La Bibliothèque de la ShinRa corp.
Le Chaos qui est en Moi
Chapitre XI : La Croisée des Chemins.
Cet après-midi là, la station thermale de Mideel était détruite, la ville était en proie au chaos le plus total. Le manager de l’hôtel qui employait Vincent lui avait recommandé d’aller s’approvisionner dans un magasin à l’autre bout de l’île et lorsque Vincent revint de ces courses, l’armée midgar était en train d’attaquer Mideel : après une longue enquête de près de trente-six mois, les Turks avaient découvert le repaire du groupe anti-ShinRa et pro-Utai à Mideel, et les ordres étaient l’élimination totale de ces "espions terroristes". Les soldats faisaient régner la terreur et tiraient sur tous ceux qui refusaient de coopérer ou qui s’enfuyaient – et beaucoup de civils, apeurés, s’enfuyaient hélas…
Vincent lâcha ses sacs d’emplettes et courut loin de ces scènes de massacres, il fut poursuivi par plusieurs soldats qui l’avait vu. Au bord de la route qui conduisait hors de la ville, Yannick Brunaël était allongé, mortellement blessé. Vincent s’arrêta en apercevant son ami, et il fut touché à l’épaule par l’une des balles de ses poursuivants. Les soldats cessèrent les tirs en voyant le fugitif trébucher et saigner abondamment. Ils s’approchèrent de la forme accroupie au milieu de la route… Ils poussèrent des hurlements de terreur en se retrouvant tout à coup devant ce qui avait surgi de la forme qu’il prenait pour un humain : une sorte de Béhémoth, qui était pourpre et plus petit par la taille, mais qui semblait aussi plus puissant physiquement que cette race spécifique de monstre. Les soldats auraient pu le jurer, c’était bien un homme qu’ils étaient en train de poursuivre l’instant auparavant, mais à présent…
En rugissant, la bête se jeta sur les soldats et ses coups de griffes eurent tôt fait de les mettre hors d’état de nuire. Au loin, on entendait toujours les coups de feu et les cris apeurés des habitants de la ville de Mideel…
Vincent s’agenouilla près de Yannick et lui tâta le pouls : rapide et irrégulier – mauvais présage… Le blessé ouvrit pourtant les yeux.
« - … Vincent… Ils nous ont attaqués, ils ont affirmé qu’on cachait des terroristes en ville…
- Restez calme, Monsieur Bru – Yannick… Je vais vous transporter en lieu sûr, et vous serez remis sur pieds. »
Sa blessure à l’épaule s’étant refermée grâce à sa technique de transformation, Vincent voulut soulever son ami pour le porter sur son dos, mais Yannick hocha la tête en signe de désaccord.
« - Je sais qu’il est trop tard pour moi…, haleta le blessé. Sauvez-vous pendant qu’il en est encore temps !
- Je ne peux pas vous laisser mourir comme ça, au bord de la route ! protesta Vincent.
- … Je ne regrette qu’une chose, Vincent : j’aurais voulu faire la paix avec mon frère cadet, avant de m’en aller… S’il vous plait, si jamais vous rencontrez Cédric Brunaël, dites-lui que son grand frère lui demande pardon… On s’était disputé, mais je l’aimais beaucoup – c’était mon frère, après tout…
- …
- Promettez-le-moi, je vous en prie… Promettez-moi que vous essayerez de le retrouver, demanda Yannick sur le ton d’une dernière volonté.
- C’est une promesse, répondit Vincent dans un murmure.
- Merci, Vincent… Pensez à Séphiroth, maintenant… Ne vous faites pas tuer, vivez pour lui ! »
Vincent se recueillit un court instant auprès de la dépouille de son ami, puis retourna le plus vite possible chez lui. Arrivé à sa maison, située à plusieurs kilomètres à l’est de la ville, il fut horrifié de voir la porte grande ouverte. Que s’était-il passé ? Il devait être en sécurité – Séphiroth devait être en sécurité hors de la ville !?
Dans le salon de la petite maison, Mai était allongée à terre. Elle avait les bras attachés dans le dos, elle était bâillonnée et se débattait de toutes ses forces pour se défaire de ses liens. Une chaise renversée se trouvait près d’elle : Mai avait dû être attachée à cette chaise et l’avait sûrement fait basculer pour s’en libérer. Grâce aux griffes de sa main gauche, Vincent coupa les cordes qui retenaient la jeune nurse, et Mai enleva son bâillon.
« - Monsieur Vincent ! fit-elle, les yeux remplis de larmes retenues. Je-je n’ai rien pu faire pour les arrêter ! Ils sont venus ce matin, et ils ont enlevé mon petit ange ! Pardonnez-moi…
- Qui ?! Et où ?! Mai, où ont-ils emmené Séphiroth ?! demanda Vincent en hurlant presque.
