La Bibliothèque de la ShinRa corp.
Le Chaos qui est en Moi
Chapitre IV : Souvenirs, Souvenirs…
« - J’ai enfin trouvé la Terre Promise, Vincent !
- Mais… que fais-tu là ?
- Nous nous étions tous trompés. La Shin-Ra, les anciens Cetras, et moi-même. Maintenant, je comprends que nous nous trompions, Vincent : la Terre Promise existe bien, mais pas dans notre monde. Pas dans votre monde. Et maintenant, je l’ai trouvée. J’ai enfin trouvé la Terre Promise, Vincent !
- Mais Aeris, tu es morte. »
La jeune fille me sourit, un sourire doux mais triste. Puis son image disparut. Et je restai seul dans l’obscurité, jusqu’à ce que je tourne la tête. Clad était là, il me regardait, il avait à la fois l’air stupéfait et horrifié. C’est alors que je m’étais réveillé…
*****
Et c’est là que Clad s’était réveillé… Ce rêve – ou ce cauchemar – que Clad avait fait dix jours auparavant, il l’avait trouvé tellement étrange qu’il n’y avait pas prêté grande attention. Puis il y a deux jours, il avait reçu un coup de fil d’un homme qui disait être infirmier à la clinique de Mideel. D’après la description du patient inconnu dont il s’occupait, Clad reconnut Séphiroth. Et puis il s’était souvenu de ce rêve ; il avait eu la désagréable impression d’être un voyeur qui épiait une conversation entre Aeris et Vincent ; un Vincent transformé en Diable grimaçant aux ailes sombres comme la nuit. Le Chaos.
Mais Aeris était toute joyeuse et lui disait qu’elle avait trouvé la Terre Promise des Cetras, cette Terre Promise que la Shin-Ra avait recherchée activement aussi, afin de s’emparer des richesses qu’elle devait receler. "Une terre regorgeant de Mako" leur avait-elle expliqué au Gold Saucer lorsqu’elle était encore parmi eux. Regorgeant de Mako…
Après avoir repoussé les attaques de quelques bêtes sauvages, ils arrivèrent au village, qui se trouvait en plein milieu de la forêt de Mideel. Les habitations, les boutiques et les bâtiments avaient été reconstruits. En une année, le paysage avait drôlement changé, comparé au tas de décombres et de ruines que le débordement de la Rivière de Vie avait laissé après son passage. Il ne restait de la catastrophe passée qu’un lac aux eaux transparentes brillant d’une lueur vert pâle, un lac au centre de la bourgade qui s’était un peu agrandie. Tifa remarqua quelques maisons en plus par rapport à la ville de ses souvenirs, une petite école en cours de construction au bout de la rue principale, et elle essaya de retrouver la clinique à son ancien emplacement mais elle n’y était plus. Nos amis se renseignèrent auprès d’un passant et apprirent que la clinique était légèrement en retrait, sur les hauteurs d’une colline avoisinant la ville. Ils s’y rendirent donc, et rencontrèrent Cait Sith en chemin. Cait était seul, Reeve préférant les aider par l’intermédiaire de son "alter-ego", lui-même étant encore à… Costa del Sol.
Lorsqu’ils arrivèrent devant la clinique, le docteur qui s’était occupé de Clad vint à leur rencontre. Ils échangèrent quelques amabilités polies puis on fit les présentations pour Cait Sith qui n’avait pas encore rencontré le docteur. Le médecin serra la main moelleuse de la peluche comme s’il avait fait ça toute sa vie :
« - Bonjour, je m’appelle Cait Sith. Enchanté.
- Moi de même. Je suis le docteur Mentor, Gérard Mentor.
- ????
- Oh, vous ne seriez pas le premier à être surpris. Voyez-vous, j’ai hérité de ce patronyme de mes parents, qui avaient tous les deux un humour assez particulier. »
« Si vous voulez bien me suivre, fit-il au groupe, nous serons mieux dans mon bureau pour discuter d’un cas très… singulier. »
*****
Lieu : Observatoire de Cosmo Canyon - Temps : un peu plus tôt dans la journée.
