La Bibliothèque de la ShinRa corp.
Le Chaos qui est en Moi
Chapitre VI : … Et Nous finirons tous dans la Rivière de la Vie…
Tifa se demandait pourquoi ses amis faisaient tant de bruit dans le bureau du docteur Mentor, les autres patients devaient penser qu’ils n’avaient aucune éducation. Elle se mit alors à rougir de honte. Elle décida de se lever et d’aller voir ce qui se passait. Après tout, le couloir était très étroit et marcher cinq mètres, ce n’était pas faire une course de fond tout de même ! Elle allait montrer à ce médecin qu’elle était en pleine forme !
Elle entendait toujours Clad rire de l’autre côté du couloir. Il parlait d’escargots, crut-elle deviner. Pourquoi diable parlait-il d’escargots ?! Non, elle devait se tromper… Elle sauta sur ses pieds… et le regretta amèrement. Ses jambes étaient incapables de la porter, elle se sentit tomber, face contre terre. Sa tête heurta le sol. « Aïe ! » pensa t-elle, le souffle coupé. Et elle s’évanouit.
*****
Yuffie fut très attentive à la devinette de Clad. Car il avait prononcé les mots magiques : « la question à 100 000 gils » ! La question en elle-même n’intéressait pas Yuffie outre mesure, mais les 100 000 gils, ça, c’était autre chose ! Dans sa petite tête brune, elle se repassa à la vitesse de la lumière les indices qu’elle possédait : Séphiroth avait été retrouvé dans la Rivière de Vie à Mideel et depuis six mois, il était dans un état végétatif dans cette clinique… Non, cela n’avait rien à voir avec la question de Clad ! Alors elle passa à l’indice suivant : Vincent n’avait plus donné signe de vie, n’était pas venu à la fête au Gold Saucer… Voilà un début de piste qui semblait un peu plus… intéressant…
Continuons : l’aérostat de Cid était volé depuis trois jours, volé pendant la nuit où il était resté au Gold Saucer. Et le même jour où Cid avait constaté le vol… quelques heures plus tard, à Mideel, le docteur Mentor avait vu "un gros avion à hélices qui semblait être ton Hautvent, Clad" – ce à quoi, Cid s’était bien sûr empressé de répondre "c’est MON Hautvent, Docteur !" Euh, ne nous égarons pas dans les détails, là !
Donc, le Hautvent semblait se diriger vers le nord selon le médecin ; information qui s’était avérée, étant donné qu’on avait retrouvé l’appareil près de la ferme chocobo, dans les Prairies… Maintenant, c’était César (Hahaha ! aurait fait Clad) – un chocobo doré appartenant à Clad – qui avait "disparu", volé en plein jour dans cette ferme… sous le nez et à la barbe des éleveurs ! Yuffie ne connaissait qu’une seule personne, un seul homme capable d’une telle… discrétion…
Pourquoi alors avoir pris un chocobo valant "deux fois moins cher" et "dix fois plus lent" qu’un avion à réacteur – qui était en bon état de marche… Le voleur ne s’intéressait ni à l’avion ni à l’argent, alors. Une fois de plus, un seul homme pouvait être suspecté d’un tel… désintéressement…
L’appât du gain peut être une sacrée motivation, même pour les cerveaux les plus lents, et Yuffie avait peut-être beaucoup de défauts, mais surtout pas un "cerveau lent" ! Clad avait à peine fini sa phrase, les autres membres de l’équipe firent un "euh …" hésitant et Yuffie lançait déjà devant l’assistance médusée (« Roulements de tambour, s’il-vous-plait ! » pensa t-elle) :
« C’est parce que Vincent avait besoin d’un chocobo doré ! Il voulait aller là où seul un chocobo doré pouvait l’emmener ! »
Clad applaudit
« - Bravo, Yuffie !
- Tu me donnes l’argent, alors ?!
- Hein ?
- Les 100 000 gils promis, voyons !
- Euh… c’était juste une expression, Yuffie…
- Quoi ?! Et zut ! J’te hais, Clad Strife ! »
Et elle sortit de la pièce en fulminant. Il y eut un moment de soudain silence après tout ce charivari.
« - Bien, fit Cid, je vais aller rechercher mon Hautvent !
- C’était Vincent, le voleur… Je n’arrive pas à y croire, il est – il semblait si honnête… murmura Red.