- Je… j’en sais rien ! Je n’ai rien pu faire ! »
La jeune femme fondit en larmes, enfouissant son visage dans les paumes de ses mains. Vincent s’en voulait de la brusquer ainsi, mais il n’avait pas le temps de consoler Mai.
« - Ce n’est pas de votre faute, dit-il d’une voix plus douce. Mais je vous en prie, il est urgent que vous vous rappeliez… un détail, un indice – n’importe quoi ! …Tout d’abord, qui sont les ravisseurs ?
- Euh… je ne sais pas… » renifla Mai en étouffant un sanglot.
Puis son visage s’éclaira soudain d’une lueur d’espoir.
« - Les Turks ! répondit-elle, sûre d’avoir fait une découverte importante. Ils étaient en vêtements civils mais j’ai entendu l’un d’eux dire à son collègue le code "Shadow" – je suis sûre qu’il s’agissait de Turks travaillant sous couverture !
- Hé ! » s’écria Vincent en fronçant les sourcils.
Sa voix devint soudain rauque, menaçante et froide lorsqu’il s’adressa à nouveau à Mai.
« - Shadow… Comment connaissez-vous ce code ? siffla t-il en plissant ses yeux carmins d’un air effrayant.
- S-Séphiroth m’en a parlé, il y a quelques mois, enfin, je crois…, balbutia la jeune nurse, impressionnée par l’air menaçant de son employeur qui était d’habitude si gentil. Il m’a dit que c’était vous qui le lui aviez raconté…
- C’est faux !
- Je vous jure que je dis la vérité ! plaida Mai d’un air effrayé.
- Vous êtes une espionne, et je vais vous tuer !
- AAAAH !!! »
Vincent avait sorti son pistolet Mercure et le pointait en direction de la tête de la nurse. Mai se protégea le visage des deux bras mais ne chercha pas à s’enfuir. Elle fit bien car autrement, Vincent l’aurait abattue sans hésitation.
« - Je vous le jure ! répéta t-elle aux bords des larmes. J’aime Séphiroth, jamais je ne voudrais vous trahir ou lui faire du mal !
- Donnez-moi le signalement de ces "Turks" !
- Il-il y avait deux hommes et plusieurs soldats…, répondit la jeune femme, en tremblant d’effroi.
- Je me fiche des soldats ! fit Vincent, d’un calme glacial, tout en la menaçant avec le pistolet. Le signalement de leurs chefs, et plus vite que ça !
- Euh, l’un des deux était brun… des cheveux mi-longs qui lui arrivaient jusqu’aux épaules, aussi noirs que les vôtres… il avait les yeux brun-foncé… euh, de taille moyenne…
- Savez-vous combien de millions d’hommes de part le monde correspondent à cette description ? demanda Vincent, avec un dangereux ton sarcastique et coupant.
- Je… euh… Ah oui, il avait un grain de beauté, sur le front, entre les deux yeux…
- Je vois… et l’autre ?
- D’après la façon dont il parlait, je crois que c’était lui, le supérieur du premier Turk. Il avait des cheveux courts et châtain-clair, plaqués vers l’arrière. Il portait des lunettes noires, alors je n’ai pas vu ses yeux… Il était de taille moyenne aussi, et… Et je ne sais rien d’autre…
- Ce dirigeant Turk, quelle arme portait-il ?
- Le chef avait un long bâton de bois, on aurait dit… une canne pour la marche… » parvint à dire Mai avant de recommencer à pleurer doucement.
Vincent laissa Mai en pleurs dans le salon et se rendit hâtivement à sa chambre pour se changer. Même s’il avait des soupçons sur Mai, même s’il sentait que c’était un traquenard, il n’avait pas le choix. Il fallait sauver Séphiroth. Ce n’était pas seulement par devoir ; il aimait ce petit garçon et le considérait comme son propre enfant. Il y avait d’ailleurs des chances pour que ce soit effectivement son fils ; et même s’il n’était pas le fils de Vincent, il restait l’unique enfant de Lucrécia…
Vincent sortit son vieil uniforme des Turks de son sac et le revêtit, puis il rangea son pistolet dans l’étui de son ceinturon. Direction Midgar, à présent…
*****
La nuit venue, la nouvelle recrue Turk qui était de garde à la porte fut très surprise de voir l’un de ses collègues rentrer à la base après le couvre-feu.
« - Eh ben, mon vieux, je te plains ! lui fit-il. Ils sont vachement stricts sur les horaires du couvre-feu, ici ! Qu’est-ce que tu vas te prendre si le Chef te voyait !
- …je me suis un peu attardé au bar, si tu vois ce que je veux dire…, expliqua calmement le nouveau venu, sans relever l’insolence du garde Turk qui semblait encore trop inexpérimenté pour se rendre compte qu’il parlait à un supérieur hiérarchique.
