La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

 

 

Shi to Zetsubô

 

 

Une sonnerie. Toujours la même. Il se lève. Il avait passé sûrement la pire nuit de sa vie. Les cauchemars se sont succédés à un rythme impressionnant. Il avait des remords. Non, pas des remords. Sa conscience le tourmentait. Il faut dire qu'avec les évènements de la veille…

Une image s'imprima dans son esprit, extrêmement tenace. Celle d'une tête tombant dans un liquide jaunâtre.

-Par pitié…laissez-moi en paix…je devais le faire, fit-il d'une voix misérable, s'adressant visiblement au néant. Il regarda l'heure. Il fallait qu'il se dépêche, s'il ne voulait pas être en retard au lycée. Mais en avait-il vraiment envie, d'y aller. Il ne sentait pas du tout en état de faire quoi que ce soit. Mais il lui fallait faire quelque chose, sinon il allait passer la journée à s'apitoyer sur son sort, et il ne voulait cela à aucun prix. Lorsqu'il sortit de sa chambre, tout lui parut terne. Un cri le fit sursauter. Cela venait de la cuisine. Une seule personne était capable de faire pareil raffut à cette heure. Et ce qu'il vit ne le détrompa nullement. Misato était adossée au réfrigérateur, une canette de bière décapsulée à la main.

-Ohayô Shinji-kun ! Bien dormi ?

-Non.

Et il s'assit sans rien dire d'autre. Il se servit et mangea sans aucun appétit.

-Ouh là là ! Tu nous fais une grosse déprime ? !

-Ce n'est pas vous qui avez un mort sur la conscience, fit-il d'un ton sec, mais emplie de tristesse.

-C'est la mort de Kaoru qui te culpabilise.

-J'estime qu'à partir de cinq cauchemars dans une même nuit, on peut appeler ça comme ça. Je suis un meurtrier.

-Mais c'était un Ange !

-C'était mon ami !

Un silence lourd s'installa. Il fut coupé par la porte qui s'ouvrait.

-Vous pouvez pas arrêter de gueuler ! J'ai été réveillée en sursaut, et j'ai horreur de ça !

-Excuse-moi, Asuka…

-Mais arrête de t'excuser ! De toute manière, c'est Misato qui sait pas parler normalement. Toi, pour t'entendre, faut s'abîmer l'oreille.

-Excuse-moi…

Elle lâcha un petit cri d'énervement mais préféra ne rien répondre. Misato put juste entendre un mot, dit à voix basse.

-…Baka…

Le petit déjeuner se poursuivit dans une ambiance lamentable. En fait, personne ne parla. Asuka sortit de table la première, alla se préparer et attendit Shinji, chose rare.

-Allez, grouille-toi !

-Oui, excuse-moi.

-Et arrête de t'excuser, tu m'énerves !

Le chemin vers le lycée fut morne, et ne fut vaguement illuminé qu'à l'arrivée des deux derniers membres du sanbaka trio, c'est à dire Tôji et Kensuke.

-Salut !

-Salut, comment vous allez ?

Asuka ne s'abaissa pas à répondre, et Shinji ne répondit pas non plus. Mais pas pour la même raison. Ses yeux étaient complètement vides. Son esprit était ailleurs, entre deux mondes.

-Eh, Tôji, arrête-moi si je me trompe, mais ça s'appelle un vent ça il me semble ?

-Venant de la peste rousse, ça m'étonne pas, et ça me donne doublement envie de la frapper. Mais venant de Shinji, c'est bizarre, on dirait qu'il a pas entendu.

-J'ai entendu dire qu'il y avait eu une attaque hier.

-Ah ouais ? Pourtant on a pas été obligé d'aller dans les abris. Et puis, gros comme ils sont ces Anges, on aurait pu le voir, tu crois pas.

-D'après mes sources, l'attaque aurait eu lieu directement dans le QG.

-Tu rigoles ? !

-Parole ! Mais c'est quand même bizarre. On a qu'à demander à Shinji. Eh, Shinji, cria-t-il en courant derrière son pilote d'ami pour lui soutirer des informations. Tôji ne voulant pas rester seul se décida à courir lui aussi. Ils arrivèrent ainsi beaucoup plus rapidement à l'école. Quand Kensuke eut posé sa question à Shinji, il lui répondit d'un air absent.

-Il y a bien eut une attaque. Et j'ai tué l'Ange de mes mains. Je suis un meurtrier.

-Mais c'était un Ange !

-Cet Ange portait deux noms. Tabris, mais son nom d'humain était Kaoru…

-Hein ! C'était un Ange humain ?

-C'était le Fifth Children.

-Au secours, je suis paumé.

-Laisse tomber.

La sonnerie coupa toute discussion possible. Shinji se dirigea immédiatement vers la salle de cours, s'asseyant à sa place et fixant sa table, la tête entre ses mains. Le professeur arriva et commença son cours sur le Second Impact. A la récréation, Shinji alla s'asseoir sur un banc. Il n'en bougea pas jusqu'à la sonnerie. Là, il réintégra sa place et reprit la même position que pendant les deux heures qui avaient précédées. A la pause de midi, Asuka vint le voir pour avoir son déjeuner.

-Eh, baka Shinji, passe mon obentô.

-Tiens, émit-il en lui tendant un panier d'une main. Il avait à peine bougé. Son regard restait totalement vide. Asuka fut surprise.

-Eh, oh, secoue-toi, tu va t'endormir sur place.

Aucune réaction n'arriva.

-Oh, tu m'écoutes quand je te parle ?

-Pas la peine de crier, je t'entends.

-Non mais c'est quoi ce comportement ! T'es plus amorphe que Wondergirl, et Dieu sait que c'est aux limites du possible.

-…

-Allez, bouge-toi !

-Que veux-tu me faire faire ?

-Hein ? Mais…

-Rappelle-toi qu'on a un test de synchro cet après-midi.

Et avant qu'elle n'ait pu placer un mot, il sortit s'isoler avec son panier-repas. Il s'assit sur un banc et mangea, ses écouteurs sur les oreilles. Il avait la tête baissée et ne voyait donc pas ce qui se passait autour de lui, d'autant qu'il n'y avait rien à voir. Mais soudain une ombre le recouvrit. Il releva la tête et vit Rei.

-La douleur est forte à ce point ?

-Hein ?

-…

Comprenant à quoi elle faisait allusion, il se reprit.

-Ah…euh…tu sais, tuer son meilleur ami n'a rien de réjouissant.

-Je n'arrive pas à comprendre ton attachement à une personne qui a été définie comme étant ton ennemi et qui de surcroît est morte.

Cette phrase lui fit l'effet d'un choc électrique.

-Mais…mais…

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et s'en alla en courant en direction du QG. Ayant fini de manger, il fit de même. Lorsqu'il entra dans la salle de contrôle, Misato fut surprise.

-Tiens, Shinji-kun, pourquoi es-tu arrivé aussi vite ? Tu es en avance. Asuka n'est pas avec toi ?

-Non, elle n'a pas fini de manger.

-Bon, ben va te préparer.

Quelques minutes plus tard, il était prêt.

-Shinji-kun, va dans ta Plug. On va commencer les tests tout de suite, lança Ritsuko.

-Hai…

Une heure plus tard, il avait fini. Il alla dans la salle de contrôle pour avoir les résultats. Misato et Ritsuko étaient soucieuses. Sa voix les fit sursauter.

-C'est mauvais, n'est-ce pas ?

-Tu es tombé à 23.2%. Tu n'as jamais fait pire.

-Tant que ça, fit-il mi-étonné, mi-mélancolique.

-Comment ça, "Tant que ça" ? Tu nous fais un score atteignant des sommets en nullité, et tu trouves le moyen de trouver que c'est beaucoup.

Devant cet accès de colère, tout le monde se tut dans la pièce.

-E…excuse-moi, je me suis emportée. Mais comprend que si un Ange attaque, tu ne nous seras malheureusement pas d'une grande aide.

-Je sais. Mais…

-Shinji-kun, je voudrais que tu viennes avec moi, il faudrait que l'on parle.

Cherchant un endroit où ils pourraient être seuls, elle se décida pour les vestiaires des hommes, où il n'y avait jamais personne à cette heure, à part les pilotes lors des tests.

-Shinji-kun. Pourquoi as-tu un score aussi bas ? La mort de Kaoru te pèse tant que ça sur la conscience ?

-Plus encore que vous ne l'imaginez, émit-il d'une voix faible, teintée de tristesse.

-D'accord…mais ce n'est pas toi qui es le fautif…

-Le fautif est bien le meurtrier. Or le meurtrier, c'est celui qui a froidement tué la victime, or c'est donc moi, ayant une pleine conscience de ce que je faisais, qui a ordonné à l'Eva d'écraser…Kaoru.

Il avait prononcé ce nom d'une voix faible montant dans les aigus, signalant le début des larmes. Misato ne l'avait jamais vu comme ça. Elle ne savait pas trop comment réagir. Elle laissa donc son instinct prendre le dessus. Elle s'approcha de lui et l'enserra dans ses bras pour le consoler. Il ne chercha même pas à se débattre, il se contenta juste de pleurer sur l'épaule de sa tutrice. Au bout d'un certain temps, il eut suffisamment reprit conscience du monde qui l'entourait et de la situation dans laquelle il était pour demander :

-Comment pouvez-vous faire ça ?

-Faire quoi ?

-Comment pouvez-vous être aussi gentille avec un être aussi répugnant que moi. Je ne mérite pas votre pitié.

-Mais…Shinji, tu n'es pas répugnant ! Tu es quelqu'un d'extraordinaire !

Ignorant totalement son dernier commentaire, il continua à voix très basse, mais tout de même audible pour Misato.