- Je vous l’avais bien dit qu’il était bizarre, ce Valentine ! » répondit Barrett, s’appropriant sans vergogne la déclaration de Cid, faite il y a plusieurs jours de cela. Et tous trois sortirent.
« - Hé, attendez ! fit Clad en les suivant
- Mais où Vincent voulait-il aller, en fait ? » demanda Cait Sith.
Personne ne lui répondit, ils étaient déjà tous sortis.
*****
Tifa se réveilla en sursaut et regarda autour d’elle. Personne, tant mieux ! Elle se releva aussi vite que possible, s’aidant de ses bras, et se retrouva à quatre pattes, haletant à cause de l’effort – minuscule pour les autres, mais qui relevait de l’exploit pour elle. Ah, la relativité… !
Elle prit appui sur le rebord du lit et essaya de se hisser dessus. Cela lui prit un certain temps, et à peine avait-elle réussit à réintégrer son lit qu’elle entendit Yuffie crier "J’te déteste Clad !", ou quelque chose de ce genre… Puis plusieurs claquements de porte. Ooooh, ils allaient se faire traiter de voyous et tous être jetés hors de la clinique !
Elle reprenait son souffle lorsque l’on gratta doucement à sa porte. "Laisse-moi faire, Red" entendit-elle Barrett dire de l’autre côté de la porte. Puis trois petits coups frappés délicatement à la porte. Tifa n’en revenait pas, "Barrett" et "délicatement" pouvaient s’accorder !
« Oui, entrez ! » répondit-elle de sa voix la plus vaillante possible. En fait, elle n’était pas aussi en forme qu’elle le croyait…
« - Toujours la forme, Tifa ?
- A merveille ! Je ne me suis jamais sentie aussi bien !
- Tant mieux…
- Je vais aller rechercher mon Hautvent, Tifa. Et je resterai à Kalm, pour te souhaiter la bienvenue dès que tu rentreras !
- C’est gentil, Cid… Hum, tu as retrouvé le Hautvent alors ?
- Oui, il est près de chez Clad…
- Attendez une minute ! fit ce dernier. Vous ne pensez pas un peu à Vincent ?
- Ce voleur ! pesta Cid
- Je, je suis un peu déçu par son attitude… soupira Red
- Je n’ai jamais eu tout à fait confiance en ce Turk ! fit Barrett.
- … Oh, c’était juste un ex-Turk…
- Toi l’espion, on t’a pas sonné ! »
Cait Sith baissa la tête, en fait, tout son corps s’affaissa. Il voulut se diriger vers la porte.
« - Attends, Cait ! l’arrêta Tifa. Barrett ne voulait pas te faire de la peine. N’EST-CE PAS, Barrett ?
- Humm… Ouais, c’est vrai ! Tu me connais, Cait, je parle toujours un peu trop vite…
- Bien ! s’exclama Cait tout joyeux. J’accepte tes excuses sous-entendues !
- Puisque c’est comme ça, l’affaire est réglée ! Je pars chercher le Hautvent ; à la prochaine, tout le monde !
- On reviendra tous à Kalm dès que Tifa sortira de la clinique, et on fêtera ça !
- MAIS ECOUTEZ-VOUS, BON SANG !!!
- Clad, pourquoi tu t’énerv…
- PAS UN INSTANT VOUS NE VOUS SOUCIEZ DE VINCENT ! MAIS NOUS SOMMES UNE EQUIPE ! B*$ #%* DE M* #%$ !!! »
Cid fut surpris de l’influence qu’il pouvait avoir sur le jeune Clad ; quoiqu’à sa place, il aurait utilisé une expression un peu plus imagée pour ce genre de jurons…
« COMBIEN DE FOIS nous a t-il TOUS sauvés, hein ? Vous ne vous en rappelez peut-être pas, mais MOI, je sais que je lui dois la vie ! »
Clad eut un peu mal à la gorge après avoir tant crié. Il pensa aux autres patients de la clinique et sentit le rouge lui monter aux joues. Et vit que Tifa rougissait aussi…
« - Clad a raison. Je vais très bien et si Vincent a besoin d’aide, vous devriez aller le retrouver au lieu de vous préoccuper de moi…
- Hum, hum… On ne sait pas où il est allé !
