La Bibliothèque de la ShinRa corp.

 

 

« Final Fantasy VII : ‘griffures’ »

 

 

Préface

 

Une fan-fiction beaucoup plus courte que celles que j’ai l’habitude de faire.

Bon, tout est parti d’une idée simple concernant le bras mécanique de Vincent Valentine. Si vous caressez la joue de quelqu’un avec un couteau bien aiguisé, en étant très doux et très délicat, vous ne blesserez pas cette personne – je ne vous conseille pas d’essayer ! –  ,mais il suffira d’appuyer un peu pour que la coupure apparaisse. J’ai alors comparé cela avec les applications des membres artificiels de Sydney (« Vagrant Story ») qui pouvait faire un tas de choses malgré le fait qu’il ne possède que deux amalgame de griffes de métal, de pinces, de tiges et d’articulations à la place des mains. Je me suis dit qu’on plaignait Valentine pour cette prothèse métallique, alors que ce n’était pas si dramatique que ça.

C’est ainsi qu’est née cette fic. Elle est courte et simple, mais possède cinq niveaux de significations et symboles sous-jacents – plastiques, religieux, philosophiques, érotiques, psychanalytique. Je ne vous fournirai qu’un seul exemple : Lucrécia, « blanche et pure », est une référence aux innombrables incarnations féminines immaculées (la Vierge ? La Mère Nature ?) autant que la transcription écrite d’une aquarelle et l’image de « l’innocence » qui obsède tant Valentine (innocence qu’il ne parviendra jamais à retrouver). Lorsqu’il la griffe, il a le sentiment de l’avoir abîmée, souillée, en quelque sorte (virginité détruite, innocence perdue, ces deux symboles liés et renforcés par la puissante idée du sang), mais cela forme aussi un contraste d’une simplicité photographique avec la peau laiteuse. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, et tout vous expliquer ne ferait qu’annihiler le plaisir que vous pourriez prendre à lire cette courte fic. Quand vous l’aurez lu, si cela vous intéresse, vous pourrez me demander par e-mail un résumé de la charge de « ‘Griffures’ ».

Comme j’aime bien élaborer mes fics en fonction de celles des autres, pour conserver un tout cohérent à l’usage des amateurs de fan-fictions, j’ai pensé à l’un des événements du début de « Catharsis » et c’est devenu la conclusion de ma fi.

Trêve de billevesées… Les lumières s’éteignent, le projecteur vient de braquer son faisceau lumineux sur le grand écran cinémascope. Que le spectacle commence.

 

Bonne lecture !

 

Raphaël Lafarge/DragonNoir

 

N’hésitez pas ! Pour les gentils petits mots, les lettres d’injures, les menaces de mort ou les déclarations d’amour, une seule adresse : CANNEROD@aol.com !

Je tiens à préciser que je ne consulte ma boîte aux lettres qu’une fois par semaine. Ne soyez donc pas offusqués si les réponses tardent à arriver.

 

La garantie de qualité DN

Chacune de mes créations est le résultat d’un travail passionné et appliqué. Après avoir terminé une fan-fiction, je la lis et je la corrige plusieurs fois. C’est cela la garantie de qualité DN : la promesse d’un travail fini, fignolé, un produit qui s’approche autant que possible de la perfection. Et c’est pour ça que je n’envoie jamais, que je ne publie jamais de fan-fictions, par exemple, qui soient en cours d’écriture. Exception notable : le roman-feuilleton « La Guerre d’Utaï ». Mais c’est dû à son statut de roman-feuilleton, justement, il n’y a pas de mystères…

 

Les droits de DragonNoir

Vous pouvez envoyer mes textes et mes images à tous ceux à qui vous voulez les présenter.

Etant des travaux gratuits et diffusés par Internet, ainsi que des hommages, des références ou des parodies, mes fan-fictions et mes fan arts ne tombent sous l’accusation d’aucune loi du code français(consultez le Dalloz) et échappent à toute menace pénale. Ce n’est pas le cas d’un plagiat de mes créations, en vertu des lois concernées sur la protection des auteurs, exceptions faites, encore une fois, des hommages, des références ou des parodies.

L’envoi d’une de mes fan-fictions ou de l’un de mes fan arts avec le remplacement de mon nom ou de mon pseudonyme par n’importe quelle personne serait assimilé à du vol de propriété intellectuelle.

Toute censure ou tentative de censure par la suppression de paragraphes à caractère violent ou érotique serait assimilée à la modification illicite d’une œuvre et à un vol de propriété intellectuelle.

Tout plagiaire ayant enfreint l’un des interdits cités fera l’objet de poursuites judiciaires. Il tombera sous le coup des lois concernées et subira une forte amende, avec possibilité d’emprisonnement.

