La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

 

Cœur meurtri

 

 

Chapitre 1 : Renouement avec le passé.

 

- Je n'ai pas réussi. Tous mes efforts ont été vains. Oh, je sais bien qu'ils n'auront aucun problème pour me vaincre. Quoi que...Jénova est puissante...Mais pas assez, je l'espère. Ce qui m'attriste, c'est l'image que les générations futures auront de moi. Celle d'un monstre assoiffé de sang, mégalomane, complètement fou. Moi qui n'avais rien demandé. Les expériences de Hojo ont fait de moi ce que je suis. Un corps doté de deux âmes : la mienne, et celle de Jénova. Et je n'ai pas été assez fort pour résister. Elle a prit mon contrôle. Je ne suis plus qu'un pantin. Je ne peux que me contenter d'être spectateur. Quel dommage. Je sais bien que ce n'est pas l'image que l'on a de moi, mais je suis bien capable d'éprouver de la tristesse. Et là, c'est bien ça que je ressens. A propos de ce jeune homme, Clad. Lui non plus n'avait rien demandé. Hojo, espèce de pourri, pourquoi te sens-tu obligé de martyriser tous ceux que tu rencontres, et en plus de me cloner pour pouvoir assouvir tes expériences débiles ? Tout ceci est désespérant.

- Tout ceci est pathétique. Toi, le grand Sephiroth, tu t'abaisses à ressentir de la pitié pour ces faibles humains ? Tu es un futur dieu, tu te dois de les mépriser !

- Pourquoi ? De toute manière, mon corps sera divin, et ton esprit avec ! Mon esprit, lui, ne pourra que se lamenter durant l'éternité.

- Comment peux-tu être aussi faible ? Te souviens-tu comment tu étais avant, lorsque tu étais libre, tu tuais sans hésiter !

- Oui, et cela me créait des cauchemars. La nuit, je revoyais le visage de mes victimes. Leur expression. Je serais tombé en dépression, si tu ne m'avais pas supprimé toute volonté. Mon corps est devenu l'objet de tes désirs fous !

- Pitié et compassion sont des sentiments de faibles, des sentiments de mortels débiles.

- Je ne demande pas mieux qu'à mourir. Regarde un peu ce combat. Vois l'énergie qu'ils mettent à te tuer ! Ils ont la haine ! Ils veulent ta mort, et je les soutiens.

- Ces cloportes me gênent. Je vais les exterminer.

- Ils vont gagner ! Ils vont te tuer. Et tu erreras éternellement dans la rivière de la vie, alors que moi, je pourrai retrouver mes pairs, et m'excuser auprès de mes victimes, pour tout le mal que j'ai pu leur faire.

- Ils ne gagneront pas. Pas si je confère à ton corps, la physionomie et les pouvoirs d'un dieu !

- Tu ne peux pas imaginer leur puissance. Pendant que ton âme se baladait avec la forme de mon corps, mon âme aussi se déplaçait. Et je les ais vus. J'ai vu leur détresse. C'est une force. Et celle qui te tuera.

- Tu oublies que je suis immortelle.

- Bien sûr ! Ton âme l'est, mais sans corps, elle ne peut rien. Tu as réussi à la matérialiser pour tuer la jeune Cetra, uniquement parce que mon corps de surhomme te conférait l'énergie nécessaire. Je dois avouer que tu as bien choisi, d'un point de vue objectif. Jamais corps humain n'a été aussi puissant. Et c'est bien là le problème pour toi si je meure. Tu ne trouveras jamais plus une source d'énergie aussi puissante.

- Ton corps est puissant, mais tu as l'âme d'un faible. Mais je serais magnanime. J'exaucerais ton souhait, lorsque je serais une déesse. Tu mourras, définitivement. Mais, tu n'auras jamais accès à la rivière de la vie. La mort, au sens courant, c'est la séparation de l'âme du corps. Là, ton âme sera purement et simplement détruite.

- Jamais...jamais tu ne feras preuve d'une once d'humanité.

- Pourquoi le devrais-je ? Je ne suis pas humaine. Je suis la calamité des cieux. Je suis une race à moi toute seule. Je suis le Jénova.

