La Bibliothèque de la ShinRa corp.
RETROUVAILLES
par Lyla
Il faisait nuit. Un homme marchait. Il avançait lentement, silencieux. Il soufflait à chaque pas, luttant contre la douleur, mais continuait à marcher, inlassablement, poussé par la haine. Des blessures profondes recouvraient son corps, mais aussi son âme. Du sang gouttait encore de ses plaies, et tombait sur le sol, laissant derrière l’homme une longue traînée rouge. Ses longs cheveux blancs flottaient derrière lui, au souffle du vent. Chaque bourrasque violente le faisait tressaillir, mais il se reprenait, et poursuivait sa route. Toujours. Son regard était cruel, inhumain. Ses yeux verts ne reflétaient que la haine... et la souffrance. Il portait sur ses épaules massives une couverture noire, destinée à le dissimuler une fois arrivé dans un lieu peuplé. Car il ne fallait pas qu'on le reconnaisse. Son plan ne pouvait se dérouler que par une nuit paisible, calme. Or, personne ne pouvait rester calme en entendant son nom, et encore moins en le reconnaissant...
Sephiroth revenait une fois de plus de la mort...
Cela faisait maintenant trois jours que Midgar avait été détruite. Tous les habitants de la planète festoyaient à présent, en l'honneur d'Avalanche, mais aussi de Aéris, la dernière survivante des Cetras, morte pour les sauver de lui-même. Morte en vain...
Sephiroth hoqueta et cracha un flot de sang. Son souffle s'accélérait à chaque minute, et il avait de plus en plus de mal à respirer. Sans aucune matéria de soins, il allait mourir... Quelques minutes de marche plus tard, un faible sourire apparut sur son visage. Sa résistance légendaire avait fait ses preuves une nouvelle fois. Il était enfin arrivé à destination...
Nibelheim. Là où tout avait commencé, et où tout recommencerait...
La vision de cette ville malsaine réveilla en lui des souvenirs plus où moins pénibles: Ce fameux jour, cinq ans auparavant, où la haine avait pris possession de son âme, quand il avait découvert qu'il n'était pas humain, qu'on lui avait toujours menti...
Il revit les flammes, les regards emplis de douleur des habitants. « Voilà, maintenant, ils savent ce que c'est de souffrir, avait-il pensé. Et encore, cette douleur-là ne dure que quelque minutes. La mienne a duré vingt-cinq ans. Mais maintenant, c'est fini. Plus jamais je ne souffrirai… »
Et pourtant, il souffrait de nouveau. Sa seule raison de vivre venait de lui être arrachée. Jenova, sa seule famille. Son seul but, à présent, était simple, du moins pour lui: la destruction complète de la race humaine. Il voulait poursuivre la volonté de sa mère, avec où sans météore. Nibelheim serait la première touchée, puis il massacrerait Cloud et son équipe, avant de s'occuper des autres villes. Ensuite, il n'aurait plus qu'à se laisser mourir pour aller rejoindre sa mère en enfer... Alors, plus jamais il ne serait seul...
Après quelques instants de repos forcé, il entrepris de descendre la petite colline qui le séparait de l'endroit qu'il haïssait tant. Il perdait de plus en plus de sang, et se sentait faiblir.
- Mère, ne me laisse pas tomber, pas maintenant, souffla-il.
Enfin, la première maison du village, qui se révéla être un hôtel, apparut devant lui. Il prit soin de s'envelopper dans la couverture, même la tête. Se tenant le ventre, il chercha le centre de soins du village. Il ne voulait pas prendre le risque d'être reconnu, c'est pourquoi il ne demanda pas aux passants de lui indiquer le chemin. Lorsqu'il parvint enfin au centre, il demanda à voir tout de suite un médecin. Constatant la gravité de ses blessures, on accéda à sa demande et Sephiroth se retrouva bientôt allongé sur une table d'opération. Il avait enlevé la couverture et, quand le médecin arriva, il serra son masamune, prêt à agir en cas de besoin. Heureusement pour lui, l'homme ne le reconnut pas, et s'empressa de lui lancer différentes combinaisons de sorts soignants. Au bout d'une heure de soins environ, les blessures furent totalement cicatrisées. Sephiroth avait survécu.
Sephiroth avait passé la journée entière à l'infirmerie à se reposer. Il était maintenant complètement rétabli. Il était prêt. Prêt à commencer l'ultime destruction. Au fond de lui, la haine brûlait plus que jamais...