« - … alors, si j’ai bien compris, la Planète est à nouveau menacée. C’est ça, Grand-Père ?
- Oui et non, Nanaki. C’est l’humanité qui sera en danger si mes craintes se vérifient.
- J’ai déjà vu ce que la Rivière de Vie pouvait faire en débordant, c’est effrayant ! Mais nous nous en sommes sortis. Clad et Tifa sont tombés dans la Rivière et ont survécu, nous nous en sortirons encore. Dis-moi ce qu’il faut faire pour empêcher la crue et nous le ferons !
- Tu ne comprends pas, mon petit. Ce ne sera pas une simple crue… D’après mes observations, le problème provient de la Source même. Je ressens aussi une colère, une immense colère qui gronde au plus profond, tout au centre de la Planète.
- La Planète est en colère ?
- Je ne sais pas. Peut-être. Sûrement, après tout ce qu’elle a subi de la part des hommes… Quoi qu’il en soit, j’ai bien peur que personne ne puisse rien faire pour tous nous sauver.
- Pourquoi ?! Pourquoi es-tu aussi pessimiste, Grand-Père ? Je ne t’avais jamais vu comme ça !
- Nanaki, la Rivière de Vie submergera tout ce qui se trouve au-dessus et en dessous de la surface de cette planète : hommes, animaux, plantes, tout ! Le compte à rebours a déjà commencé. Je ne sais pas si nous pourrons l’arrêter, je ne sais pas s’il existe quelqu’un sur cette planète qui en soit capable !
- Combien de temps nous reste t-il ?
-…
- Grand-Père !
- Entre sept et trois jours, je ne peux pas être plus précis. Je suis désolé, Nanaki…
- Ne pleure pas, Grand-Père… Ne t’en fais pas, garde espoir !
- J’ai peur pour toi… »
*****
La nuit était déjà tombée lorsque Yuffie, Cid et Red arrivèrent à Mideel. Ils avaient prévu d’arriver en fin d’après-midi mais la "Pin-Up" de Cid avait eu des ratés au-dessus de l’océan, ils s’étaient écrasés, et ils avaient dû ramer, se servant de l’avion comme d’un radeau de fortune. Red avait un peu ronchonné contre Cid qui avait si bien réutilisé les pièces du Tiny Bronco sur Pin-Up que celle-ci s’était comportée exactement comme son prédécesseur ; mais au concours d’insultes, c’est Cid qui avait gagné et Red avait dû reconnaître qu’il était sur les nerfs depuis sa conversation avec Bugenhagen, sans toutefois révéler de quoi ils avaient parlé. Et c’était vrai, qu’il se sentait très nerveux. Il y avait de quoi, d’ailleurs…
Les trois compagnons arrivèrent donc la nuit sur l’île, éreintés et pas d’excellente humeur. Ayant enfin gagné la ville, ils ne trouvèrent bien sûr pas la clinique et il n’y avait aucun promeneur pour les renseigner, il n’y avait pas un chat dans les rues…
"Mrrrmiaou !"
En fait, il y avait UN chat errant dans les rues : il était assis dans la pénombre d’une ruelle. Red se dit qu’il ressemblait fort au chat errant qui était déjà là l’année passée, et s’éloigna un instant des deux autres pour s’approcher du chat, et il le renifla d’un air dubitatif. Le chat s’approcha de Red, ronronna et se frotta contre ses jambes. Red s’écarta du matou d’un bond et faisant volte-face, il voulut se remettre à la recherche de la clinique lorsqu’un autre chat fit son apparition juste devant lui. Un chat blanc et noir juché sur une énorme boule de poil d’un blanc rosé. Dans la pénombre, Red ne reconnut pas Cait Sith et poussa un cri de surprise ; Cait, qui lui tournait le dos, fut encore plus surpris par ce cri derrière lui, il bondit en l’air et hurla encore plus fort que Red. Alertés par les cris, Cid et Yuffie accoururent à la rescousse, prêts à dégainer leurs armes. Ils arrivèrent, virent de quoi il retournait, et éclatèrent de rire.