- Si. Nous savons où il est, n’est-ce pas Clad ? »
Yuffie se tenait dans l’embrasure de la porte, venant juste d’arriver. Apparemment, elle ne haïssait plus Clad, elle lui souriait même. Clad approuva de la tête.
« - Vas-y, lance-toi, tête de hérisson ! l’encouragea Yuffie
- J’ai une idée de l’endroit où il est allé…
- Nous avons fait le tour du monde l’année dernière, Clad, et il ne peut se diriger que vers UN endroit, pour avoir besoin de ton choco doré !
- Tu as raison, Yuf’ »
*****
« Bien, tout le monde est d’accord, alors ? » lança Tifa d’un ton enjoué ; un peu trop enjoué, cela sonnait faux…
« - Je sais, c’est moi qui ai voulu qu’on aide Vincent… Mais je ne peux pas te laisser seule, Tifa…
- Merci ! ironisa Barrett. Alors, nous, on compte pour des prunes !
- Clad, voyons, tu sais que Barrett et Red resteront ici avec moi…
- Et si tu t’inquiètes encore pour Marlène, je te répète qu’elle sera RAVIE de rester quelques jours de plus chez sa copine de classe, plus que de retrouver son vieux paternel !
- Oui, Barrett, mais…
- Pas de mais ! Je n’ai pas besoin de toi ici. Je vais TRES bien, je t’appellerai si jamais je suis à l’article de la mort !
- Ne plaisante pas avec ça, Tifa… »
*****
" Pardonnez-moi, Cid et Clad. Je ne peux que vous demander de m’excuser pour ce que j’ai fait.
Adieu à tous.
V. "
« Sinistre, son message ! » résuma Cid.
Arrivé dans la région des Prairies, Clad avait pensé « Au diable ce qu’elle peut bien dire, je retourne au chevet de Tifa ! », mais maintenant que Cid avait trouvé cette note sur le tableau de bord du Hautvent, il se dit qu’il ne pourrait jamais…
Il ne pourrait jamais plus se regarder dans une glace s’il ne tentait pas, au moins, de rattraper Vincent - et de l’aider, s’il le pouvait…
Sur l’invitation de Clad, Cait Sith alla dans l’écurie afin de changer son chocobo noir pour le dernier chocobo doré qui restait.
Il sortit en courant, tout de suite après être entré.
« - Au s’cours, Clad ! Il ne veut pas que je l’approche !
- Qui ?
- Le chocobo ! Il m’a à moitié défoncé le crâne quand j’ai voulu le sortir, son bec est dur comme l’acier ! »
Clad alla à son tour dans la grange, et en sortit avec le chocobo récalcitrant. Il lui murmurait à l’oreille tout en lui grattant le cou. Il tendit la bride à Cait Sith, qui se recula d’effroi.
« - Je ne touche pas à cet oiseau de malheur ! Pourquoi tu ne me prêterais pas celui que tu étais en train de monter, hein, dis ? Et tu utiliserais celui-ci, qui a tellement l’air de tenir à toi !
- D’accord. Comme tu voudras… Mais je lui ai parlée, tu sais. Elle veut bien te transporter, maintenant. Goldie est juste un peu exclusive. Elle ne permet à personne d’autre qu’à Chole et à moi de… Oh !
- Quoi donc, Clad ?
- … c’était donc pour ça qu’il a pris César ! Parce que Vincent ne pouvait pas approcher Goldie non plus… »
*****
« - Je crois qu’on est perdus, Clad ! gémit Cait Sith
- Hmm… fit Cid, tout aussi perplexe.
- Je, j’étais pourtant sûr que l’Ile Ronde était par là !
- Bande de moules, suivez-moi ! lança Yuffie d’un ton moqueur avant de foncer à toute allure sur sa monture à plumes.
- Vous croyez qu’on devrait la suivre ?
- Je ne fais pas très confiance au sens de l’orientation d’une fille – surtout de CETTE fille… Mais nous n’avons pas le choix ! Geronimo !»
Ainsi conclut Cid avant de mettre son chocobo au galop, sur les traces de Yuffie.
« - Cait, je crois que Yuffie peut sentir la matéria à trente lieues à la ronde ! Alors penses-tu, une île dont la base entière est faite de matéria !
