lever, pour l'emmener à la chambre de l'hôtel, où ils pourraient aviser. Mais à leur grande surprise, il se laissa docilement faire. Il n'eurent aucun problème pour revenir, et se mirent à réfléchir. Ils tombèrent d'accord sur le fait qu'il fallait consulter Aeris. Elle était la plus psychologue du groupe et saurait sûrement quoi faire. Lorsqu'ils arrivèrent dans la chambre, elle semblait en transe et parlait toute seule à voix haute.

- Oui…Je sais cela…vous dites? Un ami qui a besoin de moi?…Comment cela ne pas ignorer ce que je…ne pas me mentir?…Soit…J'y réfléchirai, mais cela m'étonne…

Soudain, elle remarqua la présence de ses deux amis.

- Salut, pourquoi vous revenez déjà? Ça me fait plaisir, mais je soupçonne un problème.

- A qui…tu parlais?

- Aux autres Cetras, oui je sais, c'est bizarre, mais je le peux. Mais c'est quoi le problème? Ne me laissez pas dans l'ignorance!

- Sephiroth est complètement gaga. Il vient d'être obligé de tuer quelqu'un pour se défendre, et ça l'a complètement traumatisé. Il est en pleine dépression.

- Mince…Je sais pas pourquoi, j'ai un mauvais, mais alors très mauvais pressentiment. On fonce le voir.

- Mais, tu devrais rester au lit, te reposer.

- Je suis en pleine forme. Le temps de m'habiller, et j'arrive.

Alors qu'elle sortait, Morgane fit une remarque à Kan.

- Tu comptes l'aider à s'habiller?

- Euh…non…euh…j'arrive.

Il était rouge de honte, à la plus grande hilarité d'Aeris et de Morgane. Lorsque Aeris sortit de sa chambre, le médecin apparut, visiblement irrité.

- Mademoiselle Gainsborough! Je vous prierais de regagner votre lit au plus vite.

- Laissez-moi vous expliquer. Je suis en pleine forme, et je dois sortir au plus vite.

- Mais vous n'êtes pas en état!

- Je suis seule juge.

- Vous ne devriez pas faire fi de l'avis d'un médecin.

- Je crois surtout que vous ne supporteriez pas de me voir me soustraire à votre autorité.

- Bien, faites comme bon vous semble, puisque vous êtes plus compétente que moi!

- Je n'ai jamais dis ça.

Le médecin, las de cette discussion, rentra dans son cabinet, laissant Aeris assez triste d'avoir dû froisser cet homme, au demeurant charmant.

- Où est-ce que vous vous êtes installé?

- Dans l'auberge là-bas.

En quelques instants, ils avaient rejoint la chambre. Le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux les fit s'arrêter net de surprise. Sephiroth, agenouillé, torse nu, Masamune à la main, la lame tourné vers son abdomen, regardait la lame. Morgane fut la plus prompte à réagir. Elle se précipita vers lui, et d'un coup de pied vit voler le sabre des mains de Sephiroth, sans se blesser. Lui la regardait d'un air incrédule. Son regard avait quelque chose de poignant, comme celui d'un enfant pris en faute. Aeris vint s'agenouiller devant lui. Elle lui releva la tête de manière à avoir ses yeux à hauteur des siens. Alors, d'une voix lente et douce, elle lui parla.

- Sephiroth. Tu as mal? Tu veux te confier à moi?

Il s'attendait à tout sauf à cela. Il s'attendait à ce qu'elle le méprise, qu'elle lui crie dessus, mais pas qu'elle joue le rôle de la mère qu'il n'avait jamais connu. Son regard était encore plus emplit de tristesse et de honte. D'un geste qu'il ne perçut pas, elle fit signe aux autres de s'en aller. Elle avait besoin d'être seule avec lui pour le ramener à la raison, pour ramener le Grand Général Sephiroth.

- Sephiroth. Racontes-moi ce qui s'est passé.