- Je vois, héhéhé ! gloussa la sentinelle avec un clin d’œil entendu en réponse. Bonne chance, mon pote, ne te fais pas prendre !
- Hmm… »
Le retardataire traversa le hall d’entrée du Quartier Général Turk, situé tout près du building Shin-Ra, et se dirigea vers l’ascenseur qui conduisait aux dortoirs. Lorsque les portes s’ouvrirent avec un signal musical, quelqu’un derrière lui le poussa violemment à l’intérieur de la cabine. Il voulut prendre son pistolet pour se défendre mais on lui tordit le bras vers l’arrière, il émit un gémissement de douleur essoufflé lorsqu’il fut brutalement plaqué face contre l’une des parois de la cabine. Un pistolet se colla contre sa tempe, les portes de l’ascenseur se refermèrent doucement. Une main gantée de noir appuya sur le bouton d’arrêt, l’ascenseur se bloqua alors entre deux étages tandis que l’invisible agresseur lui tordait toujours le bras derrière le dos.
« Je sais que tu es au courant de tout ce qui se trame ici, misérable petit fouineur ! Alors dis-moi où se trouve Jizo Glomhart, ou je te descends ! ».
Cette voix, glaciale et étonnement calme malgré la menace sérieuse qui en émanait… Malgré toutes ces années, il la reconnut : cette voix ne pouvait appartenir qu’à un seul homme. Son agresseur était un Turk tout comme lui, un Turk de l’équipe Alpha, qui plus est… Cette découverte fit rire l’homme, malgré la fâcheuse posture dans laquelle il se trouvait : « Hahaha ! Ce n’est pas gentil de menacer ses petits camarades, agent Valentine ! C’est bien la première fois que je te vois perdre ton calme, hahaha ! »
Vincent n’aimait pas le rire sarcastique de celui qu’il venait de menacer, il aimait encore moins ce frimeur despotique qui se croyait spirituel alors qu’il était de deux ans le cadet de Vincent. Non, vraiment, Vincent n’aimait pas la façon dont ce petit arrogant était aveuglément attaché à suivre la hiérarchie au sein de la Shin-Ra Corporation, ni la façon dont il le regardait de haut, pour la seule raison qu’il était entré chez les Turks bien avant que Vincent ne soit recruté.
« - Heureusement pour toi, tu ne m’as encore jamais vu perdre mon calme. Alors ne cherche pas à éprouver encore plus mes nerfs, conseilla froidement l’ex-Turk à présent doté de pouvoirs de transformation maléfiques et redoutables. Je cherche Glomhart depuis des heures dans cet immeuble… et je pourrais très bien passer ma mauvaise humeur sur toi si tu continues dans cette voie…
- Je te croyais mort en mission ! On a d’ailleurs eu droit à d’émouvantes funérailles en ton honneur. Le Président a même fait un impressionnant (et ennuyeux à mourir) discours vantant tes qualités : c’était un agent remarquable de notre élite, et blablabla, la fierté de notre DRA qui restera longtemps regretté et irremplaçable car blablabla, aussi est-il passé de simple apprenti à agent Alpha en trois semaines ! Et la minute suivante, j’ai été nommé pour te remplacer… Je te remercie de cette promotion. Non pas que je ne sois pas fier d’être un agent Alpha depuis ces huit dernières années, mais passer en une minute seulement de "simple" agent Alpha à tireur d’élite sous les ordres de l’agent Glomhart, c’est…
- Réponds sans discourir inutilement : où – est – Glomhart ? répéta Vincent, en détachant dangereusement chacune des syllabes de sa question.
- Glomhart-san n’est pas là. Pourquoi cherches-tu ton chef – je veux dire, ton EX-chef d’équipe. Tu veux réintégrer les Turks ou quoi ?
- … Je cherche Jizo car c’est le seul ici qui se serve d’un bâton de combat…, murmura Vincent, comme pour lui-même.
- … hein ? fit l’autre d’un air perplexe.
- Laisse tomber ! Si tu sais où le trouver, tu as intérêt à me le dire, sinon…
- Aïe ! gémit la victime de Vincent. Espèce de brute, je suis sûr que tu m’as cassé le bras !
- Je pourrais faire bien pire encore. Tu vas regretter de t’en être pris à Séphiroth !
- Qui est cette Séphi-machin, d’abord ?!
- Ne fais pas l’innocent, c’est un petit garçon, et tu faisais partie de l’équipe qui l’a kidnappé cet après-midi ! Toi et Jizo !
- Ahh… "Séphiroth", répéta le Turk d’une voix songeuse. C’est donc ainsi que ce gamin se prénomme. Est-ce qu’il est débile ou muet ? Il n’a pas desserré des dents depuis qu’on l’a… hum… "invité" à passer quelques jours ici !
- Il est donc ici !? Où exactement ?