- Une espèce ne comportant qu'un seul représentant est immanquablement condamnée à mourir.

- Sauf si son seul représentant est parfait. Et la perfection inclut l'immortalité. Or, je suis parfaite, je suis des milliers de fois supérieure à un être humain, même modifié comme tu l'as été. Parce que tu es anormal, tu es un monstre, tu n'appartiens à aucune espèce.

- C'est faux. N'essaie de m'affaiblire moralement, tu n'y arriveras pas. Surtout lorsque je vois que même la forme divine que tu as donnée à mon corps a été si facilement battu.

- C'est parce qu'ils sont en supériorité numérique. Je vais obliger leur chef à te combattre seul à seul.

- Inutile, il est plus fort que moi. Même si le Jénova ne le renforce pas. Vois. Une technique de combat surpuissante. Tu vas mourir. Mon corps se désintègre…

- NONNNN ! ! ! ! ! ! ! ! !

- Quel dommage que je doive aussi mourir. J'aurai aimé réparer mes torts passés.

- Il n'est pas encore trop tard, Sephiroth.

- Cette voix…Aeris ? ! !

- C'est bien moi. Ne t'inquiète pas. Jénova a fait une erreur. Ton corps mort, elle s'est retrouvée comme toi, ici, dans la rivière de la vie. Sauf qu'elle ne savait pas qu'elle ne pourrait pas y survivre. En tant que Calamité des cieux, la rivière de la vie l'a tuée. Et je suis là pour nous ramener tous les deux à la vie.

- Mais ce n'est pas possible. Nous sommes morts.

- Et alors ? Maintenant, je commande au flot des âmes. Ma prière a été entendue, et je suis capable de ranimer les morts. Mais…mon pouvoir n'est pas illimité. Je ne peux que nous ramener tous les deux. Et encore, je ne sais pas si je ne vais pas y rester. Ce sera épuisant pour moi. Je te demanderais de me protéger une fois que l'on sera de nouveau là haut.

- Tu me demande de te protéger alors que je t'ai tué ? Tu me fais confiance ?

- Bien sûr. Je sais que ce n'est pas toi qui m'as tuée. C'est Jénova.

- Mais…

- Tu veux revivre, oui ou non ? La seule sortie c'est moi. Nous avons besoin l'un de l'autre. De toute manière, même si je n'avais pas besoin de garde du corps, je te l'aurais quand même proposé.

- Mais pourquoi ?

- Je sais que tu as réellement envie de faire le bien autour de toi. Appelle ça un don, mais je sais que tu le désires.

- Je…je ne sais pas si j'arriverai à faire face…je ne me sens pas d'affronter mon passé.

- Si tu ne te bouges pas, tu vas passer à côté de nombreuses choses agréables.

- Oui, mais pour cela il faut souffrir. Et j'ai déjà donné.

- Ecoute, on en reparlera lorsqu'on sera arrivé à l'air libre. Je suis un peu à l'étroit ici. Je suis peut-être claustrophobe ?

- Comment fais-tu pour être toujours de bonne humeur ?

- Tais-toi, s'il te plaît. Je dois me concentrer.

La puissance invoquée par la jeune fille était phénoménale. Elle appliquait son pouvoir au secret le mieux gardé de tout l'univers, le secret de la résurrection. Sephiroth commençait à ressentir une chose qu'il avait oubliée depuis bien longtemps : le sommeil. Il s'abandonna complètement. La dernière qu'il vit, fut l'âme d'Aeris entourée de nombreux filaments verts qui la pénétraient et en sortaient comme si de rien était.

 

Lorsqu'il se réveilla, la première chose qu'il perçut fut l'éclat éblouissant du soleil. Il se couvrit les yeux. Cela faisait de nombreuses années que son esprit et son corps n'étaient plus en synergie. Il mit longtemps à s'habituer à la lumière aveuglante de l'astre du jour. Et il fut horriblement gêné de voir qu'il ne portait aucun vêtement. "Comme à la naissance" pensa-t-il. Il vit Aeris, couchée sur le ventre, non loin de lui, ses longs cheveux couvrant pudiquement son corps. Il ne put détacher son regard de la jeune fille. Il aurait pu rester ainsi un très long moment si elle ne s'était pas réveillée. Elle se redressa lentement. Sephiroth aurait voulu lui venir en aide, tant elle semblait faible, mais encore une fois, son corps ne lui obéissait plus. Mais cette fois-ci, ce n'était pas parce que Jénova avait reprit possession de lui, mais parce qu'il était sidéré qu'Aeris ne cherche même pas à se couvrir. Elle lui souriait juste. Au bout d'un moment, il se retourna en bredouillant :

- Je…je vais…nous chercher des vêtements. Il déglutit difficilement.