-Je ne mérite pas de vivre. Je comprends pourquoi mon père m'a abandonné. Il voulait se débarrasser de moi. Ce n'est pas à lui que je dois en vouloir, mais à moi-même.

Voyant dans quel état psychologique il était, Misato se sentit obligée d'agir.

-Excuse-moi Shinji-kun.

Juste après avoir dis ça, une gifle retentissante s'abattit sur la joue du pilote. Les larmes revinrent presque aussitôt. Elle décida de le ramener à son appartement pour qu'il puisse se reposer. Il en avait sérieusement besoin. Elle l'installa toujours pleurant sur le siège passager avant de sa voiture et se mit au volant. Le moteur vrombit rapidement et le véhicule démarra en trombe, et ne culbuta que deux poubelles durant le trajet. Les larmes avaient cessé, mais il n'avait pas sa tête des grands jours. Elle le prit par les épaules et le conduisit à l'intérieur. Là, elle vit Asuka qui déposait ses affaires avant d'aller au test.

-T'es pas encore parti Asuka ?

-J'y allais, figure-toi ! Qu'est-ce qu'il a baka Shinji ?

-Il nous fait une grosse dépression.

-Quoi ? Mais il est vraiment nul, c'est une véritable mauviette ! Pour quelle raison, encore ? Il a perdu son walkman ?

Pour la deuxième fois en une heure, Misato gifla un pilote, mais ce n'était pas le même, et ce n'était pas pour la même raison. La c'était sous la colère qu'elle le faisait. Elle était réellement furieuse. Mais pendant ce temps, Shinji était déjà parti dans sa chambre, pour éviter de se remettre à pleurer devant Asuka.

-Tu vois dans quel état il est ? Tu crois vraiment qu'il a besoin de tes commentaires ? !

-Mais c'est vrai, il est vraiment nul…

-Tu vas aller t'excuser tout de suite !

-Et puis quoi encore, il va aussi falloir que je lui lèche les pieds ? Tu rêves tout debout, là !

Et elle s'en alla en claquant la porte. Misato était vraiment hors d'elle. Son poing s'abattit sur la table. Une fois un peu calmée, elle alla voir Shinji. Elle pensa avec un faible sourire qu'il faudrait bientôt qu'elle fasse une formation de psychologue si elle voulait garder ses pilotes en état de faire leur boulot, piloter les Evas. Elle frappa à la porte.

-Shinji-kun, j'entre.

Comme à chaque fois qu'il était déprimé, il était allongé sur son lit, tournant le dos à la porte.

-Shinji-kun. Asuka ne t'en veux pas particulièrement…Elle est comme ça avec tout le monde.

-Non…elle n'est pas aussi méchante avec les autres. Je suis son souffre-douleur particulier.

-Mais…

-Je crois qu'il vaudrait mieux au prochain combat que je meure. Ça faciliterait la tâche à tout le monde. Je vois bien que je suis un poids pour vous, Misato-san.

En entendant ça, elle se retint de crier. Il avait besoin de réconfort, pas de réprimande. Mais d'entendre dire ça l'énervait au plus haut point.

-Shinji-kun…Crois-tu sincèrement que je t'aurais pris avec moi si tu avais été un poids ? Je l'ai fait de mon plein gré. Je t'ai pris avec moi parce que je voyais que tu souffrais. Je voulais te "soigner". Et puis, tu sais, connaître la douleur permet d'être plus gentil avec les autres…

-Kaji-san m'a dis la même chose.

-C'est lui qui me l'a enseigné. Il m'a toujours remonté le moral lorsque j'avais un problème…

-Il était sympathique…

-C'était surtout l'homme le plus doux, le plus intelligent et le plus affectueux que j'ai jamais connu.

-J'aurai aimé qu'il soit mon père…

-Ton père ne t'a pas abandonné pour rien, juste par plaisir. Il doit y avoir une raison. Il faudrait que tu en parles avec lui.

-Vous croyez que c'est simple d'aller voir un type qui vous haïsse et de lui demander pourquoi il vous a abandonné ?

-Et tu crois que c'est simple de vivre en ne sachant qu'une partie de la vérité ? Tu le haïs sur de simples suppositions, sans savoir ses motivations réelles. Si après en avoir parlé, tu estimes que tu dois le haïr, je ne m'y opposerai plus, mais là, c'est trop bête. Bon, tu devrais dormir. Oh, une dernière chose.

-Quoi ?

-Ne dis plus jamais que tu veux mourir. Ou que tu les dois. Tu ne peux pas savoir comme ça fait mal d'entendre ça. Ça blesse les gens qui t'aiment.

-D'accord…mais…ça ne blesserait pas beaucoup de personnes de toute manière.

-Ne crois pas ça. Beaucoup de personnes t'aiment. Chacun à sa façon. Je suis même persuadée que ton père t'aime.

-Hmm…bonne nuit Misato-san.

-Bonne nuit Shinji-kun.

Elle referma la porte, contente d'elle. Elle avait réussi à lui faire remonter un peu la pente. Mais le plus dur restait à faire. Son univers s'était écroulé lorsqu'il avait tué Kaoru, et il avait tout à reconstruire à partir des ruines de son ancienne vie. Cela lui rappelait la légende du Phœnix. Il mourait, mais renaissait de ses cendres. Cela s'appliquait fort bien à la situation actuelle de Shinji. Mais combien de temps lui faudrait-il ? Combien de souffrance devra-t-il endurer pour y arriver. Il fallait espérer que s'il allait voir son père, ça l'aide. Il y avait deux sorties possibles. Soit il se réconciliait plus ou moins avec, soit il en ressortait brisé. Et là, le faire reprendre confiance en lui serait une tâche des plus difficiles, sans aucune comparaison possible avec la situation actuelle.

 

-Tu es en retard Asuka, dit Ritsuko à l'adresse du Second Children.

-Je le sais. J'ai eu quelques problèmes pour venir.

-Va te changer et prépares-toi.

Au bout de quelques minutes, elle était dans sa Plug, énervée comme l'avait rarement été. Misato l'avait mise hors d'elle. Ritsuko lui demanda par l'intercom :

-Tu te sens bien Asuka.

-J'ai pas à me plaindre. Pourquoi ?

-Ton taux de synchro est exceptionnellement haut. 89.6%, c'est énorme par rapport au test dernier.

-Je suis juste énervée.

-Je ne te demanderais pas pourquoi, ça ne me concerne pas, mais si tu pouvais être comme ça contre les Anges, ils auraient beaucoup plus de mal à…

-On verra. Il y en encore combien ?

-Aucune idée.

Le test se continua, monotone. Vingt minutes plus tard, elle sortit, fatiguée. Elle se dépêcha de se rhabiller pour pouvoir rentrer. Elle se rappela qu'elle devrait affronter Misato. Elle n'avait pas franchement envie de rediscuter de son comportement avec elle.

"A la réflexion, c'est vrai que j'ai pas été franchement sympa. Mais je vais aller m'excuser non plus. J'ai ma réputation à tenir ! D'un autre côté, j'ai pas non plus envie de passer pour une sans-cœur…Oh là là ! Mais si l'autre baka peut plus piloter à cause de ce que je lui ai dis, on va pas être bien. Je suis la meilleure, mais si l'Ange est trop puissant, à deux, on va se faire laminer. Bon, va pour la BA de la journée. Je suis quand même trop bonne. Asuka, t'es la meilleure !"

Lorsqu'elle rentra dans l'appartement, Misato était sous la douche, et Shinji devait être dans sa chambre. Elle toqua doucement à la porte.

-Shinji, c'est Asuka.

-Tu viens admirer ton œuvre ? Eh bien, pour ton information, c'est réussi, je n'ai jamais été aussi mal.

Elle fut surprise d'entendre cette voix froide, presque inhumaine. Ce n'était pas l'état normal de Shinji. Elle remercia les Japonais pour ne pas installer de verrous à leur porte et entra. Ce qu'elle vit la stupéfia. Il était debout, fixant un couteau qu'il avait dans les mains. Avant qu'il ne fasse une bêtise, elle lui arracha l'arme des mains.

-Qu'est-ce que tu croyais faire, baka ? Tu va tout de même pas te suicider ? !

-C'était pourtant mon intention.

-Non mais ça va pas ! Qu'est-ce qui te prend ?

-C'est toi qui me demande ça ? Pourtant tu me hais ! Tu devrais être contente que je disparaisse.

-Quoi ? ! ! Qui t'a dis que je te haïssais ?

-Je l'ai trouvé tout seul, comme un grand, fit-il sarcastiquement.

-Mais t'es pas un peu parano sur les bords ? !

-Alors pourquoi, à chaque occasion qui se présente, tu m'insultes et tu me traites comme de la merde ?

-Mais…je…

"Il a raison, pourquoi ? Parce que c'est baka, c'est tout ! Pourtant…"

-Je sais pas, finit-elle par lâcher.

"Je suis peut-être sadique ? Non, sinon je serais heureuse de le voir dans cet état là. Là, il me fait plutôt pitié."

-Ecoutes Shinji. Ça te dirai si on reprenait tout depuis le début ?

-Hein ?

-On oublie tout ce que l'autre a fait ou dit, et on essaie d'être copain - copine.

-La Grande Sôryû Asuka Langley s'abaisse à demander l'amitié du baka Ikari Shinji. Quel honneur.

Les sous-entendus pleuvaient dans cette phrase.

-Je te propose ça parce que je suis quelqu'un qui a un poil de jugeote.

Elle se retint d'ajouter "contrairement à certains".

-Donc, si tu acceptes, on devient copains, peut-être même pourquoi pas amis. Mais si tu refuses, ce que je ne te recommande pas, ça va être la guerre froide entre nous. Ce n'est pas une menace, juste un énoncé de faits. Alors, ta décision ?

