La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

 

La Voie des Etoiles

par Angie

 

 

   Il y a parfois de bons choix qu’on fait puis qu’on regrette, et il y a des mauvais choix qu’on ne regrette pas. Celui-ci est de cette seconde catégorie.

J’ai trahi, tué, menti, j’ai tourné le dos à mon honneur, à mon cœur et à mes amis. Surtout à mes amis. Non, plus que des amis, ils étaient des frères pour moi. Mais la fraternité a ses limites, tout a ses limites. Le destin lui-même a ses limites, je m’en rends compte à présent - à présent qu’il est trop tard. Il n’y a plus rien à faire, mis à part continuer tête baissée sur cette voie sans issue, sans autre but que de continuer à avancer, ou plutôt à courir tête baissée comme on court tête baissée sous l’orage pour cacher ses pleurs. Un roi ne doit pas se montrer faible, je le sais, on me l’a appris. Mais il y a certaines choses qu’on n’apprend pas à la cour des Highlands. Certaines choses que j’ai appris avec mes amis… Ai-je encore le droit de les appeler mes amis ? Je crois qu’ils ne m’en veulent pas malgré tout ce que j’ai fait, je le voyais dans leurs yeux. Surtout dans ses yeux à lui, mon ami, mon frère, mon double, mon ennemi, la face contraire de moi-même. C’est ce qu’on appelle "l’ironie du sort", je suppose !

Il semble si triste d’avoir à être opposé à moi, il ne veut pas me combattre, il aimerait que nous soyons à nouveau réunis sous le même étendard ; ce qu’il ne peut comprendre, c’est que bien que nous soyons dans deux camps diamétralement opposés, nous nous battons pour la même cause. Pour la paix. Ah, l’ironie ! Tant de massacres, tant d’injustices, tant de crimes au nom de la liberté, et tant de guerres menées au nom de la paix ! J’ai parfois envie de rire mais mon rire se serre dans ma gorge car je sais que je n’aurais PAS pu éviter tout cela. Je ne regrette pas ce que j’ai fait, j’aurais seulement voulu – aimé avoir la possibilité de faire plus, pour ceux qui comptent dans ma vie, pour ma femme, ma nièce, mes amis que je continue à chérir dans un coin de mon cœur bâillonné par ma stupide raison. Je me suis battu pour mon pays, auquel je voulais rendre sa force et son honneur afin qu’il soit capable un jour de se défendre par lui-même, de se battre contre ses ennemis – comment aurais-je pu savoir qu’à présent, l’ennemi, c’est moi !

Mais peut-être l’ai-je toujours su, en fait. Peut-être ai-je agi de la sorte afin de donner raison au destin, que je pensais écrit dans les étoiles – nous devions être opposés l’un à l’autre, c’est ce que je croyais. Alors que le destin n’est peut-être pas infaillible… ?

Non, je dois continuer. Si telle est la route que j’ai choisie, je dois la continuer et ne m’arrêter qu’à la fin de cette voie. J’ai bien l’impression que j’arrive bientôt au bout de la route. Et au bout de cette route, il n’y a qu’un mur. Une voie sans issue, et la seule raison de continuer jusqu’au pied du mur est une promesse faite à un ami il y a bien longtemps – il y a une heure, un jour, un mois, une éternité. Viendra t-il ? Je ne sais pas mais je l’attendrai. L’histoire est écrite par les hommes et racontée par eux à leurs enfants. Si je veux que mon pays connaisse le bonheur de la paix et qu’il ait à nouveau confiance en lui-même comme en ses dirigeants, je dois endosser le mauvais rôle, le rôle ingrat du méchant roi qu’un noble héros doit vaincre afin de libérer son peuple. Le héros est un rebelle comme il se le doit, il combat contre l’armée de son propre pays mais il n’est pas un traître. Je ne l’ai jamais considéré comme un traître, mais je ne voulais pas passer pour un traître en continuant à marcher à ses côtés ; les apparences sont des chaînes dont on ne peut facilement se libérer, ma famille elle-même me l’a prouvé en me reniant lorsque les circonstances ont traîné mon nom dans l’humiliation. Je ne leur en veux pas, je n’en veux à personne, même pas à moi-même. Je ne le regrette pas, comme je l’ai dit : il y a des mauvais choix qu’on ne regrette pas.

Viendra t-il ? Il me l’a promis et je continuerai à m’accrocher à cette promesse. Comme je continuerai à avancer dans cette voie sans issue. Vous ai-je déjà dit que je pouvais être particulièrement têtu lorsque je m’en donnais la peine… ?