- Là où je me rendais, avant que tu ne m’abordes avec aussi peu de… tact !
- Quelle salle ? interrogea Vincent, sans s’encombrer de tournures de phrase inutiles.
- Je vais t’y conduire si tu me relâches…, tenta de marchander son interlocuteur.
- Dis-moi quelle salle ! coupa Vincent sur un ton autoritaire.
-Hum… "Quel appartement ?" devrais-tu plutôt demander… Ton petit protégé est dans la chambre d’Izanami O., c’est elle qui était chargée de le surveiller aujourd’hui, et je m’apprêtais à prendre la relève…
-… Iza… nami… ? murmura un Vincent stupéfait.
- Eh oui ! Ta partenaire – qui est à présent ton ex-partenaire, M. le-Turk-qui-était-sensé-être-mort ! Alors, si tu veux bien me relâcher maintenant, je… »
L’agent Tseng s’écroula à terre avant de pouvoir achever sa phrase, Vincent venait de lui asséner un coup de crosse à la base de la nuque.
Trois coups frappés en cadence à la porte de son appartement. Izanami se leva du canapé sur lequel elle s’était allongée pour bouquiner. Elle jeta un coup d’œil à une glace murale pour recoiffer sommairement ses cheveux mi-longs avec un ruban de soie aussi noir que l’étaient ses cheveux, et elle alla ouvrir à celui qu’elle prenait pour l’agent Tseng. A peine la porte entrouverte, Izanami fut repoussée à l’intérieur de la chambre, la porte fut claquée et verrouillée.
Vincent Valentine la menaçait de son pistolet, elle n’en croyait pas ses yeux !
« - Mais qu’est-ce que… Vincent, ne pointe pas ton joujou sur moi ! s’écria t-elle en montrant le pistolet d’un doigt autoritaire.
- Je suis désolé, Izanami… Je suis tellement navré, mais je suis décidé à tirer si tu m’y obliges.
- N-nani ?! C’est quoi ce délire, Vince ?! le sermonna Izanami sans crainte, mais avec toute "l’autorité" que lui donnaient ses deux printemps de plus (malgré ses vingt centimètres de moins) par rapport à son ancien collègue. Range ton flingue et dis-moi ce que tu viens faire ici, avant que je ne te tire les oreilles pour te faire regretter ton entrée théâtrale et si peu courtoise !!
- Tu sais très bien pourquoi je suis venu ici, répondit Vincent d’une voix d’enfant pris en faute. Tu étais dans le magasin de vêtements à Costa… et tu as vu l’enfant…
- Que… Oh, alors c’était ce petit garçon-là ! s’exclama t-elle en réalisant enfin. Il a tellement grandi ! Mais j’aurais dû faire le rapprochement : il y a peu d’enfant avec des cheveux d’une telle couleur… C’est ton fils ? »
Vincent s’adossa à la porte, son pistolet pesait de plus en plus lourd dans sa main, mais il se força à le garder pointé vers Izanami. Il regarda la jeune femme d’un œil implorant.
« - Je t’en supplie… Laisse-le partir avec moi.
- Pourquoi la Shin-Ra s’intéresse t-elle à lui ? demanda la Turk d’une voix emplie de curiosité.
- Ils croient tous qu’il possède un… pouvoir spécial. Mais c’est faux, il est tout à fait normal, il n’a rien de différent des autres enfants ! Laisse-le partir…
- Vinnie, cela fait… (elle compta rapidement sur ses doigts) … vingt-deux ans maintenant qu’on se connaît et je peux lire en toi comme dans un livre ouvert ! Alors ne me mens pas : cet enfant EST différent, il émane de lui une sorte… d’aura.
- Non, tu – tu te trompes ! Il n’a rien d’exceptionnel, c’est juste… mon fils.
- Tu te sous-estimes alors, en disant qu’il n’a rien d’exceptionnel ! fit Izanami avec un sourire narquois. Allez, dis-moi ce qu’il t’est arrivé, raconte-moi tout depuis le début – du moins, depuis cette mission à Nibelheim…
- Je n’ai pas le temps, ils vont donner l’alerte ; j’ai assommé Tseng mais il va se réveiller et donner l’alerte ! Je n’avais rien pour le bâillonner ! »
A cet instant-là, ce fut Séphiroth qui se réveilla. Il s’assit sur son lit, dans la chambre d’ami adjacente à celle d’Izanami, et il aperçut Vincent dans le couloir, près de la porte de ce petit appartement privé (dont l’agent Izanami O., en sa qualité de Turk Alpha, avait entière possession).
