La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

Lorsqu'ils se réveillèrent le lendemain matin, ils ne s'imaginaient pas que le temps puisse être aussi mauvais. Il pleuvait encore plus qu'auparavant, le tonnerre tonnait plus fort. Un temps de fin du monde. C'est sans entrain que Shinji et Lucy se préparèrent pour aller au lycée. La bonne humeur semblait s'être envolée autre part, dans un monde meilleur. Misato avait une gueule de bois épouvantable, et buvait un café noir très fort.

Sous son imperméable, Shinji grelottait de froid. Qui aurait pu croire qu'on était au mois d'octobre. Même au Japon, ce mois est très doux. La température à ce moment là avoisinait les dix degrés centigrade. Voyant que sa petite amie avait aussi froid que lui, il l'attira contre lui. Et c'est ainsi enlacés qu'ils arrivèrent à leur école. Ils avaient mathématique. Déjà que ce n'était pas une matière qu'ils adoraient à proprement parler, l'aspect du ciel n'engageait pas à la réflexion. Même le professeur semblait ne prendre aucun plaisir à faire son cours, lui qui d'habitude était plein d'un entrain qui motivait plus ou moins ses élèves. Une fois qu'ils en eurent fini avec les fonctions polynomiales et autres équations du second degré, ils sortirent pour la récréation. Mais elle n'eut bien entendu rien de récréatif, puisque tout le monde se tenait serré, transi de froid. La matinée se continua de cette manière particulièrement morne jusqu'à midi. Ce fut le premier plaisir de la journée, trouver une salle éclairée correctement, et chauffée de manière convenable : le réfectoire. Il était bondé. Le groupe d'amis eut du mal à se trouver une place assise. Puis les discussions commencèrent.

-C'est pas vrai ce qu'on se gèle ! Jamais je n'aurais cru avoir si froid à cette époque de l'année. Je croyais que le climat s'était stabilisé depuis le Second Impact ! explosa Tôji.

-On y peut pas grand chose, fit Kensuke, en se frottant les mains.

-Dites, vous ne croyez pas…

Hikari n'eut pas le temps de finir sa phrase. Une violente secousse ébranla tout le bâtiment.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Asuka, en se relevant, tout en se frottant la tête, où elle s'était cognée.

-Vous pensez que c'est un Ange ?

-Non, je ne pense pas. Les sonneries auraient retentit. Et puis, on l'aurait vu arriver avant, et on nous aurait prévenu, fit Shinji.

-Mouais, ça a l'air valable comme explication.

-Moi, je pencherais plutôt pour un tremblement de terre.

-Tu penses ?

Le proviseur arriva, et élevant la voix, mit tout le monde au courant.

-Je viens de recevoir un communiqué. Il s'agit d'un simple séisme, il n'y a rien à craindre à présent. Il était de faible intensité, mais a fait quand même quelques dégâts matériels en ville. D'autre part, j'ai reçu un appel de la Nerv. Le major Katsuragi tient à ce que les pilotes soient rapatriés à la Nerv au cas où. Avancez-vous s'il vous plaît.

Sans un mot, les Children prirent leur affaires et rejoignirent le proviseur. Mais avant qu'ils ne partent, ils entendirent un claquement de mains. Puis un autre, puis encore un autre. Enfin, ce fut une véritable ovation qui les suivit jusque dans les couloirs du lycée.

-Je crois qu'on est appréciés, dit Mark, assez fier.

-C'est normal. C'est moi qu'ils acclament.

-Mais oui. La rousse s'y croit un peu trop.

Et c'est avec une bagarre des plus habituelle entre Tôji et Asuka que les Children sortirent, sous une pluie battante.

Ils devaient aller à la Nerv à pied. Et pour couronner le tout, le chemin le plus court était bouché par un morceau d'immeuble qui bloquait. Ils entreprirent donc d'aller à l'entrée suivante. Mais au croisement d'une rue, une deuxième secousse survint. Le sol se fissura juste sous leur pied. Dans un réflexe, ils sautèrent sur le côté…et se retrouvèrent séparés par un mur de béton de trois mètres de haut. Shinji et Lucy étaient d'un côté, les autres de l'autre. En fait, Shinji avait attiré à elle sa petite amie, et avait sauté avec elle, à l'inverse des autres.

-On se rejoint à la Nerv, cria Mark depuis l'autre côté.

Shinji acquiesça. Ils prit Lucy par la main, et se mit à courir à travers Tokyo-3.