- Hummm… Si je n’étais pas qu’une peluche, je pense que j’aurais peur ! »
En suivant Yuffie, ils arrivèrent finalement à destination. Le soleil commençait déjà à se coucher. Les chocobos, à part Goldie, avaient fait tout le chemin depuis Mideel jusqu’à cette île perdue au milieu des flots du Nord et, n’ayant eu droit qu’à une courte pause dans la région des Prairies il y a plusieurs heures de cela, les pauvres volatiles étaient complètement épuisés. Prenant pitié de ses chocobos, Clad décida de les laisser se reposer sur la plage ; et nos amis durent donc gravir la haute enceinte rocheuse qui protégeait l’Ile Ronde. Yuffie traînait des pieds, se plaignit de points de côté et fit une halte à mi-chemin. « Allez devant ! Je vous rattraperai ! » fit-elle en s’asseyant et en soufflant comme un bœuf. Clad, Cid et Cait Sith se remirent donc en route sans elle. « Bon débarras ! » pensa Cid avec un sourire. Il lui en voulait encore d’avoir volé les matérias du groupe, l’année passée.
Ils finirent l’escalade de la paroi et se retrouvèrent vite dans l’île elle-même. Alors qu’ils n’avaient fait que quelques pas dans l’épaisse jungle - un véritable labyrinthe de végétation - ils entendirent un grognement tout près d’eux. Un fauve de couleur rousse sauta depuis la branche où il était installé, et atterrit devant eux.
« - Grrr… Que faites-vous ssssur mon territoire !
- Red, ça alors ! Qu’est-ce que tu fais là !
- Cait, ce n’est pas Red…
- … en effet… mais il lui ressemble vraiment…
- Ne bougez pas, il a l’air féroce…
- Qui est sssssse Red dont vous z’avez parlé !
- C’est un ami à nous, il vous ressemble beaucoup. Mais vous n’avez pas les mêmes yeux. »
En effet, en plus des tatouages et des blessures de guerre, ce fauve-ci n’avait pas la même couleur d’yeux que Red. Et "ce fauve-ci" était en fait une jeune femelle, avec de magnifiques yeux vert-émeraude dont le centre de l’iris semblait constellé d’étoiles d’or ; la pupille d’un noir intense se contracta. Une lueur passa dans les yeux vert hypnotiques, Clad pensa : « Il va attaquer ! »
« - Nanaki ! cria Yuffie de loin. Comment es-tu…
- Oh non, manquait plus qu’elle ! » marmonna Cid.
Yuffie parvint en courant à la hauteur du groupe, vit l’animal, stoppa net mais ne put retenir le reste de sa phrase :
« - … arrivé ici…
- Nanaki ! Encore un autre de vos z’amis qui me ressssssemble !
- …euh, en fait Nanaki et Red sont une seule et même personne…
- UNE PERSSSSONNE ! IL NE ME RESSSSSEMBLE DONC PAS !
- Attendez ! Je veux dire: Nanaki est l’autre nom de Red, il n’est pas humain et vous ressemble beaucoup. C’est étrange d’ailleurs, il pensait être le dernier de son espèce.
- JE ssssuis la dernière de mon esssspèce ! Et je ne vous crois pas, Humains !
- Nous ne vous disons que la vérité ! »
Ils semblaient tellement sincères, ces humains, que les certitudes de Léona s’ébranlèrent. Elle se décontracta et s’assit sur son arrière-train mais ne quitta pas le groupe des yeux. Elle n’avait jamais connu que cette île, ses parents lui disaient qu’ils étaient les derniers survivants de leur espèce et depuis qu’ils étaient morts, elle se sentait tellement seule, isolée sur cette île, obligée de se battre tous les jours pour sa survie. Il y avait une chance pour que ces humains disent la vérité. Elle décida d’attraper cette chance au vol, elle voulait s’accrocher à cet espoir…
« Quel est votre nom ? »
Léona revint soudain à la réalité… Une chance pour qu’ils disent vrai, un espoir…
« - Mon véritable nom est imprononsssssable dans votre langue, mais z’ appelez-moi Léona, fit-elle de sa voix la plus douce possible.