"ça ne me ressemble pas de dire ça. Mais bon, tout le monde change. Et puis cette situation me saoule."

Elle lui tendit la main, en signe d'amitié. Il regarda la main, un peu décontenancé. Cependant, il la serra.

-Asuka…Tu ne diras pas à Misato pour…

Son regard se posa sur le couteau.

-Mais non…A quoi servent les amis sinon.

"J'aurais jamais cru dire ça un jour !"

-Par contre, évite de dire à Misato que je viens de te proposer de faire la paix. Sinon, elle va se mettre à penser des trucs douteux.

-Douteux ? Ah…ok

"Il est lourd, c'est pas vrai ! Encéphalo plat, impulsions négatives !"

-Bon, dors, tu en as besoin. Ça t'évitera de penser à des trucs que tu pourrais regretter.

Tout en disant cela, elle s'était baissé pour ramasser le couteau.

-Dors bien…Asuka.

-Mouais, toi aussi.

"Si ça continue, il va bientôt me sauter dessus en me hurlant qu'il m'aime !"

Elle sourit à cette pensée. Elle alla s'attabler et se prépara un repas léger. Mais elle fut interrompue par Misato sortant de sous la douche.

-Tiens, revoilà la sadique de première.

-Tiens, revoilà celle qui passe son temps à la Nerv plaqué contre un casier par son ancien petit ami.

Misato comprit très bien l'allusion, mais elle sourit tristement.

-Je crois qu'il n'aura plus jamais l'occasion de me plaquer contre un casier.

Asuka fut très surprise par sa réaction.

-Tu veux dire…

Sa colocataire hocha de la tête avec un ait triste sur le visage.

-Non ! C'est pas possible ! Non, tu mens !

-Tu crois vraiment que je te ferai croire une pareille chose juste pour te faire une blague ?

-Je suppose que non.

-Tu sais, Shinji était très malheureux après ce que tu lui as dis.

-Je le sais.

-Comment ça, tu sais ?

-Je suis allé le voir en rentrant.

-Et ?

-Et quoi ? Tu crois quoi ? Que je lui ai fait des avances ?

-Mais j'ai rien dis. C'est toi qui t'excites toute seule, dit-elle avec un grand sourire au lèvres, contente d'avoir piégée Asuka.

-Je me suis juste excusé auprès de lui pour ce que je lui avais fait.

-Venant de toi, c'est gratifiant.

-Ça veut dire quoi ça ?

-Que tu étais il y a très peu de temps trop fière pour faire un truc de ce genre.

-Mouais, mais ne va rien t'imaginer. Il n'y a absolument rien entre nous.

-Je te crois, pas la peine de te répéter.

Ayant fini son repas, elle alla se coucher. Quand elle entra dans sa chambre, elle laissa éclater ses larmes qu'elle avait retenu jusque là.

-…Kaji-san…Non…Pas toi…

Elle s'endormit ainsi, habillée, sur son lit.

 

Le lendemain matin, Misato se réveilla la première. Enfin, du moins à ce qu'elle croyait. Mais elle fut étonnée de voir Shinji assis sur le canapé, l'air songeur.

-A quoi tu penses Shinji-kun ?

-…Hmm ? Ah, bonjour Misato-san.

-Oui, bonjour ? Mais tu ne m'as pas répondu.

-Pas à grand chose de particulier, en fait. A beaucoup de choses différentes, plus ou moins sans intérêt…

-Bon, en clair, tu veux rien me dire.

-Vous avez parfaitement compris.

-Tu te sens mieux.

-Mieux est un grand mot, mais je pense que l'on peut dire moins pire.

-Bon ! Je vais appeler ton proviseur pour lui dire que t u ne viendras pas en cours aujourd'hui.

-Mais…Pourquoi ça ? ! !

-Tu vas peut-être me dire que tu es en forme et que tu veux aller au lycée ?

-Ben…

-Je préfère que tu te reposes.

-Bon…

-Maintenant qu'on est d'accord, je vais me boire une petite bière.

Après quelques instants, on entendit un cri à réveiller les morts dans la maison. Mais à défaut de mort, c'est Asuka qu'il avait réveillé. On entendit une porte coulisser et se refermer brusquement.

-Misato ! Tu peux pas arrêter de gueuler le matin ! J'espère que t'auras jamais de gosse, sinon je les plains.

Le petit déjeuner se passa de manière très animée. Mais Shinji ne participa aucunement à l'agitation qui régnait. Il resta muré dans son silence. Au bout d'un moment, Misato s'aperçut qu'il n'avait rien dit depuis le début du repas.

-Shinji-kun, tu ne dis rien ?

-Non, puisque je n'ai rien à dire.

-Etrange logique…

Misato fut surprise de ce qu'avait dit Asuka. Elle s'attendait plutôt à un commentaire rabaissant, mais pas à ça. L'animation revint rapidement lorsque la belle rousse s'écria, en voyant l'heure, qu'elle allait être en retard, ce qui mit Misato dans le même état, pour la même raison. Mais Shinji ne dit rien de plus que lors de la précédente agitation qui régnait quelques instants plus tôt. Il était étranger à tout cela. Ce n'était pas lui qui était là, au milieu de tout ce tohu-bohu. Tout lui arrivait diffusé, comme si on lui racontait ce qui se passait. Mais tout cela le fatiguait. Que faisaient-elles encore ? Elle se disputaient. Pour quelle raison ? Le mot douche lui parvint. Bon, elle se disputaient pour savoir qui allait passer la première. Tout cela lui arrivait avec une telle vitesse qu'il n'avait pas le temps de traiter toutes les informations. Il sentait que sa tête allait éclater. Il lui fallait s'isoler au plus vite. Il se leva et se dirigea vers sa chambre. Maintenant qu'il était seul, qu'allait-il bien pouvoir faire ? Son regard se posa sur son walkman. Retrouver la douce mélodie dans ses oreilles lui faisait envie. Qu'allait-il écouter ? La cassette insérée était celle de la neuvième symphonie de Beethoven. Va pour Beethoven. L'Hymne à la Joie emplit bientôt ses oreilles. Quel plaisir. Mais au lieu de l'emplir de joie comme prévu, cette musique l'attristait. Elle lui rappelait Kaoru. Une larme coula le long de sa joue et vint s'écraser sur son genou.

"Heureusement qu'Asuka ne me voit pas comme ça, elle se moquerait encore de moi, et elle aurait raison."

Cette pensée le fit sourire légèrement. Mais ce sourire était bien faible. Asuka…pourquoi ce nom lui évoquait-il tant de douceur ? Il s'allongea sur son lit pour réfléchir plus aisément, mais s'endormit au bout de quelques minutes, épuisé par la masse écrasante de ses émotions.

 

Lorsqu'il se réveilla son premier réflexe fut de regarder l'heure. 11H50. Il n'avait absolument pas faim. Pire encore, la simple pensée d'avaler quelque chose lui donnait envie de vomir. En fait, il n'avait qu'une seule envie. Voir son Eva. Il ressentait ce besoin. Pourquoi ? Il n'aurait pas su répondre à cette question. Il prit ses affaires et se dirigea vers le QG. Le voyage lui parut plus long que d'habitude. En fait, pendant le trajet, il s'interrogeait. Il n'aimait pas l'Eva. Elle était source de souffrance. Mais il avait envie de la voir. Comme s'il voulait voir une amie. Une consolatrice. La mère qu'il avait perdue. Il entra dans la salle de contrôle, pensant y trouver Misato. Mais elle n'y était pas. Il n'y avait que deux des trois opérateurs, et Ritsuko.

-Que fais-tu là, Shinji-kun ?

-Pas grand chose, en fait. Pourrais-je avoir l'autorisation de voir mon Eva ?

-Tu…tu veux voir ton Eva ?

-Qu'y a-t-il d'étonnant à cela ?

-Rien, je croyais que maintenant tu la haïssais.

-Je n'y arrive pas. Comme si…la comparaison va vous paraître absurde, mais c'est comme si c'était ma mère. Je ne pourrais jamais la haïr, même si je le souhaitait de toutes mes forces.

-Oh non, Shinji-kun. Ta comparaison est loin d'être absurde, chuchota-t-elle, pour elle même. Elle reprit à haute voix.

-Vas-y. Mais pas plus d'un quart d'heure, après, il y a l'équipe de maintenance qui doit faire son boulot.

-Bien, merci.

Il sortit et se dirigea vers la cage des Evas. La sienne était bien là. D'ailleurs, pourquoi en aurait-il été autrement ? Il s'assit devant et le regarda. Elle lui imposait le respect. Mais une chose le froissait. Il ne comprenait toujours pas cette pulsion qui l'avait poussé à aller voir son Evangelion. Mais qu'importait…Il se sentait réellement mieux d'être ici.

"Suis-je encore capable de piloter ? Reste-t-il des Anges ? Ça fait beaucoup de questions qui restent sans réponses. Mais la plus importante de toute est…Ai-je encore envie de vivre ? Qu'est-ce que vivre, d'abord ? Je n'en sais rien. Le mort est-elle différente de la vie ? Peut-on venir à la mort, comme on vient à la vie ? J'ai des pensées très philosophiques en ce moment… Mais à quoi sont-elles dues ? A mon envie de mourir ? J'ai envie de mourir ? Pourquoi pas. C'est une idée qui n'est pas idiote…Mais qu'est-ce que je raconte, bien sûr que si c'est idiot. De toute façon, je suis trop lâche, je n'aurai jamais le courage de le faire moi-même. Et puis… Il y a Misato, Asuka, tous les gens de la Nerv…Si je meurs comme ça, hors d'un combat, en plus d'être tristes, il vont voir que je suis un faible. Tristes ? Le seront-ils ? Leur manquerai-je vraiment, en dehors du fait qu'ils aient perdu un pilote ? Est-ce que pour eux je suis autre chose qu'un pilote ?"