Et d'une voix entrecoupée de sanglots étouffés, il lui raconta sa version des faits. Ce meurtre avait fait tomber sa carapace mentale. Cela l'avait complètement épuisé émotionnellement. Arrivé à la fin du récit, elle reprit.

- Cet homme, il voulait te tuer. Je ne dis pas qu'il avait mérité la mort, mais tu t'es défendu. C'est toi qui serais mort si tu n'avais pas fait face. Reprends-toi. Où est passé le grand guerrier que les foules adoraient il y a cinq ans?

- Il est mort quand Jénova a prit son contrôle.

Elle ne s'attendait pas à cette réponse.

- Regardes la chose du bon côté. Le fait que tu ne supportes plus de tuer prouve que tu es devenu meilleur.

- Je crois que je vais devoir expier ma faute.

Lorsqu'il eut dit cela, elle partit d'un éclat de rire incontrôlable. Elle ne pouvait plus s'arrêter. Cela eut pour effet de froisser l'orgueil de Sephiroth.

- Excuse-moi, mais c'est exactement ce que disait Vincent, un compagnon de Clad. Il avait passé trente ans à dormir dans un cercueil pour expier sa faute comme il disait. Et tu as reprit presque la même phrase que lui.

- C'est pas drôle.

- Non, mais avoues que tu devrais rire plus souvent. Ça fait un bien incroyable, tu devrais me croire.

- J'y repenserai. Mais plus je reprend mes esprits, plus je…

- Quoi?

- Plus je me sens gêné de ce que je t'ai dis, de cette faiblesse que je t'ai montré. Ça me fait honte.

- C'est que le guerrier est de retour. Il avait baissé sa garde, mais il se reprend, et évite d'autres coups.

- Tu arrêtes de te moquer de moi?!!

- Ça va, j'arrête. Mais tu dois avouer que de te confier un peu à moi t'a fait du bien, non?

- Mouais…admettons. Mais je n'ai pas besoin de psy personnel, merci.

- Oh, si. Tu en aurais bien besoin. Mais encore faudrait-il que tu acceptes de te confier.

- Je…je sais pas.

- Ce qui te tourmente, c'est ton passé, à ce que j'ai compris. Raconte-le moi.

- Ce serait tellement long…

Puis il fut soudain prit de tressautements spasmodiques. En fait, il riait. A sa manière. Aucun son ne sortait. Juste ses épaules qui se secouaient nerveusement.

- C'est exactement ce que j'ai dis à Morgane lorsqu'elle a voulu connaître mon passé. Et je n'ai jamais eu le temps de tout lui raconter. Mais que veux-tu savoir? Il y a tellement eu d'évènements dans ma vie. Mais bien peu furent bon. Aucun, en fait. A part ma rencontre avec Kan, et…

- Raconte-moi ce bon souvenir!

- Soit…

Il avait horreur de ces réceptions mondaines. Côtoyer tant de gens le mettait mal à l'aise. Et il était toujours seul. Seul au milieu de dizaines de personnes. Quel paradoxe! Et pourtant, c'est bien de la solitude qu'il ressentait. Il regardait la piste de danse. Quelques couples dansaient. "Comment peuvent-ils faire pour ne pas se marcher sur les pieds?"

Alors qu'il était tout à ses réflexions métaphysiques, une jeune fille s'approcha de lui. Habituer à voir venir le danger, mais pas les jouvencelles en robes de soirée, il ne réagit pas à sa présence. Lorsqu'elle se racla la gorge, il s'aperçut de sa présence. Elle lui souriait.

- Monsieur Sephiroth?

- Oui.

Sa voix était neutre, mais sans aucune nuance de hargne. Il avait décidé de ne pas être trop désagréable avec cette jeune personne. Il était surtout curieux de savoir ce qu'elle faisait là, à lui parler. Seuls les journalistes osaient l'approcher, et ses fans, ce qui faisait un bon paquet de personnes. A quelle catégorie appartenait-elle? Sûrement la deuxième, vu son âge. Elle devait avoir le même âge que lui, environ. Dans les 20-21 ans.

- Pourrais-je vous demander de m'accorder cette danse?