La nuit était tombée. Il avait pris soin de rajuster la couverture pour dissimuler son visage. Plus rien ni personne ne pouvait plus l'arrêter. Son plan pouvait commencer. Il marcha jusqu'à un buisson, puis s'apprêta à utiliser une de ses plus puissantes magies, sa préférée. Le feu de l'enfer...
- FEU 3, prononça-t-il d'une voix glaciale.
Aussitôt, les brindilles s'enflammèrent et se consumèrent rapidement.
Sur son visage se dessina un rictus satisfait. Il constatait avec contentement qu’il n'avait pas perdu la main. L'ancien SOLDAT sentait l'excitation monter en lui, comme avant une bataille au sein de la shinra.
- Le massacre peut commencer, dit-il froidement.
Son visage ne trahissait aucune expression. Impassible, il se tourna vers l'habitation la plus proche et se concentra.
- Feu... commença-il.
- Non, je vous en supplie, arrêtez, l'interrompit une voix féminine.
Surpris, il se retourna et contempla la seule personne qui avait jamais osé s'opposer à lui. La femme qui lui faisait face était jeune, et petite de taille. Elle était très mince et extrêmement pâle. Les traits de son visage étaient fins et réguliers. Elle semblait terriblement fatiguée. Ses yeux sombres ne reflétaient que le malheur et la souffrance. Son regard était vague, comme si elle pensait à quelqu'un d'autre. Elle tremblait, mais il ne savait pas si c'était de peur ou de froid car son corps mince n'était couvert que d'une légère robe blanche. Ses cheveux bruns retombaient sur ses frêles épaules. Elle était si fragile...
Sephiroth hésita un instant, mais l'image de Jenova lui revint à l'esprit. Il fallait qu'il accomplisse sa destinée, qu'il finisse le travail de sa mère. Il leva son masamune, et le tint au-dessus de la jeune femme, prêt à l'abattre. C'est le moment que choisi l'inconnue pour lever son regard vers lui. Elle plongea ses yeux emplis de tristesse dans les siens. Sephiroth se figea. Il resta là, à la fixer, sans rien faire. Il n’arrivait plus à bouger. Le regard de cette femme le paralysait. Lentement, la lame redescendit.
Après un long moment, la femme prit la parole:
- Je ne sais pas qui vous êtes, ni pourquoi vous voulez brûler ce village mais, quelle qu’en soit la raison, je vous supplie de ne pas le faire...
Sa voix était très douce, presque inaudible.
- J’ai beaucoup souffert, j’ai passé trente années de ma vie dans la solitude, rongée par les remords. Ici, j’arrive peu à peu à retrouver la joie de vivre. Alors, je vous en prie, partez...
Elle se tut un instant, reprit son souffle, ravala sa salive et ajouta enfin, comme un murmure:
- Ou tuez-moi car je ne survivrai pas mentalement à un autre drame...
Elle souffla et toussa longuement. Ce petit discours l’avait épuisée. Elle semblait très faible et malade.
En temps normal, cette situation n’aurait pas posé problème à Sephiroth.
Il n’aurait pas eu la moindre hésitation. Mais quelque chose l’empêchait de la tuer. Il ne pouvait que la regarder, indéfiniment...
Ils restèrent longtemps immobiles, les yeux dans les yeux. Puis, n’y tenant plus, la femme ferma les yeux, résignée. Quelques larmes coulèrent tandis qu’elle se remémorait sa vie de souffrance. Le vent les éparpilla dans la nuit. Elle demeura ainsi, les yeux fermés, à attendre la mort. Mais elle ne vînt pas...
La jeune femme ouvrit les yeux. Elle ne vit que le ciel, noir et immense, qui s’étendait devant elle. Elle resta immobile, les yeux dans le vague, contemplant les ténèbres qui lui faisaient face. Un faible sourire illumina son visage, le premier depuis trente longues années.
Elle aurait pu rester ainsi des heures, mais elle fut tirée de sa rêverie par une voix masculine:
- Lucrécia, rentrez à l’intérieur, vous allez prendre froid.
- J’arrive, cria-elle avec difficulté.
Mais elle ne joignit pas le geste à la parole, et resta dans le froid glacial, à attendre...
A quelques centaines de mètres de là, Sephiroth progressait lentement. Il ne comprenait pas quelle était l’émotion nouvelle qu’il ressentait. Puis, il s’arrêta, hésitant. Il tourna la tête lentement. Ses yeux de félin distinguèrent la petite silhouette de la jeune femme, toujours immobile. Cette vision lui fit prendre sa décision. Il fit demi-tour et revint sur ses pas, les yeux rivé sur cette femme qui l’attendait. Au plus profond de lui, son cœur espérait...
FIN