Ses réflexions furent interrompues par l'arrivée d'un groupe d'homme habillés en orange. Il allait devoir s'en aller. Il se leva et se dirigea vers la sortie. Il se retourna un instant pour avoir une dernière vue de son Eva avant de partir. Mais une pensée lui traversa l'esprit. Il agissait exactement comme s'il n'allait jamais la revoir, c'était absurde…Il se retourna pour s'en aller définitivement lorsqu'il le vit. Cet homme…il le haïssait depuis aussi longtemps qu'il se souvienne. Ce…père…Tout au plus un géniteur.

-Otôsan…

-Que fais-tu là ?

Le ton était sec, cassant.

-Je suis…venu voir…mon Eva.

-Sô ka…[Ah bon]

Les paroles de Misato revinrent à l'esprit de Shinji. "Ton père ne t'a pas abandonné pour rien, juste par plaisir. Il doit y avoir une raison. Il faudrait que tu en parles avec lui."

-Otôsan.

-Quoi.

-Pourquoi…pourquoi m'as-tu abandonné ?

-J'avais mes raisons.

-Réponds-moi…s'il te plaît.

-Je te dis que j'avais mes raisons ! Ça devra te suffire !

Il était rare que le commandant suprême de la Nerv se mette en colère. En fait, personne ne l'avait jamais vu ainsi. Mais Shinji voulait savoir. Et la curiosité est la meilleures des motivations.

-J'ai le droit de savoir ! Je suis ton fils.

-Tu revendiques ce droit. Il n'y a pas longtemps tu en était presque à me renier. Et là, juste pour avoir tes réponses, tu dis être mon fils. Tu es pitoyable.

-Tes commentaires…ne m'atteignent pas.

-Tout semble indiquer le contraire.

-Tu ne m'as pas répondu.

-Et je ne le ferai pas. Cela ne regarde que moi.

-Mais…

-Cela suffit !

Tout à coup, Shinji s'énerva.

-Je veux savoir ! Réponds-moi ! J'ai le droit de savoir ! Tu m'as gâché mon enfance à cause de ça ! Je veux en connaître les raisons !

Un petit sourire sadique crispa les lèvres de son père.

-Ton enfance a été gâchée ? Tu m'en voie désolé. Mais tel était le but de mon action.

Laissant ces derniers pleins de sous-entendus en suspens, il tourna le dos à un Shinji complètement traumatisé, et s'en alla. Le jeune pilote s'effondra lentement contre le mur, incapable de faire quoi que ce soit. Les larmes ne voulaient pas sortir. Aucun son ne serait sorti de sa bouche s'il avait voulu parler, il le savait. Mais pourtant il avait envie de crier. De crier sa haine, sa rage, sa tristesse, comme un loup. Cela lui rappelait un chose qu'avait dite Fuyutsuki un jour. Une citation latine traduite. Homo homini lupus. L'Homme est un loup pour l'Homme. Et son père venait de le mordre cruellement. Il aurait pu rester là des heures durant, si Misato n'était pas arrivée. Elle lui souriait, de ce sourire réconfortant dont elle avait le secret.

-Shinji-kun, tu te sens bien ? Ce que t'a dit ton père a été si terrible ?

Un vague bruit informe sortit du fond le gorge de son petit protégé. Puis les larmes ne tardèrent pas à embrumer ses yeux bleus. Misato l'aida à se lever. Rien n'allait en sa faveur en ce moment. Il ne manquerait plus que…Quoi ? Comment pouvait-ce être pire ? Les pessimistes disaient que tout pouvait aller pire, mais là, cela paraissait difficile. Il fallait vraiment qu'elle fasse le maximum pour lui, sinon il pouvait lui arriver n'importe quoi.

-Attend un peu, on va retourner à l'appart, mais avant, il faut que j'aille signaler que prend mon après-midi. Ok ?

-…

Elle s'éloigna rapidement. Il se retrouvait encore et toujours seul. Tiens, quelqu'un arrivait. Il connaissait cette jeune femme. C'était Ibuki Maya, l'opératrice.

-Qu'est-ce que tu fais là Shinji-kun ?

-…

-Eh, oh, tu es avec nous ?

-Oui…

-ça ne va pas ?

Il retrouvait peu à peu la force de parler.

-…pas exactement…

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-J'ai eu…une discussion…avec mon père…des plus…désagréables…

-Ah bon ? Et qu'est-ce qu'il t'a dis ?

-Je voulais savoir pourquoi il m'avait abandonné. Non content de ne pas me l'avoir dit, il m'a rabaissé, écrasé comme un insecte. C'est un véritable salaud !

-Ne le juge pas trop vite. Personnellement, je ne l'aime pas trop. Mais tu es sûr que…

-Non ! Quand je lui ai dit qu'il avait gâché mon enfance, il m'a répondu qu'il l'avait fait exprès.

-Ah là, évidemment…

-Je ne veux plus le voir de ma vie !

-Tu sais, si tu essayais de le comprendre, peut-être que tu y arriverai.

-Comment voulez-vous que je me mette à la place d'un sadique pareil ?

-Euh…ben…au fait, tu attends quoi ici ?

Shinji avait bien perçu qu'elle avait délibérément détourné la conversation. Mais il lui en était reconnaissant.

-J'attend le Major Katsuragi. Elle devrait bientôt revenir.

-Ah. Dis…ça me gêne un peu de te demander ça, mais le Major nous a dit un jour que tu faisais du violoncelle, et que tu jouais très bien. Tu voudrais pas jouer un jour pour moi ?

-Si vous voulez, mais je ne joue pas si bien que ça.

-Oh, tutoie-moi Shinji-kun ! Ça me fait bizarre quand tu me dis vous, ça me donne l'impression d'être plus importante que je ne le suis. Et puis, pour en revenir au violoncelle, je suis sûre que tu te débrouilles très bien.

-Avez-vous…As-tu un morceau particulier en tête ?

-Ben…en fait oui. J'adore la musique classique européenne, et particulièrement l'Hymne à la joie de Beethoven.

-Moi aussi.

-Tu aimes la musique classique ?

-Oui. Cette chanson me rappelle quelqu'un que j'aimais beaucoup.

-Qui ça ?

-Kaoru…il fredonnait cette chanson lorsque je l'ai rencontré pour la première fois.

-Ah…et…il était si proche de toi.

-C'était mon ami, si ce mot a encore un sens de nos jours.

-Tu me parais bien mélancolique pour quelqu'un de ton âge. Ne te complique pas la vie avec de pareilles réflexions. Ça va te faire du mal. A force de côtoyer la technologie sur-avancée des Evas, du MAGI-système, et de tout ce bazar, je me suis aperçu que la beauté et l'esthétique sont toujours dans la simplicité.

-Mais la simplicité est une chose tellement compliquée…

-C'est l'Homme qui la rend compliquée, à mon sens. Parce qu'il ne sait pas faire les choses simplement. Et je ne m'exclue pas de ce groupe.

-Ah…mais en quoi la simplicité va-t-elle résoudre mon problème ?

-Elle te permettra de voir la vie sous un meilleur aspect, de te sentir mieux. En soi, elle ne règlera rien du tout, mais si tu trouve la force de rechercher les réponses à tes questions, ce sera déjà bien. Et la simplicité peut t'y aider.

Shinji eut un rire un peu nerveux.

-On a l'impression que c'est le secret absolu, que si je le connaissais, je pourrais faire n'importe quoi.

-Dans un sens, c'est vrai. Du moins, si tu fais tout au plus simple, tu trouveras la force de faire ce que tu veux. Parce que tu seras plus heureux.

-Es-tu heureuse ?

La question était abruptement posée.

-Je le pense. Je me dis que ce serait mieux si j'avais certaines choses, mais que ça pourrait être bien pire.

-Moi, je ne sais pas ce qu'est le bonheur. Je me dis que si j'étais un gamin normal, tout irait mieux. Mais je suis obligé d'avoir un père qui me hait, une mère morte, et d'être en plus un pilote d'une des armes les plus puissantes mise au point par l'Homme à ce jour.

-Moi, j'ai horreur de me battre. Mais je t'admire, Shinji-kun.

-…quoi ?…

-Je t'admire. Il faut beaucoup de courage pour faire ce que tu fais. Tu risques ta vie à chaque combat, mais tu continues, pour nous sauver tous. Pour moi, tu es un héros. Je ne parle pas de ce que les filles appellent leur héros, leur petit fantasmes particulier. Non. Je parle d'une personne qui fait preuve d'héroïsme.

-Je crois que tu es la seule à le penser…

-Ne croie pas ça. En ville, on parle des pilotes chaque jour, et toujours en bien. Je n'entend que du bien de toi. Malheureusement, personne ne vient te le dire en face, et je trouve ça dommage.

Pendant qu'ils parlaient, Misato était arrivée. Elle s'était cachée pour pouvoir voir comment s'y prenait Maya. Et elle devait admettre qu'elle se débrouillait très bien. Mais elle devait y aller, et mettre fin à leur discussion.

-Salut Maya ! Vous parlez de quoi ?

-Bof, de tout et de rien, hein Shinji-kun ?

-…Mouais…

-Bon, on y va ?

-…Oui…

Alors qu'elle entraînait Shinji vers la sortie, elle se retourna et murmura à Maya :

-Je te remercie.

Celle-ci devina plus qu'entendit, mais elle avait du réussir à lire sur les lèvres de Misato, car elle répondit de la même manière par :

-Il n'y a pas de quoi.

Dans la voiture, Misato essaya d'engager la conversation.

-Comment tu te sens ?

-…Pour ne rien vous cacher, pire qu'hier.

-T'es vraiment mal. Quelque chose te ferais plaisir ?