Cait Sith suivi de Red, très dignes, se mirent en route pour la clinique de Mideel, et ne tinrent pas compte des pouffements ni des rires voilés qui les suivaient tout au long du chemin.
Les rires ne durèrent pas longtemps, surtout lorsque Red convoqua tout le monde dans le bureau du docteur Mentor et les informa de ce que son grand-père lui avait dit. La révélation fit l’effet d’une bombe. Barrett tapa du pied et sortit du bureau du médecin en jurant et en marmonnant « manquait plus que ça ! De toutes façons, chaque fois qu’cet emplumé à l’épée se ramène, on a des ennuis ! ». En fait, il usa d’un autre terme que "ennuis", mais c’était un synonyme de toutes façons… Et il claqua la porte d’une façon significative…
Clad se demanda si "l’emplumé à l’épée" en question était Séphiroth ou… lui-même. Et il prit l’autre porte de sortie, dans la direction opposée à Barrett. Tifa sortit dans le jardin à la suite de Barrett, et les autres membres de l’équipe ne surent pas quoi dire au docteur Mentor, qui semblait prêt à s’évanouir sous le choc : il était en train de penser qu’il n’avait plus que sept jours à vivre ; mais c’était un optimiste de nature…
Tifa n’eut pas à chercher Barrett très longtemps dans le jardin, il était assis juste devant la clinique ; à vrai dire, juste devant la porte qu’il venait de franchir en la claquant, et en maudissant "cet emplumé à l’épée". C’était bien beau d’avoir retrouvé Barrett ; le tout, c’était d’engager la conversation avec lui avec tact, délicatesse et doigté – du genre : « quelle belle nuit étoilée ! »
« - Barrett, tu n’avais pas à t’énerver ainsi !
- Et POURQUOI, s’il te plait ?!
- Clad n’y était pour rien.
- Ah, tu avais remarqué que "emplumé à l’épée" allait bien à ces deux énergumènes, hein ?
- Ecoute, Barrett…
- Non. Toi, écoute, Tifa. Je sais bien que ce n’est pas de la faute de Clad. Mais alors, pourquoi n’a t-il pas voulu qu’on en finisse avec Séphiroth aujourd’hui-même, hein ?
- Moi aussi, je trouve que ce n’est pas honorable de tuer un homme désarmé !
- De toutes façons, tu es toujours de l’avis de ce CHER Clad !
- Ce n’est pas vrai ! Mais tu as vu dans quel état Séphiroth se trouvait, il est inoffensif.
- Va dire ça à Aeris !
- … tu n’as pas le droit, Barrett…
- Elle aussi, elle était désarmée ! Elle était DE DOS !
- … pas le droit de réveiller ça…
- Elle priait pour notre sauvegarde à tous !
- … tais-toi…
- Et ce salaud l’a tuée ! Tu sais quel âge elle avait, n’est-ce pas, Tifa ?
- … s’il-te-plait…
- Et dis-moi, qu’a fait Clad pour la sauver ? Réponds, Tifa !
- TAIS-TOI ! »
Tifa avait hurlé ces derniers mots, hoquetant, les larmes lui brouillant la vue.
Comme privée de toute force, elle se laissa tomber sur le sol végétal et se cacha le visage pour pleurer, tout en hochant la tête comme si elle voulait nier, ne pas admettre qu’elle craquait.
Maintenant, Barrett s’en voulait de la faire pleurer ainsi. Oh, comme il regrettait…
« Je suis désolé, Tifa. Je voulais pas… Pardonne-moi. »
*****
« - Peut-être que c’est mieux ainsi.
- Voyons, Clad… Ne dis pas ça. »
Adossé au mur du hall, assis à même le sol, Clad baissait les yeux vers le plancher. Il ne bougea pas d’un cheveu lorsque Red vint s’asseoir sans un bruit à côté de lui.