- Vas-y, je connais ce coin, ce n'est pas dangereux. Il y a une petite cabane de bûcheron à l'est, elle n'est pas habitée toute l'année. Peut-être y trouveras-tu ce que tu cherches.

- Hmm.

Il se dirigea donc vers l'est. Il surveilla un peu les alentours, pour voir si des monstres n'allaient pas surgir, ou si des gens ne se baladaient pas. Mais la jeune Cetra avait raison. Il ne rencontra aucun monstre, mais par contre évita de justesse un couple de promeneur. La cabane en question fut assez facile trouver. Il entra précautionneusement et se mit en quête de vêtements. Mais le bûcheron ne devait pas être marié, il n'y avait que des vêtements masculins. Il opta pour un pantalon noir, une chemise de toile rouge à carreaux et des chaussures de randonnées. Il choisit pour Aeris un pantalon beige, une chemise identique à la sienne et une paire de chaussures assez mixte. Il se retourna et s'en retourna vers la jeune fille, en espérant que le couple de randonneur n'était pas tombé sur elle. Il se sentait pour la première fois, particulièrement bien. Des sensations de la période où il était encore libre de ses mouvements lui revinrent. Et comme ça, sans raisons, il se mit à courir. Il arriva beaucoup plus vite à la clairière où ils s'étaient réveillés. Elle était toujours là, elle l'attendait.

- Tiens, voilà des vêtements, désolé, c'est tout ce que j'ai trouvé.

- Ça ira très bien, merci.

Il se retourna, cherchant une bonne raison pour s'éloigner un peu. Elle ne cherchait toujours pas à cacher son manque d'habillement. Cela le gênait horriblement.

- J'entends une rivière couler, je vais voir où elle est.

- Ok, je te rejoins dès que j'ai fini !

Il mit très peu de temps pour trouver le cours d'eau qu'il avait entendu. Il se lava et but un peu. L'eau était très froide. Mais cela lui fit du bien.

- Tu te sens mieux.

- Ça va.

Elle était arrivée sans un bruit, mais il ne fut pas surpris. Les années qu'il avait passé à améliorer son sang froid avaient laissé des traces. En fait, il n'avait rien oublié.

- Maintenant, il faudrait trouver de l'argent. Pour s'acheter de nouveaux vêtements. Parce que là, ça va provisoirement, mais c'est pas de la haute couture.

- Tu proposes quoi ?

- D'aller à la ville la plus proche. On y trouvera peut-être du travail.

- On est où ?

- Près d'Utaï, je crois.

- Utaï ? Ça, ça m'intéresse.

- Pourquoi.

- Dans ma vie, j'ai eu fort peu d'amis. Tout le monde avait peur de moi. Il faut dire aussi qu'à dix ans, j'avais la force d'un homme adulte. Mais le seul véritable ami que j'avais était un utaïen. Un forgeron, plus précisément. C'est lui qui m'a forgé Masamune. J'espère qu'il est toujours à sa ville natale.

- Tu m'étonnes…

- Pourquoi ? ! !

- Tu parles à cœur ouvert. Ce n'est pas vraiment dans ton caractère habituel.

- Laisse tomber.

- Ça y est, tu te refermes. Laisses les autres te connaître, tu verras, ils trouveront en toi quelqu'un de formidable.

- Je crois surtout qu'ils verront en moi celui qui a essayé de détruire le monde. Et puis tu sais…

- Oui ?

- Petit, j'étais toujours été rejeté. Pour me consoler, je me suis dis que je leur faisais peur parce que je leur étais supérieur. Et je me suis toujours accroché à cette idée. Si bien que j'ai fini par le croire vraiment.

