La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

Notes importantes: Que les lecteurs de moins de 15 ans retournent à la biblio de mon site SANS lire ce qui va suivre, merci.

Il est recommandé, pour comprendre le texte, d'avoir lu "Fantaisie Ultime" et "Ultime Destin"

 

 

L’Ombre du Futur

 

 

« Dans la boucle du temps, il n’y a ni commencement ni fin.
- Alors il n’y a pas d’échappatoire non plus ?
- Ni d’espoir non plus.
- A quoi sert le passé dans ce cas ?
- A être chéri, haï, regretté.
- Et le présent ?
- Mieux vaut simplement en profiter.
- Car présent devient ensuite passé.
- L’avenir devient présent.
- Et tes cauchemars réalité…  »

 

 

La pluie tombait de son rythme humide et mélodieux contre le carreau, ruisselant sur la vitre comme les gouttes de sueur qui perlaient sur le front du jeune homme endormi. Fronçant les sourcils dans son sommeil, il secouait spasmodiquement la tête comme s’il niait de toutes ses forces une évidence flagrante. Celui qui partageait ce lit avec lui dormait au contraire paisiblement, la main alanguie contre l’oreiller, ses longs cheveux d’ébène courant comme des zébrures sur le drap blanc qui le recouvrait à moitié.

Après quelques instants supplémentaires, le dormeur au sommeil agité se réveilla brusquement, le souffle court. Ses yeux bleus s’ouvrirent en grand et le monde onirique dans lequel il se trouvait auparavant, céda la place au plafond blanc qui se trouvait juste au-dessus de son lit. Les yeux clairs scrutèrent un instant l’obscurité, le temps que leur propriétaire retrouve ses esprits et se rende compte que ce qu’il avait pris pour une atroce réalité n’était en fait qu’un simple cauchemar. Peu à peu, son cœur retrouva un rythme normal. Il poussa un profond soupir de soulagement en passant la main dans ses courts cheveux blond clair puis sur ses yeux pour se réveiller complètement. Il tressaillit cependant à nouveau au souvenir du mauvais rêve et se tourna brusquement vers son compagnon. Il pencha son visage vers lui, à l’affût du moindre bruit. Lorsqu’il entendit le souffle régulier du dormeur, preuve que celui-ci était vivant, il ne put s’empêcher de sourire avant de se rallonger et de pousser un autre soupir de soulagement.

Un instant passa, la scène nocturne semblait figée dans l’irréalité de cette douce nuit d’été. Il était réveillé à présent, bien conscient qu’il ne pourrait pas facilement se rendormir car depuis toujours, il avait le sommeil rare et léger. Alors il se tourna vers son ami et jugea que se plonger dans la contemplation de ce doux visage endormi serait un passe-temps agréable en attendant une éventuelle seconde visite du marchand de sable.

Un autre instant, plus long que le premier, passa. Puis lentement, sa main s’approcha de ce visage fin et laiteux comme pour en esquisser les contours ; furtivement, à la dérobé, comme un voleur. N’osant le réveiller mais ne pouvant empêcher sa main de se diriger vers sa destination si séduisante, il se contenta de caresser de loin ce visage aux traits abandonnés au sommeil, les longs cheveux lâchés au bon vouloir de la nuit, la courbe de sa gorge, l’épaule recouverte du drap…

Quand s’était-il avancé ? Quand sa bouche avait-elle commencé à effleurer ces lèvres douces ? Impossible de se souvenir. Mais le fait est qu’il était à présent en train d’embrasser le dormeur. Ce dernier fronça d’abord le nez dans son sommeil, poussant un petit soupir de protestation face à l’envahisseur qui le tirait peu à peu de cet état de grâce et de repos dans lequel il était plongé. Mais lorsque le baiser se prolongea, devenant plus profond, il se réveilla en clignant plusieurs fois ses paupières encore endormies et reconnut enfin celui dont les lèvres étaient à ce moment-là si intimement liées aux siennes.

Voyant qu’il venait de réveiller son compagnon, le blond s’arrêta soudain et recula brusquement, comme s’il se réveillait à nouveau d’une étrange transe.

« Laekh ? Qu’est-ce qui ne va pas ?? s’inquiéta son ami en le voyant sursauter et s’éloigner ainsi de lui.

- Je… je suis désolé, je ne me rendais pas compte… Je ne voulais pas te réveiller, balbutia le blond en fronçant les sourcils d’un air perdu. Je crois… que c’est parce que j’ai fait un cauchemar étrange…

- Tu veux m’en parler ? proposa l’autre avec un sourire accueillant.