« Papa ! » s’écria l’enfant en sautant du lit. Il passa à côté d’Izanami en courant vers Vincent et enroula ses bras autour de la jambe de ce dernier. Vincent baissa ses yeux attendris vers le petit garçon. En faisant cela, il commit l’erreur de relâcher son attention devant un agent d’élite des Turks…
D’un coup de talon, Izanami envoya le pistolet de Vincent à l’autre bout du couloir ; des couteaux à la lame affilée sortirent des manches de la jeune femme et l’instant d’après, Vincent se retrouvait cloué contre la porte d’entrée, un couteau planté dans chacune de ses manches, un troisième maintenant le pan de sa veste au mur. Séphiroth lança un regard haineux vers Izanami et voulut se ruer dans la bagarre contre elle.
« - Ne fais pas ça, Séphiroth ! l’arrêta Vincent.
- Pourquoi, Papa ? Elle est méchante, je l’aime pas ! »
Celle dont parlait Séphiroth, poussa alors un soupir contrarié et ferma un instant ses yeux sombres en forme d’amande.
« - Tu vises toujours aussi bien, Iza ! complimenta Vincent avec sarcasme. Tu n’aurais jamais dû quitter ton cirque ambulant pour intégrer cette annexe de l’enfer qu’on appelle Shin-Ra corp…
- C’était pour être à tes côtés que je me suis enrôlée chez les Turks, rappela t-elle d’une voix étrangement calme. Je suppose que je me suis habituée à ce travail maintenant, ce n’est pas si mal comme métier, j’aurais pu tomber sur pire… Ici, je suis bien payée, je ne me pose pas trop de questions et j’obéis aux ordres. Je commence même à apprécier mon travail…
- Maintenant, en tant que Turk, n’aurais-tu pas dû me tuer au lieu de refaire ton numéro de lancer de couteau ? Est-ce parce que… tu as besoin que je sois en vie, afin que je puisse répondre à tes questions et apaiser ta curiosité concernant cette affaire ?
- Je me fiche bien de ton histoire, maintenant ! Considère-toi en état d’arrestation à partir de cet instant, fit Izanami d’un ton sec en retirant ses couteaux.
- Je suis heureux de retrouver une position un peu moins ridicule… J’avais l’impression d’être un poster cloué sur cette porte ! remarqua le prisonnier en essayant de plaisanter.
- … Essaye de comprendre la situation dans laquelle je me trouve…
- Je sais. Tu suis les ordres.
- Exactement. Tu es donc mon prisonnier, et tu ne pourras pas t’échapper cette fois-ci…
- Je ne suis pas de ton avis… »
Les deux anciens partenaires se fixèrent droit dans les yeux, la même détermination se retrouvait dans les deux regards.
Séphiroth s’approcha craintivement de Vincent et enserra de sa petite main l’index de l’adulte. Il renifla en essayant de retenir ses larmes. A cette vue, le regard de Vincent s’adoucit. Il s’accroupit près de Séphiroth pour sécher du revers de la main droite les larmes de l’enfant.
« Oh… Ne pleure pas, mon poussin… Je suis désolé. »
Izanami observait la scène en fronçant ses sourcils fins. Elle détourna un instant les yeux en rangeant ses couteaux dans ses manches. Puis elle leur tourna carrément le dos en allant récupérer le pistolet qui appartenait à Vincent et qu’elle avait précédemment envoyé au loin. « Sept ans déjà…, murmura t-elle comme si ses propres pensées s’échappaient d’elles-mêmes de ses lèvres ourlées de rouge pourpre. Avant de m’enrôler chez les Turks, j’avais laissé tomber un miroir et il s’est brisé en morceaux. Si j’étais superstitieuse… Sept ans de malheur… Cela fait sept ans aussi que je travaille pour… - non, sept ans déjà que j’appartiens à la Shin-Ra et plus de cinq ans que je fais partie de l’élite. » Elle laissa échapper un petit rire nerveux, empli d’ironie et de dérision. « Lorsque je t’ai laissé partir de Costa del Sol, j’étais différente. Je me suis endurcie à présent, Vincent. Je crois, j’espère être devenue… comme toi. » Vincent leva son regard surpris de Séphiroth et le dirigea vers Izanami. Elle lui tournait toujours le dos, perdue dans ses pensées, inconsciente du danger qu’elle encourait. S’il avait voulu, il aurait facilement pu se jeter par surprise sur elle et lui tordre le cou. Mais… seulement s’il avait voulu.