-…Euh, j'en sais rien…non, j'ai rien en tête…en fait, j'ai pas envie de grand chose. Juste de me reposer.

-Ça te dirait d'aller faire un tour aux sources d'eau chaude ?

-…oui, ça me ferait plaisir…ça me ferait du bien, je pense…

-Je crois aussi. Le temps d'aller chercher Pen-Pen, et on y va.

En quelques minutes, ils furent à l'appartement. Misato partit chercher son pingouin, et redescendit très rapidement. Et en cinq minutes, ils étaient aux bains naturels. Shinji se déshabilla rapidement et rentra dans l'eau. Elle était agréablement chaude. Cette chaleur le réconfortait. Il se sentait bien. Il aurait pu rester des heures comme cela. Il était seul dans le bassin des hommes. Ses pensées se mirent à vagabonder. Il se mit à penser à Asuka, qui devait s'ennuyer en classe, comme ses copains Tôji et Kensuke. Rei, elle, était toujours indifférente à tout, elle ne devait même pas faire attention au cours, restant continuellement à regarder ce qu'il se passait dehors, comme si elle attendait quelque chose. Puis, ses pensées allèrent à son père. Pourquoi le haïssait-il autant. Il n'avait pas mérité d'être haï comme ça. Mais une pensée insolite lui vint. Et s'il se disait la même chose. S'il se disait qu'il n'avait pourtant pas mérité d'être ainsi détesté par son propre fils. Non, cela était absurde. Il aurait pu passer l'éponge, mais lui n'avait fait aucun pas vers lui. Comme s'il s'en fichait.

"Il préfère Rei. Il la considère comme sa fille, alors que moi je ne suis plus rien pour lui. Et bien soit. Qu'il en soit ainsi. Mais dans ce cas, je ne le considère plus comme mon père. Il n'est plus rien pour moi. Jamais plus je ne l'appellerais "papa" ! Il peut crever, je m'en fous. En fait, je souhaite qu'il meure. Faites qu'il se fasse tuer par je ne sais qui, qu'il ait un accident, n'importe quoi, mais qu'il y reste !"

De l'autre côté de la paroi séparant le bassin des hommes du bassin des femmes, Misato appelait Shinji.

-Shinji-kun. Faudrait penser à y aller, tu crois pas ?

-Euh…Hai !

Il rassembla rapidement ses affaires et sortit du bain. Misato l'attendait devant le bâtiment.

-Ça t'a fait du bien ?

-Oui…j'ai décidé que le commandant n'était plus mon père. C'est comme ça. Je le renie définitivement.

-Tu sais que c'est une chose grave…mais je comprend ton choix. Je pense qu'à ta place, j'aurai fait pareil. Dans un sens, nous sommes pareils toi et moi.

-Si vous le dites…

-Je dois avouer que je suis surprise…

-Pourquoi ça ?

-Je n'aurai jamais cru que tu aurais réagi comme ça à la confrontation avec ton père. Vu ce qu'il t'a dit, j'aurai plutôt pensé que tu te serais renfermé sur toi-même.

-Vous y étiez, n'est-ce pas ?

Misato fut surprise. Puis son visage devint grave.

-En effet…comment le sais-tu ?

-Vous avez l'air de bien savoir ce qui s'est passé. Trop bien par rapport à ce que je vous ai raconté.

-Tu es perspicace. C'est bien. Oui, j'ai tout suivi. Je voulais savoir…pour ton bien.

-Je vous crois, Misato-san, quand vous dites que vous agissiez pour mon bien. Mais ne suis-je pas le seul capable de savoir ce qui est bien pour moi ?

-Laisse-toi aider par les autres, Shinji-kun. Tu verras, si tu acceptes leur aide, tu seras plus fort.

-La vie m'a pourtant appris le contraire. De ne jamais dépendre des autres.

-Je n'ai pas dis qu'il fallait que tu dépendes des autres. J'ai dis qu'il faudrait que tu tolères les autres dans ton petit univers, celui où personne n'a le droit d'entrer. Acceptes de te confier. Tu verras, tu te sentiras mieux après…

-Vous voulez que j'expose mes faiblesse au grand jour, comme ça, pour être à la merci de n'importe qui ? ! !

-Non, Shinji-kun, réfléchis, si tu te confies, ce ne sera qu'aux gens que tu aimes et qui t'aiment, et donc qui n'exploiteront pas tes faiblesses.

-…

Pendant cette discussion, ils étaient arrivés à l'appartement. Shinji ne dit plus rien jusqu'à qu'il entre et qu'il voit Asuka, attablée, en train de faire son boulot, qui visiblement l'énervait au plus haut point.

-Ah, tu es là Asuka ?

Elle allait répondre violemment, mais elle se reprit.

-Oui, le cours s'est terminé assez tôt.

Les yeux de Misato s'arrondirent, sa mâchoire dégringola de dix bons centimètres, bref, elle était étonnée.

-Asuka, tu vas bien ? ! ! !

-Oui, pourquoi, répondit-elle, alors qu'elle connaissait parfaitement la réponse. Elle regarda Shinji du coin de l'œil. Il souriait un peu. C'était la première fois en une semaine. Et c'était grâce à elle. Elle en était fière.

-Tiens, Shinji, vient m'aider, ce problème me saoule, j'arrive pas à comprendre ce qui est écrit.

-Problème de kanjis ? [idéogrammes]

-Ouais, je comprends rien à ce qui est marqué.

Shinji jeta un coup d'œil à l'exercice. Pendant ce temps, Misato partit prendre une douche et une bière.

-Tiens, je sais que tu adores ça…un petit problème de thermodynamique, pour changer. Il y a marqué "sachant qu'un objet a une masse de cent cinquante grammes, que la température extérieure…etc…".

La traduction finie, Asuka s'exclama :

-Mais c'est trop simple, quand on a compris ce qui est marqué.

-Mouais…moi j'ai rien capté…

-Viens, assied-toi, je t'explique…

Il prit une chaise et s'installa à côté d'Asuka. Il se pencha au dessus de la feuille pour voir.

-Regarde…là, il faut que tu appliques la formule, tu obtiens ça, tu convertis le résultat, et voilà.

-Quand tu expliques, je comprends mieux.

Il la regarda. Elle était vraiment belle. Elle plongea son regard d'océan dans le sien. Elle murmura :

-Shinji, je m'ennuie…

-…

-j'ai…j'ai envie…de…de faire ça.

Leurs lèvres se touchèrent, se redécouvrirent. Mais cette fois-ci, il respirait librement. Ce contact était chaud. C'était agréable. Ce n'était pas la même chaleur que celle de la source d'eau chaude où il était allé en début d'après-midi. C'était infiniment plus…réconfortant. C'était de la chaleur humaine. Elle rompit le baiser la première. Mais c'était pour pouvoir se blottir contre lui. Il l'entoura maladroitement de ses bras. Elle lui souriait.

-Shinji…je…je…

Sachant qu'elle n'arriverait jamais à le dire, il la coupa.

-Moi aussi je t'aime Asuka.

-On peut aller dans ta chambre ? J'ai pas envie que Misato nous voie.

-Tu as honte de moi ?

-Mais non ! Simplement, je préfèrerait que ça reste secret…t'imagines le bordel au lycée si quelqu'un l'apprend. En plus d'être emmerdé à longueur de journée, il y aurait des jaloux…et des jalouses.

-Je ne crois pas que beaucoup de filles dans la classe ai une quelconque envie de sortir avec moi.

-Tu rigoles ? ! Entre nous on se confie nos petits secrets…et t'imagines pas le nombres qui fantasment sur toi.

-En tout cas, toi, tu fais tourner la tête à beaucoup de mecs, ça j'en suis sûr.

-C'est pas voulu…

-Tu mens mal, Asuka…

Et ils partirent dans un éclat de rire. Une fois dans la chambre de Shinji, elle l'embrassa encore une fois.

-Tu veux faire quelque chose de particulier ?

-Oh non, je suis crevé…j'ai eu que des problèmes aujourd'hui…jusqu'à ce que je rentre dans cet appartement il y a moins d'une heure.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Disons que j'ai eu une discussion avec mon père des plus désagréables. Je préfère pas en parler.

-Je te comprend…

Après un court instant de silence, Shinji reprit.

-Maintenant, je suis sûr que si je meure, il y aura au moins une personne pour me regretter. Tu peux pas savoir ce que ça me fait…

-Essaie de me l'expliquer, s'il te plaît. Je voudrais te comprendre mieux.

-Euh…c'est comme si tout à coup je me mettais à exister. Comme si tout à coup, je savais que le monde autour de moi avait pris conscience de mon existence.

-Tout à fait l'inverse, fit-elle pour elle-même. Son visage exprimait la tristesse.

-Qu'y a-t-il Asuka ? Je n'aime pas te voir malheureuse.

-Non, ce n'est rien.

-Moi aussi je voudrais te comprendre…

-Ce que tu me racontes, ça me rappelle mon propre passé. Un jour, je suis allé voir ma mère, voulant lui annoncer que j'avais été retenue pour être pilote. Mais lorsque je suis arrivée dans sa chambre, elle s'était pendue. J'avais cinq ans, je crois. Et à ce moment là, ma vie s'est complètement écroulée. Exactement l'inverse de ce qui t'arrive maintenant. Toi, tout se construit d'un coup.

-Non…il reste de nombreux problèmes…mais avec toi, je sais que j'aurais la force de les régler. Mais je ne savais pas que tu avais eu un passé aussi douloureux.

-C'est lui qui a forgé mon caractère. Il le fallait. C'était une carapace, pour me protéger contre les agressions du monde. J'avais trop souffert, je ne voulais plus que cela m'arrive. Je me suis donc obligé à être forte. Tuer les Anges me permet de me prouver que je le suis suffisamment pour résister aux agressions psychologiques.

