La  Bibliothèque  de  la  ShinRa  corp.

 

 

Une âme sensible

par Evolvana

 

 

« Sage Nanaki, commença Shaushga, des humains sont morts par milliers dans la seconde catastrophe de Midgar. J’ai vu les rescapés de Kalm de mes yeux. Certains étaient choqués ou pleuraient, mais beaucoup d’autres paraissaient… indifférents ? Est-ce bien là le mot, père ? Comment peuvent-ils rester de marbre devant la destruction de leurs foyers, et la mort de leurs semblables ? »

Nanaki regarda tour à tour ses deux enfants. Shaushga, avec son petit air indigné, et Gahyen, l’air encore innocent, le fixant de ses grands yeux interrogateurs.

« Eh bien, mes petits, comprendre l’attitude des hommes est assez difficile. Même moi, qui ai beaucoup voyagé en leur compagnie, j’ai parfois du mal à les suivre dans leurs idées. Côtoyer sans cesse ce genre de situation… les a sans doute rendus moins sensibles. Au début de sa vie, l’âme d’un homme est pure et se forge en fonction du milieu où il vit. Si dans leur enfance tout est calme et paix, ils ressentent les moindres malheurs comme des cris stridents et insupportables. Mais si ces cris se répètent jusqu’à se confondre dans leur esprit, alors ils s’unissent pour former un bruit de fond que leur âme, qui en est à présent accommodée, ne remarque même plus.

- Je n’aimerais pas que mon âme devienne sourde…

- Parfois il est préférable pour eux qu’elle le soit, Gahyen. Crois-tu qu’il est agréable d’entendre continuellement des milliers de cris dans ta tête ? La vie deviendrait rapidement impossible, s’il fallait pleurer tous les malheurs que notre Mère Planète nous apporte. Notre âme est plus ou moins sensible à un certain nombre de choses ; pour vivre en harmonie avec ce qui nous entoure il faut savoir s’adapter.

- Mais il ne faut tout de même pas devenir insensible, père ? l’habitude du malheur ne peut excuser tout. Il ne faut pas que cela devienne un prétexte pour ne pas aider ceux qui souffrent !

- Bien sûr que non. Il faut savoir faire la part des choses, mais bien souvent nous ne sommes pas maîtres de nos destins… La vie et la mort choisissent pour nous, le hasard fait le reste… Nous ne sommes maîtres que d’une toute petite parcelle de notre âme, qui nous paraît immense… Mais restez lucides, mes enfants. Vous êtes encore jeunes et influençables… laissez-moi vous guider vers la voie de la sagesse. »

Shaushga regarda son père avec une infinie tristesse dans les yeux, puis s’éloigna du Feu Cosmo. A l’évidence, elle était profondément choquée par les récents évènements. Nanaki suivit sa fille des yeux, tout en se disant : « C’est la violente impression du laid sur une âme faite pour aimer ce qui est beau… »

 

 

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