- Tu n'as pas toujours été à la Shinra ?

- Non, le professeur Gast a insisté pour me mettre pendant un temps dans une famille d'accueil. Je devais juste me présenter toutes les semaines au labo pour des examens que j'avais en horreur. Cette famille…je l'ai haï. Elle représentait pour moi ce que les autres avaient et pas moi. Ce n'était qu'une illusion créée par la Shinra pour que je me sente comme les autres.

- C'est gentil à toi de te confier à moi.

- Mais il n'y a pas de quoi, fit-il avec un sourire forcé. Tout dans son attitude faisait croire qu'il disait cela à contrecœur. De toute manière, je ne sais pas comment tu fais, mais il est impossible de ne pas tout te dire. Et à dire vrai, ça m'énerve.

- N'en parlons plus. Si on se mettait en route ?

- …

Il firent la plus grande partie du voyage sans dire un mot. Lorsqu'ils arrivèrent en vue d'Utaï, Sephiroth s'arrêta l'espace d'un instant. Cette marque d'hésitation fut peut-être perçue par Aeris, mais elle ne le montra pas. Il continuèrent comme si de rien était. En entrant dans la ville, elle lui demanda assez abruptement :

- Où habite-t-il ton ami ?

- Je…je ne sais pas…la ville a beaucoup changée depuis mon dernier passage. Et ça remonte à la guerre. Il faudrait demander.

- Comment il s'appelle ?

- Kan Azushi.

- En effet, c'est très utaïen comme nom.

Elle se dirigea vers un habitant de la ville et lui demanda avec son plus beau sourire :

- Excusez-moi monsieur, savez-vous où habite Kan Azushi, le forgeron.

Le type la regarda bizarrement, visiblement intrigué par ses vêtements, mais ne fit aucun commentaire.

- Il n'habite plus en ville depuis longtemps. Il s'est installé dans les montagnes. Mais je doute qu'il vous laisse le voir. Il ne veut plus voir personne.

- Ne vous inquiétez pas pour ça. Accepteriez-vous de nous servire de guide à mon ami et à moi ?

- Bien sûr.

- On y va, demanda Aeris à l'intention de Sephiroth

- …

Il ne répondit pas et se mit en route.

- Pas très commode votre ami, fit leur guide.

- Il est toujours comme ça, ça me ferait bizarre s'il changeait. Et puis, il me protège mieux que pourrait le faire n'importe quel garde du corps.

- Enfin, ce ne sont pas mes affaires.

Ils arrivèrent sans encombre jusqu'à la maison du forgeron. Il s'était installé près d'une rivière et avait installé une roue à aubes afin de profiter du courant pour activer le soufflet de sa forge. Une épaisse fumée grise sortait de l'immense cheminée. Sephiroth ne prit même pas la de frapper à la porte. Il entra, suivit d'Aeris. Le guide préféra rester dehors. A l'intérieur, le forgeron ne faisait même pas attention.

- Kan ?

Entendant son nom, il se retourna, l'air plus que méfiant, mais un large sourire apparut lorsqu'il vit son vieil ami. Il était assez petit, la peau mate, les yeux très bleus (mais visiblement pas à cause d'injection de Mako), les cheveux bruns et un fin collier de barbe entourait son visage crasseux. Son tablier était usé, révélant par endroit sa tunique rouge en dessous.

- Seph, c'est toi ? On m'avait dit que tu étais mort il y a…cinq ans de ça.

- J'ai eu quelques problèmes, mais je ne suis pas mort, je dois avoir un ange gardien qui m'en empêche.

Aeris sourit en entendant l'allusion qui lui était destinée.

- Je suis venu te demander ton aide.

- Mais, il n'y a aucun problème. Que veux-tu ?

- Je voudrais que tu me reforge Masamune.

- Rien que ça ? Tu sais le temps que ça va me prendre…au moins une semaine si je ne m'occupe que de ça…Il n'y a aucun problème ! Tu resteras bien ici durant ce temps ?

- Si tu insistes.

- Mais dis-moi, c'est qui la jolie jeune fille que tu as amenée avec toi ? Me dis pas que c'est…

- Quoi ?