« - J’ai pensé à ce que ton grand-père avait dit…
- Nous empêcherons cette inondation…
- … avait dit l’année dernière…
- …
- "Lorsque le Sacré se déclenchera, la Planète décidera ce qui est bon pour elle"… et tout ce qui lui est préjudiciable devait disparaître, y compris nous ; tu te rappelles, Red ?
- Nous sommes encore bien vivants, la Planète nous a pardonnés…
- Peut-être est-elle rancunière… Cette fois-ci, peut-être que c’est notre dernière aventure… »
*****
« Je suis désolé, Tifa. Je voulais pas… Pardonne-moi. »
Elle sécha ses larmes, leva la tête vers Barrett.
« Je voudrais être seule… Laisse-moi, s’il-te-plait. »
Que pouvait-il faire à présent, sinon la laisser seule comme elle le demandait. Il posa doucement sa main gauche sur l’épaule de Tifa, répéta ses excuses, Tifa hocha la tête et lui sourit : « ce n’est rien, Barrett ! » ; et il s’éloigna, ouvrit la porte de la clinique et entra.
Il n’était qu’un balourd sans aucun tact ! Sans le faire exprès, il faisait du mal autour de lui. Et pourquoi en voulait-il à tout le monde, au monde entier ? Il s’en voulait encore à lui-même pour l’explosion du réacteur numéro un et la chute de la plaque du secteur sept. Wedge, et Biggs, et Jessie, et… et tous les autres… Il leur en voulait aussi, il était en colère contre les morts, car ils étaient partis, les laissant là, seuls avec la destinée du Monde entre leurs mains. Et Aeris ! Si jeune et pleine de vie ! Pourquoi avait-il fallu qu’elle joue à l’héroïne solitaire ?! Pourquoi être partie seule, Aeris, alors que tes amis étaient là, prêts à t’aider ! Partie seule… sans dire un mot à personne. A personne à part… à lui, Barrett… Oui, Aeris n’avait confié ses intentions qu’à lui seul. Mais elle ne lui avait pas dit où elle voulait partir. « Je reviendrai » lui avait-elle dit, avant de s’en aller… ET IL L’AVAIT LAISSEE PARTIR ! … et elle n’avait pas tenu sa promesse, elle n’était pas revenue. Et pendant que Clad était évanoui à Gongaga, ils ont découvert le départ furtif d’Aeris. Et Clad avait eu ce rêve d’Aeris. Clad savait où la chercher, alors Barrett avait gardé son secret, et il avait juste suivi Clad et toute l’équipe sur le continent Nord… La Capitale Perdue... Puis ce long chemin vers la Grotte Nord.
Clad… Pourquoi en voulait-il à Clad ? Ce n’était pas de sa faute, à Clad…
Ils n’avaient rien pu y faire… Les évènements s’enchaînaient à une telle vitesse…
Ce n’était la faute de personne. Clad était manipulé, Clad avait repris la matéria noire qu’il avait confiée à Barrett. Et avant qu’il ne s’en rende compte, Clad l’avait donnée, une seconde fois, à Séphiroth…
Barrett était arrivé dans le hall de la clinique. Clad était assis par terre, Red à ses côtés. Ils levèrent les yeux à son arrivée.
« - Humpf ! fit Barrett. Tu sais, Clad… Je disais "emplumé à l’épée" pour l’autre, là. Ce n’était pas dirigé contre toi.
- Tu m’ rassures ! » fit Clad d’un ton qu’il voulait joyeux.
Et ils s’adressèrent un bref sourire.
*****
Tifa sentait la légère brise du soir lui caresser les cheveux. Elle frissonna. Elle avait eu raison d’emporter un petit gilet en laine. Les nuits pouvaient être fraîches, même dans ces îles du sud.