 

Final Fantasy VII

‘griffures’

 

Je vis arriver sur moi l’oiseau brun, vif, grand. Il ouvrit le bec pour pousser un cri particulièrement laid. A cet instant, j’avais déjà sorti mon pistolet.

Peine de Mort, c’était le nom de cette arme. Bien trouvé.

En une détonation, un trait apparut sur la tête de l’oiseau, suivi d’un trou noir. La cavité de la balle laissa couler le sang par rigoles écarlates.

Mon adversaire s’abattit sans un croassement. Cela servirait d’exemple à tous les animaux des environs.

Je repris ma descente. Le sentier était étroit. A mesure que j’avançais, les murailles rocheuses autour de moi viraient du gris au brun. Je quittais les Monts Nibel pour ce massif montagneux circulaire qui était devenu mon nouveau cauchemar.

Je marchais et tous les ennemis m’évitaient.

Je commençais à trouver le temps long. Si Strife avait pu me prêter son Chocobo d’Or, j’aurais franchi cette zone bien plus vite. Cependant, je ne pouvais pas l’impliquer dans tout cela. Je ne pouvais impliquer aucun de mes amis là-dedans. C’était ma croix, mon fardeau, je devais le traîner seul.

Ils en savaient déjà trop. C’était mon affaire, pas la leur.

Je songeai un instant à « mon affaire ». Avec quel flair je l’avais menée ! Ah ça oui ! J’étais une brute, un fou insensible. Comment avais-je pu lui dire… ?

Les syllabes résonnèrent dans mon esprit.

« écia… oth… ort… »

Je dus escalader un pic rocheux pour reprendre plus loin. J’étais encore haut en montagne, mais mon but était presque atteint.

« Lucrécia… »

Je revoyais ses yeux ciller. Comment avais-je pu lui faire ça ? Une fois de plus, je n’avais pas pensé à ses sentiments… J’avais foncé dans le tas comme un Sweeper chargé de garder un Réacteur Mako.

« Lucrécia… Sephiroth… »

Oui, Sephiroth. Je l’avais tué, et j’avais trahi Lucrécia. Une nouvelle blessure à vif dans son âme. Et Hojo ! Nikolas Hojo ! Combien avais-je été présomptueux, rancunier, peu compréhensif ! Lui aussi n’était qu’une victime. La victime de sa folie.

Le pardon n’avait pas à être mérité. Il devait être accordé sans réserve à tous les êtres. C’était cela, la compréhension et la générosité. Même Hojo devait avoir une chance de prendre conscience de la vilenie de son comportement. Il était facile d’être gentil avec les gentils… mais combien plus ardue était la réconciliation avec ses ennemis !

« Lucrécia… Sephiroth est mort… »

J’étais une brute. La première fois, je l’avais demandée en mariage… Sans même penser à elle. Egoïste, imprudent, violent. Je ne méritais pas l’amour d’une femme comme Lucrécia.

J’en étais là de mes pensées, de mes tourments, lorsque je parvins au pied de la montagne.

Là reposait dans l’immense écrin de roche brune un joyau paisible…

Le lac secret. Dans un défilé craquelé, l’eau s’en échappait doucement.

Et de l’autre côté se déversait la cascade.

Je longeais la rive de jais où Strife et ses amis avaient arrimé leur sous-marin. Cela me fit penser aux profondeurs de l’océan… Quel calme…

Peut-être devais-je plonger là. Ce ne serait pas un suicide. Je survivrai, à coup sûr. Je sais que je ne suis pas un vampire, car je n’ai jamais éprouvé quelque soif inextinguible, quelque désir sanguin… Je ne suis pas non plus un zombie, je ne tombe guère en morceaux et j’ai conservé ma personnalité. Mais je ne suis plus humain. Mon cœur bat, mon sang circule pour irriguer muscles et organes… cependant je ne vieillis pas d’un jour, je suis comme immortel. Et je ne peux être asphyxié.

En théorie, je parviendrais donc à respirer sous l’eau. Un instant, j’envisageais l’existence au fond de la mer, là où n’existaient plus ni bruit ni agitation. Le paradis silencieux. Le repos, enfin. Délivré, après ces décennies.

Je secouais la tête, revenant à mes préoccupations actuelles. J’avais d’autres responsabilités. « Je n’aurai le droit de trouver le repos que quand j’aurai résolu le problème de Lucrécia ». Là encore, c’était ma faute. J’avais laissé Hojo lui faire subir ces horribles expériences.

La dernière dette. Qu’allais-je faire ? Je ne pouvais tuer Lucrécia, la faire sombrer dans le néant comme Hojo ou Sephiroth… C’était la seule issue, la seule liberté envisageable pour elle, mais je ne pensais pas y arriver.

J’atteignis la chute d’eau.