- … Non. Je… ça va aller. J’ai juste eu très peur de te perdre, Thephys… C’est tout.

- De me perdre… ? répéta le brun d’une voix perplexe.

- Oui, tu étais… hum… aveugle [1], je crois. Et il y avait… des morts, beaucoup… Et du sang aussi… Deux filles, une blonde, une brune. La petite brune te ressemblait un peu, et la blonde… me ressemblait. Tu pleurais. Je ne supportais pas de te voir triste. Mais… je ne faisais rien pour te rendre le sourire ! Au contraire… Et j’avais… »

S’arrêtant dans son récit hésitant, Laekh secoua vivement la tête puis se mit à rire doucement.

« Non, c’est idiot ! Ce n’est qu’un rêve, rien de plus ! expliqua t-il entre deux rires nerveux. En fait, j’ai dû manger quelque chose ce soir que mon estomac n’a pas apprécié, c’est tout…

- Hé ! Est-ce que tu serais en train d’insulter MA façon de cuisiner ?! s’écria Thephys en feignant d’être fâché. Fais attention à toi, Laekh !

- Oh, je n’oserai jamais ! protesta Laekh en se protégeant des deux mains, faisant semblant d’être apeuré afin d’entrer dans le jeu de Thephys. J’aurais trop peur des conséquences si je critiquais ta cuisine… »

Tout deux se mirent à glousser d’un petit rire complice, qui détendit peu à peu l’atmosphère inquiète que Laekh avait auparavant créée sans le vouloir. Puis ils reprirent bientôt leur sérieux. Thephys frotta ses yeux encore endormis et bailla légèrement en posant une main délicate devant sa bouche. Puis comme il se sentait à nouveau gagné par le sommeil, il se rallongea et tapota gentiment l’avant-bras de Laekh d’un geste rassurant tout en lui souriant.

« Rendors-toi, maintenant. Tout va bien…

- Je t’aime. »

L’aveu résonna dans le silence de la nuit, avec la lune, les étoiles et l’univers entier pour témoin. Les yeux de Thephys s’agrandirent légèrement à cause de sa surprise. Une surprise mêlée de joie et d’incrédulité. Il n’osait pas faire confiance à ses oreilles.

« Que… Qu’est-ce que tu viens de dire ? demanda t-il, aussi bien pour se convaincre lui-même que pour entendre à nouveau ces trois mots simples prononcés par l’être qui lui était si précieux.

- J-Je t’aime…, répéta Laekh dans un souffle.

- Tu sais que c’est… la première fois que tu me le dis… »

Il avait à la fois envie de rire et de pleurer. Il n’aurait jamais cru qu’il avait attendu ce moment avec une telle impatience, il pensait juste qu’il serait très content que Laekh lui dise enfin qu’il l’aimait. Mais il n’aurait jamais… jamais imaginé que ces simples mots lui causeraient une telle émotion. Lui-même trouva que sa réaction était si disproportionnée ! Il avait vraiment une âme de midinette, se gronda t-il intérieurement.

« Non, rectifia Laekh à voix basse. Ce n’est pas la première fois que je te le dis. C’est juste la première fois que tu l’entends… »

Thephys dut prendre un court instant pour laisser les paroles de Laekh l’imprégner de leur sens.

« … Première fois que je l’entends… alors ça veut dire… »

Il n’acheva pas sa phrase, se précipitant dans les bras de Laekh.

« Qu’est-ce que tu attendais pour me le crier en face ! gronda t-il avec un grand sourire et ponctuant chaque mot par un coup de poing affectueux sur l’épaule de Laekh. Des mois ! Des mois que j’attendais ça !

- Et pour me remercier de donner une conclusion satisfaisante à ta longue attente, tu me récompenses en me frappant ?! plaisanta Laekh.

- Idiot ! fit son interlocuteur en riant et en déposant un léger baiser sur les lèvres entrouvertes de Laekh.

- Je… je voudrais aussi m’excuser. Pour ma conduite de la semaine dernière. J’étais très énervé. Mais je ne voulais pas te faire de la peine et…

- Je t’ai déjà pardonné à ce moment-là ! rappela Thephys avec un sourire, posant un index sur la bouche de Laekh pour le faire taire. Ce n’est pas la peine de te tracasser pour ça, maintenant… »

En souriant, Laekh embrassa tendrement le front de Thephys et ils se rendormirent dans les bras l’un de l’autre, profitant simplement de leur bonheur d’être ensemble.