- Ta petite amie ?

Sur le coup, il fut assez surpris.

- Je t'expliquerais tout en détail. Disons que ma vie est liée à cette jeune fille.

- Je m'appelle Aeris. Heureuse de vous rencontrer.

- Pas autant que moi, lui répondit le forgeron. Excusez moi, je vais me laver un peu. Passer son temps devant un fourneau n'est pas ce qu'il y a de mieux pour rester propre. Ah, au fait, Seph, j'ai conservé tes vêtements de rechange, ils m'y ont autorisé à la Shinra, ils sont dans cette malle. Si tu veux les remettre.

- Merci.

Comme toujours, il cachait sa joie, mais était content de retrouver les seuls bien matériels qu'ils aimaient vraiment, ceci excluant son sabre, qu'il retrouverait bientôt. Il les prit, alla dans la pièce à côté, et se changea. Lorsqu'il revint, il vit Aeris qui souriait.

- Tu te sens mieux maintenant ?

- …

- Ne te surtout pas obligé de laisser éclater ta joie au grand jour. Avec toi, même un mariage peut prendre une ambiance d'enterrement.

- Par contre avec toi, un enterrement prendrait une allure festive.

Elle le considéra quelques instants, étonnée par sa réaction. Puis elle haussa les épaules.

- Tu es sûr de vouloir tout expliquer à ton ami.

- Je crois que ce serait nécessaire.

- Si tu le dis.

Alors qu'ils discutaient, Kan revint, visiblement propre.

- Bon, alors si tu m'expliquais l'histoire de ta vie ces cinq dernières années ?

Ils étaient arrivés en fin de matinée. Il finit son explication vers les 19 heures.

- Je te plains. Quoi qu'en dise cette Jénova, je trouve qu'il faut une sacrée force de caractère pour survivre nerveusement. C'est relativement logique qu'elle ait put prendre possession de ton corps. Ton esprit était trop faible pour luter, surtout vu comment elle t'a endormi avec ses mensonges.

- …

- Je me mettrais demain à la confection de ta nouvelle Masamune. Je la ferai identique à l'ancienne. Cette arme était mon chef d'œuvre.

- Excusez-moi, mais n'étant pas avec vous durant la guerre, je ne sais pas comment vous vous êtes connu tous les deux.

- J'ai fait mon service militaire dans le Soldat, en tant que biffin.

- Biffin ?

- Homme à pied de basse classe. C'est du jargon militaire, expliqua Sephiroth.

- J'étais sous les ordres du Général Sephiroth ainsi que de nombreux autres jeunes du même âge que moi. Nous en étions au début de la guerre contre Utaï. Cela ne me gênait pas de combattre contre ma patrie. Ils m'avaient tous rejeté. Dans ma tête je ne faisais plus partie de ce pays. Enfin bref ! Tous avaient peur de lui, fit-il en désignant Sephiroth, mais moi, bien que je le trouvais impressionnant, je n'étais pas effrayé. Je me souviens de ce jour là, il s'en était aperçut et avais cherché à savoir pourquoi. Ce n'était pas que cela le gênait, mais ça l'intriguait plus qu'autre chose. Je lui ais expliqué que bien qu'il était un grand guerrier, je n'avais aucune raison d'être particulièrement effrayé. Il n'était sujet à aucune saute d'humeur particulière, et n'avais, à ma connaissance, maltraité aucun soldat injustement. Il était sévère, mais avais un sens aigu de la justice. Je l'intéressais, visiblement. Ayant une formation de forgeron, je lui aie proposé de lui forger une arme à sa mesure. Une arme que lui seul serait capable de manier. Il se battait à l'époque avec une épée de bonne qualité, mais ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux. Ma proposition lui a plue et je me suis mis à l'œuvre. Il m'avait fourni tout ce dont j'avais besoin, et même plus. Le résultat fut Masamune, une épée que même moi, son concepteur, n'était pas capable de la manier. J'ai dû lui demander si elle lui convenait, et il fallut la modifier à plusieurs reprises. Mais j'en suis très fier. Et demain, je vais renouer avec cette époque passée, et je vais avoir besoin de toi, pour la même raison.

- Tu peux compter sur moi.