- Léona, s’il-vous-plait, nous devons passer sur votre territoire. Nous sommes à la recherche d’un ami qui a besoin de notre aide. »
Léona se souvint alors du seul autre humain qu’elle venait de voir passer, cet étrange spécimen d’humain à la cape rouge… monté sur un ridicule volatile jaune. Elle en aurait bien fait son dîner, de cet oiseau qui se déplaçait si lentement ; et tout à coup, avant qu’elle n’ait pu attaquer, il avait filé à un train d’enfer vers la rivière… Cet oiseau était devenu complètement fou ! Elle aurait pu le rattraper malgré tout, mais elle ne s’attaquait ni aux bêtes malades, ni aux proies folles – mauvais pour sa santé, tout ça !
Elle décida d’aider les humains. D’un mouvement de la tête, elle indiqua la direction.
« - Vers la rivière au nord-esssst ! Vous pouvez traversssser mon territoire !
- Merci Léona ! » fit l’humain blond à la drôle de coiffure.
Et le groupe se mit à courir dans la direction indiquée.
Avant qu’ils ne soient hors de portée de voix, Léona ajouta d’un ton enjoué :
« - Vous me présenterez z’à ssssse Red que vous connaissssez ?
- Promis ! »
Ils arrivèrent très vite à la rivière indiquée par Léona, mais pas de Vincent. Seul César était là, en train de boire au bord de l’eau. Dès qu’il entendit le groupe venir, il se retourna brusquement, cria et se mit à courir en rond, en agitant désespérément ses ailes trop courtes pour voler. Clad s’approcha du chocobo, l’amadoua et parvint à le calmer.
« - Oui, calme, César. C’est fini maintenant. Tu es un bon chocobo…
- Clad, regarde ! » fit Cid en pointant du doigt une zone près de la rivière.
A cet endroit, la terre était mouillée et plus meuble qu’aux alentours. Des traces de lutte.
« - On s’est battu ici !
- Oui, et je crois savoir qui a gagné, hein César !
- Tu veux dire que Vincent a perdu le contrôle de César, et qu’il est reparti à pied ?
- Tout à fait. Maintenant, il faut trouver où il est allé.
- Tiens, où est passée Yuffie ?
- Yuffie ? Je ne sais pas…
- Hé oh, Yuffiiiie ! »
D’autres traces partaient de la rivière. Deux pistes, laissées par deux personnes différentes, qui allaient dans la même direction.
*****
« - Vincent, attends-nous !
- Que… Yuffie ! Qu’est-ce que tu fais là !
- Nous sommes venus t’aider !
- "Nous" ? Mais je ne vois personne d’autre, Yuffie ! »
Yuffie se retourna, et s’aperçut qu’elle était seule en effet. Elle pensait pourtant que les autres l’avaient suivie…
« - Ils… ils ont dû me perdre de vue, je suis passée devant, mais ils arrivent bientôt !
- Tu – vous n’auriez JAMAIS dû me suivre jusqu’ici !
- Quels que soient tes problèmes, nous t’aiderons, Vince !
- Personne, personne… ne pourra m’aider. Je dois y aller seul.
- Mais, on est tes amis !
- JUSTEMENT ! C’est trop dangereux, ne vous mêlez pas de ça !
- Pfff ! On croirait entendre Clad ! On en a vu d’autres l’année dernière, tu sais ? On est des durs !
- Je ne veux pas que vous risquiez…
- Les amis sont faits pour s’entraider ! C’est ce que j’ai appris avec vous tous… Je pensais que c’était mieux de travailler en solo, jusqu’à ce que je les rencontre… Et toi aussi, tu t’es joint à notre troupe ensuite. Pourquoi ne serait-on plus une équipe, maintenant ?!
- Je ne veux pas de votre mort sur la conscience. J’ai déjà les mains trop sales…
- LAVE-LES ! »
Vincent se mit à rire, la première fois depuis bien longtemps. Il avait un rire délicieux…
« - Yuffie ! Toi et tes jeux de mots idiots ! Que m’as-tu dit l’année dernière, au fait… euh, un jeu de mots sur mon nom…
- Je t’ai dit : "Qui est ta valentine, Vincent ?", c’était un 14 février…
- Oui… comment ai-je pu oublier ça…»
Vincent ne riait plus. Il avait cessé de rire à l’annonce de son nom déformé, de ce mot : "valentine". Il pensa à la seule valentine qui existait dans son cœur…
*****
Lieu : clinique de Mideel - Temps : le même soir.