-Elles ne sont pourtant pas nombreuses.

-C'est toi qui dis ça. Tu es pourtant bien placé pour comprendre que la vie ne fait jamais de cadeaux !

-…

-Enfin…bon, on arrête de parler de ça, sinon on va finir complètement dépressifs.

-Déjà que j'ai tendance à l'être naturellement…

-Dis pas ça ! Tu as eu une vie très dure. C'est normal que tu te sentes pas toujours bien dans ta peau. Et puis…ton père est un salaud, et c'est pas ce qu'il y a de mieux pour être toujours gai. Bon, on avais dis qu'on arrêtait.

-Pour changer la conversation, ça s'est bien passé la journée ?

-Non. J'étais loin de toi. Enfin, la matinée, j'y ai pas pensé. Mais je me suis mise à réfléchir à midi. Tu sais que Hikari est amoureuse de Tôji, et bien ça m'a fait cogité. Je me suis dis que c'était pas normal qu'à mon âge, je ne sois pas amoureuse. Enfin, il y avait Kaji-san, mais lui c'était autre chose…enfin bref, j'ai réfléchis, j'ai réfléchis, et j'ai réalisé que j'étais bien amoureuse…mais que jamais je ne me le serais avoué.

-Et qu'est-ce qui t'a poussé à accepter ça ?

-…Le fait qu'inconsciemment, j'ai toujours tendance à vouloir être avec toi, à vouloir te protéger, à vouloir t'aider. Et puis ma réaction d'hier soir m'a beaucoup intriguée. J'ai tout fait sur un coup de tête, alors qu'habituellement, je suis plus réfléchie. Enfin, beaucoup de chose. Je me suis sentie tellement mal en réalisant ça, qu'Hikari a dû m'emmener à l'infirmerie.

-Tu as beaucoup changée Asuka…

-Pourquoi ?

-Il n'y a pas si longtemps, jamais tu ne m'aurais dévoilé tes faiblesses.

Un bruit hors de la chambre les fit sursauter. C'était le bruit de la porte de la salle de bains qui claquait.

-Misato est sortie. Je vais y aller.

Asuka se leva gracieusement et se sortit de la chambre, après avoir envoyer à Shinji une bise.

"C'est quand même bizarre que Misato prenne une douche, alors qu'on est allé à la source d'eau chaude. C'est bizarre. Enfin, c'est pas la peine d'essayer de la comprendre, je n'y arriverais pas."

Il s'allongea sur son lit et ferma les yeux.

 

Quelques instants plus tard.

-Shinji-kun, Asuka, à table!

Asuka s'assit. Elle était en T-shirt et short, sa tenue de nuit. Ses cheveux étaient encore humides. Shinji arriva, un air étrange sur le visage. Un air que Misato ne lui avait vu que trop rarement. Un air de bonheur.

-Bon appétit tout le monde !

-C'est la première fois que tu nous souhaites bon appétit, Asuka. C'est un jour spécial?

-Non, non, c'était juste comme ça.

Shinji eut droit un petit clin d'œil imperceptible, mais que Misato perçut tout de même.

-Je crois que je commence à comprendre. C'est y pas mignon…mes deux colocs ensembles.

-Mais, mais, mais, qu'est-ce qui te prend de penser des choses pareilles?

-C'est la première fois que je te vois faire un clin d'œil à Shinji. Et puis…voir Shinji-kun aussi heureux m'a mis la puce à l'oreille.

-…

-Bon, qu'est-ce que tu veux entendre? Qu'on sort ensemble ? Ok, on sort ensemble. Tu vas nous en faire tout un plat !

-Hi, hi, hi, t'énerve pas Asuka, et puis pas la peine d'avoir l'air si gênée, je ne le répèterai pas, promis !

-T'as intérêt…

Et à ce moment seulement, ils se mirent à manger. Et en moins de trois secondes, Asuka et Shinji se souvinrent de qui avait fait la cuisine, ce soir là. Le goût du curry était tellement fort, que même en faisant tout pour rester imperturbables, ils ne purent réprimer une moue de dégoût.

-Ch'est bon, hein ? fit Misato, la bouche pleine.

-Oui, oui, Misato-san…

-Misato, tu sais quoi ?

-Non ?

-C'est dégueulasse. Je veux plus que tu fasses la cuisine. C'est absolument immangeable. Avec Shin-chan, on va se relayer, mais…

-Oh ?!!! C'est Shin-chan, maintenant. C'est un petit pas pour l'Humanité, mais un bond de géant pour Asuka.

-Oh, ça va !

-C'est bon, je te charrie.

Comme d'habitude, Shinji restait silencieux, habitué aux disputes des deux jeunes demoiselles de la maison. Mais là, cela avait un "goût" différent. Il y avait quelque chose en plus, sans qu'il puisse définir quoi. Le repas se termina assez joyeusement, mais tout de même dans une habituelle prise de bec amicale entre Asuka et Misato. Celle-ci à la fin du repas leur dis quelque chose.

-Ce soir, je vais être obligé de faire des heures sup' toute la nuit.

-Pourquoi ?

-Ritsuko veut faire des tests nocturnes à l'Eva-00, je crois…toujours est-il que vous allez rester seuls. Je ne veux pas de partie de jambes en l'air. C'est compris ?

-Mais oui ! Tu nous connais !

-Justement…entre Shinji qui aurait pas le courage de le refuser, et toi qui serait tout à fait capable de lui demander, je m'inquiète.

-Pour un peu, Asuka serait une dépravée de première…il faut pas abuser, Misato-san.

-Tiens, tu la défends maintenant ? Le pas est toujours petit pour l'Humanité, mais le bond de géant est pour Asuka, mais aussi pour toi, Shinji-kun.

-…

-Bon, je vous fais confiance. Evitez de vous coucher trop tard.

-On a pas cours demain, c'est samedi.

-C'est pas une raison.

-Bien Major, firent-ils en cœur, à l'hilarité de la susnommée.

-Allez, j'y vais, passez une bonne soirée.

-T'inquiète pas pour ça…

Une fois la porte fermée, Asuka sauta littéralement sur Shinji. Après un court baiser, elle lui demanda :

-Qu'est-ce qu'il y a ce soir à la télé ?

-Je sais pas…

Il regardèrent ensemble le programme, puis, concluant que la première chaîne conviendrait très bien, ils regardèrent un film qui avait eu beaucoup de succès lors de sa sortie, quelques temps plus tôt, mais étant plutôt réservé aux public masculin, vu le carnage que faisait le héros parmi les troupes ennemies. Mais des déboires du pauvre homme, il s'en fichaient totalement. Eux, ils étaient dans leur petit monde, complètement coupés de la réalité. Ils passèrent leur soirée comme ainsi, à mieux se connaître, à discuter de leur vie, à s'aimer. aux alentours de minuit, ils s'endormirent, l'un contre l'autre. Misato rentra environ deux heures plus tard, crevée. Lorsqu'elle les vit comme ça, elle sourit.

-Soyez heureux…je vous le souhaite…vous le méritez plus que personne au monde.

Puis, satisfaite de ce qu'elle venait de dire, elle alla se coucher. Elle était surtout contente de ce qu'elle avait vue. Shinji, un sourire de bonheur sur le visage, l'air paisible.

 

Tout Tôkyô fut réveillé le lendemain matin, vers huit heures, par une alarme. Misato fut a première à réagir, et obligea les deux pilotes dont elle avait la garde à se réveiller. Ils s'habillèrent en quatrième vitesse et sautèrent dans la voiture du Major, qui conduisit, comme à son habitude, à une vitesse déraisonnable.

-De toute façon, tout le monde est aux abris, il n'y a personne en route, avança-t-elle comme argument.

Les Children, bien entendu, n'étaient pas dupes, vu qu'elle conduisait toujours comme ça. A leur arrivée au QG, ils foncèrent aux vestiaires. Shinji fut prêt le premier. Lorsqu'il sortit, il vit sa supérieure qui semblait l'attendre.

-Shinji-kun…ce que tu m'as dis l'autre jour, par rapport au prochain combat…

-Ne vous inquiétez pas Misato-san. Je n'ai plus du tout l'envie d'y rester. Je sais que maintenant il y aura du monde pour me regretter sincèrement. Je vous promet de revenir.

-D'accord. Après, on fera une fête, pour fêter votre victoire, et puis, plus officieusement, le retour de te volonté de survivre.

-Si vous voulez.

Asuka sortit à ce moment là.

-De quoi vous parlez ?

-Je lui souhaitait bonne chance. Et je te le souhaite aussi, Asuka.

-Elle ne m'a jamais vraiment fait défaut.

De retour dans la salle de contrôle, Misato demanda un résumé de la situation. Pendant ce temps, les Children avaient rejoint leur Evas.

-L'Ange est à trois kilomètres du QG. Il arrive par la terre, visiblement, en provenance de Russie, exposa Maya.

-Ou du pôle sud, compléta Ritsuko.

-On a un visuel ?

-Affirmatif.

Un écran s'alluma.

-Mais on voit rien ! La fumée cache tout.

L'Ange en avançant soulevait tellement de poussière, que l'on ne voyait qu'un énorme nuage couleur terre avancer.

-On n'a pas de visuel, mais nos relevés indique clairement des ondes bleues. Et plus étonnant encore, nos détecteurs indiques une émanation très forte de toutes sortes de radiations électromagnétiques.

-En clair, ça veut dire quoi ?

-Tu te souviens de Ramiel ? Et bien l'énergie qu'il dégageait était trois fois moindre.

-Donc, il a une source d'énergie extrêmement intense. Mais est-ce que ça veut dire qu'il est plus puissant que les autres ?