-Pourquoi est-ce que tu cours, comme ça ?

-Un mauvais pressentiment.

Soudain, leur portable sonnèrent en même temps. Il décrochèrent.

-Qu'est-ce que vous foutez ! On a un Démon, un Ange, ou quelque chose sur les bras, et vous glandez ! Magnez-vous ! fit Misato au téléphone.

Après avoir raccroché, Lucy dit :

-On dirait que tes prédictions étaient justifiées.

-J'ai rien prédis du tout. J'avais un mauvais pressentiment. J'ai pas dis en quoi il tenait.

-Ce qui m'étonne, c'est que Misato n'ait pas affirmé qu'il s'agissait d'un Démon. Elle devrait en être sûr, pourtant, émit-elle, visiblement sans même l'avoir écouté.

-Il faudrait peut-être y aller ?!!

Ils se remirent à courir. Arrivés en vue de l'entrée de la Nerv, un nouvelle secousse bloqua la porte.

-Mais c'est pas vrai. Un hasard comme ça, ça peut pas être possible ! explosa Lucy.

Tout à coup, toutes les sirènes de la ville se mirent à sonner.

-Bon, ben voilà qu'on a un adversaire, des Evas, et nous, on est pas là pour les piloter ! Ca m'énerve d'être impuissante comme ça !

-Calme-toi, fit Shinji d'une voix apaisante.

Il la prit par la taille et s'éleva doucement, et passa au dessus du mur de pierre. Il ouvrit la porte, et entra dans le long couloir, suivit de Lucy. Ils arrivèrent face à une porte blindée, fermée.

-Bon, ben on est vraiment vernis. Y'a quelqu'un là-haut qui nous en veut personnellement, fit Lucy, presque amusée, si la situation ne l'en empêchait pas.

-Ca me plaît pas trop de faire ça…j'espère que Misato me présentera pas la note…murmura Shinji.

Il ferma les yeux quelques instants. L'air vibra légèrement, puis la porte vola littéralement en éclats. Lucy n'en revenait pas. Il venait de réduire en purée trente centimètres d'acier renforcé. Il avançait en silence, quelques mètres devant elle. Il y avait quelque chose de bizarre en lui, si l'on exceptait qu'il faisait des trous dans du blindage sur-épais. Il semblait…absent. Dans un autre monde. Ce n'était plus le même. Un secousse mit fin à ses réflexions. Mais cette fois-ci, elle pouvait dire que ce n'était pas un séisme. C'était une explosion. Elle courut pour rattraper son petit ami qui ne l'avait pas attendu. Ils étaient proches des cages aux Evas. Shinji ouvrit une porte, machinalement. Ils y étaient, ils allaient pouvoir sortir et combattre cette chose -visiblement la dernière, d'après ce qu'avait dit ce monsieur Kaji- et sauver définitivement le monde. Ou bien mourir. Mais dans ce cas, ils ne seraient que les premiers. Le Destin a toujours été très farceur. Et souvent, d'un humour assez déplaisant. Cette fois-ci, il avait fait en sorte que rien ne se passe de la manière dont elle le pensait. Manière fort logique, pourtant. Les Evas étaient bien là. Parfaitement en état de marche. Mais ils ne pouvaient pas y avoir accès. Parce que l'Ennemi était là. Il les attendait devant les Evas, devant leurs armes. Et il leur interdisait l'accès.

Il était beau. C'était indéniable. Il ressemblait fortement à un humain. Il était nu. Un corps d'une blancheur opaline. De longues ailes blanches étaient repliés dans son dos. Cependant, rien ne permettait de déterminer si c'était un homme ou une femme. Il ne portait aucun attribut. Ni poitrine, ni sexe. Rien. Un hermaphrodite. C'était peut-être une illusion, mais il semblait à Shinji qu'un halo lumineux surplombait sa tête. Son visage reflétait la sérénité. De longs cheveux gris cendré, légèrement plus foncés que ceux de Kaoru. Des yeux verts émeraude aux reflets d'or. Il était réellement la beauté incarnée. Il flottait dans le vide, semblant attendre quelque chose.

-Ah, te voilà enfin, Shinji, fit-il de sa voix chaude et mélodieuse.

-Tu m'appelais. Je ne pouvais que venir.

-L'humanité a de la chance de t'avoir. Avec tes capacités hors du commun, tu pourrais peut-être me battre. Si on ne t'avais pas conféré ce pouvoir, vous seriez tous morts d'avance.