Malgré sa "petite laine", Tifa frissonna encore. Elle leva les yeux vers le ciel. Elle se revit avec Clad, huit ans auparavant. Ils n’étaient encore que de jeunes adolescents. "Fais-moi une promesse, Clad". Elle était assise sur le rebord du vieux puits, balançant doucement ses jambes d’avant en arrière. "Lorsque tu seras devenu un héros…". "Je veux connaître ça au moins une fois dans ma vie…". Un héros qui viendrait la secourir, comme dans les contes de fées que sa mère lui lisait, avant. Avant qu’elle n’aille rejoindre la Rivière de Vie pour toujours…
Une étoile filante passa dans le ciel au-dessus de Mideel. Une étoile filante comme celle qui avait scellé la promesse de Clad, ce soir-là. "Je te le promets". Et puis il était parti rejoindre le SOLDAT.
Les étoiles dans le ciel… "Clad, est-ce que tu crois que les étoiles nous voient ?" C’était il y a un an, avant la Grotte Nord. Le Hautvent était là ; il les regardait, Clad et elle. "Est-ce qu’elles voient à quel point nous nous battons pour elles ?" A quel point nous nous battons pour la Planète… A quel point Aeris était morte pour la Planète… Aeris…
Tifa se souvint du jour – non, de la nuit – où Aeris fut tuée. La Capitale Perdue.
Aeris était bien trop absorbée par ses prières pour les voir. Clad s’était approché d’elle mais elle était toujours agenouillée, la tête penchée vers ses mains jointes, les yeux fermés. Tifa, elle, regardait Aeris et elle non plus n’avait pas vu…
« Clad ! Bon sang, qu’est-ce que tu fais ! » avait hurlé Barrett à côté d’elle. Alors Tifa avait reporté son regard depuis Aeris vers Clad. Il se tenait devant la jeune marchande de fleurs, l’épée brandie, prêt à abattre son arme sur elle. Et elle ne bougeait pas, toujours dans ses prières. "Non, Clad ! Ne fais pas ça !" avait crié Tifa. Pendant une interminable seconde, Clad avait hésité, puis abaissé son arme sans faire de mal à Aeris. Mais une lame Masamune avait surgi de nulle part…
Aeris ouvrit soudain les yeux, son corps bascula en avant, une matéria d’un blanc pur tomba dans l’eau après avoir ricoché sur les marches de l’autel. La matéria émit une faible lueur verte, couleur d’espoir… Et Aeris ferma les yeux à jamais.
Le reste de l’équipe arriva trop tard, après la bataille. Tifa caressa la joue de son amie. "Adieu, Aeris"… Ensuite, ils assistèrent à des funérailles improvisées. Tous, excepté Vincent qui était parti dès qu’il avait vu le corps sans vie d’Aeris sur le sol… Parti en courant comme s’il avait vu un fantôme. Red se chargea de le rattraper, puis revint un peu plus tard en disant que Vincent voulait être seul, qu’il était sur la plage, et ne semblait pas trop secoué ; pas trop…
Clad porta Aeris dans la baie qui entourait la Cité Perdue, et elle resta à la surface de l’eau un instant, telle une Ophélie paisible. Il s’éloigna et le corps sombra dans l’eau, ses longs cheveux bruns s’éparpillant en un halo autour d’elle.
Tous s’étaient montrés bouleversés après ça. Même Vincent qu’après les funérailles on retrouva dans le Bronco posé sur la plage. Il avait beau essayer de le cacher derrière son habituel masque d’indifférence, ses yeux trahissaient le choc qu’il avait éprouvé. Tous s’étaient montrés bouleversés. A part Clad. Ses yeux à lui ne montraient aucune émotion. Il parla peu jusqu’à ce qu’ils arrivent dans le Village du Glaçon ; et même après… De tous, c’était sans doute lui qui avait le plus souffert à la disparition d’Aeris. Les émotions que l’on cache sont plus fortes que celles qu’on avoue. Et l’objet – ou l’être – qui nous manque le plus est celui qui a disparu. Toujours.
Tifa secoua vivement la tête ; elle était en train de faire collection de clichés ou quoi ?!