Red sortit dans le jardin de la clinique, s’assit sur l’herbe humide de rosée du soir. Une lune rouge, rouge…
Il tendit le cou vers l’astre nocturne et hurla sa peine et son désespoir, hurla tout ce mal-être qu’il ressentait ; ce serrement dans son cœur, depuis que le vieux Hago lui avait téléphoné du village de Cosmo ! C’est comme s’il avait été poignardé…
Il hurla son chagrin, il pleurait la mort de son grand-père…
« - Barrett, il faut que j’aille lui parler !
- Dans ton état, Tifa ! Tu délires, ou quoi !
- Mais… je peux peut-être le consoler, essayer de le consoler, au moins l’écouter…
- Je pense surtout qu’il a besoin d’être seul. »
Tifa posa son front contre la vitre de sa chambre. Un halo de buée se forma sur le carreau, à l’endroit où se trouvait son visage. Depuis son lit d’hôpital, par la fenêtre, elle devinait une forme dans la semi-obscurité, une forme familière et solitaire. Un long hurlement s’éleva de nouveau dans la nuit.
*****
Clad, Cid et Cait Sith avaient suivi les traces de Vincent et Yuffie. Mais arrivées à un certain point, là où le sol était trop rocailleux, les traces ne furent plus visibles. Ils levèrent alors les yeux du sol ; ils n’avaient plus besoin de suivre les traces de pas. Devant eux, à quelques dizaines de mètres à peine se dressait une caverne. La grotte à matéria… là où ils avaient trouvé la matéria d’invocation suprême…
Ils se mirent à courir à toute vitesse et atteignirent l’entrée de la grotte.
« - Non, Vincent ! Emmène-moi avec toi !
- Adieu, Yuffie ! »
Clad eut à peine le temps d’apercevoir une cape rouge faire volte-face, puis disparaître dans le puits qui se trouvait au fond de la grotte. La silhouette de Yuffie courut vers le puits et sauta dedans à la suite de Vincent.
Clad ne réfléchit même pas, il s’élança à la suite de Yuffie, l’empoigna par le bras, et faillit finir au fond du puits aussi, lorsqu’il sentit sa chute s’arrêter brutalement : Cid le retenait par les pieds, tandis que Cait Sith retenait Cid par le blouson.
Par un mouvement de balancier qui succéda à la brutale secousse, Yuffie fut projetée contre la paroi du ravin.
Lorsque sa tempe cogna la dure paroi recouverte de cristaux de matéria, elle eut l’impression que sa tête éclatait. Mais elle put rouvrir les yeux. Elle baissa la tête, vit alors un flot de liquide vert phosphorescent qui tourbillonnait en dessous d’elle. La Rivière de Vie… Elle sentit un liquide chaud couler le long de sa joue, et vit aussi plusieurs gouttes de ce liquide rouge et visqueux tomber sur son corsage de laine blanc ; du sang qui s’écoulait de son propre front. Elle se sentit légère tout à coup, et sa dernière pensée fut "…alors, voilà ce que ça fait de mourir…", puis elle sombra dans la nuit la plus totale.
*****
« - Comme c’est étrange !
- Qu’est-ce qui est étrange, Vincent ?
- Que je sois là à te parler, alors que tu es morte, Aeris. Serais-je mort aussi ?
- Non ! Je ne t’aurais pas fait venir ici si cela avait été aussi dangereux !
- Je suis là ; dis-moi quoi faire, maintenant.
- Tu dois empêcher la Grande Crue de la Rivière de Vie.
- Tuer Séphiroth – tuer l’esprit de Séphiroth, pour qu’il ne puisse pas déclencher la crue…
- Oui, je pensais que tu y arriverais à temps mais… Non, Vincent. Il est trop tard à présent…
- Que dis-tu !
- Séphiroth… il a une telle force de volonté…La crue est en train de se préparer. La Planète gronde, l’énergie spirituelle bouillonne, je peux le percevoir. Séphiroth savoure déjà sa vengeance envers tout le genre humain. Mais si l’inondation se produit, non seulement les hommes, mais aussi toutes les espèces vivantes mourront ! Et je ne peux rien y faire, toutes les âmes de la Rivière de Vie ne peuvent rien faire. Nous ne pouvons que suivre le cours de la Rivière. Mais Séphiroth, lui, contrôle ces flots !
-Il y a forcément un moyen de le contrer, aide-moi, Aeris ! »
La jeune femme baissa les yeux. Elle semblait hésiter.