-Mon père avait prévu ta venue. C'est pour cela qu'il m'a fait don de cette puissance.

Lucy assistait, atterrée à cette discussion fantastique. Il lui vint à l'esprit que c'était peut-être Dieu lui-même que Shinji allait combattre. Et cette fois-ci, il serait seul. Il était la personne la plus puissante sur cette planète. Personne ne pouvait rien contre lui. Personne sauf cette androgyne qui lui faisait face, sans la moindre hostilité apparente. Même, il semblait peiné d'avoir à combattre Shinji. Un mouvement derrière la baie vitrée surplombant la scène attira son attention. Elle vit alors tous les autres : Misato, Ritsuko, les opérateurs, mais aussi Rei, Tôji, Mark, et Asuka. Ils regardaient, effarés. Les pilotes et la plupart du personnel ne devait pas comprendre la discussion qui avait lieu, et qui devait être retransmise par haut-parleur dans tout le centre de commandement.

-Tu n'as pas peur. Pourquoi ?

-Je sais que je vais protéger ceux que j'aime. Et puis…même si je ne suis pas sûr de te battre, je sais que j'aurais tout fait pour. Je n'aurais pas grand chose à regretter.

-N'est-ce pas cela que l'on appelle du courage ?

-Ca m'étonnerait. Je n'ai jamais fait preuve de courage, pourquoi est-ce que ça commencerait aujourd'hui ?

-Je crois que tu te connais bien mal, Shinji.

Il marqua une pause, puis reprit.

-Pourquoi n'as-tu aucune haine envers moi ?

-Pourquoi le devrais-je ?

-Je suis là pour détruire l'humanité.

-Je sais que tu ne le fais pas ça pour le seul plaisir de tuer. En fait, tu n'as aucune autre fonction. Je le lis en toi.

-C'est vrai. Mais cela n'empêcha pas que je suis capable de nombreuses autres choses. Je sais éprouver des sentiments.

-Tu es comme Kaoru.

-Oui. Et non. Sais-tu que Kaoru était mon amant ?

-Je le sais désormais. Mais ça ne m'étonne pas.

-Tous tes amis sont là, Shinji. Je crois que nous allons pouvoir commencer.

Shinji lâcha un soupir, et dit, résigné :

-Je le crois aussi.

Il se concentra, et s'envola, pour rejoindre dans les airs son adversaire. Il pouvait ressentir la stupéfaction de presque tous ceux qu'il connaissait. Il n'y avait guère que Misato, Lucy, et Ritsuko qui n'étaient pas trop surpris. Pas trop. Ils activèrent leur AT-Field en même temps. Ils étaient de même puissance. A cause de cela, leurs pensées n'avaient de secret ni pour l'un ni pour l'autre. Ce que pensait l'un était immédiatement connu par l'autre. Ainsi, aucun coup ne pouvait porté sans qu'une parade adéquate ne soit prête. Aucune ruse ne pouvait marcher. Shinji essaya de faire en sorte de penser très fort quelque chose, et de faire l'inverse, en vain. C'était une impasse. Un pat, comme on dit aux échecs. Il ne leur était plus nécessaire de parler. Il leur suffisait de penser pour communiquer. Et cela avait un gros avantage sur la parole. Ils percevaient le raisonnement derrière la phrase, ce que ne permet pas le son.

Il s'éleva alors plus haut, pour être au niveau de la baie vitrée du centre de commande. Il déclara d'une voix forte :

-L'Humanité a bien choisi son représentant. Il a su faire fléchir la balance en votre faveur. Le Juge Céleste vient de rendre son verdict.

Un halo lumineux intense l'entoura, et il monta, très vite, perçant le plafond. Certains affirmèrent par la suite qu'il avaient vu un rayon lumineux jaillir du Géofront. Et que c'est à ce moment que les nuages qui obscurcissaient le ciel se sont dissipés comme par magie, en quelques instants.

Dans le centre de commande, on s'interrogeait. Pourquoi était-il parti, sans combattre, se contenant de regarder Shinji dans les yeux durant de longues minutes. Qui plus est, celui-ci volait. Rien ne semblait normal. Tout le monde croyait à une hallucination collective. Les pilotes, Misato et Ritsuko étaient descendus rejoindre Shinji et Lucy, qui réconfortait son petit ami, visiblement épuisé. Personne n'osait engager la parole. Après un court silence, Misato dit simplement, de sa voix la plus douce :

-Rentrons à l'appartement. C'est fini. Tes souffrances sont terminées.