 

Quelques temps plus tard, la situation était un peu différente. Trahison, malentendu, colère, haine, passion, tous leurs sentiments se mêlèrent le temps d’un baiser de réconciliation. Thephys avait glissé les bras autour de son cou, et lorsque qu’il commença à caresser sa nuque, Laekh ferma les yeux pour mieux s’en délecter. Puis il inclina la tête, embrassant son amant dans le cou, traçant avec le bout de sa langue une route imaginaire et sensuelle qui menait de la jugulaire jusqu’à la naissance de l’omoplate, puis il remonta jusqu’au lobe de son oreille menue qu’il mordit doucement. Thephys poussa un gémissement de plaisir, son souffle s’accélérant progressivement.

« J’ai envie de toi, murmura Laekh au creux de son oreille.

- Je… moi aussi… je… »

Il resserra son étreinte autour du cou de Laekh, fermant les yeux, inclinant la tête vers l’arrière, s’offrant entièrement à lui. Puis sentant des mains déboutonner doucement ses habits, il répondit à l’invitation en enlevant sa chemise quand elle fut complètement déboutonnée et en la laissant voler au loin. Le tissu, léger comme le vent, fut porté par l’air un court instant avant de retomber mollement vers le sol tel un amant enfin satisfait. La chemise de Laekh rejoignit bientôt sa consœur. La pile de vêtements grandit à mesure que les deux jeunes hommes se découvraient. Les baisers se poursuivirent tandis que Laekh défaisait d’une main la boucle de ceinture de Thephys, et de l’autre main continuait à caresser son dos. Ils restèrent agenouillés l’un devant l’autre jusqu’à ce que Thephys basculât peu à peu vers l’herbe, entraînant Laekh sur lui. Ils finirent par s’allonger sur le sol parmi les fleurs nouvellement nées, respirant leur parfum sauvage et frais qui se mêlait à l’air nocturne en une farandole de sensations et de plaisirs. Les deux amoureux, ensemble et seuls au monde comme l’étaient tous ceux qui s’aimaient, interrompirent leurs baisers le temps d’écouter la mélodie que fredonnait leur cœur en duo. Une fois enivré de la contemplation de Thephys, Laekh fut certain qu’après avoir vu ce spectacle, il pourrait mourir sans regret. Comme pour marquer à jamais dans sa mémoire ce paysage majestueux, il parcourut de ses baisers et caresses l’intégralité du corps de celui qu’il aimait – qu’il aimait jusqu’à l’âme. Il écarta d’une main les jambes du brun, caressant de l’autre main la peau fine et sensible qui se trouvait sur la face interne des cuisses de Thephys, qui se mit à glousser de rire tout en gémissant de plaisir.

Lorsque la bouche de Laekh s’attarda sur le pic qui s’élevait au bas de la carte corporelle de Thephys, lorsque sa langue parcouru cette montagne durcie par le désir, Thephys voulut parler pour l’encourager dans son ascension du sommet, mais il ne put émettre que des paroles incohérentes, des syllabes entrecoupées par le halètement auquel il s’abandonnait déjà. Quelques instants après, la montagne devenait volcan ; Thephys arqua son dos, les mains agrippées à la courte chevelure dorée de son amant. Il hoqueta par deux fois lorsque son souffle lui manqua, la vague de plaisir le submergeant, le noyant presque. Finalement, il soupira, un léger sourire aux lèvres, et laissa son dos retomber sur l’herbe humide de rosée nocturne.

Une fois passé le plus fort de la tempête intérieure, il ouvrit à demi les yeux pour chercher un repère mais ne retrouvait toujours pas le haut du bas dans cette mer de sensations. Une paire de prunelles couleur océan se présentèrent ensuite à son regard. Les yeux de Laekh, se dit-il, son subconscient enregistrant l’assombrissement des yeux, habituellement bleu azur, de son aimé, mais son cerveau refusant de travailler autrement que pour permettre à ses lèvres de prononcer le dernier mot qui composait sa pensée, ce dernier mot qui était un prénom.

« … Laekh… » ronronna t-il plus qu’il ne murmura.

Celui-ci, assis dans l’herbe devant lui, releva doucement Thephys par les épaules pour le placer sur ses genoux, Thephys se laissa faire, passant mollement ses bras autour du cou de Laekh et ses jambes autour de sa taille. Encore perdu sur la mer à présent plus calme de ses sentiments, il posa sa joue contre l’épaule de Laekh et l’embrassa furtivement dans le cou, pensant que la tempête était déjà passée. Quand ce dernier serra tout à coup le bas de son dos plus fortement contre lui, faisant basculer tout le haut de son corps dans le procédé, le brun fut assez interloqué mais se laissa faire sans protester, étourdi d’avoir la tête penchée en arrière. Ou était-il simplement étourdi par le flot de ses émotions ?