« Lorsque j’ai rejoint les Turks, c’était en partie pour l’argent, et en partie pour être avec toi, mon ami… Je pensais que nous étions différents des autres Turks. Je pensais vraiment que nous étions… différents… Mais avant que je ne m’en aperçoive, tu étais devenu comme eux, et maintenant, je suis comme toi… Tu m’as fait tellement peur lors de notre première mission ensemble dans l’équipe A, se rappela la Turk. Ce regard froid et déterminé, ces gestes précis et meurtriers. Tu n’as pas flanché un seul instant ! Tu avais combien – vingt et un ans ? Oui, tu avais vingt et un ans à peine, lors de ma première mission dans l’Equipe Alpha de Jizo. "Opération de Nettoyage par le Vide", ONV. Je n’oublierai jamais ce sigle, ni cette appellation si comique, hahaha ! » Elle rit doucement, couvrant sa bouche d’une main gracieuse, puis poursuivit d’un ton moins rieur. « Tu étais chez les Turks depuis moins de deux ans, mais j’ai pensé que c’était comme si tu avais fait ça toute ta vie. Une existence de plus ou de moins, un mort de plus ou de moins, ce n’est pas grand chose, fit-elle avec un soupir las. Un simple nom sur une liste, qu’on raye une fois la "mission" accomplie, n’est-ce pas, Vincent ? Froid, déterminé, efficace… Indifférent à tout et à tous. Même à moi, je suppose. Ce soir, si je mourais sur-le-champ, tu ne me regretterais pas. »
Ce n’était pas un larmoyant reproche ni une constatation emplie de tristesse. Izanami venait juste de faire une affirmation calme, posée et certaine. Vincent tenta de protester faiblement, mais le son de sa voix était loin d’être convaincant lorsqu’il assura à Izanami qu’il tenait à elle et qu’elle était une de ses rares amis.
« Ne t’en fais pas, Vincent ! fit-elle d’une voix anodine. C’est le métier qui veut ça. D’ailleurs, ça me surprend que tu aies risqué ta vie en venant ici sauver cet enfant. Mais c’est ton fils, et les liens du sang sont les plus forts, après tout. Les liens du sang… Nous les Turks, nous sommes tous liés par les "liens du sang" aussi… » Au milieu de sa phrase, Izanami s’arrêta et elle sourit de son petit jeu de mots cynique lorsqu’elle ajouta : « Les liens du sang de nos victimes, ça fait partie de notre travail ! Ha ! »
Le silence retomba entre les deux anciens partenaires. Et Séphiroth se surprit à penser (ou plutôt à ressentir) que la distance qui séparait ces deux personnes était bien plus grande que les quelques mètres qui menaient du couloir où se trouvait Vincent à la chambre où se tenait Izanami.
Elle brisa le silence d’une voix posée : « Je n’avais jamais osé te le demander auparavant. De plus je n’en ai pas tellement eu l’occasion, étant donné que tu es parti pour ta mission à Nibelheim juste après notre fameuse "opération de nettoyage"... Mais ce soir, je vais te poser cette question qui me tracasse : depuis quand étais-tu devenu comme ça, aussi… hmm… »
Izanami chercha un mot, un euphémisme convenable.
« - … aussi professionnel ? compléta t-elle après un court moment de réflexion.
- Dès que j’ai été promu au sein de l’unité Alpha. »
Réponse courte, concise et directe. Voix impassible. Izanami en fut presque admirative devant tant de… ou plutôt devant si peu d’émotion montrée. Même le dos tourné, elle sentait les yeux carmins de Vincent pointés vers elle comme le canon d’un fusil sur une cible. Une autre question tracassait aussi Izanami, mais cette question-là, elle n’oserait jamais la poser. Pourquoi les beaux yeux bruns de Vincent étaient-ils devenus d’un rouge vif et si angoissant ?! C’était à peine si elle pouvait soutenir ce regard sanguin. Et sanguinaire aussi, peut-être ? Un regard déterminé, et froid, et efficace. Tout comme lorsqu’il était encore un Turk. Après tout, il n’avait pas tellement changé, c’était peut-être seulement ELLE qui avait changé.
« Je pense vraiment que je te comprends maintenant. Cela m’a pris plus de temps que toi car je n’ai pas ta faculté d’adaptation, mais finalement, je suis devenue… comme toi. »
Vincent ne répondit pas. C’était inutile.
Oui, Vinnie, j’aimerais être devenue comme toi… Tout serait tellement plus simple.
Tellement simple qu’elle avait peur d’elle-même…
« Vincent ? appela Izanami, serrant entre ses deux mains tremblantes le pistolet de Vincent qu’elle venait de ramasser. Tu crois que je suis devenue une Turk efficace ? »
Efficace. Tel était le mot à utiliser. Meurtriers insensibles, sans-cœurs aveugles, non. Agents Turks efficaces, oui. Les paraphrases sonnent tellement mieux que la triste vérité !
« - J’en suis sûr, Izanami, répondit posément Vincent. Malheureusement, c’est vrai. Tu as tout ce qu’il faut pour faire la fierté de l’Equipe Alpha.