Quelques jours plus tard, à l'appartement, Misato regardait les informations à la télévision.

"Une organisation vient d'être mise à jour. Un groupe, appelé Seele, a pu être démantelé grâce à des informations anonymes. Il était composé de plusieurs personnalités mondiales, occupants tous de hautes fonction dans leur pays d'origine. Il semblerait qu'ils avaient pour projet d'instaurer une politique néo-nazie dans de nombreux pays, après avoir déclenché une guerre mondiale. De plus amples informations nous seront bientôt communiquées. Maintenant, la bourse de Tokyo, en baisse de 0.57 %."

Elle éteignit le poste, en réfléchissant.

-Je ne pouvais pas décemment leur faire porte le chapeau pour les Anges et les Démons. Personne n'y aurait cru. Mais ils seront au moins emprisonnés pour crime contre l'humanité, fit une voix derrière elle. Elle sursauta.

-Je ne t'ai pas entendu rentrer, Kaji.

-J'ai toujours été silencieux, c'est nécessaire quand on fait mon boulot. Comment va Shinji ?

-Bien, il s'est remis. Mais il n'a pas encore voulu me parler. Je crois par contre qu'il a raconté à Lucy.

-C'est compréhensible. On raconte plus facilement ses problèmes à ses amis, qu'à ses parents. Où en l'occurrence à sa tutrice.

-Tu as raison, soupira-t-elle. J'ai du mal à croire que tout cela est réellement fini.

-Qui sait…

-Oh, bonjour, Kaji-san.

Ils se retournèrent pour voir Shinji, tout juste réveillé.

-Bonjour Shinji. Comment vas-tu ?

-J'ai vu pire.

-Peut-être qu'une explication détaillée te conviendrait-elle ?

-Non. Je n'ai pas envie de savoir ce qui s'est passé.

Kaji sourit.

-Je te comprend. L'ignorance vaut mieux parfois.

-Comment ils ont pris ça ? demanda Misato.

-Ils ont eut du mal. Mais bon, ils l'ont vu de leur yeux, aussi. Je peux comprendre leur surprise.

-C'est mieux, je crois, qu'ils sachent.

-J'ai juré de m'en servir le moins possible à partir de maintenant. Et seulement à des fins que je jugerais justes.

-Tu n'as pas envie de devenir un superhéros ?

-Non, ils ont toujours un emploi du temps overbooké, rigola-t-il.

Après une légère hilarité, il reprit, plus sérieusement.

-Vous ne vous cachez plus, Kaji-san ?

-La Seele a été démantelée ce matin. Je n'en ai plus besoin.

-Allez-vous abandonner votre job ?

-C'est envisageable. Mais je n'ai pas un curriculum vitæ très développé. Et espion, ça ne passe pas toujours.

-Tu viens avec nous te promener, proposa Misato.

-Non, désolé. J'ai promis à Lucy de me balader avec elle.

-Je te comprend.

Le soir, sur une colline surplombant Tokyo-3, Lucy reposait sa tête sur l'épaule de Shinji. Il ne disaient rien. Puis Lucy demanda :

-Tu crois que c'était Dieu ?

-Je ne crois pas. Il a dis qu'il était le Juge Céleste. Je crois qu'il devait juger si l'humanité était digne de continuer à exister. Et visiblement, je l'en ai convaincu.

-Tu crois qu'il reviendra.

-Oui. Mais quand ? Ca, je ne saurais pas te répondre.

Les notes de l'auteur.

Voilà. C'est bel et bien fini, et définitivement cette fois. Certains auront attendu cette suite longtemps, et je m'en excuse. Il me fallait juste trouver la motivation, les idées, et l'envie. J'aimerai vous donner une précision sur un point : le dernier Démon. Sa représentation, est exactement celle que j'ai de Dieu. Attention, dans mon histoire, ce n'est pas, Dieu. C'est son Juge. Mais je l'ai décrit selon mon idée de la perfection. Déjà, il ne pouvait être ni homme, ni femme. Je crois que la perfection est dans la pluralité. Tout prise de parti me semble être une erreur. Ensuite, son caractère. Il ne se met pas en colère, il est gentil. Mais pourtant, il aurait pu détruire le monde. Argh !

Bon, je vais vous laisser là. Si vous avez la moindre question, remarque, félicitation, critique mailez-moi :

Au revoir.

Nephret

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