- Je vais vous préparer à manger. Ce ne sera pas de la grande gastronomie, mais ça devrai être acceptable.

- On ne sera pas difficile, je vous le promets.

- Oh, je t'en prie ! Tutoies-moi !

Au cours du repas, Kan demanda à Aeris de lui raconter tout ce qu'elle savait à propos des Cetras. Elle s'exécuta sans se faire prier, racontant l'ensemble des légendes dont elle se souvenait. Sephiroth écouta silencieusement, mais Kan posa des tas de questions, ce qui ne semblait pas gêner la jeune fille. Après avoir fini de manger, elle s'excusa et expliqua qu'elle voulait aller dormir.

- Je n'ai qu'une chambre d'amis, mais je pense que vous pourrez vous y caser, je vais installer un matelas par terre.

- Pardonne ma question, mais c'est bien toi qui as construit cette maison ?

- Oui, pourquoi ?

- En ville, on nous a dit que tu ne voulais voir personne, pourquoi avoir construit une chambre d'amis ?

- Je me le suis toujours demandé. Peut-être en prévision d'un moment pareil. Qui sait…

- Hmm…Bonne nuit.

- A toi aussi.

- Je vais aller me reposer aussi.

Ils préparèrent la chambre et se couchèrent. Alors qu'Aeris était allongée sur le côté, comme tout le monde, Sephiroth était assis en tailleur, les yeux mi-clos. Cela intrigua Aeris.

- Tu ne te couches pas ?

- J'ai toujours dormi ainsi. Les cellules de Jénova en moi me rendent très résistant au manque de sommeil. Et crois-moi, si tout le monde dormait ainsi, on ne dormirait que 4 heures par nuit pour une récupération équivalente.

- Si tu le dis. De toute manière je n'ai pas à te dicter ta conduite. Bonne nuit.

- Si j'y arrivais, ce serait la première depuis des années.

- Hein ?

- A bien dormir.

- …

- …

 

Le lendemain matin, bien qu'il n'ait pas dormi de la nuit, Sephiroth se leva, frais et dispos. Il avait toujours été le dernier couché et le premier levé, ce qui avait contribué à sa réputation de surhomme, qui n'avait pas besoin de dormir. Mais pour une fois, quelqu'un d'autre était levé avant lui. Kan activait déjà ses fourneaux.

- Salut Seph ! Comment vas-tu ?

- …

- Toujours bavard comme une pie, à ce que je vois. Tu vois, j'ai commencé à forger Masamune. Mais j'ai découvert quelque chose de nouveau depuis la première fois où je te l'ai forgé.

- Quoi donc ?

- Tu vas voir.

Il se dirigea vers un coffre et sortit un bracelet avec un trou pour mettre une matéria.

- C'est ça ?

- Non, non.

Il chercha quelques instants dans sa poche et en sortit une matéria de couleur verte. Il l'inséra dans le trou de son bracelet. Une aura verte l'entoura.

- Quel est son pouvoir ?

- Elle me permet de manier le métal avec énormément de facilité. Je l'avais oublié. Avec ça, tu auras Masamune demain.

- Ça te facilite tellement le travail ?

- Vois par toi-même.

La barre de métal qu'il avait chauffé à blanc commença à léviter et à changer lentement de forme. Elle prenait de plus en plus la forme d'une lame de sabre.

- Qu'est-ce que c'est comme métal ?

- La première Masamune était en acier. La nouvelle sera en Mythril. C'est beaucoup plus résistant que l'acier et beaucoup plus léger. Elle n'en sera que plus dangereuse.

- …

- Je t'appellerai lorsque j'aurai besoin de toi. D'ici là, tu n'as qu'à déjeuner.

- …

Une voie enjouée jaillie tout à coup, les faisant se retourner.

- Bonjour tous les deux !

Aeris venait de se lever. Elle était habillée dans les mêmes vêtements que la veille.

- Salut, lui répondit le forgeron. Il faudrait que tu ailles en ville te chercher des vêtements un peu plus adaptés.

- Comme on te l'a expliqué, on est arrivé ici sans rien, je ne vois pas comment payer.