- Pardon?

- Je voulais juste vous demander de danser avec moi. Vous n'avez pas dansé de la soirée, vous êtes resté seul, dans ce coin.

- Il y a une raison toute simple au fait que je ne danse pas.

- Laquelle?

- Je ne sais tout simplement pas danser, voilà tout.

- Oh…Mais je pourrais vous apprendre…

- Vous me paraissez bien hardie? Vous tenez à ce point à danser avec moi? Ou c'est pour un de ces paris idiots qui font fureur en ce moment dans ma troupe, et qui je pense est aussi populaire en ville.

- Non…j'ai juste envie de danser avec vous…c'est tout…

Elle avait dit cela en rougissant légèrement.

- Il n'y a aucune raison supplémentaire? Une simple envie?

- Oui…

- Je suis dans mon jour de bonté. J'accepte que vous m'appreniez.

- Génial.

Elle l'entraîna par la main au milieu de la piste de danse et lui dit de se placer comme elle. C'était une nouvelle danse, qui était très en vogue cette époque. Elle lui enseigna, et se rendit compte qu'il apprenait à une vitesse fulgurante, et qu'il maîtrisait rapidement la danse comme quelqu'un qui la pratiquait régulièrement. Puis soudain, les lumières s'éteignirent et furent remplacée par des veilleuses et par une boule miroir qui lançait ses reflets dans toutes les directions.

- Que ce passe-t-il?

- Vous ne savez pas, fit-elle, très surprise.

- Non. Je ne suis pas coutumier de ces soirées.

- Cela annonce les slows.

- Un slow, c'est bien une danse, non?

- Vous ne savez pas?

- Je suis plus au fait des affaires militaires, et la danse est quelque chose à laquelle je n'ai jamais accordé la moindre importance.

- Ah…Pour votre question, le slow, c'est bien une danse. Venez, je vais vous montrer.

- Eh…Pourquoi vous me collez comme ça.

- C'est comme ça que ça se danse.

- Je sens que je ne vais pas vraiment apprécier ce pas.

- Laissez-vous faire.

Elle lui positionna les mains comme il fallait et ils se mirent à tourner au rythme lent de l'orchestre. Des sentiments contradictoires assaillaient Sephiroth. Il ressentait du plaisir à sentir cette douce chaleur contre lui, mais aussi de l'appréhension. Et une question lui revenait toujours à l'esprit. Pourquoi avait-elle voulu danser avec lui. Il avait une expérience suffisante des gens pour savoir qu'il y avait quelque chose qu'elle ne lui avait pas dit. Mais quoi? Mais quelque chose l'arracha à ses pensées. Elle se serrait encore plus contre lui. Cela le gênait au plus haut point. Lorsque la chanson fut terminée, Sephiroth se détacha d'elle et commença à s'en aller. Elle lui courut après, et le convainquis de l'accompagner dans sa chambre, pour discuter. Là, elle dit s'appeler Tiana.

- Euh, c'est un joli prénom, dit-il pour meubler la conversation. Il n'avait rien de plus intelligent à dire, pour le moment.

- Merci. Mais…dites-moi. Vous avez une petite amie?

- Hein, fit-il, semblant ne pas comprendre.

- Ben, est-ce que vous sortez avec quelqu'un?

- Euh…non.

- C'est vrai? Sephiroth ne sut pas comment interpréter l'air mi-étonné, mi-heureux de la jeune fille.

- Euh, oui, je ne vois pas pourquoi je vous mentirai.

- C'est qu'avec votre popularité, vous devez avoir beaucoup de succès auprès des femmes.

- Ce n'est pas le genre de chose qui m'intéresse.

- Ah…mais vous ne vous sentez pas seul parfois? Vous ne vous dites pas, tiens, ça serait sympa d'avoir une personne qui m'attende à la fin de ma mission.

- Mais il y a des gens qui m'attendent. Le président Shinra, le général Heidegger, et beaucoup d'autres. En fait, ils attendent surtout mes rapports.