Dans un grondement, la paroi d’argent défilait devant moi. Je me demandais ce qui m’attendait derrière. C’était une porte symbolique, je l’avais déjà franchie deux fois, et cela ne me plaisait pas. La première fois, Lucrécia m’avait tenu à distance ; la seconde… elle avait disparu, laissant derrière elle une arme de grande puissance, « Peine de mort », le pistolet avec lequel j’avais abattu l’oiseau, ainsi qu’un livret relié en cuir de démon qui m’avait permis d’apprendre ma dernière technique de Limites.

Ces deux présents… étaient-ils ses cadeaux d’adieu ?

Je déglutis. J’étais un monstre ni vivant ni mort. Avais-je le moindre droit de revenir dans le refuge de Lucrécia ? De m’immiscer une nouvelle fois dans l’existence de ma dulcinée ?

Une voix me reprocha de perdre du temps, de ne pas agir, alors que la vie était si courte…

Je ris. Justement, j’étais immortel ; je pouvais me permettre de perdre un peu de temps, de m’apitoyer sur mon sort, de réfléchir deux minutes, non ?

Une troisième voix fit : « Les événements ne se répètent pas, agent Valentine ». Ce son avait la tonalité de la voix d’Hojo, mais j’y prêtai attention. Quand m’avait-il dit cela ? « Vous avez eu une chance de séduire Lucrécia, mais vous l’avez perdue à jamais. Ainsi le sort punit les indécis. »

C’était la discussion qui s’était déroulée le lendemain des fiançailles d’Hojo et de Lucrécia. Je l’avais pris à part et je lui avais dit que s’il s’obstinait, je me tuerais. Et il m’avait répondu que le sort punissait les indécis. Mais j’avais agi, et Lucrécia s’était enfuie en larmes. C’était ce que je lui avais fait remarquer.

« Au moins, vous avez essayé », avait répliqué la voix aussi aseptisée qu’une clinique. « Et vous avez été fixé. N’est-ce pas là l’important ? »

N’y avait-il pas de bon choix ?

Je m’enfonçais sous la cascade.

 

L’eau était forte et froide. C’était comme un baptême glacé, brutal, un baptême de Turk orchestré par le professeur Hojo. La nature se montrait moins douce dans ses douches que les canalisations faites de main d’homme.

Mes cheveux noirs rabattus sur le col de ma cape, mes yeux, l’étoffe bordeaux qui entourait ma tête, tous les tissus qui me… couvraient ? protégeaient ? dissimulaient ? … se collèrent contre ma peau. La chute d’eau martelait mon crâne sans répit.

Je m’arrachais à la cascade d’un bond.

J’étais à nouveau dans la grotte… Je n’avais jamais appris l’origine de cette cavité aux parois minérales, avec un sol cristallin et des contours curieusement réguliers.

Elle se tenait devant moi, me tournant le dos. Elle était nue.

Je compris qu’elle ne m’avait pas entendu arriver. Je pouvais me déplacer comme un chat, et d’instinct, j’étais entré dans le plus grand silence. Leste, mon saut lui-même était passé inaperçu. Et j’étais passé si lentement dans le rideau d’eau qu’elle n’avait pas remarqué les nuances du grondement.

- Lucrécia…

Elle se retourna.

Je me demandais pourquoi elle avait ôté sa blouse.

- Vincent… De quelle couleur ma peau est-elle ?

- Lucrécia…

Je ne trouvais rien de plus intelligent que de répéter son nom.

- Est-ce que ma chair est jaunâtre ? Vincent, réponds-moi. Ces marques bleues sont-elles des ecchymoses ? Et ces traces rouges ?

Je secouais la tête. Elle était toujours aussi pâle, laiteuse.

- Tu mens, Vincent. Je le sais. Nikolas…

- Je l’ai tué, dis-je.

Lucrécia acquiesça.

- Je l’ai senti. Et regarde ma peau, maintenant. Tu as dit que les Clones étaient morts. Nikolas est passé de vie à trépas. Mon petit Sephiroth…

Je détournais les yeux. Sa nudité ne me gênait pas, mais je ne voulais pas qu’elle voie mon regard pétri de culpabilité et de souffrance.

Ma gorge était sèche. Je ne dis rien.

- Mon fils est mort, dit Lucrécia. Tu me l’as dit. Et j’ai récemment ressenti un grand choc. Qu’était-ce ? Vincent ! De quelle couleur ma peau est-elle ?

- Je ne comprends pas…

- Tu comprends très bien ! Mon corps est le dernier hôte des cellules de Jenova. Son cerveau garde tout contrôle sur les organismes pourvus de son ADN conquérant. Jusqu’à présent, elle a été trop occupée pour me dérober mon libre arbitre.