- Alors, je dois faire mon travail efficacement, conclut-elle en revenant vers le couloir, tandis que le tremblement de ses mains qui tenaient le pistolet avait cessé. Peu importe que tu sois mon ami d’enfance, mon ami de toujours, le seul en qui j’ai confiance. Peu importe que je t’aie sauvé la vie ou que tu m’aies consolée de la mort de mes parents. Peu importe le passé que nous avons en commun, nos jeux d’enfants et notre amitié d’adultes. Je dois faire efficacement mon travail et je DOIS mettre les sentiments de côtés. Car les sentiments ne servent à RIEN. Tu en es la preuve vivante, Vincent. »
En effet.
Il l’avait toujours nié. Par fierté ou par lâcheté, il avait toujours nié être un assassin, mais à présent, Vincent devait en convenir : Izanami avait raison, il était un assassin, il l’avait toujours été et le serait toujours. Un assassin insensible, aussi froid que le métal d’un pistolet.
L’es-tu vraiment ?
Elle s’arrêta à quelques pas de Vincent et du petit Séphiroth qui était muet d’appréhension. Les yeux sombres d’Izanami se posèrent sur le visage à la beauté innocente de l’enfant qui la regardait de ses grands yeux émeraudes à la pupille si contractée que c’en était… troublant. Izanami continua pendant un moment à observer minutieusement Séphiroth, ce qui rendit le garçon mal à l’aise, puis ses yeux d’un noir intense scrutèrent attentivement les prunelles rouges de Vincent. Tous deux se fixèrent un court instant avant que la femme ne tourne à nouveau le dos à ses prisonniers.
« Maintenant Vincent Valentine, je dois te considérer comme un traître à la Shin-Ra corp. Tu es venu ici dans l’intention de délivrer cet enfant, mais je dois te mettre en état d’arrestation, à présent. Tu m’as entendue? Jamais je ne dois vous laisser sortir d’ici, tous les deux. »
La voix d’Izanami était ferme, le ton était posé et catégorique, et la situation, claire : elle leur répétait qu’elle ne les laisserait pas s’enfuir, en leur tournant obstinément le dos.
« - Est-ce bien clair, Vinnie ? continua t-elle, gardant la même attitude et posant négligemment le Mercure de Vincent sur une étagère du couloir. Tu n’auras pas trois minutes de répit avec moi ! Compris ?
- Parfaitement ! »
Trois minutes plus tard, Vincent sortait en courant – par une porte dérobée – du Quartier Général des Turks, Séphiroth accroché à son cou. Lorsqu’ils se furent éloignés, un long bruit strident et répétitif se fit entendre : Izanami venait de déclencher la sirène d’alarme.
*****
Séphiroth assis sur ses épaules, Vincent était descendu dans la section inférieure de Midgar, située sous la plaque qui supportait entre autres le QG des Turks d’où il était sorti un quart d’heure auparavant. Les réacteurs à Mako n’existaient pas encore, les taudis n’étaient pas encore aussi délabrés qu’ils le seraient dans un futur proche, mais la division sociale régnait déjà injustement entre les deux "niveaux" (inférieur et supérieur) de la grande ville : seuls les plus riches midgars, et les employés les plus appréciés de la Shin-Ra avaient le droit de "monter" sur la plaque et de voir le soleil briller au-dessus de Midgar. La grande pizza rouillée était encore jeune mais déjà bien pourrie…
« - Qu’est-ce qu’il y a de drôle, Papa ? demanda Séphiroth lorsque Vincent se mit à rire subitement à ce moment-là.
- Rien, répondit-il à nouveau sérieux. Il n’y a absolument rien de drôle, Séphiroth… »
Après une heure de marche, Vincent arriva aux alentours du bar qu’il fréquentait autrefois. Annabelle était-elle toujours là ? Il détourna la tête en espérant que non, et passa son chemin. A plusieurs pâtés de maisons de là, il fit une pause devant un magasin encore ouvert mais qui n’acceptait plus de clients, et il reposa son petit garçon à terre. Loin d’être fatigué malgré l’heure tardive, l’enfant se mit à courir en rond autour de Vincent en riant.
« - Arrête de faire l’imbécile, mon trésor ! le gronda gentiment Vincent.
- Waouh, j’ai la tête qui tourne ! fit Sephiroth en s’arrêtant de courir. C’est drôle, hihihi !
- Viens, il y a un café juste en face. On va s’y asseoir un moment. Tu veux un pain au lait, ou autre chose ?
- J’veux du café ! s’écria le garçon d’une voix surexcitée.
- Je doute que la caféine arrange ton état, Séphiroth…, répondit Vincent en souriant malgré lui. De plus, tu es trop jeune pour ça…
- M’en fiche, répliqua le garçon en riant. Chuis plus grand que toi, en tout cas ! »
En effet, Vincent avait installé Séphiroth sur ses épaules, le temps de traverser l’avenue jusqu’au café-bar nocturne.