- Ne t'inquiète pas pour ça, je paierai pour toi. Vendre des armes rapporte pas mal d'argent. Je suis loin d'être pauvre.

- Merci beaucoup, c'est très gentil à toi.

- Surtout ne regarde pas la dépense.

- Je te remercie encore.

- …

Sephiroth avait suivi la conversation sans rien dire. Ses yeux étaient dans le vague. Il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire, une fois qu'il aurait Masamune. Il avait dis qu'il voulait faire le bien, et cela tenait toujours, mais de quelle manière, il n'en avait aucune idée. Laissant momentanément de côté ces sombres réflexions, il déjeuna avec Aeris. Aucun d'eux ne prononça un mot du repas. Une fois qu'ils eurent fini, elle lui demanda :

- Tu viens avec moi en ville ?

- Pourquoi faire, il n'y a aucun danger.

- S'il te plaît…

Le regard implorant qu'elle lui lança lui fit bien comprendre que ce n'était pas une simple fantaisie de sa part. Elle voulait lui dire quelque chose en particulier.

- Bon, si tu veux.

- Merci. Kan, nous y allons.

- Prenez la bourse sur le buffet, vous aurez largement assez.

- Merci.

Il descendirent le chemin qui conduisait à Utaï en quelques minutes. Une fois arrivés, ils se dirigèrent vers le magasin de vêtements. Quand ils rentrèrent, il y avait deux jeunes femmes qui discutaient. Aeris se choisit une robe longue rose, très proche de celle qu'elle avait avant de mourir. En fait, elle était habillée presque pareil. En se regardant dans la glace, elle se souriait à elle-même. Elle se sentait beaucoup mieux dans ce vêtement tout de même plus féminin. Mais elle perdit son sourire lorsque son regard croisa celui de Sephiroth. Elle ne s'était pas aperçut du regard qu'il avait depuis leur retour à la vie. Avant sa mort, il avait un regard d'halluciné, un éternel sourire froid aux lèvres. Maintenant, il ne souriait plus, et son visage reflétait une indicible tristesse. Elle ne s'était pas trompée. Elle n'avait pas encore trouvé le courage de lui parler, mais ce regard la conforta dans son opinion. Elle paya la robe et tout ce qu'elle avait acheté et sortit suivie de Sephiroth. Elle se retourna tout à coup et le dévisagea intensément, l'air grave. Il eut mouvement de recul, d'autant plus qu'il avait failli lui rentrer dedans. Il n'aimait pas la manière dont elle le regardait.

- Dis-moi si me trompe, mais cette nuit, tu n'as pas dormi ?

- Non.

- Et tu as réfléchi toute la nuit…

- En effet.

- Et à quoi as-tu réfléchis ?

- A tout le mal que j'ai fait. Oh, je sais ce que tu vas me dire, ce n'est pas moi, c'est Jénova, mon esprit était contre. Mais je m'en veux de ne pas avoir été suffisamment fort pour résister à son emprise.

- Tu as fait ce que tu as pu. Personne n'aurait pu résister. Ce n'est pas la peine de te torturer à cause de ça.

- C'est facile à dire pour quelqu'un qui ne l'a pas vécu. J'ai tout essayé pour la rejeter de mon corps. Mais elle a réussi. Ce sentiment de faiblesse, jamais je ne l'oublierai. Je pense qu'on ne pouvait pas tomber plus bas, moralement parlant.

- C'est du passé, tout ça. Maintenant, tu es là pour montrer au monde que tu n'es pas le diable.

- Tu parles, tout le monde sait qui je suis, tout le monde sait que c'est moi qui ai essayé de démolir la planète.

- Mais ce n'est pas vrai…

- Tu crois que les gens vont s'arrêter à ce genre de détails. D'ailleurs ça m'étonne que personne n'ai essayé de me tuer.

- Je ne pense pas qu'ils sachent que c'est Jénova par l'intermédiaire de ton corps qui ait fait ça. Les autorités publiques ont dû leur dire que c'était un hasard dans la mécanique céleste qu'ils n'avaient pas su prévoir.

- Mais la Shinra sait. Et AVALANCHE aussi.