Elle voulait penser à quelque chose d’agréable ! Comme cette soirée de fête qu’ils venaient d’avoir, il y a quelques jours à peine, par exemple. L’anniversaire de leur victoire à la Grotte Nord. "Victoire" … un bien grand mot. Un anniversaire célébré au Gold Saucer. Le Gold Saucer, ça, c’était un endroit peu sinistre ! Pourtant…
La première nuit passée au Gold Saucer… Clad et Aeris à l’attraction "Round Square". La vue du parc d’amusement et ses lumières, tous si minuscules vus d’en haut, parmi les étoiles. Tifa les observait depuis le sol et s’était imaginée à la place d’Aeris. Si cela avait été Tifa, elle aurait eu quelque chose d’important à dire à Clad… mais n’aurait sûrement pas su trouver les mots. C’était si… compliqué. Aeris, elle, aurait su trouver les mots. D’ailleurs, elle les avait peut-être trouvés – et dits à Clad. Tifa n’a jamais su ce qui s’était passé ce soir-là, entre Aeris et Clad, parmi les étoiles…
Peu avant cela, elle était allée, seule, au théâtre du "Event Square". Clad et Aeris étaient sur scène. Tifa avait bien ri lorsque Clad avait fait l’idiot vers la fin du spectacle, et au lieu de la Princesse, il s’était mis à embrasser le Roi ! Et lorsque finalement, le Roi avait déclaré "il faut fêter ça !", le narrateur avait conclu d’une phrase idiote du style "l’amour triomphe toujours".
Après le combat à la Grotte Nord, Tifa revint à Midgar avec Barrett. Ce dernier ne voulait faire qu’un court crochet à la maison d’Elmyra afin d’aller chercher Marlène. Clad, lui, n’était pas entré dans Midgar, il semblait vouloir éviter Elmyra, éviter les reproches qu’elle pourrait lui adresser, peut-être. Mais la mère d’Aeris ne fit pas de reproches, à aucun d’entre eux…
Barrett avait proposé à cette mère éplorée de venir avec Marlène et lui à Kalm. Elle ne refusa ni n’accepta immédiatement, elle hésita deux longs mois puis, avec l’exode de Midgar qui suivit la Révolte des Taudis, elle avait débarqué un beau matin à Kalm. Marlène était ravie de revoir sa "presque-mère-adoptive" et Elmyra fut visiblement très heureuse aussi. Puis, elle s’en alla un soir, pour toujours, sereine et… heureuse, presque joyeuse. Après un adieu à Marlène, ses derniers mots furent : "je vais enfin revoir ma petite Aeris…". C’était il y a près de trois mois déjà.
Mais avant, bien avant cela… Le soir même où Barrett et Tifa revinrent à Midgar, après le combat…
Elmyra leur avait proposé l’hospitalité pour la nuit, ils acceptèrent. Et lorsque tous dans la maisonnée furent profondément endormis, Tifa sortit dans la brume nocturne. Une brume sinistre, qui s’élevait dès que le soleil se couchait, qui résultait de la pollution environnante. A cette heure de la nuit, ne restaient à l’extérieur que les voyous et les laissés-pour-compte. Tifa se demanda si elle finirait dans une de ces catégories, un jour…
Ses pas la conduisirent dans une église abandonnée, pas tellement loin de la maison d’Elmyra. Les mêmes fleurs…
Les mêmes fleurs que celles du jardin d’Aeris, poussaient ici. Et, se souvint-elle à ce moment-là seulement, c’était aussi les mêmes fleurs que celle que Clad lui avait offerte, en rentrant de sa mission au réacteur un….
Alors, Clad connaissait Aeris avant l’explosion du Briseur d’Air … Et Tifa qui croyait qu’il ne l’avait connue qu’après être tombé de la plate-forme… Elle avait été si inquiète pour lui lorsqu’il avait fanfaronné "tout va bien !", alors qu’il était visiblement en mauvaise posture.