Lorsqu’ils furent entrés dans le café, la jeune vendeuse du magasin de bijoux et d’accessoires devant lequel ils s’étaient tenus, se releva de derrière son comptoir envahi de marchandises. Elle était restée bien plus tard que d’habitude pour finir seule l’inventaire du magasin et elle était fatiguée. Mais elle voulait faire ses preuves ; la propriétaire du magasin avait été bien compréhensive de l’engager malgré son inexpérience en la matière et malgré son… passé. Annabelle finit de faire l’inventaire et ferma la boutique. Quelle ironie, elle qui avait tellement l’habitude autrefois "d’ouvrir la boutique" !
Peu après, Annabelle tourna le coin de la rue pour rejoindre le petit studio qu’elle louait près de ce magasin de bijoux fantaisistes où elle travaillait. Avec l’argent que Vincent lui avait donné avant de partir pour cette dernière mission sur le Continent Ouest, elle aurait pu se permettre un meilleur logement, car le salaire d’un Turk – surtout d’un Turk Alpha – était faramineux ; mais elle ne voulait pas utiliser cet argent : c’était l’argent de Vincent et peut-être, peut-être, espérait-elle de tout cœur, le reverrait-elle un jour, et peut-être remarquerait-il enfin tous les efforts qu’elle faisait.
Lorsqu’Annabelle tourna au coin de la rue et disparut de vue, Vincent et Séphiroth sortirent du café où ils s’étaient frugalement restaurés, et bientôt ce fut de Midgar qu’ils sortirent, pour ne plus jamais y revenir… enfin, c’était en tout cas ce qu’espérait Vincent.
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En coupant par les montagnes au sud de Midgar, Vincent arriva bien avant le lever du soleil dans le petit village côtier de Junon. Il parvint à convaincre l’un des pêcheurs, moyennant finance, de les emmener, Séphiroth et lui, jusqu’au Continent Ouest au lieu d’aller à sa pêche quotidienne. Sur le petit bateau de pêcheur, la traversée dura toute la matinée et Vincent eut le temps de se remémorer les événements des deux derniers jours : le jour précédant la destruction de Mideel par l’armée midgar, le dirigeant de l’hôtel-station thermale où travaillait Vincent lui avait demandé d’aller acheter divers accessoires pour le magasin de souvenirs de l’hôtel, ainsi que quelques provisions pour le restaurant car la société qui livrait d’habitude les denrées à l’hôtel venait de faire faillite brusquement. Les aliments à acheter se trouvaient aisément à la ville de Mideel elle-même, et Vincent s’en était occupé tout de suite. En ce qui concernait les accessoires et souvenirs dont raffolaient les touristes en cure à Mideel, ils ne se trouvaient qu’à l’autre bout de l’île, dans une petite auberge sans prétention qui faisait aussi office de magasin d’accessoires car le mari de l’aubergiste, souvent en voyage d’affaires sur le Continent Ouest, en importait les objets les plus prisés.
Au lieu d’attendre le jour suivant pour se rendre à cette auberge et y acheter ce dont l’hôtel avait besoin, Vincent avait décidé sur un coup de tête insensé de se rendre directement sur le Continent Ouest. Il avait confié Séphiroth à Mai et pris le dernier bateau de la liaison Mideel-Costa del Sol en partance le soir même.
Malgré près de trois années – trois merveilleuses années passées à Mideel, Vincent ne pouvait se libérer de ses démons du passé. Il fallait qu’il sache, qu’il en ait le cœur net. Peu importait les risques que cela comportait, il devait affronter le professeur Gast, celui par qui tout avait commencé. Il avait conscience que sa démarche était irréfléchie, puérile, et même dangereuse. Oui, cela frisait la folie, mais il ne pouvait s’empêcher d’y repenser. C’était cela qui l’empêchait d’être tout à fait heureux, c’était cela qui faisait parfois dire à Séphiroth : « Papa, pourquoi tu es si triste ? »
Gast était un scientifique respecté et admiré, un homme qui était un modèle de droiture morale et d’éthique. Comment avait-il pu permettre le projet Jenova, comment avait-il pu cautionner des essais sur les humains ?!
Vincent arriva à Costa del Sol à la nuit tombée et séjourna à "l’Auberge de la Belle Etoile". Dans son sac à dos, il avait emmené son uniforme Turk ; il le revêtit le lendemain matin dans sa chambre d’hôtel. Après trois ans, le fait de porter à nouveau cet habit lui procurait une étrange impression d’inconfort. Même si objectivement, la coupe du vêtement était impeccable, même si l’uniforme lui allait parfaitement et lui donnait un très bel air. Mais Vincent ne disposait pas de grand miroir dans sa chambre d’auberge, il ne pouvait voir son élégance extérieure dans ce costume ; tout ce qu’il pouvait percevoir, c’était ce qu’il ressentait à l’intérieur de lui même. Et cette sensation d’inconfort persistait…
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la suite de ce chapitre (pas encore fini), prochainement sur ce site...
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