-Avec MAGI, nous avons fait des agrandissement des enregistrement visuels. Sont AT-Field est tellement actif, qu'il est visible à l'œil nu, sans même qu'il soit sollicité, comme par exemple, l'étaient ceux des autres Anges.

-Ça veut dire quoi ça ? J'ai rien compris…

-Lorsqu'il recevaient une source d'énergie quelle qu'elle soit, l'AT-Field devenait visible, parce que l'énergie qu'il contrait le faisait réagir. Là, l'Ange a un AT-Field visible en permanence.

-Bon, il cogne fort, et il se défend bien. Mais a-t-il attaqué ?

-Non, mais peut-être en sera-t-il autrement si les Evas attaquent.

-Bien. Je veux que l'Eva-00 sorte pour voir sa réaction. Préparez une retraite immédiate. Et faites la sortir avec un bouclier.

-Qui vous a dis que nous avions des bouclier, Major Katsuragi.

-On me cache sûrement beaucoup de choses, docteur Akagi, mais il ne faut pas me sous-estimer. Je sais que vous avez retapé deux boucliers.

-Vous ne savez pas tout. Nous les avons aussi renforcés.

-Bien. Nous nous en tenons au plan que j'ai établi. Une objection, Commandant ?

-Aucune, faites comme bon vous semblera Major, vous êtes la responsable des tactiques à adopter.

Misato fronça les sourcils en entendant ce qu'il lui avait répondu.

"Ça tout aussi bien dire qu'en cas de bévue, je suis responsable. Tout doit se dérouler sans problème ! "

-Eva-00, arrivée en surface !

-Bien ! Quels sont les réactions de l'Ange ?

-Augmentation des radiations en provenances de la cible. Il va tirer !

-Ramenez l'Eva-00.

La porte du sas était à peine fermée qu'un rayon s'abattit à l'endroit exact où se tenait l'Eva de Rei quelques instants auparavant. Sous la température, la catapulte fut fondue sur trois mètres.

-Route numéro trois inutilisable !

-Bon…Quelle est la sortie la plus éloignée de la cible ?

-La route numéro 14. Elle mène au mont Futago.

-Bien. Envoyez l'Eva-02 sur place, pour voir si elle est dans le champ d'action de la cible.

-Eva-02, lancée……Eva-02, arrivée en surface.

-Réaction de la cible ?

-Aucune.

-Bien. Faites sortir toutes les Evas par cette voie.

-Cible stabilisée.

-Localisation ?

-A 1 kilomètre du QG, en surface.

-On a un meilleur visuel ?

-Oui. Transfert sur écran principal.

Une image plus nette de l'Ange apparut. Un peu plus grand qu'une Eva, il était de forme humanoïde, avec une sorte voile noir recouvrant complètement son corps. Cela ressemblait étrangement à un manteau, ou plutôt à un habit de moine, mais ouvert sur le devant. Seul une sphère rouge sang tranchait avec le noir, sa Koa, irradiant de sous le "vêtement". Ce qui semblaient être ses bras tenaient une faux, dont la lame faisait à peu près la moitié de sa taille.

-Ce n'est plus un Ange, que l'on affronte ! s'écria Misato. C'est la mort elle-même !

Une voix emplit soudain le QG, par l'intermédiaire des haut-parleurs, rapportant les sons de la surface. Mais personne ne comprit ce que la voix disait.

-Ça voulait dire quoi, ça ? demanda Misato.

-Je…je ne suis pas sûre, mais…attend ! je vais demander à MAGI.

Après quelques instants, Ritsuko reprit.

-C'est bien ce que je pensais. Ce n'était ni du japonais, ni de l'anglais, ni de l'allemand, ni aucune des langues parlées actuellement à le surface de ce globe.

-Mais…

-Mais c'est une autre langue, plus ancienne.

-Une langue morte ?

-Du grec ancien, pour être exact.

-Et qu'a-t-il dit ?

-Que sa faux tuerait purement et simplement toutes les personnes à la surface de ce globe.

-Euh…je croyais que le but des Anges était de déclencher le Third Impact.

-Mais, comme tu l'as dis toi-même, ce n'est pas un Ange. C'est la Mort. Thanatos en grec.

-Voilà qui n'est pas réjouissant.

Ritsuko retourna à son pupitre et pianota quelques instructions pour MAGI.

-Qu'est-ce que tu fais ?

-J'installe un programme. Si la cible recommence à parler, on aura la traduction en direct, par les haut-parleurs.

-Très bien. Mais…tu pourrais pas nous concocter un petit plan pour…

-C'est toi la responsable des tactiques.

-Je ne parle pas à la scientifique, ni au membre de la Nerv. Je parle à l'amie.

-Mais la réponse st la même, que ce soit l'amie ou la scientifique. Je ne sais absolument pas quoi faire.

-Tu n'as pas une petite théorie physique à me sortir ?

-Je croyais que tu parlais à l'amie, et pas à la scientifique.

-Au point ou on en est.

-Désolée.

-Envoie-moi toutes les données qu'on a sur ce monstre, ça me donnera peut-être une idée, dit Misato, vraiment lasse.

-Rayonnement X, et gamma très important, AT-Field très développé, environ cinquante mètres de haut, faux en alliage inconnu, visiblement, forte activité radioactive en provenance de…

-Quoi ?

-Je crois que la scientifique a eu une idée.

-Envoie.

-Tu connais le principe de fonctionnement d'un réacteur nucléaire.

-Oui, on envoie des neutrons sur de l'uranium, ça le rend instable, il explose, envoyant des neutrons à son tour, tout cela en produisant de la chaleur .

-Exact. Or, l'alliage dont est fait la faux à des propriétés radioactives. Le létal est très instable. Si on le bombarde de neutrons, il se peut qu'il explose, créant ainsi une bombe atomique des centaines de fois plus puissante que celle de Nagasaki ou d'Hiroshima.

-Et le Japon serait dévasté…

-Oui…sauf si des AT-Fields très puissants s'opposaient à l'explosion.

-Ceux des Evas suffiront ?

-J'en doute, mais j'ai une autre idée. On l'attire près de la mer, on le fait sauter cet endroit, et on concentre les AT-Fields des Evas sur un seul front, l'autre étant absorbé par la mer.

-C'est foireux comme plan.

-Comme les tiens.

-C'est pour ça qu'il me plaît.

Après un rapide exposé au Children, Asuka réagit de sa douce vois mélodieuse.

-Non mais ça va pas ! On a toutes les chances d'y rester ! Ce plan n' absolument aucune chance d'aboutir !

-Faux, Asuka. Il y a une chance de 0.0000001% que cela fonctionne. Ce n'est pas zéro, émit une scientifique aimant les chiffres avec plein de zéros devant.

-Ouais, c'est du pareil au même.

-Misato-san. Comment va-t-on le bombarder de neutrons ?

-Un canon à neutron devrait pouvoir être construit rapidement si on s'y met à fond tout de suite. On a mobilisé toute la planète. Il sera prêt dans 18 heures.

-Quoi ?!!! Mais on fait quoi pendant ce temps ? On l'invite à prendre un thé ?!!!

-Non, mais on peut l'occuper. D'autant qu'il a l'air de chercher le QG.

-Mais les autres Anges savaient où il était.

-Je ne crois pas, protesta Ritsuko. D'après mes relevés, et autres supputations, je crois que les Anges sentaient Adam, mais pas le QG lui-même.

-Mouais. Mais à partir du moment où il creuse, on fait quoi ?

-Tu improviseras ! Tu as jusque là pour y réfléchir.

La cible se mit à creuser au bout de quinze heures. La nuit était tombée, et les étoiles éclairaient la nuit sans lune. Avant cela, les Childrens avaient établis un système de quart, ne restant dans leur Eva que pendant des intervalles d'une heure, à tour de rôle. Mais dès que le besoin se fit sentir, ils réintégrèrent tous leur Plug. Ils devaient tenir trois heures. Asuka saisit un lance-missiles et tira sur sa cible. Celle-ci réagit immédiatement, en tendant son bras libre vers elle. Un rayon d'énergie vert, semblable à celui que Rei avait évité de peu lui fonça dessus. Elle esquiva de justesse. Mais il se dirigeait sur elle maintenant. Elle se mit à courir, mais il semblait tout de même plus rapide. Il la rattrapa presque, mais juste avant, Shinji le plaqua contre le sol. Mais rapidement, son adversaire reprit le dessus. Il semblait ne pas vouloir se servir de son rayon au corps à corps, mais il brandit sa faux et essaya de l'abattre sur Shinji. Le combat était très inégal. L'Eva-01 dégaina tout de même son Progressive Knife. Les armes s'entrechoquèrent plusieurs fois.

"Cet ennemi. C'est la mort. Elle est responsable de tant de souffrance…sa mort soulagerait tellement de monde. Mais la mort peut-elle mourir ? Je ne sais pas, mais je ferais tout pour que cela lui arrive si cela est possible ! "

Dans la salle de contrôle, Maya s'affola.

-Sempai ! Regardez l'Eva-01.

-Folie furieuse ?

-Non, le pilote a le plein contrôle de son Eva. Le taux de synchro dépasse les 350%

-Shinji-kun, arrête ! Tu vas être absorbé comme la dernière fois !

Le visage haineux de Shinji apparut sur l'écran principal.

-Non, Misato-san. La dernière fois, j'avais envie de fusionner avec l'Eva. La, je resterais mettre de mon Eva. Je lui imprimerais ma volonté, et elle courbera l'échine !

Devant un tel courage, personne ne put répondre. Une telle force de caractère forçait le respect. Rapidement, l'Eva poussa un cri à terroriser l'homme le plus endurci de la planète. Elle se redressa, et activa son AT-Field. Les phases de celui de Shinji et de celui de Thanatos, l'Ange de la mort, s'annulèrent rapidement. Il avait développé un AT-Field aussi puissant que celui de son adversaire. Il se précipita alors dessus et le martela de coup plus puissant les uns que les autres.