- Non, non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Une personne que vous aimez, qui vous attende.

- Aimer…je n'ai jamais su ce que ça voulais dire.

- Vous ne savez pas ce que ça veut dire, répéta-t-elle, incrédule. Pourtant, tout le monde sais ce que ça signifie.

- Peut-être que je ne suis pas comme tout le monde, alors.

- Laissez-moi vous apprendre…

 

- Je suppose que tu imagines la suite sans difficulté. Ce n'est pas la peine que je te raconte.

- Et ça a duré longtemps entre vous?

- Quelques jours, pas plus. J'ai été obligé de partir en mission pour plusieurs mois. Crois-moi si tu veux, mais je n'ai jamais autant regretté d'avoir une mission.

- Tu es plus sensible que tu en a l'air.

- Pas la peine de me le répéter. Et d'ailleurs, ça reste entre nous cette histoire.

- Tu m'en racontera d'autre, des histoires de ta vie, comme celle-là?

- On dirai une gamine qui veut qu'on lui raconte une histoire pour s'endormir. Oui, peut-être, on verra.

- Merci de t'être confié à moi. Je pense que ça t'a fait du bien, et moi, comme ça, j'en sais un peu plus sur toi. Ça me permet de mieux t'aider.

- Mouais, je suis pas convaincu, mais si tu le dis.

- Allez, il faut rejoindre les autres. Il vont se mettre à penser des choses douteuses si ça continue.

Lorsqu'ils sortirent, Kan poussa un cri de dépit.

- Et mince! J'ai perdu! Tiens, voilà les dix gils.

- C'est quoi le problème, Kan, demanda Sephiroth, intrigué.

- J'avais parié avec Morgane que vous sortiriez en vous tenant la main, mais j'ai perdu.

- Il n'y a absolument rien entre nous.

- Ouais, ils disent tous ça.

Alors ils partirent d'un éclat de rire commun.

 

 

Les notes :

Fini. Je vais d'abord m'adresser à tous les auteurs. Je vais vous donner un conseil. Certain ont dû déjà trouver cette technique. Pour écrire mieux, écoutez de la musique qui s'accorde avec le thème de votre fanfic. Par exemple, lorsque j'écris une scène de combat contre Jénova, j'écoute "Jénova Absolute". Quand j'écris une scène bien psy, ou bien glauque, j'écoute autre chose, ça dépend. Sinon, plus j'écris, plus je m'aperçois que Sephiroth me ressemble. Pas physiquement, bien sûr, mais au point de vue psychologique. En fait, c'est moi, mais en amplifiant toutes mes réactions. Et je me dis que plus ça va, plus je m'inspire de ma propre vie pour écrire. (Je n'ai rien vécu de tout ça, ne craignez rien, je vais pas vous raconter ma vie en long, en large et en travers). Par exemple, quand il rencontre son premier amour (comme c'est romantique), il a pas l'air très doué. Eh bien, je crois que je serai encore pire que lui. Pareil pour le côté sadique qui veut pas qu'on le critique, quand il fait passer le Soldat en cour martiale, c'est un peu moi. Enfin, je ne suis pas là pour vous expliquer comment je suis. Par contre, je sais pas si vous avez remarqué, mais il évolue le petit Seph. Bon, certain d'entre vous se disent "Si ça continue, il va y avoir une relation Seph - Aeris", un grand classique, eh bien je réponds, non. Je n'ai pas envie d'écrire ça. J'ai déjà donné. Pour tous ceux qui ont eu le malheur de tomber sur ma fic "Earwen", je vous demande pardon pour la nullité de ce truc. J'ai établi un record. Je défis quiconque de faire pire que ça. Par contre, dans le genre eau de rose, j'ai écrit un truc sur le manga Evangelion, et là, j'ai reçu beaucoup de félicitations. D'ailleurs, si vous voulez m'écrire voilà m'adresse: nephret_m@hotmail.com

Bon, il ne me reste plus qu'à vous dire à bientôt, dans un prochain chapitre qui arrive à toute vitesse.

A+

Nephret

 

 

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