- Tu crois qu'ils vont s'amuser à aller crier sur les toits : "Coucou c'est nous qu'on a sauvé le monde ! On a tué le Général Sephiroth, parce que c'est lui qui a essayé de jouer au billard cosmique." Ils ne seraient pas pris au sérieux.

- Si tu le dis.

- Bon, on rentre ?

- …

Soudain, un cri strident retentit.

- Ouais ! ! ! ! C'est pas vrai ! Aeris, t'es pas morte ? C'est génial, génial, génial !

Lorsqu'elle se retourna, elle n'en crut pas ses yeux. C'était une Youffie sautillante qui s'adressait à elle.

- Toujours aussi énergique, à ce que je vois.

- Je pète la forme, mais dis moi, c'est qui le beau ténébreux qui se cache à moitié ? Il me dit quelque chose.

- Attends, je vais t'expliquer quelque chose. Pendant ce temps là, mon copain le ténébreux va aller voir un de ses amis et lui expliquer la situation. Hein, mon copain le ténébreux, fit-elle en s'adressant à Sephiroth, qui était par bonheur dans l'ombre d'un arbre.

- … ce fut sa seule réponse.

 

 

Les notes :

Coucou, me revoilou pour ceux qui me connaissent, qui ont lu ma fic sur Evangelion, et peut-être (et là, c'est moins drôle) ma fic Earwen. Alors qu'est-ce que vous en pensez ? Vous vous demandez sûrement "mais que va-t-il se passer ?" ou alors "comment va réagir Youffie ?" ou peut-être encore "qu'est-ce que je vais manger ce soir ?". La plupart de ces questions trouveront leurs réponses dans la suite.

Un point sur les persos tout de même :

Sephiroth : Le Général préféré de ses dames et demoiselles. Alors je crois que je l'ai fait apparaître sous un jour nouveau. A ma connaissance, il y a fort peu de fic qui le traite comme ça. A part peut-être Catharsis, la (fabuleuse) fic de Sylvie Branford, que je vous recommande. Bon, je sais pas trop quoi dire sur lui d'autre…

Aeris : La revoilà ! Je suis content, j'ai trouvé une bonne technique pour la faire ressusciter, ainsi que Sephiroth. Elle est toujours aussi belle, toujours aussi intelligente, toujours aussi clairvoyante quand il s'agit de contacts humains. Peut-être un tout petit peu plus délurée (mais c'est flagrant je trouve).

Kan : Ah ! Un perso nouveau ! Made in moi. En fait, je ne l'ai pas fait tout à fait comme il aurait été dans mon idéal. Pour les joueur de jeux de rôles, dans mon esprit, il aurait été un nain. Mais pas le nain que l'on voie de nos jours (ça c'est pour ceux qui connaissent pas). Le nain de l'héroïc-fantasy c'est un type bon vivant, un peu grognon, faisant son bon mètre quarante - soixante, avec une longue barbe, adorant traîner dans sa mine, forger, démolir les méchants avec sa grosse hache ou son marteau de guerre et ayant une sainte horreur des elfes (haine réciproque). Je le voyais plutôt comme ça, mais ça s'adaptait pas à FF7. J'en aie donc fait un type assez petit, forgeron, enfin vous avez eu sa description dans le texte. Le seul ami de Sephiroth. Alors, c'est big prétexte pour récupérer Masamune, mais bon, vous verrez, il manie autre chose que le marteau de forge. Pour la petite matéria de forgeron, c'est un petit délire que je me suis tapé tout seul. Il me semble que j'ai tout dit.

Si vous avez des questions, des commentaires ou n'importe quoi à m'envoyer par mail, voici l'adresse : Nephret_m@hotmail.com

N'hésitez surtout pas, c'est toujours un plaisir immense de recevoir un mail de quelqu'un qui a apprécié. Mais si vous n'avez pas aimé, vous pouvez me le dire aussi. Je réponds toujours.

Dernier point : les remerciements.

Je remercie Sylvie Branford pour héberger mes fanfics, ma sœur pour être ma prélectrice attitrée, Thibaud pour être un super copain qui ne lira cette fic parce qu'il n'a jamais joué à FF7, à tous ceux que j'ai pas nommés mais à qui je pense quand même.

Bon, à tchao !

 

 

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