« - Il faut que tu le contres avant même que cette histoire se soit produite. Avant même qu’il ne soit parvenu jusque là…
- Je ne comprends rien à ce que tu dis !
- Le passé, Vincent. La réponse est dans le passé, dans ton passé !
- Mais… le passé est révolu… que veux-tu que je puisse y faire ?!
- La Source, Vincent… Nous sommes à la Source-même de tout ce qui a existé, existe et existera. La vie est une boucle ; quand nous sommes dans la boucle, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Mais ici, rends-toi compte : nous sommes en dehors de la boucle, de toutes les boucles qui ont pu exister depuis la nuit des temps…
- Cesse de parler par énigmes ! Mon cerveau est comme engourdi ici, je ne comprends rien !
- Voici la boucle de ta vie ! »
Aeris désigna une sorte de porte, non plutôt une sorte de tunnel sombre.
« - Décide du moment très précis de ta vie où tu veux revenir, traverse ce passage, et tu seras dans ton passé. Et alors tu pourras rectifier toutes les erreurs que tu as commises en ce temps-là…
- C’est aussi simple que ça ?!
- Non, pas exactement. Tu pourrais être victime de troubles de la mémoire, confondre passé et avenir, illusions et réalité. Plus tu iras loin dans ton passé, plus les pertes de mémoire seront importantes… Alors, je te conseille de juste revenir dix jours en arrière ; en t’y prenant à temps, tu arriveras ici avant que Séphiroth ait pu faire quoi que ce soit…Et alors, tu libéreras son âme, elle se joindra à la Rivière et ne causera plus de tort à quiconque…
- En six ans, il a déjà tellement causé de torts, à toi, à toute la Planète !
- … Cela n’a plus d’importance à présent. Dépêche-toi, Vincent ! Tant que le corps physique et l’âme de Séphiroth ne seront pas apaisés dans la mort, la Planète court au désastre !
- Il faudrait aussi tuer son corps à Mideel, alors ! Et dire que j’étais là-bas et que je n’ai rien fait à part voler son sabre !
- Ce n’était pas la peine de le tuer physiquement. Quand son âme se dissoudra dans la Rivière, son cœur à Mideel cessera de battre, à jamais.
- …
- Va, maintenant ! Rappelle-toi : dix jours dans ton passé, pas plus ! »
Vincent vit une silhouette vaguement familière s’approcher… Bugenhagen ! Alors… il était mort, lui aussi ? Pauvre Red…
Aeris aussi vit l’image du vieil homme s’approcher, se faire plus nette. Elle poussa Vincent en direction du tunnel.
« Dépêche-toi, Vincent ! Il va être trop tard, sinon ! »
A l’entrée du tunnel, Vincent ne suivit pas les conseils d’Aeris. Il prononça à voix haute :
« Je veux revenir vingt-six ans en arrière – non, vingt-sept ans en arrière, un an avant la naissance de Séphiroth ! »
Aeris en resta interdite. Mais avant qu’il ne rentre dans le tunnel, elle le retint par le bras :
« - Trente et un ans, Vincent ! Un an avant sa naissance, c’était il y a trente et un ans !
- Mais…
- Fais moi confiance !
- Bien, trente et un ans en arrière, alors… »
Comme c’était bizarre, et lui qui avait toujours pensé que Séphiroth était né vingt-six ans plus tôt. Alors que c’était trente ans… Quatre ans d’écart… Comment avait-il pu faire une erreur de quatre ans, qu’était-il donc arrivé lorsque Séphiroth avait quatre ans ?… Mais Vincent ne comptait pas le découvrir, il avait pris sa décision ; pas de bon cœur – ou plutôt la mort dans l’âme, mais il avait pris sa décision : il allait… éliminer Séphiroth… dès sa naissance… Ou plutôt : Séphiroth n’allait jamais naître !
Et il pénétra dans le tunnel. C’était étrange, il crut entendre Bugenhagen crier : « Non, ne fais pas ça, Vincent ! » à l’instant même où il s’était fondu dans l’obscurité du tunnel de son passé. Mais il avait sûrement mal entendu.
Il se sentit tomber, tournoyer en tombant. Sa chute dura une éternité. Et durant tout ce temps, il se répétait : « trente et un ans dans mon passé… trente et un ans… trente et un… »
*****
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