Des fleurs au milieu des Taudis. C’était Aeris elle-même au milieu de la laideur de ce Monde…
Tifa marcha le long de l’allée, atteignit le parterre de fleurs ; des fleurs assez mal en point depuis qu’Aeris ne s’occupait plus d’elles. Tifa s’assit au milieu du parterre, s’adossa au mur du fond, replia ses jambes et posa son menton sur ses genoux joints. Elle laissa sa main aller et venir sur le sol à côté d’elle, dessiner des motifs sans signification sur la terre meuble. Elle laissa son esprit vagabonder…
Et elle se réveilla…
Le soleil traversait les vitraux et le trou que Clad avait fait dans le toit en tombant. Le soleil éclairait le parterre où elle était assise, éclairait ses cheveux châtains, leur donnant un doux reflet auburn. Elle se releva, et vit alors Elmyra juste devant elle.
« Je viens souvent ici, pour m’occuper des fleurs d’Aeris… Mais elles fanent, malgré tous mes efforts ; quoi que je fasse… Elles ont l’air de vouloir mourir…Aeris n’aurait pas voulu voir ses fleurs dans cet état… »
Tifa ne répondit rien, elle cherchait quelque chose à dire. Mais que pouvait-elle dire, de toutes façons ?
« Tifa ! »
Tifa sursauta, elle était revenue à Mideel ; dans le jardin de la clinique de Mideel…
Elle se releva, la tête lui tournait un peu ; sans doute s’était-elle levée trop vite. Elle arrangea sa chemise et défit quelques boutons de son gilet, car elle commençait à avoir chaud.
Clad venait à sa rencontre en courant. Arrivé à sa hauteur, il l’attrapa par les deux bras.
« - Tifa, le docteur Mentor nous a donné une piste. Il a vu le Hauvent qui a été volé à Cid, près d’ici il y a…
- … je, je...
- … deux jours…»
Les genoux de Tifa tremblaient.
« - Tifa ! Qu’est-ce que tu as ?!
- Je, je ne me sens pas… »
Elle avait une sorte de… vertige.
« …pas très bien… Clad… »
Sa tête commença à basculer vers l’arrière, ses yeux se révulsèrent.
« Tifa ! Tifa ! »
Et elle ne vit plus rien que l’obscurité. Elle se sentit tomber, mais quelqu’un la rattrapa avant qu’elle ne touche le sol. Une main fraîche lui toucha le front.
« Dieu ! Tu es brûlante de fièvre ! »
Et elle n’entendit plus rien après ça.
*****
Ce bip, c’était bon ou mauvais signe ?!
Je ne me ferai jamais à cet engin ! Dire que j’ai cherché toute une nuit comment juste mettre le moteur en route ! Heureusement pour moi, Cid l’a modernisé. Sans pilotage automatique, je serais déjà au fond de l’océan à présent…
Et cette avarie dans le circuit de refroidissement – enfin, si c’était bien le circuit de refroidissement – qui m’a tant retardé près du Fort Condor… J’ai eu beaucoup de chance après tout, que les habitants du fort aient pu m’aider à réparer l’avion.
Je ne suis pas très fier de l’avoir emprunté depuis trois jours à Cid, surtout de cette façon, sans son autorisation. Hum… cela s’appelle du vol, sans doute…
Mais je ne pouvais pas faire autrement. Si je lui en avais parlé, il aurait demandé pourquoi j’en avais besoin, il aurait peut-être même insisté pour venir aussi… Et je ne pouvais permettre ça. C’est une sale besogne, une très sale besogne que je dois effectuer seul. Je ne veux plus que quiconque risque sa vie, surtout par ma faute.
Me voici arrivé, enfin presque…
Il faudra que je pense à laisser une note à Cid, sur le tableau de bord peut-être. C’est la moindre des choses que je m’excuse auprès de lui ; et auprès de Clad aussi, pour ce que je m’apprête à faire… même si je n’ai guère le choix.
Il va falloir que je pose correctement le Hautvent, je ne tiens pas à l’endommager dans les marécages.
Au fait, comment fait-on atterrir cet engin, déjà… ?
Il y avait une série de manettes… à actionner… dans le bon ordre…
Mon Dieu, j’ai oublié lesquelles c’était !!
*****
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