Je déglutis. C’était horrible. Je n’y avais pas pensé. C’était…

- Mais à présent ? Vincent ! De quelle couleur ma peau est-elle ? Je vais être possédée… mon karma va s’aliéner. Nikolas m’a souillé, Vincent, avec ces expériences iniques. Je porte la marque de la Calamité des Cieux.

Elle désigna le pistolet que je portais à ma ceinture.

- Sais-tu pourquoi tu as trouvé ce revolver ici ? C’était mon message. Achève le travail, Vincent. Toi seul peux le faire. Parce que tu m’aimes. Tu peux me délivrer de l’immortalité, de la manipulation de l’esprit, de ma résistance aux poisons et aux prédateurs, de toutes les conséquences de cette infection.

Je fis un signe de dénégation.

- Je ne supporterai jamais de te tuer, mon cœur.

- Fais-le. Si tu m’aimes, fais-le.

- Cela aggraverait ma faute. Mais je peux…

Je me rappelais soudain une chose importante.

- Une minute ! criai-je.

- Quoi ?

- Tu n’es plus sous contrôle de Jenova, Lucrécia. Nous avons détruit la dernière métamorphose de l’organisme originel dans le Premier Cratère. La Calamité des Cieux n’est plus… Ses cellules sont désormais dépourvues de sa néfaste volonté.

Elle prit un peu de couleurs. Ou était-ce mon imagination ?

J’avançai de quelques pas.

Elle ne recula pas.

- Mon péché subsiste… murmura-t-elle. Sephiroth a vécu, a souffert et a disparu…

Je m’arrêtai devant elle. Elle était si belle ; un être éthéré, qui n’avait pas mérité de connaître les misères du monde.

- Vincent…

Ma main mécanique s’éleva pour caresser son visage. Elle ferma les yeux ; une griffe passa sur sa paupière droite, n’y laissant aucune trace, avant de descendre sur sa joue.

Elle frémit ; les lames métalliques s’enfoncèrent dans sa peau.

Horrifié, je retirais mon horrible main. Quatre lignes rouges subsistaient, m’accusant à sa place. Je lui avais fait mal, je l’avais souillée, j’avais abîmé ces traits superbes. Même sans le vouloir, je détruisais. Sur son être laiteux, lumineux, immaculé se détachaient les griffures.

Lucrécia ouvrit les yeux. Ses larmes coulèrent.

Je baissai les yeux.

Sous l’un de ses seins était enfoncé un poignard.

- Non ! Lucrécia !

Je reculais déjà. C’était comme un cauchemar, comme si j’étais à l’extérieur de mon corps et que je me voyais la tuant. Mais je ne l’avais pas poignardée… J’étais innocent. Je n’étais pas coupable. Je n’avais jamais serré la garde du couteau pour perforer son cœur.

Elle venait de se suicider.

En un souffle, elle prononça une dernière fois mon nom.

Je poussais un cri.

Lucrécia était morte.

Je passai un moment abominable. Une explosion de souffrance psychologique, une douleur si profonde que je sentis quelque chose à ma poitrine.

Mon cœur.

J’allais mourir sous le choc.

Un hurlement monta de ma gorge, sortit en trombe et se répercuta dans la grotte. Elle était morte. Et j’allais la suivre dans la tombe, frappé par ce chagrin intense. Je croyais avoir tout vécu, enfermé dans ce cercueil…

Mon calvaire infini n’avait fait que me rendre plus sensible encore.

Pourquoi ? Pourquoi cette tragédie ? Pourquoi les gens mouraient-ils ? Pourquoi cette injustice ? J’avais envie de pousser un nouveau cri, un cri de révolte et de haine envers le lac amer de mes chagrins enfouis. Nous apparaissions sur la Planète pour y souffrir durant toute notre existence… Pourquoi ? Qui payerait pour nos misères, nos espoirs déçus ? Qui nous soulagerait de notre tristesse ?

Personne. Le néant. C’était l’ultime horreur. Il n’y avait pas d’être sauveur.

Lucrécia était morte.

Lucrécia gémit.

Lucrécia était vivante.

Je repris mes esprits. Mon cœur battait fort, mais j’avais évité la crise cardiaque.

Je me penchai sur elle. Elle respirait. L’élément Jenova avait empêché son trépas.

Après un profond soupir, je lançai un sort de guérison. Fort heureusement, une Matéria Restaurer était insérée dans l’un des orifices de « Peine de Mort ». Je lançai coup sur coup une trentaine de sortilèges Guéri 3 puis je tombai, exténué.

Non.

Il n’était pas temps de se reposer.

Il restait ma dernière dette.

Je pris Lucrécia inerte. Sur son visage, les griffures rouges s’étaient estompées. Je gommais les restes de sang, laissant une joue et un front tout roses.

Elle était tellement pâle… et elle allait devenir exsangue.

Je disparus dans le mur de la cascade, Lucrécia dans mes bras.

 

 

Retour aux fanfics