-Si ça tombe, on ne va même pas avoir besoin de ton canon à neutrons, Ritchan.

-MAGI a fait des relevés spectrographique de la structure moléculaire de l'Ange. Les coups que lui portent Shinji ne l'affecteront presque pas. Sur une échelle de un à dix, la dureté de sa composition arrive à près de 10.87. Il est plus résistant que le diamant.

-Quoi ?!!!

Pendant que Shinji reprenait son souffle, son adversaire s'était relevé. Il leva sa faux, et l'abattit sur L'Eva-01 à une vitesse fulgurante. Tous à la Nerv avaient retenu leur souffle. Mais Shinji était sauf. Mais dans quel état…son Eva portait une longue et profonde entaille sur toute sa hauteur. La blessure n'était pas mortelle, mais tout de même grave. Le combat de titans reprit. Après avoir essoufflé son adversaire, l'Ange essaya un nouveau coup de son arme. Mais au moment où il allait l'abattre, un missile lui décrocha l'arme des mains. L'Eva-02 était là, un bazooka encore fumant dans la main.

-Touche pas à mon Shinji !!!

Avec un cri de guerre, Asuka se précipita dessus, Progressive Knife à la main. Elle lacéra de coup le corps sombre de son ennemi, mais elle ne réussit à rien. Elle leva alors les mains au dessus de sa tête, et abattit son couteau de toutes ses forces sur la Koa. Mais la lame ripa et vint se briser sur le corps presque indestructible. Les combats se continuèrent longtemps. L'Eva-02 y perdit un bras, et l'Eva-00 fut mise complètement hors combat. L'Eva-01, quant à elle, ne fut pas plus blessée. Mais l'Ange avait récupéré sa faux. Enfin, une communication en provenance du QG arriva dans les Plugs.

-Asuka, descend, on va t'équiper le canon à neutrons.

-C'est moi qui vais tirer ?

-Oui, il nous faut le meilleur taux de synchro possible, mais Shinji ne peut partir, sinon, l'Ange va rappliquer.

-Ok, j'arrive.

En une dizaine de minutes, elle avait récupéré l'arme, et était remontée.

-Tiens, prend ça !!!!

Elle appuya sur la gâchette, mais visiblement rien ne sortit.

-C'est quoi c'te camelote.

-Réessaie !

Pendant ce temps, Shinji était en très mauvaise posture. L'Ange lui envoyait une série de coups de plus en plus rapides. Mais tout à coup, la lame s'enfonça dans l'Eva, au niveau de l'abdomen. Elle remonta, puis l'Ange la fit sortir quand elle eut atteint le niveau du plexus.

-Etat du pilote.

-Etat…impossible…il devrait être mort…le…le pilote est en parfaite condition…

Sur l'écran, on avait vu Shinji souffrir. Mais là, son visage ne reflétait plus qu'une froide détermination.

-Asuka, tire maintenant !

Il bondit sur l'Ange, visiblement surpris de le voir toujours en vie. Il lui plaqua son arme contre lui, tout en se plaçant derrière, de façon à ce que son ennemi le protège du tir d'Asuka.

-Tu vas fonctionner sale merde !!!

Soudain, l'air miroita légèrement suivant un axe rectiligne, en provenance du canon, se dirigeant vers l'Ange. Le rayon atteignit la faux de plein fouet. Celle-ci se mit à briller de plus en plus vivement, pour soudain exploser en un champignon malheureusement trop bien connu. Mais celui-ci était de taille gigantesque. Un cri déchira soudain le silence de la salle de contrôle.

-SHINJIIIIIIIII !!!!!!

L'Eva-01 avait contenu pratiquement toute l'explosion, mais elle était dans un état catastrophique.

-Etat du pilote ?

-Pulsations…nulles…ondes cérébrales…nulles…le pilote de l'Eva-01…et mort…

Venant de le Plug de l'Eva-02, un cri déchira la nuit. Dans la salle contrôle, tout le monde était sous le choc. Misato partit faire son rapport au commandant qui s'était retiré dans son bureau quelques heures auparavant.

"Ça va être galère. Comment vais-je lui annoncer la mort de son fils…"

Elle frappa à la porte.

-Entrez.

Elle l'ouvrit et parcourut la distance qui la séparait du bureau de son supérieur.

-Commandant, je viens vous faire mon rapport.

-Bien, faites.

-La cible a put être neutralisée au prix de gros efforts, mais nous avons malheureusement perdu le pilote de l'Eva-01.

-Bien. Est-ce tout ?

-Vous…vous êtes sûr d'avoir bien compris mon rapport ?

-J'ai parfaitement saisi que la cible a été neutralisée. Insinueriez-vous que je sois limité intellectuellement, Major Katsuragi ?

-Telle n'était pas mon intention, mais il ne me semblait pas que vous aviez compris que votre fils était mort.

-Je l'ai parfaitement saisi, je ne suis pas idiot.

-Mais vu votre réaction…

-Mes réactions ne regardent que moi.

-Mais enfin, il s'agit de votre fils ! Vous ne pouvez pas le traiter ainsi !

-Encore une fois, cela ne regarde que moi.

-Commandant, malgré tout le respect que je vous dois, il me semble que votre réaction est loin d 'être appropriée. Shinji est mort en héros.

-Non. Les héros sont des gens intelligents. Lui est mort. C'est qu'il a fait une erreur.

Misato ne put retenir son geste. Une gifle retentissante vint s'abattre sur la joue du commandant qui ne broncha pas. Sa voix, cependant était glaciale.

-Vous regretterez ce geste.

-Commandant, je vous informe respectueusement de ma démission du sein de cette organisation.

Tout en disant cela, elle avait agrippé ses galons et les arracha d'un coup, en les jetant devant lui.

-Et maintenant que je ne suis plus sous vos ordres, laissez-moi vous dire une chose. Vous êtes un salaud de première. Traiter votre fils de cette manière tient de la démence. Vous êtes complètement fou.

-Sortez ! Estimez-vous heureuse que je vous fasse pas arrêter pour insultes à un supérieur.

Elle se dirigea vers la porte, et lui lança avant de s'en aller :

-Ma seule satisfaction aura été de vous avoir dit ce que je pensais de vous.

Et sur ces mots, elle claqua la porte violemment. De retour à la salle de contrôle, elle vit Asuka, de retour, complètement effondrée, encadrée par Ritsuko et Maya, qui faisaient tout pour la réconforter. On voyait qu'elle retenait ses larmes.

-Shinji…il est mort…je ne le verrai plus jamais…

-Asuka, commença Misato, tu sais, Shinji tenait beaucoup à toi…mais il était trop timide pour te le montrer.

-…

-Je crois que l'on peut dire de Shinji, qu'il a été une étoile dans la nuit, qui nus a tous sauvé, et qui s'est éteinte.

-C'est beau…c'est bien ce qu'on appelle une oraison funèbre ?…

-Je crois, oui…et il me semble qu'il la méritait.

-…

-Misato, appela Ritsuko, j'ai un enregistrement de l'intérieur de la Plug, avant la…mort de Shinji.

-Et alors ?

-Avec le bruit de l'explosion, on ne l'a pas entendu, mais il a dis quelque chose.

-Quoi ?

Ritsuko passa alors l'enregistrement. La voix de Shinji s'éleva, avec une pointe de regret.

-Désolé Misato-san. Je n'ai pas réussi à revenir. J'espère que tu me pardonneras…Asuka…

Un silence écrasant s'installa alors dans la salle de commande.

-Misato…je ne veux plus jamais piloter.

Asuka troubla par sa voix le silence régnant.

-Je te comprend. Moi-même, j'ai démissionné.

-Ah ouais ?

-Oui. Ecoute. Je te propose de venir vivre avec moi. On sera mieux à deux. Alors…

-Merci, renifla-t-elle. Excuse-moi, je ne peux pas te remercier convenablement…je…

Les larmes remontèrent et elle se laissa enfin aller. Misato fit tout son possible pour la consoler. Puis elle partirent, vivre une autre vie, dans un autre lieux, dans une autre époque. Une époque dont la début était la mort de leur héros, un garçon qui fit preuve d'un courage que pourraient leur envier de nombreuses personnes. Il était mort pour l'humanité. Pour une humanité qui ne lui en serait jamais reconnaissante. Pour une humanité qui ne saurait jamais ce qui lui serait arrivé.

"Le vrai héros est celui qui se sacrifie en sachant qu'il restera dans l'ombre et que personne n'en saura jamais rien."

 

 

Notes de l'auteur

Et voilà, je me suis mis au dark. Pour ceux qui me connaissent, il me connaissent pour du Waffy, mais pour rien d'autre. Et voilà, j'ai voulu faire autre chose. Si vous avez aimé, je vous prie, dites le moi. Vous ne pouvez pas savoir ce que c'est que de recevoir un mail de félicitations. Ça me donne envie d'écrire encore, ça me motive. Ça me fait un plaisir incomparable. Les éventuels autres auteurs qui me lisent ne me contrediront pas, j'en suis certain. Voilà mon adresse: Nephret_m@hotmail.com

Sinon, que dire. Ah oui, le titre signifie mort et désespoir, en japonais, bien évidemment. J'ai écrit ce fanfic en une semaine, et j'en suis plutôt content. J'espère juste qu'il vous plaira. Je ne vais pas détailler les personnages, ni quoi que ce soit. Il me semble que tout est contenu dans le texte. Laisser libre cours à l'imagination est mieux que d'imposer mon point de vue, je pense. Savourez cet écrit, et trouvez-y votre propre goût. Faites-vous vous-même votre propre opinion. A une prochaine fois, dans un autre fanfic.

Nephret.

 

 

Retour aux fics