Lorsqu’il sentit Laekh le pénétrer, la surprise le fit ouvrir les yeux en grand. Tout de suite, une soudaine douleur lui arracha un cri qu’il aurait pourtant voulu taire. Il ferma les yeux et déglutit, des larmes pointant sous ses cils sombres et fournis. Il sentit Laekh lui relever la tête pour l’embrasser en lui caressant doucement le bras, cela éloigna peu à peu son esprit de la douleur qu’il ressentait dans tout le bas de son corps et finalement il s’y habitua, la peine physique devenant moins forte, moins déchirante, supportable à présent qu’elle était juste lancinante. Ensuite, il se sentit bercé alors peu à peu, il suivit le rythme par des mouvements de reins, qui devinrent plus forts et passionnés lorsqu’il se rendit compte que le bercement était loin d’être innocent. Mais si agréable – oh, si plaisant ! Son souffle s’accéléra à nouveau, il entrouvrit les lèvres pour éviter l’apoplexie qu’il sentait venir ; les yeux fermés, les mains moites, la respiration saccadée, tout son corps submergé à nouveau par la vague de fond, Thephys ne savait plus s’il était encore conscient ou déjà évanoui. Il ne put en décider qu’au moment où il poussa un cri de plaisir qui ne lui laissa plus aucun doute : il était en vie et il se sentait plus vivant que jamais. Ses oreilles bourdonnant depuis un bon moment l’empêchaient d’entendre quoi que ce fût mis à part le grondement de son propre cœur encore emballé par l’effort physique qu’il avait fourni, ses yeux mi-clos ne voyaient qu’un morceau du ciel sombre parsemé d’étoiles qui jouaient à cache-cache derrière les cimes des arbres de cette forêt, et ses lèvres sèches ne pouvaient prononcer la moindre parole. Il passa la langue sur ses lèvres pour les humidifier et sourit, allongé sur le dos, les yeux perdus dans le vague.

Laekh s’était séparé de lui et il s’était laissé retomber à côté de lui, le visage enfoui dans les longs cheveux noirs de Thephys qui serpentaient sur le sol fertile comme des couleuvres tentatrices. [2]

« Je t’aime, Thephys… »

Le murmure qu’il venait d’entendre était comparable à la brise nocturne qui rafraîchissait l’air de cette chaude nuit d’été. La seconde fois en quelques jours, pensa Thephys dans un recoin de son esprit, il y avait du progrès…

« Moi aussi… » répondit-il à voix basse, le visage toujours tourné vers le ciel, prenant la lune pour témoin.

Laekh l’enlaça d’un bras. Thephys se sentant gagné par le sommeil se tourna sur le côté, le dos en contact avec la poitrine de son amant puis il prit sa main entre les siennes et après un baiser sur le dos de cette main aimée, il la posa sur sa poitrine, tout près de l’opale qui l’ornait ; l’opale qui scintillait au rythme des battements de son cœur.

 

*****

 

[1] Cf. chapitre 5 de Fantaisie Ultime

[2] Référence au serpent dans le Jardin d’Eden de la Bible.

C’est un cadeau pour Deedo, que je gâte trop ! Un lemon LaekhxThephys en deux parties (*ricane du sous-entendu impliqué dans ce dernier terme*), un premier temps du point de vue de Lolo, puis le second du point de vue de Theph. Ouaip. Car certain(e)s (autres que Deedo) apprécient ce couple et voulaient un lemon. Alors vous voici servi(e)s. L’action (et on peut dire qu’il y en a un peu, là ! *ricane, ricane*) se passe peu avant puis juste après que Laekh se retrouve nez à nez avec Alisyen dans le chapitre 6 de Ultime Destin, c’est à dire quelques mois après le chapitre 7 de Point de Vue. Et c’est ce qui s’appelle du PWP ou je ne m’y connais pas ! *pause* …Non, en fait, je ne m’y connais pas tellement, ce n’est que le second lemon que j’écris. Aussi « soft » que le premier quand même… Bah ! *hausse les épaules* Mais j’ai moins rigolé qu’en écrivant mon premier lemon. Ce texte n’est pas amusant du tout, en fait ! Trop sérieux, trop de métaphores, trop sentimental… Blargh ! >_<

NB : Ne cherchez pas d’où peut provenir la citation précédant le texte, elle vient tout simplement de moi. Je la voulais le plus pessimiste possible, mais je n’ai pas réussi… Cependant, j’ai quand même réussi à caser deux subjonctifs imparfaits dans la scène « d’action » ! Ecrire un lemon n’empêche pas l’exactitude grammaticale, heh… *part en ricanant*

 

 

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