Oh, je pourrais en rire si j’avais plus de force. Je pourrais même en pleurer si j’avais plus de force. Mais la fin de la route se rapproche à mesure que j’avance obstinément, et obstinément j’avance vers ma propre fin.

Viendra t-il enfin ? Se rappellera t-il sa promesse, malgré sa victoire triomphale et la foule qui l’acclame ? Se souviendra t-il du roi détesté, de l’ancien camarade, du frère oublié ?

Viendras tu, mon ami… ?

Le destin nous a réunis puis séparés ; cela ferait une jolie histoire si tout cela était une fiction, ne croyez-vous pas ? J’aime croire que le destin est tout puissant et supérieur, qu’il dirige les vies humaines comme il dispose les étoiles de la destinée dans le ciel. Mais j’ai tort. Je refuse de l’admettre, mais j’ai tort, n’est-ce pas ?

Viendra t-il… ?

……

Ce bruit de pas ! Cette façon qu’il a de claquer ses sandales sur la roche, je la reconnaîtrais entre mille ! Il est venu, il s’est souvenu de notre promesse !

Mes forces, ne m’abandonnez pas encore, je dois faire bonne figure devant lui. Après tout, c’est la dernière fois que nous nous verrons. Notre dernier combat. Cela doit se finir ainsi. Pas d’alternative possible. Le héros contre le méchant roi, n’est-ce pas ?

J’essaye de lui sourire mais je n’en ai plus tellement la force. Je voudrais paraître déterminé, j’espère que j’y réussi.

Il a l’air inquiet et triste.

Oh, mon ami, es-tu inquiet pour moi ? Ne le sois pas, c’est ainsi que tout ça doit finir. Et je veux mourir par ta main, au nom de notre pays, au nom de Nanami, au nom de notre amitié.

Ses grands yeux bruns semblent tellement tristes à présent qu’ils m’ont vu.

Je suis désolé de t’attrister ainsi…

C’est drôle que la première chose qu’il prononce soit mon prénom. Je ne l’avais encore jamais entendu prononcé aussi tristement jusque-là. Pourtant, Jowy n’est pas un prénom triste…

 

 

*****

 

Note de l’auteur : J’ai écrit cette toute petite scène dans la nuit du 21 au 22 juillet 2001, à 3 heures 30 du mat’, dans un état de quasi-transe. Souvent, les fics que j’écrit à une heure pareille, sont soit très bizarres (voir la dernière séquence du chapitre 2 de ma fanfic commune avec Deedo, "La Fantaisie Ultime") à cause du manque de sommeil, soit très inspirées par manque de sommeil aussi. J’aime bien cette fic et je ne la trouve pas bizarre, donc elle doit faire partie de la seconde catégorie…

Le nom de Jowy n’apparaît qu’à la dernière phrase et celui du héros du jeu (dont le nom est de toute façon choisi par le joueur) n’apparaît nulle part. Cela donne un flou que je trouve très "artistique", n’êtes-vous pas de mon avis ?

Je pense que pour bien comprendre la fic, il faut la relire en sachant que le narrateur est Jowy, sinon, on pourrait presque penser que le narrateur qui se nomme lui-même "le méchant roi", c’est le cruel Luca Blight ! Mais je suis sûre que Luca n’aurait jamais de telles pensées que celles-ci, il ne semble vraiment pas être du genre à méditer ainsi sur ses actes et ses motivations à agir.

Je ne sais pas pourquoi j’ai écrit cette fic, ça n’a aucun but précis en fait – juste les pensées de Jowy telles que je me les imagine tandis qu’il attend son ami au bord de la falaise à la toute fin du jeu. Ou peut-être ne sont-ce là que mes propres pensées sur la notion de destin, et que je n’ai fait que me cacher derrière le prétexte d’écrire une fanfic Suiko2 du point de vue de Jowy Atreides ? Je n’en sais rien.

Je voulais écrire une fanfic FF7 bien gore et sanglante car depuis deux mois je ne faisais qu’écrire des fics comiques et que tout cet humour me rendais folle. Finalement, je n’ai réussi qu’à écrire cette fanfic Suikoden 2 mélancolique et assez ironique. Mais quelques heures après ça, j’ai écrit une fanfic FF7 assez dérangeante et choquante. Vous en saurez plus en lisant l’introduction de la fic "Ma philosophie de la Vie" qui se trouve à la section des fics courtes de mon site. Mais ne lisez surtout pas cette fic en elle-même si vous avez moins de 13 ans. Je pense que la censure m’interdirait de vous la donner à lire si vous avez moins de 15 ans en fait, mais notre époque devient de plus en plus laxiste !

C’est tout ce que j’avais à dire. Je parle trop dans mes parties de notes, comme toujours !

 

 

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